Coup de chaud sur la Nupes avant les universités d'été de la gauche

Auréolé de son soutien au mouvement contre la réforme des retraites, le rappeur est l'invité vedette de la rentrée de la gauche: des journées d'été des Verts jeudi, aux Amfis des Insoumis samedi, puis à la Fête de l'Huma en septembre. (AFP)
Auréolé de son soutien au mouvement contre la réforme des retraites, le rappeur est l'invité vedette de la rentrée de la gauche: des journées d'été des Verts jeudi, aux Amfis des Insoumis samedi, puis à la Fête de l'Huma en septembre. (AFP)
Short Url
Publié le Mardi 22 août 2023

Coup de chaud sur la Nupes avant les universités d'été de la gauche

  • La saison politique 2023/2024 qui se dessine sera notamment rythmée par deux élections: les sénatoriales de septembre puis les européennes de juin
  • Malgré ces tensions palpables, les différents partis ont pris soin de s'inviter mutuellement à leurs universités d'été et à la Fête de l'Humanité, l'autre temps fort communiste de la rentrée

PARIS: La fin de la Nupes doit-elle désormais être envisagée? La question pourra plus que jamais se poser cette semaine lors des universités d'été de rentrée des quatre formations de gauche, qui verront si elles peuvent dépasser leurs multiples points de désaccord.

Les socialistes à Blois, les écologistes au Havre, les communistes à Strasbourg et les Insoumis près de Valence: chacun va lancer de son côté, mais en même temps, cette nouvelle saison politique.

"Les universités d'été ont des logiques identitaires pour les partis: le jeu, c'est d'attirer l'attention sur soi. Elles donnent le tempo pour la rentrée. La question de la Nupes va forcément être abordée, elle est incontournable", explique le politologue Rémi Lefebvre, estimant qu'il est "fort probable que certains leaders ne jouent pas l'apaisement".

La saison politique 2023/2024 qui se dessine sera notamment rythmée par deux élections: les sénatoriales de septembre puis les européennes de juin.

Deux pierres d'achoppement pour l'alliance de gauche.

Récemment, malgré la pause estivale, Jean-Luc Mélenchon et Manuel Bompard ont encore dénoncé le "double langage" de leurs alliés, Manuel Bompard allant jusqu'à accuser l'acte II de la Nupes d'être "bloqué par le refus de (leurs) partenaires d'avancer".

Dans leur viseur notamment, une alliance excluant LFI pour la première échéance et la désignation par les Verts et les communistes de leurs propres chefs de file pour la seconde.

L'occasion d'une passe d'armes sur X entre Olivier Faure et Jean-Luc Mélenchon, d'où il est ressorti que les liens entre les deux dirigeants de gauche sont actuellement inexistants.

"On a le sentiment que LFI part du principe que tout cela est terminé et qu'ils veulent faire porter le chapeau aux partenaires", estime auprès de l'AFP un responsable communiste.

Autre dissonance, plus symbolique: le traitement réservé au rappeur Médine, invité jeudi aux universités d'été d'Europe Ecologie - Les Verts et samedi à celles de La France insoumise.

Si son invitation, entachée par des accusations d'antisémitisme, a jeté le trouble chez les Verts, mettant ainsi la pression sur Marine Tondelier, elle semble être beaucoup mieux passée chez les Insoumis.

"Médine n'est pas raciste", a assuré Jean-Luc Mélenchon, en ciblant les "soumis au qu'en-dira-t-on des hypocrites" qui se trouvent parmi les "opposants" au macronisme.

Nul doute que l'accueil réservé au rappeur au Havre et près de Valence sera bien différent.

Mélenchon, Médine, la police, les élections: à gauche, l'union reste un combat

Parcourue de tensions depuis sa naissance, l'alliance des partis de gauche Nupes multiplie ces derniers mois les crises révélatrices de ses lignes de fracture, à la fois sur les valeurs, la stratégie et le leadership.

 

Aux élections, pas d'avenir en commun

L'accord électoral leur a permis de rebondir aux législatives, mais les membres de la Nupes partent en ordre dispersé aux prochains scrutins.

