Thermomètre en surchauffe, sommeil en souffrance

Cette photographie montre un panneau municipal à Lyon, le 18 août 2023 (AFP).
Cette photographie montre un panneau municipal à Lyon, le 18 août 2023 (AFP).
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Publié le Samedi 19 août 2023

Thermomètre en surchauffe, sommeil en souffrance

  • Une grande partie de l'Europe de l'ouest et du centre va subir subir ces prochains jours un coup de chaud d'une intensité exceptionnelle en cette période, et fermer l'oeil sera peut-être difficile
  • Des températures nocturnes élevées augmentent aussi les réveils et réduisent notamment le sommeil profond, considéré comme le plus régénérateur

PARIS: Les fortes chaleurs ne font pas bon ménage avec les dormeurs, et leur multiplication avec le dérèglement climatique risque d'alimenter une dette de sommeil nocive pour la santé.

Une grande partie de l'Europe de l'ouest et du centre va subir subir ces prochains jours un coup de chaud d'une intensité exceptionnelle en cette période, et fermer l'oeil sera peut-être difficile.

"Jusqu'à 28 degrés environ, on peut arriver à bien dormir, au-delà cela devient beaucoup plus compliqué", explique Armelle Rancillac, chercheuse en neurosciences Inserm au Collège de France, interrogée par l'AFP.

Le cerveau, où les neurones régulant température et sommeil sont très connectés, est très sensible à la chaleur. La forte chaleur fait monter le thermostat central et active des systèmes de stress.

Pour rejoindre les bras de Morphée, l'une des conditions est de faire baisser sa température interne.

"Lorsqu'il fait très chaud, la dilatation des vaisseaux sanguins au niveau de la peau est moins efficace, la déperdition de chaleur moindre, ce qui retarde l'endormissement", explique Armelle Rancillac.

Des températures nocturnes élevées augmentent aussi les réveils et réduisent notamment le sommeil profond, considéré comme le plus régénérateur.

"On va avoir tendance, à la fin d'un cycle, à se réveiller et à avoir des difficultés à se rendormir", car le corps cherche à "arrêter un stade de danger thermique", a décrypté la chercheuse.

Si tout le monde n'a pas besoin de la même quantité de sommeil quotidien -variable aussi selon l'âge-, la plupart des humains oscillent entre 7 et 9 heures.

Au cours des deux premières décennies du XXIème siècle, les humains auraient perdu en moyenne 44 heures annuelles de sommeil par rapport aux périodes antérieures, selon une étude publiée en 2022.

Avec la hausse des températures liée au changement climatique, ce déficit pourrait encore se creuser pour atteindre 50 à 58 heures annuelles de sommeil perdues par personne d'ici la fin du siècle, selon ces travaux pilotés par Kelton Minor, de l’université de Copenhague (Danemark), et fondés sur les données de plus de 47.000 porteurs de bracelets connectés sur quatre continents.

«Effets délétères»

Or, une privation de sommeil excessive par rapport aux besoins perturbe la récupération de l'organisme.

"Le sommeil n'est pas un luxe, son équilibre est très fragile et son manque a des effets délétères", souligne Armelle Rancillac.

A court terme, "les principaux effets sont cognitifs: somnolence, fatigue, risque d'accident du travail ou de la circulation, perte de patience...", énumère à l'AFP le Dr Fabien Sauvet, médecin en chef de l'Institut de recherches biomédicales des armées françaises.

A long terme, un manque de sommeil répété et prolongé peut engendrer une "dette" nocive, et pas seulement pour les plus vulnérables (seniors, jeunes enfants, malades chroniques...)

"Cela joue sur notre métabolisme, favorisant la prise de poids, le développement du diabète, des maladies cardio-vasculaires, voire des maladies neurodégénératives comme Alzheimer", a alerté la neuroscientifique.

Pour "un malade, une dette de sommeil peut favoriser des décompensations; pour un sujet sain, les effets négatifs prendront plusieurs années", précise le Dr Sauvet.

Cette "dette" peut aussi diminuer la résistance au stress et augmenter le risque de rechute ou d'ancrage d'une pathologie mentale.

Comment mieux dormir par forte chaleur?

"Pas de climatisation à tout va, il faut d'abord modifier son comportement: dormir peu vêtu juste avec un drap, ventiler au maximum, etc", conseille le Dr Sauvet, selon lequel "il n'y a pas besoin d'une chambre à 18-22°C, 24-26°C sont possibles".

