Tensions et ambitions pour une rentrée politique agitée

Le président français Emmanuel Macron (à droite) et le ministre français de l'Intérieur Gerald Darmanin écoutent un participant alors qu'ils assistent à une réunion publique avec des habitants dans un gymnase du quartier de La Busserine lors d'une visite à Marseille, dans le sud-est de la France, le 26 juin 2023. (Photo Ludovic Marin / POOL / AFP)
Le président français Emmanuel Macron (à droite) et le ministre français de l'Intérieur Gerald Darmanin écoutent un participant alors qu'ils assistent à une réunion publique avec des habitants dans un gymnase du quartier de La Busserine lors d'une visite à Marseille, dans le sud-est de la France, le 26 juin 2023. (Photo Ludovic Marin / POOL / AFP)
Short Url
Publié le Lundi 21 août 2023

Tensions et ambitions pour une rentrée politique agitée

  • L'exécutif se retrouve mercredi à l'Elysée pour le Conseil des ministres de rentrée, un mois après un remaniement a minima
  • La présence du rappeur Médine, accusé d'antisémitisme, aux «journées écologistes» puis aux «Amphis» de La France insoumise crée la querelle chez les Verts et fournit un angle d'attaque à la droite et à la majorité

PARIS : La vie politique reprend son cours cette semaine avec le Conseil des ministres mercredi pour Emmanuel Macron et son gouvernement ainsi que nombre d'évènements à gauche, chez Les Républicains et pour Gérald Darmanin, désormais quasi-candidat pour 2027.

L'exécutif se retrouve mercredi à l'Elysée pour le Conseil des ministres de rentrée, un mois après un remaniement a minima.

Cet été, Emmanuel Macron est resté particulièrement discret au Fort de Brégançon: une courte allocution jeudi lors des commémorations de la Libération de la cité varoise, avec un avertissement à la jeunesse contre le «chaos» et la «désunion», quelques semaines après les émeutes urbaines.

Le chef de l'Etat n'a pas évoqué l'«initiative politique d'ampleur» annoncée cet été et attendue pour la fin du mois. M. Macron entend rencontrer les «forces politiques de l'arc républicain» --sans le Rassemblement national ni La France insoumise-- pour «déterminer des projets sur lesquels cheminer ensemble». Mais pas question de coalition pour un président privé de majorité absolue à l'Assemblée.

Au menu, selon l'Elysée: écologie, services publics, travail, ordre, progrès, immigration... L'initiative vise sans doute à obtenir un minimum de concorde alors qu'approchent la Coupe du monde de rugby (8 septembre) et les Jeux olympiques de 2024. Mais les douze mois qui s'ouvrent seront également marqués par deux échéances électorales: les sénatoriales du 24 septembre et les européennes en juin.

Confirmée du bout des lèvres à Matignon, Elisabeth Borne doit de son côté recevoir cette semaine les chefs des partis de sa majorité et tenir des réunions sur le budget, rendez-vous crucial de la rentrée avec de nouveaux 49.3 quasiment assurés.

Un séminaire gouvernemental est dans les tuyaux pour la semaine suivante, qui verra également la Première ministre intervenir lors de la rentrée du Medef.

Après une première année agitée --réforme des retraites, émeutes--, dans quel état se trouve sa majorité ? Les rentrées de Renaissance, du MoDem et d'Horizons attendront la mi-septembre, voire début octobre. Mais un ministre n'entend plus attendre et se projette déjà sur la présidentielle de 2027: Gérald Darmanin.

Dimanche 27 août, dans son fief de Tourcoing (Nord), le ministre de l'Intérieur tient sa première rentrée politique sur le thème des classes populaires, trop oubliées selon lui des «techniciens» et des «bobo-libéraux de gauche» de la macronie. Compliments à l'adresse du président et de la Première ministre lancés par l'ex-dirigeant LR, encouragé pour l'Elysée par Nicolas Sarkozy.

Une nouvelle pierre de l'ancien président dans le jardin des Républicains (LR), qui tiennent leur rentrée le même jour à Levens (Alpes-Maritimes), dans le fief de leur patron Eric Ciotti, avec la présence annoncée de Laurent Wauquiez.

- La controverse Médine -

A gauche aussi, la rentrée sera animée. Coalisés sous la bannière Nupes à l'Assemblée, les partis additionnent aussi les amabilités. Les Insoumis sont furieux de n'avoir rien obtenu de leurs camarades en vue des sénatoriales comme de leur refus d'une liste unique aux européennes.

Dans un entretien dimanche avec le journal Libération, le coordinateur de LFI Manuel Bompard a accusé ses alliés de "double-langage". "Au moment où ils parlent d’union, les mêmes organisent sciemment la désunion".

