Chaleurs: quelques jours suffisent pour basculer dans l'insécurité alimentaire, selon des chercheurs

Un homme porte un pack d'eau à Colmar, dans l'est de la France, le 21 août 2023. (AFP)
Un homme porte un pack d'eau à Colmar, dans l'est de la France, le 21 août 2023. (AFP)
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Publié le Lundi 21 août 2023

Chaleurs: quelques jours suffisent pour basculer dans l'insécurité alimentaire, selon des chercheurs

  • Selon son étude, une semaine de températures extrêmes en Inde signifie par exemple que huit millions de personnes supplémentaires seront confrontées à une insécurité alimentaire grave
  • La vulnérabilité porte surtout sur ceux qui exercent des métiers pour lesquels les travailleurs sont payés à la pièce ou au rendement

PARIS: Quelques jours de grande chaleur peuvent suffire à plonger des millions de personnes à travers le monde dans l'insécurité alimentaire, en les privant de leur revenu quotidien, soulignent des chercheurs dans une étude publiée lundi.

Les analyses se limitent généralement aux effets négatifs des chaleur sur le rendement des récoltes, sur des mois ou des années. Mais cette étude, publiée dans le journal Nature Human Behaviour, révèle que les effets peuvent en réalité être immédiats lorsqu'on envisage la privation de revenus pour les travailleurs pauvres.

"S'il fait chaud aujourd'hui, l'insécurité alimentaire peut arriver en quelques jours parce que les gens ne peuvent pas travailler, ne gagnent pas d'argent et n'ont donc pas les moyens de s'acheter à manger", a expliqué à l'AFP l'autrice principale de ces travaux, Carolin Kroeger de l'université d'Oxford.

Selon son étude, une semaine de températures extrêmes en Inde signifie par exemple que huit millions de personnes supplémentaires seront confrontées à une insécurité alimentaire grave.

Sur les 150 pays examinés - en particulier dans les zones tropicales et subtropicales - la même vague de chaleur peut ainsi conduire des millions de personnes à connaître la faim.

La vulnérabilité porte surtout sur ceux qui exercent des métiers pour lesquels les travailleurs sont payés à la pièce ou au rendement.

Des femmes du Bengale occidental (Inde) sont par exemple payées selon le nombre de briques qu'elles transportent chaque jour. Lorsque des températures suffocantes les contraignent à charger moins de briques, elles peuvent perdre jusqu'à 50% de leur revenu.

Une difficulté récemment illustrée dans un reportage de l'AFP dans le nord-ouest de la Syrie, où le forgeron Mourad Haddad doit se lever tôt pour éviter une chaleur insupportable.

"La chaleur nous tue. J'ai six enfants, et je peux à peine subvenir à leurs besoins. Si on ne travaille pas, on ne peut pas joindre les deux bouts", raconte-t-il.

«certaines choses vont empirer»

"On trouve les effets les plus importants dans les pays à bas revenus, avec plus d'emplois agricoles ou vulnérables", détaille Carolin Kroeger.

470 milliards d'heures de travail - soit l'équivalent de près d'une semaine et demi de travail par personne dans le monde - ont été perdues en 2021 en raison des chaleurs extrêmes.

Ces conclusions interviennent alors que les prix alimentaires sont soumis à l'inflation consécutive à l'invasion russe de l'Ukraine et un mois après la décision de l'Inde, premier exportateur de riz, de réduire ses exportations en raison de mauvaises récoltes.

Les chercheurs se sont aussi rendus compte que la hausse des températures a causé un déclin de nutriments essentiels dans de nombreuses cultures qui servent à nourrir la planète.

"Beaucoup de records de chaleur ont été battus ces deux dernières années donc je pense que certaines choses vont empirer", prédit Carolin Kroeger.

"Mais certaines choses pourraient aider comme des micro-assurances ou une amélioration du droit du travail", souligne-t-elle.

Selon le Giec, les experts internationaux du climat qui travaillent sous l'égide de l'ONU, des centaines de millions de personnes souffriront d'au moins 30 "journées de chaleur mortelle" chaque année d'ici 2080. Et cela même si le monde parvient à respecter l'accord de Paris et à limiter le réchauffement mondial bien en-dessous de 2°C.