Une "acclimatation" aux températures élevées "prend 10-15 jours", précise-t-il, au regard de l'expérience des militaires en mission dans des pays chauds.

Pour Armelle Rancillac, "il faut renforcer les mécanismes faisant fluctuer notre température lors des cycles jour/nuit et éliminer, ou au moins faire attention, aux ennemis du sommeil".

Par exemple, prendre une douche fraîche mais pas trop, faire du sport mais pas trop tard pour ne pas trop élever la température, diminuer les excitants, comme le café, limiter l'alcool.

"L'alcool est un faux ami: il détend, certes, ce qui favorise l'endormissement, mais augmente un peu notre température interne, ce qui a tendance à fragmenter le sommeil", note la neuroscientifique.

La literie peut aussi jouer, car certains matelas accumulent davantage la chaleur, selon Fabien Sauvet.

Pour atténuer le manque de sommeil nocturne, ce médecin suggère "des siestes courtes, d'environ 30 minutes".


Pourparlers sur l'Ukraine: Kiev et l'Europe voient des avancées mais encore beaucoup de travail

Le président américain avait initialement donné jusqu'au 27 novembre au président ukrainien Volodymyr Zelensky pour répondre à son plan, comprenant notamment la cession de territoires ukrainiens et s'apparentant à une capitulation de Kiev. Il a ensuite précisé que ce n'était pas sa "dernière offre". (AFP)
Le président américain avait initialement donné jusqu'au 27 novembre au président ukrainien Volodymyr Zelensky pour répondre à son plan, comprenant notamment la cession de territoires ukrainiens et s'apparentant à une capitulation de Kiev. Il a ensuite précisé que ce n'était pas sa "dernière offre". (AFP)
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  • Les discussions entre Ukrainiens, Américains et Européens, convoquées dimanche dans l'urgence, se sont tenues sur la base du projet de plan en 28 points de Donald Trump, considéré comme largement favorable à Moscou
  • Américains et Ukrainiens ont affirmé qu'un "futur accord" de paix devrait respecter la souveraineté de l'Ukraine

KIEV: Le chancelier allemand a insisté lundi pour que la Russie rejoigne la table des négociations sur un plan de paix pour l'Ukraine, au lendemain de pourparlers à Genève ayant donné lieu à un "nouvel élan", mais qui nécessitent encore "du travail" selon Kiev et l'UE.

Les discussions entre Ukrainiens, Américains et Européens, convoquées dimanche dans l'urgence, se sont tenues sur la base du projet de plan en 28 points de Donald Trump, considéré comme largement favorable à Moscou. Américains et Ukrainiens ont affirmé qu'un "futur accord" de paix devrait respecter la souveraineté de l'Ukraine.

L'Ukraine, qui lutte depuis près de quatre ans contre l'invasion de la Russie, est de nouveau au coeur d'échanges lundi à Luanda en marge d'un sommet entre l'UE et l'Union africaine. Et la "Coalition des volontaires", qui réunit les alliés de l'Ukraine, se réunira mardi en visioconférence.

"La Russie doit être présente à la table (des négociations)", a affirmé le chancelier allemand Friedrich Merz, jugeant néanmoins improbable "une percée" diplomatique cette semaine.

Le président américain avait initialement donné jusqu'au 27 novembre au président ukrainien Volodymyr Zelensky pour répondre à son plan, comprenant notamment la cession de territoires ukrainiens et s'apparentant à une capitulation de Kiev. Il a ensuite précisé que ce n'était pas sa "dernière offre".

Salué par le président russe Vladimir Poutine, le texte initial du plan Trump reprenait plusieurs exigences cruciales pour Moscou. Le Kremlin a dit lundi n'avoir aucune information à l'issue des pourparlers de Génève, mais savoir que des "modifications" avaient été apportées.

Si M. Zelensky a salué lundi des avancées, il a estimé qu'il fallait "beaucoup plus" pour parvenir à une "paix réelle" avec la Russie et mettre fin au conflit le plus meurtrier en Europe depuis la Seconde Guerre mondiale.