Ecologistes et Insoumis se sont quand même trouvé un point commun: Médine. La présence du rappeur, accusé d'antisémitisme, aux «journées écologistes» puis aux «Amphis» de La France insoumise crée la querelle chez les Verts et fournit un angle d'attaque à la droite et à la majorité.

La patronne des écologistes Marine Tondelier sera «extrêmement attentive» aux dires de son contradicteur avec qui elle débattra jeudi au Havre et qui s'est excusé d'un post jugé antisémite envers l'essayiste Rachel Khan.

Médine débattra aussi samedi chez LFI avec la patronne des députés insoumis Mathilde Panot. Mais l'accueil à Chateauneuf-sur-Isère (Drôme) est moins réservé. «Médine n'est pas raciste», a évacué Jean-Luc Mélenchon. Des excuses, «je pense qu'il n'aurait même pas dû en formuler», a expliqué samedi le député LFI David Guiraud.

La polémique occulte les nombreux ateliers et débats prévus lors ces évènements de rentrée. Les «Amphis» se concluront dimanche par un meeting avec Jean-Luc Mélenchon.

Point de Médine à l'Université des communistes de vendredi à dimanche à Strasbourg, où s'exprimeront le patron du parti Fabien Roussel et le chef de file pour les européennes Léon Deffontaines. Le chanteur est néanmoins programmé à la Fête de l'Humanité.

Le PS, de son côté, planchera sur les classes populaires de vendredi à dimanche à Blois. Son premier secrétaire Olivier Faure s'exprimera samedi.


Colère agricole en France: Macron reçoit les syndicats, des blocages persistent

Des tracteurs lors d'une manifestation organisée par le syndicat agricole Coordination Rurale près du Mont-Saint-Michel, dans le nord-ouest de la France, le 18 décembre 2025. (AFP)
Des tracteurs lors d'une manifestation organisée par le syndicat agricole Coordination Rurale près du Mont-Saint-Michel, dans le nord-ouest de la France, le 18 décembre 2025. (AFP)
Short Url
  • Emmanuel Macron a reçu les syndicats agricoles, opposés à l’accord UE-Mercosur, dans un contexte de forte colère liée aux crises sanitaires, notamment la dermatose bovine
  • Les blocages routiers se poursuivent dans le Sud-Ouest, alors que de nouveaux cas de la maladie sont confirmés et que la mobilisation agricole se prolonge

PARIS: Le président français Emmanuel Macron a reçu mardi les syndicats agricoles pour parler de l'accord UE-Mercosur, auquel ils sont opposés, tandis que des axes routiers sont toujours bloqués pour protester contre le traitement par les autorités de l'épizootie de dermatose bovine.

"L'objet du rendez-vous, c'était d'essayer d'éteindre un peu le feu qui est partout dans les campagnes", a souligné Stéphane Galais, porte-parole national de la Confédération paysanne - un syndicat classé à gauche -, à la sortie de la rencontre, ajoutant qu'il fallait pour cela "des mesures structurelles fortes".

Les syndicats disent avoir par ailleurs rappelé au chef de l'Etat "l'extrême tension" et la "colère" du monde agricole et que des réponses étaient attendues "dès les premiers jours de janvier" sur le Mercosur mais aussi sur les crises sanitaires, au premier rang desquelles la dermatose bovine et la grippe aviaire.

C'était la première rencontre entre le chef de l'Etat et les syndicats agricoles depuis début décembre et l'amorce de la crise qui secoue l'élevage français, face à la dermatose nodulaire contagieuse (DNC).

C'était aussi la première depuis l'annonce, jeudi dernier, du report a priori au 12 janvier de la signature du traité décrié entre l'UE et des pays du Mercosur.

Cet accord faciliterait l'entrée en Europe de viande, sucre, riz, miel et soja sud-américains, ce qui inquiète les filières concernées, lesquelles affirment que ces produits ne respectent pas les mêmes normes que les produits européens.

L'accord permettrait en revanche aux Européens d'exporter davantage de véhicules, machines, vins et spiritueux en Amérique du Sud.

Sur le terrain, la mobilisation a connu un léger regain mardi (53 actions mobilisant 1.600 personnes, selon le ministère de l'Intérieur) par rapport à lundi (35 actions mobilisant 1.200 personnes), mais elle reste nettement inférieure à celle de la semaine dernière (110 actions jeudi).

Certains agriculteurs sont mobilisés depuis plus de 10 jours, notamment contre l'abattage total des troupeaux dans lesquels des cas de DNC sont détectés dans le Sud-Ouest.

