À Bormes-les-Mimosas, l'avertissement de Macron aux jeunes contre le «chaos» et la «désunion»

Le président français Emmanuel Macron prononce un discours lors d'une cérémonie de commémoration du 79e anniversaire de la libération du village de Bormes-les-Mimosas, dans le sud-est de la France, le 17 août 2023 (Photo, AFP).
Le président français Emmanuel Macron prononce un discours lors d'une cérémonie de commémoration du 79e anniversaire de la libération du village de Bormes-les-Mimosas, dans le sud-est de la France, le 17 août 2023 (Photo, AFP).
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Publié le Vendredi 18 août 2023

À Bormes-les-Mimosas, l'avertissement de Macron aux jeunes contre le «chaos» et la «désunion»

  • Comme chaque année, le chef de l’État s'est exprimé à l'occasion de cette cérémonie dans cette cité du Var où se situe le Fort de Brégançon, résidence estivale des présidents de la République
  • Le chef de l'État sera de retour la semaine prochaine à Paris et réunira son gouvernement le 23 août au Palais de l'Élysée

BORMES-LES-MIMOSAS: Emmanuel Macron a mis en garde la jeunesse française contre le "chaos" et la "désunion", quelques semaines après les émeutes urbaines, jeudi lors de sa première prise de parole de la rentrée, à l'occasion des commémorations du 79e anniversaire de la libération de la ville de Bormes-les-Mimosas.

Comme chaque année, le chef de l’État s'est exprimé à l'occasion de cette cérémonie dans cette cité du Var où se situe le Fort de Brégançon, résidence estivale des présidents de la République.

Dans une courte allocution --13 minutes --, M. Macron a rendu hommage aux jeunes ayant participé au débarquement de Provence, "prêts à mourir pour la liberté collective", avant d'évoquer la jeunesse française de 2023.

"Il y a dans nos jeunes un appétit de liberté, un idéalisme qui se cherchent parfois. Et auquel nous devons répondre. Sans quoi, parfois, cette aspiration noble se retourne contre elle-même et sape les fondations de cette nation de liberté, d'égalité et de fraternité initiée en 1789", a déclaré le président de la République.

"Hors de ce champ commun prospèrent la division, la désunion, qui pave la voie du chaos et de l'injustice", a averti M. Macron.

Les jeunes libérateurs de 1944 "nous ont montré (qu') exercer sa liberté", "ça n'est pas une frénésie de transgression, ça n'est pas une fièvre de renverser les interdits. C'est d'abord et avant tout une volonté maitrisée et forte, capable d'assumer les contraintes qu'elle se choisit", a également déclaré le chef de l’État.

"Et cette liberté là, qui n'existe que parce qu'elle est toujours et d'abord collective, les droits qui s'ensuivent qui ne sont là que parce qu'il y avait d'abord des devoirs, c'est ce dont nous devons nourrir nos jeunes générations", a-t-il ajouté.

La mort de Nahel, tué par un policier lors d'un contrôle routier le 27 juin à Nanterre, a été suivie de plusieurs nuits d'émeutes urbaines dans de nombreuses villes en France. Le chef de l’État avait alors souligné le besoin de restaurer l'autorité dans le pays.

Le président n'a fait aucune autre allusion à la situation politique lors de cette cérémonie protocolaire devenue un passage obligé des étés présidentiels, précédant de quelques jours le conseil des ministres de reprise.

L'«initiative d'ampleur» attendra

M. Macron s'est ensuite adonné à un bain de foule, serrant des mains et multipliant les selfies auprès d'une assistance globalement bienveillante, contrastant avec les échanges rugueux et casserolades du printemps après l'adoption au forceps de la réforme des retraites.

Une femme l'a notamment interpellé sur la situation à l'hôpital. "Les urgences, c'est toujours une catastrophe", lui a-t-elle lancé. "On ne lâche pas le combat", a répondu le chef de l'Etat.

Un homme l'a ensuite interrogé sur "les lois bioéthiques qui viennent": "ne perdez jamais le sens sacré de la vie". "Ne vous inquiétez pas", a répondu M. Macron, qui entend présenter un projet de loi sur la fin de vie dans les prochaines semaines.

