Pour survivre dans la guerre, les petits commerces de la débrouille au Soudan

Au chômage depuis que les combats font rage entre les forces de deux généraux rivaux, de nombreux Soudanais ont été contraints de trouver des moyens créatifs pour subvenir à leurs besoins et à ceux de leurs familles. (Photo par AFP)
Au chômage depuis que les combats font rage entre les forces de deux généraux rivaux, de nombreux Soudanais ont été contraints de trouver des moyens créatifs pour subvenir à leurs besoins et à ceux de leurs familles. (Photo par AFP)
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Publié le Dimanche 13 août 2023

Pour survivre dans la guerre, les petits commerces de la débrouille au Soudan

  • Sans revenus depuis des mois, certains Soudanais font preuve de créativité pour subvenir à leurs besoins et à ceux de leurs proches
  • «Sans travail, je ne peux pas subvenir à mes besoins», explique une enseignante, dans un pays qui était déjà l'un des plus pauvres au monde avant la guerre et où planent désormais les spectres de la famine, des épidémies et des crimes

WAD MADANI, Soudan : La guerre sanglante entre généraux rivaux a privé de nombreux Soudanais de leur emploi. Sans revenus depuis des mois, certains font preuve de créativité pour subvenir à leurs besoins et à ceux de leurs proches.

Avant le 15 avril, quand les combats ont éclaté entre l'armée et les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR), Ali Seif enseignait à la faculté d'ingénierie environnementale de Khartoum.

Aujourd'hui, cet ingénieur est réfugié avec sa famille à Wad Madani, ville épargnée par les violences à 200 km plus au sud, où s'entassent la plupart des près de trois millions de déplacés de la capitale.

Comme de nombreux habitants, sa maison a été «volée» par des paramilitaires et il dit à l'AFP n'avoir «pas touché de salaire» depuis mars car, dans les zones en proie aux combats, les banques sont aux abonnés absents.

- «Pas le choix» -

Alors, pour survivre dans son camp de déplacés, il fabrique du savon dans la chambre qu'on lui a octroyé à lui et sa famille.

«Le malheur rend créatif: j'ai constaté qu'il n'y avait plus de savon sur les marchés alors que tout le monde en a besoin. Alors, j'ai décidé de fabriquer des savonnettes», raconte-t-il, pas peu fier, au milieu des pots en plastique dans lesquels il mélange la pâte à savon avant de la couler dans de petits bacs à glaçons pour former ses savonnettes.

Avant la guerre, Michelle Elia Moussa travaillait comme institutrice. Désormais, cette mère de famille passe ses journées derrière son petit étal au marché d'al-Hasaheisa, à mi-chemin entre Khartoum et Wad Madani.

«J'ai perdu espoir et rangé au placard mes ambitions d'être une enseignante brillante», lâche-t-elle, lunettes sur le nez et tablier autour de la taille, en surveillant son pain.

«Sans travail, je ne peux pas subvenir à mes besoins», explique-t-elle à l'AFP, dans un pays qui était déjà l'un des plus pauvres au monde avant la guerre et où planent désormais les spectres de la famine, des épidémies et des crimes de guerre généralisés.

«C'est la première fois que je travaille sur un marché, je ne suis pas à l'aise, j'ai honte, mais c'est la guerre, je n'ai pas le choix», ajoute-t-elle en étalant d'un geste déjà expert une pâte légère sur des plaques en fonte pour confectionner de fines galettes.

Eshraqa Moussa, elle, a ouvert une petite échoppe où elle vend du thé, boisson très populaire au Soudan. Sans elle, dit-elle à l'AFP, elle ne pourrait «assurer qu'un seul repas par jour» à ses enfants.

- «Tout laissé derrière» -

Drapée dans son long voile multicolore, elle se rappelle encore le départ précipité de Khartoum, au début d'une guerre qui a fait près de 4.000 morts --selon un bilan très sous-estimé en raison du chaos-- et forcé plus de quatre millions de personnes à fuir leur maison, soit près d'un habitant sur dix.

«On a tout laissé derrière nous (...) Alors je suis venue ici et j'ai acheté cette petite échoppe pour y vendre du thé», explique-t-elle.

Elle confie n'avoir jamais imaginé tenir ce type de commerce avant la guerre dans une société conservatrice où les vendeuses de thé, bien que légion, sont souvent stigmatisées et harcelées.

Mais avec le conflit, tous ces tabous ont volé en éclats. La survie et la débrouille ont pris le pas. «On a été forcé de trouver des idées», abonde Mohammed Ali, habillé d'un polo blanc.

Cet ancien fonctionnaire dans la capitale dit s'être «associé avec des collègues pour ouvrir un petit stand ambulant de nourriture».

En tôle blanche, alimenté par un générateur, il est «dans le style de ceux que l'on trouve à Khartoum et qui n'existent pas à Wad Madani», explique-t-il à l'AFP.

Il y vend de la purée de fèves, des falafels et autres petits en-cas prisés par ses compatriotes.

De quoi lui permettre de nourrir sa famille.