Pour les sénatoriales de septembre, écologistes, socialistes et communistes ont trouvé un accord partiel. Laissant de côté des Insoumis qui enragent de rester absents de la chambre haute.

Pour les européennes, EELV et PCF ont déjà désigné leurs chefs de file. Manière d'affirmer une "vision de l'Europe" différente, justifie la patronne des Verts Marine Tondelier. D'autant plus que les sondages prédisent davantage de sièges avec quatre listes qu'une seule.

Sauf qu'à ce jeu-là, LFI risque d'être surclassée par ses partenaires. Alors que les mêmes oracles donnent une liste commune en tête, devant la majorité et l'extrême droite. "Un formidable point d'appui" pour la conquête du pouvoir, estime Manuel Bompard, fustigeant des alliés qui "organisent la désunion".

 

Police partout, union nulle part

Le clivage n'est pas nouveau. Déjà, en 2021, la présence d'Olivier Faure, Fabien Roussel et Yannick Jadot à une manifestation de soutien à la police avait exposé des divergences profondes, entre mais aussi au sein des partis de gauche.

Les récentes émeutes, provoquées par la mort du jeune Nahel lors d'un contrôle de police, ont ravivé la discorde quand Jean-Luc Mélenchon a dénoncé "l'escalade sécuritaire" du pouvoir, sans appeler au calme. Position désavouée par M. Faure, "en profond désaccord", et M. Roussel, qui s'en est "désolidarisé".

En retour, les Insoumis reprochent aux socialistes le "permis de tuer" accordé aux policiers avec la loi Cazeneuve de 2017, dont ils réclament l'abrogation.

La gauche pourra encore compter ses divisions sur le sujet le 23 septembre, lors de la marche "contre les violences policières" organisée par LFI et EELV, à laquelle PS et PCF n'iront pas.

 

Médine, l'allié qui divise

Auréolé de son soutien au mouvement contre la réforme des retraites, le rappeur est l'invité vedette de la rentrée de la gauche: des journées d'été des Verts jeudi, aux Amfis des Insoumis samedi, puis à la Fête de l'Huma en septembre.

Mais l'artiste controversé a relancé des accusations récurrentes d'antisémitisme en s'attaquant à l'essayiste Rachel Khan, petite-fille de déportée qualifiée de "resKHANpée" dans un tweet.

Il n'en fallait pas plus pour réveiller la querelle chez les écolos, dont plusieurs ténors ont manifesté leur malaise, de Julien Bayou à Sandrine Rousseau, jusqu'à Noël Mamère.

Le chef des sénateurs socialistes Patrick Kanner, s'en est mêlé en affirmant que "la gauche ne doit jamais cultiver l'ambiguïté sur les valeurs".

Les Insoumis, eux, ont évacué le problème: "Médine n'est pas raciste", a tranché Jean-Luc Mélenchon, jugeant les autres partis de gauche "soumis au qu'en-dira-t-on des hypocrites".

 

Mélenchon, l'éléphant dans la pièce

Jamais avare d'un tweet, le triple candidat à la présidentielle apparaît comme le dynamiteur en chef de l'union qu'il a portée sur les fonts baptismaux.

Comme lorsqu'en plein débat parlementaire sur les retraites, il intime à ses troupes de ne pas "précipiter" un vote sur l'article clé des 64 ans, que ses alliés espéraient pourtant remporter.

La semaine dernière encore, il s'en est pris à M. Faure, coupable selon d'un "incorrigible double langage" entre appel à l'union et "choix sectaires" pour les prochaines élections, et l'invitant à manifester contre la "loi permis de tuer" qu'il n'a "toujours pas reniée".

Figure du commandeur, "en retrait mais pas en retraite" depuis l'été 2022, M. Mélenchon a beau affirmer qu'il n'est "pas candidat à (sa) succession", certains le soupçonnent de se préparer pour 2027. Quitte pour cela à se débarrasser d'une Nupes devenue un obstacle.