M. Macron n'a en revanche pas répondu à une question de la presse sur les déclarations de Nicolas Sarkozy sur l'Ukraine.

Lors de son discours, il n'a pas non plus évoqué l'"initiative politique d'ampleur" qu'il a récemment annoncée dans les colonnes du Figaro Magazine pour la fin du mois d'août.

L’Élysée avait alors souligné auprès de l'AFP que la démarche présidentielle porterait sur des thèmes tels que l'écologie, les services publics, le travail, l'ordre, le progrès, l'immigration.

Le chef de l'État proposera "aux forces politiques de l'arc républicain une série de rencontres pour déterminer des projets sur lesquels cheminer ensemble", avait ajouté la présidence.

Emmanuel Macron avait alors indiqué que 2023/2024 serait une année importante pour la France, qui accueillera successivement la Coupe du monde de rugby, les Jeux Olympiques et les Jeux Paralympiques et sera donc au centre de l'attention mondiale. Une invitation, entre les lignes, à rechercher l'unité plutôt que les divisions.

Pour autant, l'équation politique n'a guère changé pour l'hôte de l'Élysée. Il aborde cette nouvelle séquence avec un gouvernement modestement remanié au mois de juillet.

Le chef de l'État sera de retour la semaine prochaine à Paris et réunira son gouvernement le 23 août au Palais de l'Élysée.


Macron fustige les «bourgeois des centres-villes» qui financent «parfois» le narcotrafic

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  • Emmanuel Macron a également insisté sur "la nécessité d'avoir une approche interministérielle du très local à l'international"
  • La question est au centre du débat public depuis l'assassinat jeudi à Marseille de Mehdi Kessaci, le frère d'un militant engagé contre le narcotrafic

PARIS: Le président Emmanuel Macron a estimé mercredi lors du Conseil des ministres que ce sont "parfois les bourgeois des centres-villes qui financent les narcotrafiquants", selon des propos rapportés par la porte-parole du gouvernement Maud Bregeon lors de son compte-rendu.

Le chef de l'État a appuyé "l'importance d'une politique de prévention et de sensibilisation puisque, je reprends ses mots, +c'est parfois les bourgeois des centres-villes qui financent les narcotrafiquants+", a précisé Maud Bregeon, ajoutant: "on ne peut pas déplorer d'un côté les morts et de l'autre continuer à consommer le soir en rentrant du travail".

Emmanuel Macron a également insisté sur "la nécessité d'avoir une approche interministérielle du très local à l'international". La question est au centre du débat public depuis l'assassinat jeudi à Marseille de Mehdi Kessaci, le frère d'un militant engagé contre le narcotrafic.

 


Amiante dans les écoles: plus de 50 personnes et sept syndicats portent plainte à Marseille

Classée cancérogène, l'amiante présente des risques pour la santé principalement par inhalation, lorsque les poussières pénètrent le système respiratoire. (AFP)
Classée cancérogène, l'amiante présente des risques pour la santé principalement par inhalation, lorsque les poussières pénètrent le système respiratoire. (AFP)
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  • "La grande majorité des établissements scolaires en France, construits avant son interdiction en 1997, présentent encore à ce jour de l’amiante dans de nombreux éléments du bâti", rappelle dans un communiqué l'avocate Julie Andreu
  • Or, la vétusté de certains d'entre eux aggrave l'exposition à l'amiante et selon l'avocate, "les responsables concernés (collectivités locales) n’ont pas pris les mesures qui s’imposent"

MARSEILLE: Ils sont parents d'élèves, enseignants, agents municipaux: une cinquantaine de personnes, toutes exposées à l'amiante dans des écoles des Bouches-du-Rhône, vont déposer mercredi à Marseille une plainte contre X pour "mise en danger délibérée de la vie d'autrui".

Sept syndicats et trois associations de victimes de l'amiante sont aussi plaignants dans ce dossier, qui concerne 12 établissements scolaires, la plupart à Marseille.