Jusqu'à la prochaine tornade: autour de lui, toutes les rues de Wad Madani ne bruisse que d'une seule rumeur, bientôt la guerre pourrait arriver.

Les combats et les raids aériens ne sont qu'à 150 km de là.


Les forces israéliennes pénètrent dans des villages de la campagne syrienne

Un véhicule de la Force des Nations Unies chargée de l'observation du désengagement (FNUOD) passe devant un membre des forces de sécurité syriennes qui monte la garde devant une ancienne base militaire près de la ville de Quneitra, dans le sud de la Syrie, à la limite du plateau du Golan annexé par Israël, le 21 septembre 2025. (AFP)
Un véhicule de la Force des Nations Unies chargée de l'observation du désengagement (FNUOD) passe devant un membre des forces de sécurité syriennes qui monte la garde devant une ancienne base militaire près de la ville de Quneitra, dans le sud de la Syrie, à la limite du plateau du Golan annexé par Israël, le 21 septembre 2025. (AFP)
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  • SANA indique que les incursions font partie des attaques israéliennes continues sur le territoire syrien
  • Le rapport ajoute qu'une autre force israélienne est entrée dans le village d'Ofaniya, où les troupes ont perquisitionné et fouillé deux maisons avant de se retirer

DUBAI : Les forces israéliennes ont pénétré mercredi dans deux zones de la campagne de Quneitra en Syrie avant de se retirer, selon l'agence de presse syrienne SANA.

Un correspondant de SANA a rapporté qu'une unité israélienne composée de huit véhicules militaires, d'un véhicule lourd et de deux chars a avancé de Tal Kroum vers la ville orientale d'Al-Samadaniyeh Al-Sharqiya, y restant pendant plusieurs heures avant de retourner vers la ville détruite de Quneitra.

Le rapport ajoute qu'une autre force israélienne est entrée dans le village d'Ofaniya, où les troupes ont perquisitionné et fouillé deux maisons avant de se retirer.

SANA a déclaré que ces incursions s'inscrivaient dans le cadre des attaques israéliennes continues sur le territoire syrien, qui, selon Damas, violent l'accord de désengagement de 1974 et le droit international.

Les autorités syriennes ont appelé la communauté internationale à adopter une position ferme pour mettre fin à ces actions.


Israël confirme l'identification des deux otages israéliens morts restitués mercredi

L'armée israélienne a annoncé jeudi avoir identifié les dépouilles des otages Inbar Hayman et Mohammad al-Atrash restituées à Israël la veille au soir par le Hamas. (AFP)
L'armée israélienne a annoncé jeudi avoir identifié les dépouilles des otages Inbar Hayman et Mohammad al-Atrash restituées à Israël la veille au soir par le Hamas. (AFP)
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  • "Après la fin du processus d'identification mené par l'Institut national de médecine légale [...] les représentants de Tsahal ont informé les familles d'Inbar Hayman et du sergent Mohammad al-Atrash que leurs corps avaient été rapatriés"
  • Inbar Hayman, artiste graffeuse originaire de Haïfa, connue sous le pseudonyme "Pink", avait 27 ans lorsqu'elle a été assassinée au festival Nova

JERUSALEM: L'armée israélienne a annoncé jeudi avoir identifié les dépouilles des otages Inbar Hayman et Mohammad al-Atrash restituées à Israël la veille au soir par le Hamas.

"Après la fin du processus d'identification mené par l'Institut national de médecine légale [...] les représentants de Tsahal ont informé les familles d'Inbar Hayman et du sergent Mohammad al-Atrash que leurs corps avaient été rapatriés pour être enterrés", indique un communiqué militaire.

Inbar Hayman, artiste graffeuse originaire de Haïfa, connue sous le pseudonyme "Pink", avait 27 ans lorsqu'elle a été assassinée au festival Nova. Sa dépouille avait été emmenée a Gaza, comme celle du sergent Mohammad al-Atrash, soldat d'origine bédouine de 39 ans, tué au combat le 7 octobre.

 


Gaza: Israël menace de reprendre les combats si le Hamas ne rend pas toutes les dépouilles d'otages

 Le ministre de la Défense israélien, Israël Katz, a affirmé mercredi soir que son pays reprendrait les combats dans la bande de Gaza si le Hamas ne respectait pas l'accord de cessez-le-feu, estimant que celui-ci n'avait pas rendu toutes les dépouilles d'otages. (AFP)
Le ministre de la Défense israélien, Israël Katz, a affirmé mercredi soir que son pays reprendrait les combats dans la bande de Gaza si le Hamas ne respectait pas l'accord de cessez-le-feu, estimant que celui-ci n'avait pas rendu toutes les dépouilles d'otages. (AFP)
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  • De retour dans les ruines de leurs maisons à Gaza-ville, plusieurs habitants installent des tentes ou des abris de fortune au milieu des décombres, selon des images de l'AFP
  • "Nous sommes jetés à la rue. Il n'y a pas d'eau, pas de nourriture, pas d'électricité. Rien. Toute la ville de Gaza a été réduite en cendres", déclare Mustafa Mahram

JERUSALEM: Le ministre de la Défense israélien, Israël Katz, a affirmé mercredi soir que son pays reprendrait les combats dans la bande de Gaza si le Hamas ne respectait pas l'accord de cessez-le-feu, estimant que celui-ci n'avait pas rendu toutes les dépouilles d'otages.

