5G: entre «dialogue» et prudence, le retard à l'allumage des grandes villes

« On peut dire que Paris va être encerclé par la 5G » a résumé le directeur général Richard Viel de Bouygues Telecom (Photo, AFP)
« On peut dire que Paris va être encerclé par la 5G » a résumé le directeur général Richard Viel de Bouygues Telecom (Photo, AFP)
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Publié le Mardi 15 décembre 2020

5G: entre «dialogue» et prudence, le retard à l'allumage des grandes villes

  • «Parce que nos doutes persistent tant du point de vue sanitaire que de la sobriété numérique sur le déploiement de la 5G, nous avons voté (...) un moratoire. Il est urgent d'attendre!»
  • «Ce serait dommage en France d'avoir les meilleurs réseaux fixes (...) et d'être le dernier (pays) européen sur le mobile en refusant le marché de la 5G»

PARIS: Plus de 150 communes couvertes par la 5G à la fin de l'année, mais sans la capitale et les grandes villes françaises? De Paris, qui doit débattre mercredi des recommandations de sa « conférence citoyenne », à Lille, en faveur d'un moratoire, la prudence l'emporte sur un déploiement rapide. 

« On peut dire que Paris va être encerclé par la 5G »: au moment d'annoncer le lancement des offres commerciales de Bouygues Telecom, son directeur général Richard Viel a résumé la situation paradoxale en cours aux portes de la capitale. 

Parmi les « grandes villes » couvertes depuis le 1er décembre par son réseau mobile de dernière génération figurent notamment Boulogne-Billancourt, Versailles, Saint-Denis, ou encore Argenteuil.  

Idem pour ses concurrents SFR et Orange, dont le réseau s'étend progressivement en banlieue parisienne... sans pour autant couvrir Paris intra-muros. Même situation à Nantes, où seules les communes environnantes ont accès à la 5G. 

La raison? Les maires de ces grandes villes ont décidé de lancer un « débat public » pour notamment répondre à un « besoin de transparence » au sujet de l'impact du déploiement de la 5G sur l'environnement ou la santé. 

D'autres comme Lille ont déjà annoncé être en faveur d'un moratoire jusqu'à la publication prévue au printemps 2021 d'un rapport de l'Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses). 

Eviter tout bras de fer  

« Parce que nos doutes persistent tant du point de vue sanitaire que de la sobriété numérique sur le déploiement de la 5G, nous avons voté (...) un moratoire. Il est urgent d'attendre! », avait déclaré début octobre la maire de Lille Martine Aubry. 

Au regard de la loi, les maires ont-ils vraiment le pouvoir d'empêcher l'installation d'antennes relais de téléphonie mobile? 

« Le Conseil d'Etat a été clair: il ne revient pas aux maires, mais à l'Etat d'en décider, même si certains peuvent ralentir le processus, par exemple à travers l'accès aux bâtiments publics », avait rappelé fin novembre le secrétaire d’État au numérique Cédric O dans le JDD. 

Soucieux d'éviter tout bras de fer, les opérateurs et les pouvoirs public ont toutefois assuré qu'ils prendraient en compte les réticences locales pour désamorcer un sujet devenu encore plus polémique depuis que la Convention citoyenne pour le climat a elle-même recommandé un moratoire cet été. 

« On est attentif à ce que les municipalités demandent aux opérateurs. Avant de vraiment déployer, il y a des débats qui s'instaurent dans certaines communes. Nous sommes respectueux de cela », avait expliqué fin novembre Benoît Torloting, directeur général adjoint de Bouygues Telecom. 

« Rassurer sur les impacts » 

Quels sont les arguments employés pour convaincre citoyens et collectivités locales des bienfaits de la 5G? 

« Rassurer sur les impacts, études à l'appui, en matière de santé et d'environnement", indique Fabienne Dulac, présidente d'Orange France, consciente qu'en cette "année particulière de crise sanitaire », ces enjeux « ont beaucoup plus d'acuité » qu'auparavant. 

Xavier Niel, patron d'Iliad (la maison mère de Free), a, lui, plaidé l'argument de la compétitivité devant la commission des Affaires économiques de l'Assemblée nationale. 

« Ce serait dommage en France d'avoir les meilleurs réseaux fixes (...) et d'être le dernier (pays) européen sur le mobile en refusant le marché de la 5G », avait-il souligné fin novembre. 

« C'est aussi une image, une perception de la France, au-delà de nos frontières, qui pourrait nous faire perdre (...) une part de notre attractivité », alors que le pays « était devenu une destination principale des investisseurs » avant la crise du Covid-19, avait-il ajouté. 

La nécessité d'endiguer la saturation de leurs réseaux mobiles grâce à l'arrivée de la 5G, alors que la consommation augmente de 40% chaque année, reste l'impératif martelé en chœur par tous les opérateurs. 

« On a mis plus de 50 ans à déployer le réseau cuivre. Nous n'avons pas encore complètement couvert la totalité du réseau en 4G, alors que nous l'avons lancé en 2012. Ce sont des chantiers industriels majeurs, d'ampleurs, qui demandent du temps, prévient Fabienne Dulac. On nous reprochera un jour de ne pas avoir anticipé ». 