Mardi, le ministère de l'Agriculture a confirmé un nouveau cas de la maladie en Haute-Garonne, portant le bilan total à 115 foyers enregistrés depuis juin en France. Ce dernier troupeau concerné a été abattu.

Dans le Sud-Ouest, des blocages d'autoroute étaient notamment maintenus sur l'A63 près de Bordeaux ou sur l'A64 au sud de Toulouse ou près de Bayonne.

Au sud de Bordeaux, les manifestants de la branche locale du syndicat Coordination rurale - classé à droite - ont dit vouloir organiser un réveillon et une messe de Noël mercredi soir sur leur barrage, à l'instar des agriculteurs mobilisés près de Toulouse.


Mercosur: les syndicats rencontrent Macron à l'Elysée, la dermatose en toile de fond

Des agents de la police nationale française bloquent une route alors que des agriculteurs manifestent contre l'accord UE-Mercosur, alors que le président français Emmanuel Macron rencontre les lecteurs du quotidien « La Voix du Nord », à Arras, dans le nord de la France, le 19 novembre 2025. (AFP)
Des agents de la police nationale française bloquent une route alors que des agriculteurs manifestent contre l'accord UE-Mercosur, alors que le président français Emmanuel Macron rencontre les lecteurs du quotidien « La Voix du Nord », à Arras, dans le nord de la France, le 19 novembre 2025. (AFP)
Short Url
  • Emmanuel Macron reçoit les syndicats agricoles, opposés à l’accord UE-Mercosur, dont la signature a été reportée, mais les tensions restent fortes malgré les concessions évoquées par le gouvernement
  • La rencontre se déroule sur fond de crise sanitaire liée à la dermatose bovine et de blocages agricoles persistants, avec une remobilisation annoncée début janvier

PARIS: Emmanuel Macron reçoit mardi après-midi les syndicats agricoles pour parler de l'accord UE-Mercosur auquel ils sont opposés mais le sujet de la dermatose bovine sera difficile à éviter au regard des blocages routiers qui persistent sur le terrain.

La FNSEA, les Jeunes agriculteurs (JA), la Coordination rurale et la Confédération paysanne sont reçus à 16H30, ont-ils annoncé à l'AFP.

C'est la première rencontre entre le chef de l'Etat et les syndicats depuis début décembre et l'amorce de la crise qui secoue l'élevage français, face à la dermatose nodulaire contagieuse (DNC).

C'est aussi la première depuis l'annonce jeudi dernier du report de la signature du traité décrié entre l'UE et des pays du Mercosur, après une mobilisation de plusieurs milliers d'agriculteurs avec leurs tracteurs à Bruxelles.

Cet accord faciliterait l'entrée en Europe de viande, sucre, riz, miel et soja sud-américains, ce qui alarme les filières concernées qui affirment que ces produits ne respectent pas les mêmes normes, notamment environnementales et sanitaires, que les produits européens.

Il permettrait en revanche aux Européens d'exporter davantage de véhicules, machines, vins et spiritueux en Amérique du Sud.

Emmanuel Macron s'était félicité du report de la signature, demandant que les "avancées" réclamées par la France, mais aussi l'Italie, se concrétisent afin que "le texte change de nature".

Les syndicats agricoles sont remontés depuis des mois et demandaient au président de prendre clairement position, après que celui-ci eut déclaré en novembre être "plutôt positif" quant à la possibilité d'accepter l'accord.

Emmanuel Macron avait rencontré des représentants de différents syndicats à Toulouse mi-novembre, des manifestations ayant changé le programme d'un déplacement qui devait être consacré aux réseaux sociaux et au spatial.

- "Mercosur = NON" -

"Le message de la FNSEA au Président de la République restera inchangé, ferme et clair: Mercosur = NON", a indiqué mardi le syndicat dominant dans une déclaration à l'AFP. Son président Arnaud Rousseau fera une déclaration à la presse à l'issue. Il avait déjà rencontré le président mi-novembre.

La Coordination rurale et la Confédération paysanne, fer de lance de la contestation de la gestion de la dermatose par l'Etat et opposants historiques au traité UE-Mercosur, ont ensuite confirmé à l'AFP leur venue.

Pour ces deux syndicats, c'est la première rencontre entre le président et des représentants nationaux depuis le dernier Salon de l'agriculture.

Plusieurs sources diplomatiques ont indiqué que la nouvelle échéance visée pour la signature était désormais le 12 janvier au Paraguay.

"Nous ne nous contentons pas de nous opposer à cet accord. En l'état, nous obtenons des concessions inédites au bénéfice de nos agriculteurs, que cet accord soit signé ou qu'il ne le soit pas", a déclaré lors des questions au gouvernement mardi Jean-Noël Barrot, ministre des Affaires étrangères, citant des "mesures miroir pour garantir la réciprocité", des "contrôles douaniers" et des clauses de sauvegarde annoncées en septembre par la Commission européenne.