"La grande majorité des établissements scolaires en France, construits avant son interdiction en 1997, présentent encore à ce jour de l’amiante dans de nombreux éléments du bâti", rappelle dans un communiqué l'avocate Julie Andreu, qui représente ces plaignants d'une douzaine d'établissements scolaires et dont la plainte va être déposée à 14h.

Or, la vétusté de certains d'entre eux aggrave l'exposition à l'amiante et selon l'avocate, "les responsables concernés (collectivités locales) n’ont pas pris les mesures qui s’imposent".

Classée cancérogène, l'amiante présente des risques pour la santé principalement par inhalation, lorsque les poussières pénètrent le système respiratoire.

"Une collègue est décédée en avril 2024 des suites d’un cancer lié à l’amiante, reconnu comme maladie professionnelle", a expliqué dans un dossier de presse le collectif stop amiante éducation, dans lequel sont réunis les syndicats et associations plaignants.

Le collectif dénonce "de nombreuses défaillances", notamment une absence d'information sur l'amiante, malgré les obligations réglementaires, ou encore une absence de protection pendant les travaux.

En mars, les syndicats enseignants avaient révélé que plus de 80% des bâtiments scolaires en France étaient potentiellement concernés par la présence d'amiante.

Un rapport du Haut Conseil de la Santé Publique publié en 2014, prévoit que d’ici 2050, 50.000 à 75.000 décès par cancer du poumon dus à l’amiante aient lieu, auxquels s’ajoutent jusqu'à 25.000 décès par mésothéliome (un autre type de cancer).

 


Assassinat de Mehdi Kessaci: «Non, je ne me tairai pas» face au narcotrafic, dit son frère dans une tribune au Monde

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  • "Je dirai et répéterai que mon frère Mehdi est mort pour rien. Je dirai la violence du narcotrafic"
  • "On me parle de crime d’avertissement. Mais un crime n'est jamais un avertissement"

PARIS: "Non, je ne me tairai pas" face au narcotrafic, a déclaré mercredi dans une tribune publiée dans le journal Le Monde Amine Kessaci, le frère de Mehdi, abattu jeudi à Marseille par deux personnes à moto.

"Je dirai et répéterai que mon frère Mehdi est mort pour rien. Je dirai la violence du narcotrafic", a également écrit le militant écologiste de 22 ans, engagé dans la lutte contre le narcobanditisme. En 2020, cette famille de six enfants avait déjà été endeuillée par l'assassinat d'un autre de ses frères, Brahim, 22 ans, dont le corps avait été retrouvé carbonisé dans un véhicule.

"On me parle de crime d’avertissement. Mais un crime n'est jamais un avertissement", a encore déclaré Amine Kessaci, qui a enterré mardi son frère Mehdi. "Voici ce que font les trafiquants : ils tentent d’annihiler toute résistance, de briser toute volonté, de tuer dans l’œuf tout embryon de révolte pour étendre leur pouvoir sur nos vies", a-t-il ajouté.

La protection policière qui lui a été accordée ne l'a pas été à ses proches, a souligné le militant écologiste de 22 ans. "Pourtant, qui ignorait que ma famille avait déjà payé un tribut de sang? Comment ne pas savoir que ma famille pouvait être touchée ?", s'est-il interrogé.

"Face à un tel ennemi, l’Etat doit prendre la mesure de ce qu'il se passe et comprendre qu'une lutte à mort est engagée", a-t-il encore prévenu.

"Il est temps d’agir, par exemple de faire revenir les services publics dans les quartiers, de lutter contre l’échec scolaire qui fournit aux trafiquants une main-d’œuvre soumise, de doter les enquêteurs et les forces de police des moyens dont ils ont besoin, de renforcer, de soutenir réellement les familles de victimes du narcotrafic. Nous comptons nos morts, mais que fait l’Etat ?"

Medhi Kessaci, 20 ans, a été assassiné jeudi à Marseille près d'une salle de concert par deux hommes à moto, activement recherchées, un "crime d'intimidation" et "un assassinat d'avertissement" pour les autorités.