«Attaque au bazooka»

Malgré ces tensions palpables - "toute critique est prise comme une attaque au bazooka" regrette le responsable communiste - les différents partis ont pris soin de s'inviter mutuellement à leurs universités d'été et à la Fête de l'Humanité, l'autre temps fort communiste de la rentrée.

Au programme notamment, plusieurs conférences portant sur l'avenir de la gauche, notamment une séance aux "AmFis" de LFI intitulée "Un nouveau souffle pour la NUPES !", et regroupant un représentant des quatre principaux partis de la Nupes, que le leader communiste Fabien Roussel trouvait "dépassée" dès le mois d'avril.

Peut-être cette conférence donnera-t-elle un aperçu du séminaire de rentrée prévu en septembre pour les députés de la Nouvelle union populaire écologique et sociale, autour de Julien Bayou (EELV), Benjamin Lucas (Génération-s) , Jérôme Guedj (PS), Elsa Faucillon (PCF) et Danielle Simonnet (LFI).

L'occasion peut-être de relancer la version parlementaire de cette alliance, qui est, de l'avis général, celle qui a le mieux marché.

"L'union de la gauche n'est pas née avec la Nupes. Ce n'est pas en reproduisant ce qu'elle a été en 2022 que la gauche gagnera: il faut inventer une autre forme d'union, pour franchir un saut qualitatif", estime le responsable communiste.

Avec l'examen prévu à l'automne sur le projet de loi sur l'immigration, la gauche va chercher à oublier ses divisions pour mieux marquer son opposition au gouvernement.

Une sérénité dont les partis auront besoin même en interne: au sein du Parti socialiste, Carole Delga, présidente PS de la région Occitanie farouchement opposée à la Nupes, boudera le rendez-vous.


Deuxième journée du sommet France- Pays Arabes, centrée sur l’eau, l’environnement et la reconstruction

Des experts français, des responsables arabes et des acteurs du secteur privé ont approfondi trois grandes thématiques : l’eau au cœur des besoins, les investissements et infrastructures, et enfin un focus stratégique sur le corridor économique Inde–Moyen-Orient–Europe (IMEC), présenté comme l’un des projets géoéconomiques les plus ambitieux de la décennie. (Photo Arlette Khouri)
Des experts français, des responsables arabes et des acteurs du secteur privé ont approfondi trois grandes thématiques : l’eau au cœur des besoins, les investissements et infrastructures, et enfin un focus stratégique sur le corridor économique Inde–Moyen-Orient–Europe (IMEC), présenté comme l’un des projets géoéconomiques les plus ambitieux de la décennie. (Photo Arlette Khouri)
Short Url
  • Dans son intervention durant le sommet, Jean-Baptiste Fauvet, chef du service économique régional pour la péninsule Arabique, a rappelé un chiffre choc en affirmant que, dans plusieurs pays arabes, la pénurie d’eau pèse déjà 1,8 % du PIB
  • Un coût qui pourrait, selon lui, atteindre 14 % d’ici à 2050 si rien n’est fait, soulignant que l’eau n’est plus un sujet sectoriel, mais un défi économique, sécuritaire et social de premier plan

PARIS: Pour la deuxième journée consécutive, le sixième Sommet économique France–pays arabes, organisé à Paris par la Chambre de commerce franco-arabe, a tenu ses promesses.
Après une première journée consacrée aux échanges économiques et aux perspectives d’investissement, ce second temps fort s’est concentré sur un enjeu devenu stratégique pour l’ensemble du monde arabe : l’eau et l’environnement, entre crises, besoins structurels et nouvelles opportunités technologiques.

Des experts français, des responsables arabes et des acteurs du secteur privé ont approfondi trois grandes thématiques : l’eau au cœur des besoins, les investissements et infrastructures, et enfin un focus stratégique sur le corridor économique Inde–Moyen-Orient–Europe (IMEC), présenté comme l’un des projets géoéconomiques les plus ambitieux de la décennie.