COP28: 50 groupes pétroliers s'engagent a minima sur la décarbonation

La vice-présidente américaine Kamala Harris s'exprime lors du sommet climatique des Nations Unies COP28 à Dubaï le 2 décembre 2023 (Photo, AFP).
La vice-présidente américaine Kamala Harris s'exprime lors du sommet climatique des Nations Unies COP28 à Dubaï le 2 décembre 2023 (Photo, AFP).
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  • Cette charte fait partie d'un ensemble d'initiatives pour accélérer la décarbonation du système énergétique mondial
  • Il s'agit toutefois d'engagements volontaires non contraignants

DUBAÏ: Cinquante compagnies de l'industrie du pétrole et du gaz, représentant 40% de la production mondiale, se sont engagées à décarboner leurs opérations de production d'ici à 2050, a annoncé samedi la présidence émiratie de la COP28, un engagement a minima puisqu'il n'englobe pas le pétrole qu'elles vendent.

Ces entreprises, dont 29 compagnies nationales parmi lesquelles la saoudienne Aramco et l'émiratie Adnoc, ont signé une charte fixant comme objectifs "la neutralité carbone en 2050 ou avant", des émissions de méthane "proche de zéro" et "aucun torchage de routine" d'ici 2030.

Cette "Charte de décarbonation du pétrole et du gaz" (Oil and Gas Decarbonization Charter - OGDC), portée conjointement par les Emirats et l'Arabie saoudite, concerne toutefois seulement les émissions de gaz à effet de serre produites par les opérations d'extraction et de production de ces entreprises.

Elle ne prend pas en compte le CO2 émis lors de l'utilisation du pétrole et du gaz qu'elles vendent - par le transport routier, la construction, pour le chauffage, la fabrication de plastique etc...- et qui représente l'écrasante majorité du bilan carbone du secteur.

Cette charte a été établie sous l'impulsion de Sultan Al Jaber, à la fois président d'Adnoc et de la COP28, une double casquette qui lui vaut de fortes accusations de conflit d'intérêts.

Neutralité carbone 

"C'est le plus grand nombre de compagnies nationales à s'engager dans une initiative de décarbonation", se félicite la présidence de la COP28 dans un communiqué.

Contrairement aux "majors" occidentales très scrutées par leurs opinions publiques, mais qui représentent seulement 13% de la production mondiale, très peu de "NOC" - comme sont généralement désignées les compagnies pétrogazières nationales - ont annoncé des objectifs climatiques.

Seules quelques grandes compagnies nationales comme Aramco, Adnoc, PetroChina ou Petrobras, signataires de cette nouvelle charte, ont déjà annoncé viser ce qu'elles appellent la neutralité carbone de leurs opérations en 2045 ou 2050.

La National Oil Company of Libya, Petronas et Sonangol font partie des NOC ayant rejoint la nouvelle charte, au côté des "majors" comme TotalEnergies, Exxonmobil, Shell et BP.

"Cette charte est la preuve que les engagements volontaires de l'industrie pétrogazière ne permettront jamais d'atteindre le niveau d'ambition nécessaire pour lutter contre la crise climatique", contrairement à la mise en place de législations pour sortir des fossiles, a dénoncé Melanie Robinson du World Resources Institute.

Cette charte fait partie d'un ensemble d'initiatives pour accélérer la décarbonation du système énergétique mondial, préparées au cours de l'année qui a précédé la COP28.

Il s'agit toutefois d'engagements volontaires non contraignants, qui n'ont pas l'autorité des décisions de la COP28, prises par consensus entre près de 200 pays sous l'égide des Nations unies. Mais elles peuvent influer sur l'issue des négociations.


COP28: 116 pays s'engagent à tripler les capacités d'énergies renouvelables dans le monde d'ici 2030

Le président de la COP28, le sultan Ahmed Al Jaber, s'exprime lors d'une réunion au sommet des Nations Unies sur le climat à Dubaï, le 2 décembre 2023 (Photo, AFP).
Le président de la COP28, le sultan Ahmed Al Jaber, s'exprime lors d'une réunion au sommet des Nations Unies sur le climat à Dubaï, le 2 décembre 2023 (Photo, AFP).
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  • Un communiqué de la présidence avait auparavant annoncé 116 pays, et la liste s'allongeait encore peu après à 118
  • «Avec cet objectif mondial, on envoie un message très fort en direction des investisseurs et des marchés financiers»

DUBAÏ: Un engagement non contraignant à tripler les capacités renouvelables dans le monde d'ici à 2030 a été signé par au moins 118 pays, soit plus de la moitié des États représentés à la COP28, a annoncé samedi son président Sultan Al Jaber.

Un communiqué de la présidence avait auparavant annoncé 116 pays, et la liste s'allongeait encore peu après à 118... Quel que soit le nombre final, cette annonce vise à imposer l'inscription de cet objectif dans tout accord final à la COP28, cette fois dans le cadre onusien.

