Des milliers d'Israéliens à nouveau dans la rue contre la réforme judiciaire

Des manifestants lèvent une banderole lors d'un rassemblement contre le plan de refonte judiciaire du gouvernement israélien à Tel-Aviv (Photo, AFP).
Des manifestants lèvent une banderole lors d'un rassemblement contre le plan de refonte judiciaire du gouvernement israélien à Tel-Aviv (Photo, AFP).
Short Url
Publié le Dimanche 13 août 2023

Des milliers d'Israéliens à nouveau dans la rue contre la réforme judiciaire

  • Une première clause du projet, limitant la possibilité pour la Cour suprême d'invalider une décision du gouvernement, a été adoptée
  • Selon le gouvernement, la réforme vise entre autres à rééquilibrer les pouvoirs, en diminuant les prérogatives de la Cour suprême

TEL AVIV: Des milliers d'Israéliens ont pris part samedi à Tel-Aviv à une nouvelle manifestation contre le projet controversé du gouvernement de réformer le système judiciaire du pays, considéré par ses détracteurs comme une menace pour la démocratie.

L'annonce en janvier du projet, porté par la coalition du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou qui comprend des partis d'extrême droite et juifs ultra-orthodoxes, a déclenché l'un des plus grands mouvements de contestation de l'histoire du pays, qui mobilise chaque semaine des dizaines de milliers de manifestants.

Selon le gouvernement, la réforme vise entre autres à rééquilibrer les pouvoirs, en diminuant les prérogatives de la Cour suprême, que l'exécutif juge politisée, au profit du Parlement. Mais ses détracteurs estiment qu'elle risque d'ouvrir la voie à une dérive antilibérale ou autoritaire.

"Démocratie, Démocratie!", ont scandé les manifestants se dirigeant vers la rue Kaplan à Tel-Aviv. "Nous n'abandonnerons pas tant que la situation ne se sera pas améliorée. Descendez de votre balcon, le pays s'effondre", ont-ils encore crié.

Les Arabes israéliens, à l'écart du débat, inquiets de la réforme judiciaire

A l'écart du débat autour du projet controversé de réforme de la justice en Israël, la minorité arabe du pays craint que la future législation n'aggrave "les violations de ses droits", en favorisant notamment l'occupation des territoires palestiniens.

Alors que des centaines de milliers d'Israéliens manifestent depuis janvier contre ce projet porté par le gouvernement de droite de Benjamin Netanyahu, les Arabes israéliens, qui représentent 20% de la population du pays, ont été absents des grands rassemblements.

Certains se sont joints aux manifestations à Haïfa, une ville mixte judéo-arabe du nord d'Israël, appelant à l'égalité des droits.

Dans la petite ville de Majd al-Krum, dans le nord, Samira Kanaan Khalaylah affirme que la communauté arabe était "déjà mise de côté avant que la réforme ne soit annoncée".

"La situation après les changements dans la loi nous sera défavorable", ajoute cette femme de 57 ans, pour qui le gouvernement actuel est le "pire de tous les temps".

La minorité arabe, descendant de la population restée en territoire israélien à l'issue de la première guerre israélo-arabe, a toujours eu une influence limitée en politique, un seul parti arabe ayant fait partie d'une coalition gouvernementale depuis la création de l'Etat d'Israël en 1948.

«Israël déchiré»

"Malgré des mois de manifestations, les choses ne se passent pas comme nous le souhaitions, car une partie importante de la réforme du système judiciaire a été adoptée (au Parlement) il y a quelques semaines", a déclaré à l'AFP un manifestant, Ben Peleg.

"Mais si nous continuons à faire pression dans les rues, il est possible que nous puissions encore arrêter ces changements", espère ce médecin de 47 ans.

Une première clause du projet, limitant la possibilité pour la Cour suprême d'invalider une décision du gouvernement, a été adoptée par le Parlement.

Le processus législatif est actuellement en suspens en raison des vacances d'été du Parlement, M. Netanyahou s'étant engagé à être ouvert aux négociations sur les étapes futures.

Les manifestations ont été soutenues par des opposants politiques, des groupes laïques et religieux, des cols bleus et des travailleurs du secteur technologique, des militants pacifistes et des réservistes militaires.

Ces mois de manifestations, dont certaines en soutien au gouvernement, ont fait craindre une aggravation des fractures au sein de la société israélienne.

"Israël est déchiré et nous avons l'impression d'être au bord d'une guerre civile", a ajouté M. Peleg. "Lorsque nous sortons dans la rue pour protester, nous avons peur de ceux qui soutiennent le gouvernement (...) Ce gouvernement doit être renversé".