Dans son intervention durant le sommet, Jean-Baptiste Fauvet, chef du service économique régional pour la péninsule Arabique, a rappelé un chiffre choc en affirmant que, dans plusieurs pays arabes, la pénurie d’eau pèse déjà 1,8 % du PIB.
Un coût qui pourrait, selon lui, atteindre 14 % d’ici à 2050 si rien n’est fait, soulignant que l’eau n’est plus un sujet sectoriel, mais un défi économique, sécuritaire et social de premier plan.

L’eau, un défi stratégique au cœur du Sommet France–pays arabes

Il a ensuite dressé une cartographie précise des acteurs internationaux aujourd’hui mobilisés, comme la Banque mondiale, premier bailleur, dont plus de 2,5 milliards de dollars sont engagés dans la région.
Il a également cité les grandes institutions multilatérales comme la Banque africaine de développement ou le Fonds arabe pour le développement économique et social, ainsi que les fonds climatiques mondiaux, comme le GEF, qui soutiennent des projets structurants en Jordanie et ailleurs, et la Banque européenne d’investissement et la BERD, très présentes sur les projets de dessalement et de transport d’eau.

Au-delà des financements, ces acteurs agissent de plus en plus en coalition, permettant de mutualiser les risques et d’augmenter l’impact. Dans ce paysage, la France occupe une place singulière grâce à la stratégie internationale pour l’eau lancée en 2020 et portée activement dans les enceintes multilatérales.
Fauvet a surtout souligné le rôle central de l’Agence française de développement, qui joue un rôle pivot, notamment en Irak où l’eau constitue la première destination de ses financements, indiquant que deux nouveaux prêts de 110 et 100 millions d’euros viennent d’y être signés.

Il a également évoqué le rôle, souvent mal compris, des fonds souverains du Golfe — puissants (plus de 5 000 milliards d’actifs cumulés) — qui sont des acteurs stratégiques capables d’impulser le secteur privé en garantissant certains revenus ou en soutenant des projets d’infrastructure.

Après l’analyse macroéconomique est venu le témoignage saisissant d’Ali Hamie, ancien ministre et conseiller du président libanais pour la reconstruction, qui a dressé un constat alarmant des destructions provoquées par l’agression israélienne de 2024, laquelle se poursuit encore aujourd’hui.
Au 27 novembre 2024, date du cessez-le-feu, 15 000 bâtiments avaient déjà été totalement détruits. Un an plus tard, en novembre 2025, ce chiffre avait presque doublé, sans compter les zones non encore recensées, notamment dans la banlieue sud de Beyrouth.
Les chiffres qu’il a présentés donnent la mesure de la catastrophe : certains villages du Sud ont été détruits à 88 %, au point de disparaître, et plus de 35 000 bâtiments sont aujourd’hui détruits ou lourdement touchés.

Partenariats régionaux et reconstructions : enjeux du Golfe au Liban

Mohamed Ben Laden, président du Conseil d’affaires franco-saoudien, est intervenu longuement sur l’état du partenariat franco-saoudien, notamment à l’issue du dernier forum économique de Riyad, marqué par l’effervescence d’un pays projeté à la fois vers l’Expo 2030 et la Coupe du monde 2034.
Président depuis quelques années du Conseil d’affaires franco-saoudien, Ben Laden assure que cela illustre combien « nos deux nations partagent non seulement une vision stratégique, politique et économique, mais aussi une longue histoire commune, faite de crises traversées et de transformations profondes dans un monde en perpétuel changement ».

Réagissant aux propos de l’envoyé spécial du président de la République française, Gérard Mestrallet, qui a évoqué le corridor économique Inde–Moyen-Orient–Europe, l’IMEC, au centre d’un premier accord énergétique signé en 2020, Ben Laden a déclaré que la France et l’Arabie saoudite ont souhaité aller plus loin.
C’est ainsi que leur partenariat s’est élevé à un niveau réellement stratégique, avec l’accord majeur signé par le président Macron et le prince héritier d’Arabie saoudite lors de la visite de décembre 2024, « qui fut un très grand succès pour nos relations bilatérales ».