Les agriculteurs français ont déjà prévenu qu'ils se remobiliseraient début janvier, jugeant ces réponses insuffisantes.

Mais certains sont mobilisés depuis plus de 10 jours sur le terrain, notamment contre la stratégie gouvernementale pour lutter contre la dermatose bovine dans le Sud-Ouest, mais aussi ponctuellement plus au nord, contre le Mercosur et les autres crises qui pèsent sur le monde agricole.

En Gironde, la Coordination rurale (CR33) a annoncé organiser un "réveillon de Noël façon auberge espagnole" sur l'A63 au sud de Bordeaux.

"Le côté festif, ça permet de durer plus longtemps", résume à l'AFP Jean-Paul Ayres, porte-parole de la CR33, alors qu'un terrain de moto-cross a été improvisé sur le terre-plein central de l'autoroute.

Les bureaux centraux des syndicats se sont bien gardés d'appeler à lever les blocages, laissant les sections locales décider et appelant simplement au "repos" de leurs troupes et à une "trêve" pour certains pour mieux reprendre en janvier si nécessaire.

La mobilisation des agriculteurs a connu un léger regain lundi (35 actions mobilisant 1.200 personnes) par rapport à dimanche (23 actions), mais elle est nettement en baisse comparée à la semaine dernière (110 actions jeudi, 93 vendredi).


Vol au Louvre: une grille de protection installée sur la fenêtre empruntée par les cambrioleurs

Des ouvriers installent des grilles de protection en fer sur les fenêtres de la galerie d'Apollon du musée du Louvre, côté quai François Mitterrand, à Paris, le 23 décembre 2025, quelques semaines après que des voleurs aient utilisé un monte-meubles pour s'introduire dans le musée. (AFP)
Des ouvriers installent des grilles de protection en fer sur les fenêtres de la galerie d'Apollon du musée du Louvre, côté quai François Mitterrand, à Paris, le 23 décembre 2025, quelques semaines après que des voleurs aient utilisé un monte-meubles pour s'introduire dans le musée. (AFP)
Short Url
  • Une grille de protection a été installée sur la porte-fenêtre du Louvre utilisée lors du vol spectaculaire de bijoux du 19 octobre, dont le butin de 88 millions d’euros reste introuvable
  • Le musée renforce sa sécurité après de vives critiques : grilles supplémentaires, dispositifs anti-intrusion et vidéosurveillance accrue prévue d’ici 2026

PARIS: Une grille de protection a été installée mardi matin sur la porte-fenêtre du musée du Louvre à Paris, empruntée par les cambrioleurs lors du spectaculaire vol de bijoux du 19 octobre, a constaté un journaliste de l'AFP.

Le 19 octobre, quatre malfaiteurs ont réussi à approcher le bâtiment en camion-élévateur et à hisser deux d'entre eux jusqu'à cette fenêtre menant à la galerie d'Apollon, qui donne sur les quais de Seine, grâce à une nacelle.

Ils ont dérobé huit joyaux de la Couronne de France. Le butin, estimé à 88  millions d'euros, reste introuvable.

Depuis le cambriolage, la sécurité du musée le plus visité au monde se retrouve au cœur des critiques, le braquage ayant révélé une série de défaillances.

La grille de protection "est l'une des mesures d'urgence décidées après le vol ", a précisé mardi à l'AFP Francis Steinbock, administrateur général adjoint du musée.

Des "réflexions" sont en cours concernant la "sécurisation sur les autres fenêtres", a ajouté le responsable.

La présidente du Louvre, Laurence des Cars, avait assuré la semaine dernière devant les sénateurs français qu'une grille serait reposée "avant Noël". Elle avait précisé que la précédente avait été retirée en 2003-2004, lors d'importants travaux de restauration.

Autre chantier majeur: le renforcement de la vidéosurveillance sur les façades du palais. "Nous avons annoncé un dispositif d'une centaine de caméras positionnées autour du palais. Le marché a été signé et l'installation pourra débuter tout au long de l'année 2026 ", a précisé Francis Steinbock.

La semaine dernière, le Louvre avait également annoncé l'achèvement de la mise en place de dispositifs anti-intrusion autour du musée.

Du 15 au 18 décembre, les agents du Louvre étaient en grève pour réclamer de meilleures conditions de travail et des moyens supplémentaires pour la sécurité. Le mobilisation a été levée vendredi, mais les négociations se poursuivent entre les syndicats et le ministère de la Culture pour répondre aux inquiétudes des agents.