D'autres rassemblements ont également eu lieu samedi dans le nord du pays, notamment à Haïfa, Netanya et Herzliya.

Pour Yaël Katz-Levy, 58 ans, il est important de faire pression sur le gouvernement, "sinon ils feraient n'importe quoi".

Selon elle, la réforme va "démolir la Cour suprême et le système judiciaire", en plus de porter atteinte aux droits des citoyens.


Attentat à Jérusalem: deux morts, huit blessés, dont cinq grièvement

La police israélienne a déclaré que des hommes armés avaient ouvert le feu jeudi sur des personnes attendant des bus et des manèges à l'endroit où une autoroute principale entre à Jérusalem en provenance de Tel Aviv. (PA)
La police israélienne a déclaré que des hommes armés avaient ouvert le feu jeudi sur des personnes attendant des bus et des manèges à l'endroit où une autoroute principale entre à Jérusalem en provenance de Tel Aviv. (PA)
Short Url
  • «Deux terroristes venus en voiture et armés l'un d'un M-16, et l'autre d'unde pistolet» ont ouvert le feu vers 7h40 (5h40 GMT), a déclaré le directeur de la police de Jérusalem
  • Le Magen David Adom, équivalent israélien de la Croix-Rouge, a identifié l'un des deux morts comme étant «une jeune femme de 24 ans»

JERUSALEM: Deux personnes ont été tuées jeudi matin, et huit autres blessées, dont cinq grièvement, dans une attaque à l'arme à feu contre un arrêt de bus dans l'ouest de Jérusalem, selon un nouveau bilan de la police israélienne.

Cette attaque survient alors que la trêve entre Israël et le mouvement islamiste palestinien Hamas a été reconduite in extremis jeudi matin pour un septième jour.

"Deux terroristes venus en voiture et armés l'un d'un M-16 et l'autre d'un pistolet" ont ouvert le feu vers 07h40 (05h40 GMT), a déclaré le directeur de la police de Jérusalem, Doron Torgeman à la presse sur les lieux de l'attentat.

Le Magen David Adom (Mada), équivalent israélien de la Croix-Rouge, a identifié l'un des deux morts comme étant "une jeune femme de 24 ans".

Le Mada avait d'abord situé l'attaque à Jérusalem-Est, occupée et annexée par Israël, avant de préciser qu'elle avait eu lieu "à l'entrée de Jérusalem" (ouest).

"Les deux suspects impliqués dans les coups de feu ont été neutralisés sur place", a précisé la police.

Il y a deux semaines, un soldat israélien avait été tué et cinq membres des forces de sécurité israéliennes blessés dans une attaque à un barrage séparant Jérusalem de la Cisjordanie occupée, attaque revendiquée par les brigades Ezzedine al-Qassam, la branche armée du Hamas. Les trois assaillants avaient été abattus.


Un navire américain en mer Rouge a abattu un drone venu du Yémen

Le porte-avions USS Dwight D. Eisenhower et d'autres navires de guerre traversent le détroit d'Ormuz pour entrer dans le golfe Persique, le dimanche 26 novembre 2023. (AP Photo)
Le porte-avions USS Dwight D. Eisenhower et d'autres navires de guerre traversent le détroit d'Ormuz pour entrer dans le golfe Persique, le dimanche 26 novembre 2023. (AP Photo)
Short Url
  • Un destroyer «a abattu un KAS04, un appareil volant de construction iranienne sans pilote, lancé depuis une zone du Yémen contrôlée par les Houthis», a déclaré le commandement de l'armée américaine pour le Moyen-Orient
  • «Les intentions de l'appareil ne sont pas connues, mais il se dirigeait vers le navire de guerre», qui escortait un pétrolier ravitailleur et un navire qui transportait du matériel militaire

WASHINGTON : Un bateau militaire américain naviguant dans le sud de la mer Rouge a abattu mercredi un drone lancé depuis une zone du Yémen contrôlée par les Houthis, rebelles pro-iraniens, a annoncé l'armée américaine.

"A environ 11H00 heure de Sanaa" l'USS Carney, un destroyer "a abattu un KAS04, un appareil volant de construction iranienne sans pilote, lancé depuis une zone du Yémen contrôlée par les Houthis", a déclaré le commandement de l'armée américaine pour le Moyen-Orient dans un communiqué.