Depuis le lancement de Vision 2030, en 2016, a-t-il ajouté, l’Arabie saoudite a mis en œuvre d’immenses réformes économiques dont les résultats sont aujourd’hui visibles.
« Nous avons franchi la moitié du chemin vers 2030, et tous les indicateurs sont au vert ; pour la première fois, 56 % du PIB provient désormais de secteurs non pétroliers, ce qui constitue un tournant historique pour notre pays.
Nous avons éradiqué la corruption, instauré une gouvernance claire et crédible, et cela a immédiatement attiré les investisseurs », a-t-il poursuivi, invitant le Liban, « que nous aimons, à suivre le même chemin pour regagner la confiance internationale ».

Il a ensuite décrit la dynamique d’intégration régionale en cours au sein du Golfe : « Le 3 décembre, nous avons créé une autorité commune de l’aviation civile, et la semaine dernière, nous avons annoncé une ligne ferroviaire à grande vitesse entre Doha et Riyad, connectant la région orientale du Royaume.
Le Golfe bouge, s’unit, crée une dynamique logistique jamais vue », a assuré Ben Laden, « et nous avons tout intérêt à ce qu’elle s’étende à la Syrie et au Liban ».

S’attardant sur les perceptions européennes des mégaprojets saoudiens, il indique : « Certes, l’Arabie saoudite est aujourd’hui le plus grand chantier à ciel ouvert au monde, mais nous accordons autant d’importance à l’édification de l’homme, à la formation de notre jeunesse.
Nous réformons entièrement notre système éducatif, et les écoles françaises sont les bienvenues pour développer des partenariats, de même que les grandes écoles, qui arrivent encore timidement, doivent comprendre que le français demeure aussi une langue des affaires. »

Abordant le rôle des petites et moyennes entreprises françaises (PME), il a soutenu qu’elles ont leur place en Arabie, tout comme les grands groupes français, puisque le cadre législatif favorise désormais les entreprises implantées dans le pays.
« La législation évolue. Vous pouvez désormais être propriétaire de votre résidence en Arabie saoudite, et le régime de Premium Residency vous permet d’investir seul, sans partenaire local, d’acquérir un bien et de vivre dans le Royaume. »


Brandt: le gouvernement «ne laisse pas tomber» et veut «un nouveau projet»

Le ministre délégué à l'Industrie, Sébastien Martin, affirme vendredi qu'il "ne laisse pas tomber" Brandt et estime qu'il est possible "d'imaginer un nouveau projet", au lendemain d'une décision de justice ordonnant la liquidation judiciaire du groupe d'électroménager. (AFP)
Le ministre délégué à l'Industrie, Sébastien Martin, affirme vendredi qu'il "ne laisse pas tomber" Brandt et estime qu'il est possible "d'imaginer un nouveau projet", au lendemain d'une décision de justice ordonnant la liquidation judiciaire du groupe d'électroménager. (AFP)
Short Url
  • "Je ne laisse pas tomber le sujet Brandt", a déclaré le ministre, soulignant qu'"il y a un site industriel qui est présent, il y a des savoirs-faire qui sont présents et donc la capacité d'imaginer un nouveau projet industriel sur ce site"
  • Le tribunal des activités économiques de Nanterre a prononcé jeudi la liquidation judiciaire du groupe centenaire d'électroménager Brandt, qui employait quelque 700 personnes, notamment près d'Orléans

PARIS: Le ministre délégué à l'Industrie, Sébastien Martin, affirme vendredi qu'il "ne laisse pas tomber" Brandt et estime qu'il est possible "d'imaginer un nouveau projet", au lendemain d'une décision de justice ordonnant la liquidation judiciaire du groupe d'électroménager.

"Je ne laisse pas tomber le sujet Brandt", a déclaré le ministre, soulignant qu'"il y a un site industriel qui est présent, il y a des savoirs-faire qui sont présents et donc la capacité d'imaginer un nouveau projet industriel sur ce site", vendredi sur TF1.