Immigration: Edouard Philippe propose des «quotas» de régularisations

Le maire du Havre et ancien Premier ministre français Edouard Philippe (au centre) s'entretient avec les participants lors d'une réception avec les maires de France au Palais de l'Elysée, en marge de la 105e session du Congrès des maires organisée par l'Association des maires de France (AMF), à Paris, le 22 novembre 2023. (Photo Ludovic Marin, Pool AFP)
Le maire du Havre et ancien Premier ministre français Edouard Philippe (au centre) s'entretient avec les participants lors d'une réception avec les maires de France au Palais de l'Elysée, en marge de la 105e session du Congrès des maires organisée par l'Association des maires de France (AMF), à Paris, le 22 novembre 2023. (Photo Ludovic Marin, Pool AFP)
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  • Cette clause sur la régularisation des travailleurs sans papiers dans les métiers en tension est l'un des points les plus durs de la discussion sur le projet de loi sur l'immigration porté par le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin
  • «Pour rassurer ceux qui craignent un appel d’air, nous pourrions mettre en place des quotas. Nous pouvons fixer une limite au nombre de régularisations. Il y a déjà des garanties dans le texte, nous pouvons en ajouter», a-t-il indiqué

PARIS : L'ancien Premier ministre Edouard Philippe a proposé dimanche de fixer «des quotas» de régularisations pour les travailleurs sans papiers exerçant dans les métiers en tension, tout en estimant que le projet de loi sur l'immigration débattu à partir de lundi à l'Assemblée nationale ne constitue pas «un appel d'air» migratoire.

«Je ne soutiendrai jamais aucun texte qui constituerait un appel d’air. Il faut regarder la réalité en face. Cet article (du projet de loi, ndlr) n’a rien de cela, il a vocation à essayer de trouver une solution pour un certain nombre d'étrangers en situation irrégulière, qui exercent effectivement des métiers dont nous avons besoin et qui ne posent pas de problème d’ordre public», observe Edouard Philippe dans un entretien au Journal du Dimanche (JDD).

«Pour rassurer ceux qui craignent un appel d’air, nous pourrions mettre en place des quotas. Nous pouvons fixer une limite au nombre de régularisations. Il y a déjà des garanties dans le texte, nous pouvons en ajouter», poursuit-il.

Cette clause sur la régularisation des travailleurs sans papiers dans les métiers en tension est l'un des points les plus durs de la discussion sur le projet de loi sur l'immigration porté par le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin.

La droite et l'extrême droite y sont farouchement opposées tandis que la gauche de la majorité macroniste tient à ce que le texte comporte un dispositif de régularisations.

Dans cet entretien au JDD, Edouard Philippe affirme que son parti Horizons, qui occupe l'aile droite de la majorité, soutient sans ambiguité le projet de loi.

«Je veux dire mon soutien complet au texte qui a été proposé par Gérald Darmanin», dit-il. «Il s’inscrit exactement dans ce que je crois et dans ce que je défends depuis mon passage à Matignon. Nous devons reprendre le contrôle de notre immigration et lutter contre l’immigration du fait accompli», ajoute-t-il.

Dans cet entretien, Edouard Philippe défend également le maintien de l'Aide médicale d'Etat (AME) destinée aux étrangers sans papiers, «pour des raisons de décence et pour des raisons tenant à l’intérêt général».

Le projet de loi sera discuté  dans l'hémicycle de l'Assemblée nationale à partir de lundi. Les débats devraient durer au moins jusqu'à Noël.


Plusieurs manifestations en France samedi en «solidarité avec le peuple de Gaza»

Des manifestants brandissent une banderole sur laquelle on peut lire «Halte au massacre» alors que les gens se rassemblent lors d'une manifestation de soutien aux Palestiniens devant l'Université de la Sorbonne, dans le centre de Paris, le 9 décembre 2023 (Photo, AFP).
Des manifestants brandissent une banderole sur laquelle on peut lire «Halte au massacre» alors que les gens se rassemblent lors d'une manifestation de soutien aux Palestiniens devant l'Université de la Sorbonne, dans le centre de Paris, le 9 décembre 2023 (Photo, AFP).
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  • Dans le cortège parisien de 1800 personnes, selon la préfecture de police, parti de République vers Nation, étaient scandés des slogans comme «Arrêt immédiat des bombardements» et «Israël assassine les enfants de Palestine»
  • A Strasbourg 400 personnes ont défilé, à Lille quelques 200, selon les préfectures respectives

PARIS: "On soutient les civils, pas le Hamas": des manifestants ont défilé samedi après-midi à Paris et dans plusieurs villes de France pour exprimer leur "solidarité avec le peuple de Gaza" et demander l'arrêt des bombardements du territoire palestinien par l'armée israélienne.