"J'ai besoin de plus, je demande respectueusement à toutes les parties (à la COP) de nous rejoindre dès que possible", a déclaré Sultan Al Jaber à la tribune de l'événement, qui se tient à Dubaï.. "Cela peut aider et aidera le monde à sortir du charbon" sans captage de carbone.

Les autres pays se sont engagés à "travailler ensemble" en vue de porter les capacités mondiales d'énergies renouvelables (éoliennes, solaires, hydroélectricité...) à 11.000 gigawatts (GW) à cet horizon, contre environ 3.400 GW aujourd'hui, en prenant en compte "les différents points de départ et circonstances nationales" des différentes nations.

Doubler le rythme 

Fin 2022, les capacités mondiales étaient de 3.372 GW, selon l'Agence internationale pour les énergies renouvelables (Irena), dominées par l'hydraulique (37%) et le solaire (31%).

Les pays ont également promis de doubler le rythme annuel de progression de l'efficacité énergétique jusqu'en 2030, de 2% à 4%. Ces engagements n'ont toutefois pas de valeur contraignante.

L'Union européenne avait lancé un appel en ce sens au printemps, soutenu par la présidence émiratie de la COP28 puis successivement par les pays du G7 et du G20 (80% des émissions mondiales de gaz à effet de serre).

"Avec cet objectif mondial, on envoie un message très fort en direction des investisseurs et des marchés financiers. On montre le sens de la marche. Et c'est pour eux une façon de +dérisquer+ leurs investissements parce qu'ils savent que le monde entier se dirige vers cet objectif", a dit la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen, dans un entretien à l'AFP à Dubaï.

"Il y a des arguments très convaincants en faveur des renouvelables, parce qu'une fois installées, elles peuvent produire une énergie propre et locale. Donc cela vous rend indépendant et elles sont moins chères que les énergies fossiles", a-t-elle argumenté.


COP28: Une vingtaine de pays appellent à tripler le nucléaire dans le monde d'ici 2050

Le président français Emmanuel Macron (au centre) quitte le lieu des réunions bilatérales en marge du sommet climatique des Nations unies COP28 à Dubaï, le 1er décembre 2023. (Photo Ludovic Marin AFP)
Le président français Emmanuel Macron (au centre) quitte le lieu des réunions bilatérales en marge du sommet climatique des Nations unies COP28 à Dubaï, le 1er décembre 2023. (Photo Ludovic Marin AFP)
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  • Dans une déclaration commune à la COP28, une vingtaine de pays ont appelé à tripler les capacités de l'énergie nucléaire dans le monde d'ici 2050
  • L'annonce a été faite par John Kerry, l'émissaire américain pour le climat

DUBAÏ, Emirats Arabes Unis : Une vingtaine de pays dont les Etats-Unis, la France et les Emirats arabes unis ont appelé samedi, dans une déclaration commune à la COP28, à tripler les capacités de l'énergie nucléaire dans le monde d'ici 2050, par rapport à 2020, pour réduire la dépendance au charbon et au gaz, grand enjeu de cette COP.

L'annonce a été faite par John Kerry, l'émissaire américain pour le climat, à Dubaï, en compagnie de plusieurs dirigeants dont le président français Emmanuel Macron et le Premier ministre belge Alexander de Croo. Mais la Chine et la Russie, les principaux constructeurs de centrales nucléaires dans le monde aujourd'hui, ne figurent pas parmi les signataires.

 

Parmi ceux-ci figurent encore la Bulgarie, le Canada, la Finlande, le Ghana, la Hongrie, le Japon, la Corée du sud, la Moldavie, la Mongolie, le Maroc, les Pays-Bas, la Pologne, la Roumanie, la Slovaquie, la Slovénie, la Suède, l'Ukraine, la République Tchèque et le Royaume-Uni.

«La déclaration reconnaît le rôle clef de l'énergie nucléaire dans l'atteinte de la neutralité carbone d'ici 2050 et pour conserver l'objectif de (limiter le réchauffement à) 1,5°C à portée de main», indique le texte.

«Nous savons par la science, la réalité des faits et des preuves qu'on ne peut pas atteindre la neutralité carbone d'ici 2050 sans nucléaire», a affirmé John Kerry lors de l'événement à Dubaï.

Le président roumain Klaus Iohannis a expliqué que le nucléaire représentait pour son pays «une source stable d'énergie contribuant à la sécurité énergétique et la décarbonisation».

Les pays signataires appellent également les actionnaires des institutions financières internationales - comme la Banque mondiale -  à inclure le nucléaire dans leurs financements.

«Il existe des dispositions statutaires, parfois dans certaines institutions de crédit internationales, qui excluent le nucléaire. Je pense que ça, c'est complètement obsolète», avait déclaré un peu plus tôt à l'AFP le directeur général de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), Rafael Grossi.

Ses promoteurs voient dans l'énergie nucléaire, modulable et qui n'émet quasiment pas de gaz à effet de serre, un moyen incomparable de produire une électricité vertueuse et abondante.

Certains défenseurs de l'environnement soulignent en revanche les risques d'accident, la question des déchets sur le très long terme ou encore les coûts élevés de l'atome.