Le tribunal des activités économiques de Nanterre a prononcé jeudi la liquidation judiciaire du groupe centenaire d'électroménager Brandt, qui employait quelque 700 personnes, notamment près d'Orléans, où se trouve le principal site industriel du groupe, avec 350 salariés.

La justice a ainsi rejeté un projet de Scop (société coopérative et participative), soutenu par le groupe Revive, qui devait permettre de sauver au moins 370 emplois.

"D'ici la fin de l'année, on va se revoir avec les acteurs locaux pour essayer de rebâtir un projet. Un autre projet peut-être, un projet sérieux, tout aussi sérieux que celui-ci, avec plus d'investisseurs privés sans doute aussi", a ajouté M. Martin.

Il n'a cependant pas écarté, dans un premier temps, l'échéance du plan social: "on accompagnera les salariés pour faire en sorte que ce plan social soit bien construit", a-t-il assuré, ajoutant compter sur les entreprises "dynamiques" du bassin d'emploi d'Orléans, pour permettre à des salariés de Brandt de retrouver un emploi.

A l'annonce de la décision du tribunal, jeudi, le ministre de l'Economie et des Finances, Roland Lescure, et Sébastien Martin, ont rappelé que l'Etat et les collectivités avaient mobilisé une vingtaine de millions d'euros, et déploré que "les autres acteurs indispensables" n'aient "pas souhaité se positionner pour sauver Brandt", désignant, sans les nommer, les banques.

"Il y a eu peu de partenaires bancaires, c'est vrai", a déclaré vendredi Sébastien Martin, qui aurait souhaité que, "face à l'urgence de la situation, on se dise que les procédures habituelles, on pouvait faire un peu mieux, un peu plus vite".

"Je suis prudent, mais il reste encore une possibilité après la liquidation judiciaire", a renchéri Serge Papin, ministre des Petites et Moyennes entreprises, du Commerce, de l’Artisanat, du Tourisme et du Pouvoir d’achat, dans le même temps vendredi, sur Europe 1.

"Les banques qui font défaut actuellement, (...) en voyant le sérieux et la robustesse d'un projet alternatif pourraient peut-être s'engager", a-t-il ajouté.

 


L'Assemblée adopte un texte pour le renouvellement automatique des titres de séjour longue durée

Cette photographie montre une vue générale de l'Assemblée nationale lors d'une session de « niche parlementaire » du Parti socialiste (PS), parti de gauche français, afin d'examiner les textes inscrits à l'ordre du jour par le parti à l'Assemblée nationale, à Paris, le 11 décembre 2025. (AFP)
Cette photographie montre une vue générale de l'Assemblée nationale lors d'une session de « niche parlementaire » du Parti socialiste (PS), parti de gauche français, afin d'examiner les textes inscrits à l'ordre du jour par le parti à l'Assemblée nationale, à Paris, le 11 décembre 2025. (AFP)
Short Url
  • L’Assemblée nationale a adopté un texte socialiste prévoyant le renouvellement automatique des titres de séjour de longue durée, pour lutter contre les délais administratifs jugés « injustes »
  • La journée parlementaire a aussi vu l’adoption de plusieurs autres propositions de loi de gauche, dont des mesures de protection renforcée pour les mineurs et un encadrement des prix dans les Outre-mer

PARIS: L'Assemblée nationale a adopté jeudi soir, lors de la journée réservée aux propositions du groupe socialiste, un texte visant à permettre le renouvellement automatique des titres de séjour de longue durée, contre l'avis du gouvernement.

Examinée en première lecture, la proposition devra désormais être inscrite à l'ordre du jour du Sénat. Elle a été adoptée par 98 voix pour, contre 37, grâce à l'union de la gauche et face à un camp gouvernemental et une extrême droite faiblement mobilisés.

Portée par la députée socialiste Colette Capdevielle, la mesure entend répondre à une "injustice criante" liée à l'explosion des délais d'instruction pour les renouvellements de titres de séjour de longue durée et des cartes de résident, alors que plus de 99% des demandes sont accordées.