Dans le cortège parisien de 1.800 personnes, selon la préfecture de police, parti de République vers Nation, étaient scandés des slogans comme "Arrêt immédiat des bombardements" et "Israël assassine les enfants de Palestine", rapporte une journaliste de l'AFP.

"Imaginer ses collègues travailler sans eau, sans électricité, amputer sans antalgiques sous les bombardements, avec des militaires armés qui entrent dans les lieux de soins est révoltant", explique Nora (elle n'a pas donné son nom), membre du collectif "Soignants pour Gaza".

"On soutient les civils, pas le Hamas. Une vie vaut une vie", ajoute cette aide-soignante de 30 ans.

Membre de la direction du Nouveau parti anti-capitaliste (NPA), une des organisations appelant à cette manifestation, Gaël Quirante estime que "ce n'est pas au moment où Israël intensifie ses bombardements et son massacre du peuple de Gaza qu'il faut (cesser) les initiatives de la rue".

"Au contraire, il faut continuer à dénoncer la chape de plomb de l'Etat d'Israël" et "les amalgames qui font que certains voudraient assimiler le soutien au peuple de Gaza avec de l'antisémitisme", fait-il valoir.

La guerre entre Israël et le Hamas, entrée samedi dans son 64e jour, a été déclenchée par une attaque sanglante et sans précédent perpétrée par le mouvement islamiste palestinien contre Israël le 7 octobre.

Selon Israël, 1.200 personnes, en majorité des civils, ont été tuées lors de cette attaque et 240 personnes  enlevées et emmenées à Gaza, dont 138 restent captives.

17700 morts

Le ministère de la Santé du Hamas a annoncé samedi que les bombardements avaient fait 17.700 morts et 48.780 blessés en deux mois de guerre.

A Paris samedi après-midi, un rassemblement s'est par ailleurs tenu devant l'université de la Sorbonne, à l'appel du Collectif national pour une paix juste et durable entre Palestiniens et Israéliens. Quelques dizaines de personnes y ont participé, derrière une banderole "Halte au massacre à Gaza, cessez-le-feu immédiat", a constaté une journaliste de l'AFP.

A Strasbourg 400 personnes ont défilé, à Lille quelques 200, selon les préfectures respectives.

A Marseille, les manifestants étaient environ 500, d'après la police.

Cette manifestation dans la cité phocéenne à l'appel du collectif "Urgence Palestine Marseille" avait été interdite par la préfecture de police "en raison de risques graves de trouble à l'ordre public" face à des mots d'ordre jugés susceptibles "d'importer des logiques d'affrontement". Mais la justice administrative a finalement suspendu l'arrêté après avoir été saisie en référé par les organisateurs.

D'autres manifestations ont également eu lieu à Annecy (200 participants selon la préfecture) ainsi que dans l'ouest, à Nantes, Morlaix ou encore Saint-Brieuc.


Seine-et-Marne: Mort d'un jeune de 17 ans après une course-poursuite à scooter avec la police

Les faits se sont produits vers 23h00 vendredi dans la banlieue est de Paris, quand un équipage de la brigade anticriminalité (BAC) de Neuilly-sur-Marne (Seine-Saint-Denis) a tenté de contrôler un scooter qui venait de griller un feu rouge (Photo d'illustration, AFP).
Les faits se sont produits vers 23h00 vendredi dans la banlieue est de Paris, quand un équipage de la brigade anticriminalité (BAC) de Neuilly-sur-Marne (Seine-Saint-Denis) a tenté de contrôler un scooter qui venait de griller un feu rouge (Photo d'illustration, AFP).
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  • Un adolescent de 17 ans est décédé samedi des suites d'un accident de scooter en Seine-et-Marne consécutif à un refus d'obtempérer
  • Le jeune mortellement blessé dans l'accident est le passager du deux-roues dont le conducteur, également âgé de 17 ans, était toujours hospitalisé samedi soir

MEAUX: Un adolescent de 17 ans est décédé samedi des suites d'un accident de scooter en Seine-et-Marne consécutif à un refus d'obtempérer, un drame qui survient après la mort de plusieurs jeunes ces derniers mois dans des courses-poursuites avec la police.