Atmosphère "constructive"

Le dirigeant ukrainien s'est néanmoins félicité de l'inclusion d'éléments "extrêmement sensibles": la libération totale des prisonniers ukrainiens selon la formule de "tous-contre-tous" et des civils, et le retour des "enfants ukrainiens enlevés par la Russie".

Un haut responsable ukrainien a indiqué à l'AFP que l'hypothèse d'une visite de Volodymyr Zelensky à Washington était "au stade de la discussion", sans date fixée.

L'atmosphère à Genève était "parfois tendue, parfois plus légère mais dans l'ensemble constructive", a-t-il décrit, évoquant une ambiance "typique des négociations extrêmement importantes".

Depuis Luanda, les alliés européens de Kiev se sont dit prudemment optimistes.

"Il reste encore du travail à faire mais il y a une base solide pour avancer", a dit la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen. Le président du Conseil européen, Antonio Costa, a lui salué un "nouvel élan".

Le Premier ministre britannique, Keir Starmer, a aussi noté les "progrès significatifs" réalisés à Genève.

Aucune nouvelle version du texte n'a pour l'heure été publiée.

"Nous continuons tous à travailler avec nos partenaires, en particulier les États-Unis, et à rechercher des compromis qui nous renforcent et ne nous affaiblissent pas", a dit M. Zelensky lors d'une conférence virtuelle en Suède, ajoutant que son pays se trouve à un "moment critique".

Le président américain a semblé se réjouir de l'issue de la rencontre à Genève. "Est-ce vraiment possible que de grands progrès soient réalisés dans les pourparlers de paix entre la Russie et l'Ukraine??? Ne croyez que ce que vous voyez, mais quelque chose de bon pourrait bien se produire", a-t-il écrit sur son réseau Truth Social.

A Genève, son secrétaire d'Etat Marco Rubio s'était dit dimanche "très optimiste" sur la possibilité de conclure "très vite" un accord, estimant que "les points qui restent en suspens ne sont pas insurmontables".

Les Russes auront "leur mot à dire", avait-il aussi assuré.

Lors d'un entretien téléphonique lundi entre Vladimir Poutine et son homologue turc Recep Tayyip Erdogan, le dirigeant russe a réitéré son opinion selon laquelle le plan initial des États-Unis pourrait "servir de base à un règlement de paix final".

La poussée lente, mais progressive, des troupes russes accentue la pression sur Kiev.

Moscou a revendiqué lundi la prise d'un village dans la région de Zaporijjia (sud), tandis que des frappes aériennes russes ont fait au moins quatre morts à Kharkiv.

La Russie cible quasi quotidiennement le pays au moyen de drones ou de missiles. Les infrastructures énergétiques sont particulièrement visées, faisant craindre un hiver difficile en Ukraine. Kiev vise de son côté régulièrement des dépôts et raffineries de pétrole et d'autres installations côté russe.

 


L'IA générative, un potentiel «Frankenstein des temps modernes», prévient le chef des droits humains de l'ONU

Les droits humains risquent d'être les premières victimes du déploiement de l'intelligence artificielle (IA) générative par les géants de la tech, a déclaré le Haut Commissaire de l'ONU aux droits de l'homme lundi, mettant en garde contre le potentiel "monstrueux" de tels systèmes. (AFP)
Les droits humains risquent d'être les premières victimes du déploiement de l'intelligence artificielle (IA) générative par les géants de la tech, a déclaré le Haut Commissaire de l'ONU aux droits de l'homme lundi, mettant en garde contre le potentiel "monstrueux" de tels systèmes. (AFP)
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  • "Le modèle économique actuel des plateformes de médias sociaux alimente déjà la polarisation, l'extrémisme et l'exclusion. De nombreux pays peinent à endiguer ce phénomène", a souligné M. Türk
  • Et si l'IA générative est porteuse d'"immenses promesses", les droits humains peuvent en "être les premières victimes", a-t-il estimé

GENEVE: Les droits humains risquent d'être les premières victimes du déploiement de l'intelligence artificielle (IA) générative par les géants de la tech, a déclaré le Haut Commissaire de l'ONU aux droits de l'homme lundi, mettant en garde contre le potentiel "monstrueux" de tels systèmes.

"L'IA générative recèle un immense potentiel, mais son exploitation à des fins purement politiques ou économiques peut manipuler, déformer et détourner l'attention", a déclaré le Haut Commissaire Volker Türk lors d'une réunion à Genève (Suisse), soulignant que "sans garanties et réglementations adéquates, les systèmes d'IA pourraient se transformer en un monstre de Frankenstein des temps modernes".