"Les intentions de l'appareil ne sont pas connues, mais il se dirigeait vers le navire de guerre", qui escortait un pétrolier ravitailleur et un navire qui transportait du matériel militaire, a ajouté la même source.

La Navy n'a fait état d'aucun blessé ni dégât matériel.

La guerre au Proche-Orient, déclenchée par l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre sur le sol israélien, suivie de semaines de bombardements israéliens destructeurs à Gaza, a attisé les tensions dans la région.

Les rebelles Houthis font partie de ce qu'ils qualifient d'"axe de la résistance" contre Israël, avec des groupes soutenus par l'Iran, comme le Hamas palestinien ou le Hezbollah libanais.

Depuis le 7 octobre, ils ont envoyé des drones et tiré de missiles en direction d'Israël et de nombreux engins ont été interceptés par les défenses israéliennes ou des bateaux de guerre américains.

La Marine américaine a abattu plusieurs drones venant du Yémen le 23 novembre, un le 15 novembre et des missiles et des drones le 19 octobre. Les Houthis ont aussi abattu un drone américain.


La trêve entre Israël et le Hamas prolongée in extremis pour un jour

Des militants du Hamas remettent des otages aux membres du Comité international de la Croix-Rouge dans un lieu inconnu de la bande de Gaza, dans cette capture d'écran tirée d'une vidéo publiée le 26 novembre 2023. (Reuters)
Des militants du Hamas remettent des otages aux membres du Comité international de la Croix-Rouge dans un lieu inconnu de la bande de Gaza, dans cette capture d'écran tirée d'une vidéo publiée le 26 novembre 2023. (Reuters)
Un Palestinien est assis dans un fauteuil devant un bâtiment détruit dans la ville de Gaza, le 29 novembre 2023, le sixième jour du cessez-le-feu temporaire entre le Hamas et Israël. (PA)
Un Palestinien est assis dans un fauteuil devant un bâtiment détruit dans la ville de Gaza, le 29 novembre 2023, le sixième jour du cessez-le-feu temporaire entre le Hamas et Israël. (PA)
Short Url
  • L'armée israélienne a annoncé sur la plateforme X que «la pause opérationnelle va continuer»
  • Antony Blinken est arrivé jeudi en Israël, où il doit rencontrer Benjamin Netanyahu

JERUSALEM: La trêve entre Israël et le Hamas a été prolongée in extremis jeudi pour un septième jour, afin de permettre aux médiateurs de continuer à négocier de nouvelles libérations d'otages, ont annoncé les deux camps.

A quelques minutes de l'expiration de la trêve, prévue jeudi à 05H00 GMT, l'armée israélienne a annoncé sur la plateforme X que «la pause opérationnelle va continuer à la lumière des efforts des médiateurs pour poursuivre le processus de libération des personnes enlevées», après un sixième échange d'otages israéliens contre des prisonniers palestiniens dans la nuit.

Le bureau du Premier ministre israélien a indiqué que le gouvernement israélien avait décidé de reprendre les combats «immédiatement» si une liste des prochains otages qui seront libérés ne lui était pas fournie par le Hamas avant 05H00 GMT. «Il y a peu de temps, Israël a reçu une liste de femmes et d'enfants conformément aux termes de l'accord, et par conséquent la trêve va continuer», a-t-il ajouté.

Le Hamas a annoncé à son tour que la trêve allait continuer pour un «septième jour», ce qu'a confirmé ensuite le Qatar, principal médiateur avec le soutien des Etats-Unis et de l'Egypte.

Entrée en vigueur le 24 novembre pour quatre jours et prolongée de deux, la trêve a déjà permis la libération de 70 otages israéliens et de 210 prisonniers palestiniens. En outre, une trentaine d'étrangers, en majorité des Thaïlandais travaillant en Israël, ont été libérés hors du cadre de cet accord. Et l'aide humanitaire a afflué davantage dans la bande de Gaza assiégée et dévastée par sept semaines de bombardements.

Le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken est arrivé jeudi en Israël, où il doit rencontrer notamment le Premier ministre Benjamin Netanyahu pour faire pression pour une prolongation de la trêve, avant de se rendre en Cisjordanie occupée.

«Dans les prochains jours, nous serons focalisés sur la manière de faire ce que l'on peut pour prolonger la pause afin que nous puissions continuer à faire sortir plus d'otages et à faire entrer plus d'aide», avait-il déclaré mercredi en marge d'une réunion de l'Otan à Bruxelles.