Le jeune mortellement blessé dans l'accident est le passager du deux-roues dont le conducteur, également âgé de 17 ans, était toujours hospitalisé samedi soir, avec son pronostic vital engagé, selon les informations transmises par le parquet de Meaux.

Les faits se sont produits vers 23h00 vendredi dans la banlieue est de Paris, quand un équipage de la brigade anticriminalité (BAC) de Neuilly-sur-Marne (Seine-Saint-Denis) a tenté de contrôler un scooter qui venait de griller un feu rouge, a précisé le procureur de la République de Meaux.

Arrivé sur la commune de Chelles (Seine-et-Marne), deux kilomètres plus loin, le conducteur a glissé sur la chaussée et le deux-roues est venu "s'encastrer sous un véhicule se trouvant à l'arrêt au feu tricolore", a détaillé le procureur Jean-Baptiste Bladier dans un communiqué.

Les deux jeunes se sont alors retrouvés coincés sous la voiture, "l'un des deux – vraisemblablement le passager - perdant son casque sous la violence du choc", a ajouté le magistrat.

Polytraumatisés et en arrêt cardiorespiratoire, les deux adolescents ont été transportés vers des hôpitaux parisiens, selon une source policière, qui a précisé que le passager était décédé samedi matin à 9h30.

Le parquet de Meaux a ouvert deux enquêtes, selon le procureur. La première, pour refus d'obtempérer, a été confiée au commissariat de Chelles-Villeparisis.

La seconde, des chefs d'homicide et blessures involontaires, est menée par la délégation parisienne de l'Inspection générale de la police nationale (IGPN), la "police des polices".

La préfecture de police a souligné auprès de l'AFP que "conformément aux instructions" du préfet de police Laurent Nuñez, "les policiers ont avisé la salle de commandement du refus d'obtempérer commis par le véhicule" et qu'ils ont engagé ensuite sa "prise en charge".

Les agents de la BAC ont fait usage de leurs "avertisseurs sonores et lumineux" pour obtenir l'arrêt du conducteur du scooter, en vain, selon le parquet.

D'après les premiers éléments des investigations, établis grâce à l'exploitation de la vidéosurveillance, "il semblerait qu'il n'y ait eu aucun contact entre le scooter et le véhicule de la BAC", indique le communiqué du procureur.

C'est "un secteur où il y a de nombreuses caméras de vidéoprotection qui, j'espère, pourront permettre à l'enquête de déterminer toutes les circonstances", a dit sur BFMTV le maire de Chelles, Brice Rabaste (LR).

"C'est important (...) pour les familles, comme pour la police d'ailleurs", a-t-il fait valoir.

«Vigilance particulière»

Dans la nuit de vendredi à samedi, les parents des deux adolescents, inquiets, s'étaient présentés au commissariat de Chelles, selon une source policière.

Une "sécurisation a été mise en place avec des effectifs départementaux" de forces de l'ordre à Vaires-sur-Marne (Seine-et-Marne), commune de résidence des deux jeunes, et dans les environs, mais la situation est restée "calme" depuis l'accident, d'après une autre source policière.

Les autorités n'ont pas prévu de dispositif spécifiquement renforcé pour la nuit de samedi à dimanche à Neuilly-sur-Marne, mais une "vigilance particulière" sera assurée sur ce secteur, a indiqué une deuxième source policière.

Plusieurs jeunes sont morts ces derniers mois en France après des courses-poursuites avec la police. Dans la nuit du 6 au 7 octobre, un jeune homme de 23 ans est mort dans un accident de scooter alors qu'il était poursuivi par des policiers municipaux à Saint-Priest (Rhône).

Deux mois plus tôt, dans la nuit du 5 au 6 août, à Limoges, deux jeunes circulant à scooter étaient morts après avoir percuté un véhicule en tentant d'échapper à un contrôle de police.

Ces deux décès à Limoges intervenaient un peu plus d'un mois après la mort, fin juin, de Nahel, 17 ans, tué par un tir policier lors d'un contrôle routier à Nanterre. Sa mort avait déclenché plusieurs nuits de violences urbaines de très forte intensité dans le pays.