"Le modèle économique actuel des plateformes de médias sociaux alimente déjà la polarisation, l'extrémisme et l'exclusion. De nombreux pays peinent à endiguer ce phénomène", a souligné M. Türk lors d'un forum sur les entreprises et les droits humains.

Et si l'IA générative est porteuse d'"immenses promesses", les droits humains peuvent en "être les premières victimes", a-t-il estimé.

L'exploitation de cette technologie "à des fins purement politiques ou économiques" fait peser une menace "sur plusieurs droits humains, notamment le droit à la vie privée, la participation politique, la liberté d'expression et le droit au travail".

Le Haut Commissaire a averti que ces menaces "pourraient se concrétiser en préjudices qui compromettent les promesses des technologies émergentes et pourraient engendrer des conséquences imprévisibles".

"Il est de la responsabilité des gouvernements de s'unir pour éviter un tel scénario", a insisté M. Türk.

Par ailleurs, le chef des droits humains de l'ONU a mis en évidence une autre menace représentée par la concentration croissante du pouvoir des entreprises et l'"accumulation massive de richesses personnelles et d'entreprises entre les mains d'une poignée d'acteurs".

"Dans certains cas, cela dépasse le poids économique de pays entiers", a-t-il déclaré, insistant sur le fait que lorsque "le pouvoir n'est pas encadré par la loi, il peut mener à des abus et à l'asservissement".

 


L'UE promet 88 millions d'euros en faveur de l'Autorité palestinienne

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  • "Nous avons signé plus de 82 millions d'euros", qui viennent s'ajouter aux six millions d'euros déjà annoncés, s'est félicitée devant la presse la commissaire européenne chargée de la Méditerranée, Dubravka Suica
  • Quelque soixante délégations rassemblant les 27 de l'UE, les pays arabes et plusieurs organisations internationales se sont retrouvées jeudi à Bruxelles, sans la présence d'Israël

BRUXELLES: Les pays de l'Union européenne vont verser quelque 88 millions d'euros pour aider l'Autorité palestinienne, pressée de se réformer par les Européens, soucieux de son rôle futur dans le cadre du plan Trump pour la région.

"Nous avons signé plus de 82 millions d'euros", qui viennent s'ajouter aux six millions d'euros déjà annoncés, s'est félicitée devant la presse la commissaire européenne chargée de la Méditerranée, Dubravka Suica, à l'issue d'une conférence des donateurs à Bruxelles.

Quelque soixante délégations rassemblant les 27 de l'UE, les pays arabes et plusieurs organisations internationales se sont retrouvées jeudi à Bruxelles, sans la présence d'Israël.

"Aujourd'hui, nous avons présenté les progrès réalisés dans le cadre de notre programme de réforme nationale, qui est mis en œuvre, pas seulement promis, mais mis en œuvre et en avance sur le calendrier, ce qui a été reconnu par nos partenaires", a indiqué de son côté le Premier ministre palestinien Mohammed Mustafa.

Et cela "en dépit d'un environnement défavorable", a-t-il ajouté, accusant Israël de chercher "à affaiblir l'Autorité palestinienne ainsi que sa capacité à fonctionner".

Mme Suica a réitéré sur ce point les appels lancés par l'Union européenne pour qu'Israël accepte de libérer les recettes fiscales dues à l'Autorité palestinienne, indispensables à son fonctionnement.

"Cela a été dit par tous les participants", a-t-elle assuré.

Concernant Gaza, M. Mustafa a assuré que l'Autorité palestinienne avait un plan, soutenu par les pays arabes pour sa reconstruction. "Nous gouvernerons, nous réformerons et nous dirigerons la reconstruction de Gaza", a-t-il assuré.

L'Union européenne est le principal soutien financier de l'Autorité palestinienne. Elle conditionne toutefois le versement futur de cette aide à des réformes, qu'elle juge indispensables pour que cette Autorité soit en mesure de jouer pleinement son rôle dans le cadre de la solution à deux États, israélien et palestinien, que les Européens défendent depuis des années.

"Tout notre soutien à l'Autorité palestinienne est lié aux efforts pour poursuivre l'agenda des réformes", a rappelé Mme Suica.