Ahed Tamimi parmi les prisonniers palestiniens libères

Avant l'annonce de la prolongation de la trêve, les brigades Ezzedine al-Qassam, la branche armée du Hamas, et l'armée israélienne avaient annoncé qu'elles étaient prêtes à reprendre le combat.

Pendant que les négociations se poursuivaient en coulisses, le sixième échange de prisonniers palestiniens contre des otages du Hamas a eu lieu dans la nuit de mercredi à jeudi.

Dix otages israéliens, dont cinq binationaux (un Néerlandais, trois Allemands et un Américain), ainsi que deux Russes et quatre Thaïlandais ont été remis par le Hamas à la Croix Rouge internationale, avant d'être conduits en Israël.

En échange, trente Palestiniens (16 mineurs et 14 femmes) détenus dans plusieurs prisons israéliennes ont ensuite été libérés.

Parmi les personnes libérées se trouve Ahed Tamimi, une militante de 22 ans, icône de la lutte contre l'occupation israélienne. 

Elle avait été arrêtée le 6 novembre pour une publication sur Instagram qui, selon des sources israéliennes, appelait au massacre des Israéliens et faisait référence à Hitler.

Sa mère Narimane, dont le mari a également été arrêté, a affirmé qu'Ahed n'a jamais effectué cette publication, ses comptes sur les réseaux sociaux étant systématiquement bloqués par Israël.

Heurts devant la prison

Les prisonniers libérés ont été accueillis par des célébrations en Cisjordanie. Mais des affrontements ont éclaté entre Palestiniens et forces de sécurité israéliennes à l'extérieur de la prison d'Ofer, près de Ramallah. Selon le Croissant Rouge palestinien, cinq personnes ont été blessées, dont une grièvement, par des tirs à balles réelles.

La guerre a commencé le 7 octobre quand des commandos du Hamas infiltrés depuis la bande de Gaza voisine ont lancé une attaque en Israël, d'une ampleur inédite. Environ 1.200 personnes, en grande majorité des civils, ont été tuées et environ 240 enlevées selon les autorités.

En représailles, Israël a promis d' «anéantir» le Hamas, au pouvoir depuis 2007 à Gaza, pilonnant le territoire palestinien et lançant le 27 octobre une offensive terrestre, jusqu'à la trêve le 24 novembre. D'après le gouvernement du Hamas, 14.854 personnes, dont 6.150 âgées de moins de 18 ans, ont été tuées dans les frappes israéliennes.

L'accord de trêve a accéléré l'entrée de l'aide humanitaire, qui arrivait auparavant au compte-gouttes. Mais «le volume d'aide qui parvient aux Palestiniens à Gaza est toujours totalement insuffisant», a dénoncé mercredi le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres.

«Nous pensons que nous avons besoin d'un véritable cessez-le-feu humanitaire», a-t-il plaidé.

«La population de Gaza vit au milieu d'une catastrophe humanitaire monumentale, sous les yeux du monde. Nous ne devons pas détourner les yeux», a martelé le chef de l'ONU.

Déjà soumis à un blocus israélien terrestre, maritime et aérien depuis 2007, la bande de Gaza a été placée le 9 octobre en état de siège total par Israël.

Selon l'ONU, 1,7 million de ses 2,4 millions d'habitants ont été déplacés par la guerre, et plus de la moitié des logements ont été endommagés ou détruits.

Retour au nord de Gaza

Des milliers de déplacés ont profité de la trêve pour rentrer chez eux dans le nord de la bande de Gaza, la partie du territoire la plus dévastée, ignorant l'interdiction de l'armée israélienne qui y a pris le contrôle de plusieurs secteurs.

«Si j'avais su que la vie dans le sud serait ainsi, je ne serais pas partie, j'aurais souhaité mourir, cela aurait été mieux que la situation dans laquelle je vis maintenant», se plaint Waed Taha, une Palestinienne qui a quitté au bout de deux semaines de guerre son logement dans «une zone considérée comme très dangereuse» dans le nord de la bande de Gaza. 

«Après mon arrivée à Khan Younès et au camp, je suis restée toute une journée en état de choc, sans parler, après avoir vu les tentes. Nous voyons les photos et les images de la Nakba de 1948 à la télévision, mais (maintenant) je les vois pour de vrai», poursuit-elle.

La «Nakba» fait référence à l'expulsion massive des Palestiniens d'Israël lors de la première guerre israélo-arabe.

«La vie ici est très dure, féroce et les gens sont devenus diaboliques», poursuit-elle, évoquant des «querelles quotidiennes» entre déplacés et les «maladies qui se répandent».