"Si le Hamas refuse de respecter l'accord, Israël, en coordination avec les Etats‑Unis, reprendra les combats et agira pour une défaite totale" du mouvement, indique un communiqué de son bureau.

Le Hamas avait affirmé plus tôt avoir remis à Israël toutes les dépouilles d'otages auxquelles il avait pu accéder.

Le mouvement islamiste palestinien continue de nous dire qu'il compte "honorer l'accord" sur Gaza et rendre les corps des otages décédés, a dit à des journalistes mercredi un haut responsable américain, sous le couvert de l'anonymat.

Aux termes de l'accord du cessez-le-feu conclu entre le Hamas et Israël sur la base du plan du président américain Donald Trump, Hamas devait remettre à tous les otages encore détenus à Gaza, les vivants et les morts, dans les 72 heures suivant la cessation des hostilités, soit au plus tard à 09H00 GMT lundi.

Le mouvement palestinien a bien libéré dans les temps les 20 otages vivants, mais il n'a pour l'instant remis que neuf dépouilles de captifs sur les 28 retenues à Gaza: quatre lundi soir, trois mardi et deux mercredi.

"Nous avons rempli notre engagement au titre de l'accord en remettant tous les prisonniers israéliens vivants, ainsi que les corps auxquels nous avons pu accéder", a assuré le Hamas. "Quant aux dépouilles restantes, leur récupération et extraction nécessitent des efforts considérables et un équipement spécial."

En échange du retour mardi des dépouilles de trois captifs, Israël a remis à Gaza 45 dépouilles de Palestiniens.

"Accès totalement libre" 

Accusant le Hamas de jouer la montre et de violer l'accord de cessez-le-feu, Itamar Ben-Gvir, ministre de la Sécurité intérieure et figure de l'extrême droite israélienne, a de nouveau appelé mercredi le Premier ministre Benjamin Netanyahu à couper totalement l'aide humanitaire pour Gaza.

Plus tôt, la radio-télévision publique israélienne KAN avait présenté comme imminente la réouverture du passage de Rafah entre l'Egypte et Gaza, crucial pour l'afflux de l'aide humanitaire qui attend du côté égyptien. Mais il est resté fermé jusque-là.

L'ONU a exhorté Israël à ouvrir "immédiatement" tous les accès de la bande de Gaza à l'aide humanitaire.

"Nous voulons que tous (les) points de passage soient ouverts et que l'accès soit totalement libre", a déclaré à l'AFP au Caire Tom Fletcher, chef des opérations humanitaires de l'ONU.

"Nous voulons que cela se fasse maintenant, dans le cadre de l'accord" de cessez-le-feu, a dit M. Fletcher, soulignant "l'urgence totale" de la situation et la nécessité de "livrer de l'aide à grande échelle."

Fin août, l'ONU a déclaré une famine dans plusieurs zones de Gaza, ce que conteste Israël.

"Il ne reste plus rien" 

Israël autorise actuellement l'acheminement de l'aide humanitaire essentiellement via le passage de Kerem Shalom (sud), mais les organisations humanitaires se plaignent des lenteurs administratives et des contrôles de sécurité.

Selon l'ONU et l'Organisation mondiale de la Santé, Israël a permis ces derniers jours l'entrée d'aide humanitaire et médicale, notamment de gaz de cuisine, pour la première fois depuis mars, ainsi que des tentes supplémentaires pour les déplacés, des fruits frais, de la viande congelée, de la farine ou des médicaments.

Dans la bande de Gaza, des habitants affamés interceptent régulièrement les camions d'aide pour voler et stocker de la nourriture, ce qui empêche une distribution ordonnée vers les communautés les plus touchées, selon une source humanitaire.

De retour dans les ruines de leurs maisons à Gaza-ville, plusieurs habitants installent des tentes ou des abris de fortune au milieu des décombres, selon des images de l'AFP.

"Nous sommes jetés à la rue. Il n'y a pas d'eau, pas de nourriture, pas d'électricité. Rien. Toute la ville de Gaza a été réduite en cendres", déclare Mustafa Mahram.

"Il ne reste plus rien à Gaza-ville. Ni arbres, ni bâtiments, ni être humains, ni vie. Juste des destructions", dit un autre Palestinien, Youssef Jodah.

En riposte à une attaque sans précédent du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023, l'armée israélienne a mené une offensive qui a ravagé la bande de Gaza, provoqué un désastre humanitaire et fait des dizaines de milliers de morts.

L'attaque du Hamas a entraîné, du côté israélien, la mort de 1.221 personnes, en majorité des civils, selon un nouveau bilan établi par l'AFP à partir de données officielles, après l'identification de deux dépouilles d'otages.

Dans la bande de Gaza, la campagne de représailles israélienne a fait 67.938 morts, en majorité des civils, selon les chiffres du ministère de la Santé du Hamas, jugés fiables par l'ONU.