"Nous réussissons l'exploit d'emboliser un système pour moins de 1% des dossiers", a-t-elle dénoncé, évoquant les files d'attentes, les mois pour obtenir un rendez-vous, les plateformes saturées, et, de ce fait, des ruptures de droits entraînant perte d'emploi, impossibilité de louer un logement ou interruption de couverture maladie.

"La machine administrative fabrique elle-même la précarité, nous fabriquons des sans-papiers", a-t-elle lancé.

Le texte prévoit que les cartes pluriannuelles (jusqu'à quatre ans) et les cartes de résident (dix ans) soient renouvelées automatiquement, sauf si l'administration démontre des motifs juridiques pour s'y opposer.

- "Illusion de la simplicité" -

La ministre déléguée auprès du ministre de l'Intérieur, Marie-Pierre Vedrenne, a reconnu "des délais dégradés", mais a défendu l'opposition du gouvernement, invoquant les risques juridiques et constitutionnels liés à l'automaticité des renouvellements "sans examen individualisé".

Elle a aussi jugé la mesure "inefficace", estimant qu'elle "déplacerait la charge de travail" sans réduire les délais et qu'elle ne permettrait pas de traiter certaines "situations problématiques", citant le cas d'un étranger qui ne remplirait plus les conditions de délivrance, par exemple après "une condamnation pénale" ou "la découverte d'une polygamie", et qui verrait son titre renouvelé automatiquement si l'information n'était pas "remontée à temps".

Les débats ont été houleux de part et d'autre de l'hémicycle.

"Vous êtes en train de créer un grave danger", a lancé Laurent Jacobelli (Rassemblement national), accusant le Parti socialiste de "vouloir faire croire qu'il est à nouveau de gauche" après avoir voté mardi le budget de la Sécurité sociale grâce à un compromis trouvé avec le gouvernement de Sébastien Lecornu.

Colette Capdevielle a répliqué en rappelant que "l'administration conserve la possibilité, notamment en cas d'une condamnation qui trouble gravement l'ordre public, de pouvoir retirer le titre", avant de lancer: "Pas l'un d'entre vous n'a apporté une once de solution, ni humanisme, ni réalisme. En fait, vous êtes tous simplement très, très racistes."

L'Assemblée a adopté toutes les autres propositions de loi défendues par le groupe socialiste lors de cette journée annuelle réservée à l'examen de leurs textes dans l'hémicycle, là encore en grande partie grâce à l'union des groupes de gauche et à une faible mobilisation de leurs opposants.

"En faisant adopter leurs six propositions de loi, les députés socialistes ont de nouveau prouvé leur utilité pour les Français", s'est félicité auprès de l'AFP le président du groupe Boris Vallaud, saluant des textes "qui amélioreront concrètement la vie des gens".

- Mineurs isolés -

Deux de ces propositions entendent mieux protéger les mineurs. La première, votée à l'unanimité, vise à garantir un avocat à chaque enfant placé ou suivi dans sa famille par des services sociaux.

Environ 380.000 jeunes sont concernés par des mesures d'assistance éducative en France. Ces enfants sont, sur décision d'un juge généralement, placés en famille d'accueil ou en foyer, ou bien suivis directement dans leur famille.

Le plus souvent, ces enfants ne sont pas assistés d'un avocat, même s'ils peuvent en faire la demande ou s'en voir désigner un par un juge, lorsqu'ils sont capables de discernement.

La proposition de loi a été votée alors que la révélation d'une vidéo d'un enfant tondu malgré lui par des éducateurs, dans un foyer d'enfants placés à Paris, a suscité une grande émotion.

Dans la foulée, l'Assemblée a adopté une proposition de loi permettant à des jeunes isolés, qu'on évalue majeurs, de conserver l'accès à certaines protections, comme l'hébergement d'urgence, lorsqu'ils formulent un recours.

Pile avant minuit, heure de fin d'examen de la "niche" du groupe socialiste, les députés ont voté à l'unanimité un texte pour réguler les prix de plusieurs services en Outre-mer, qui propose notamment de plafonner les prix des billets d'avion.