Forte hausse des taux d'intérêt en Turquie, signe d'un changement de cap économique

Le ministre turc du Trésor et des Finances, Mehmet Simsek (à gauche), et le ministre turc des Affaires étrangères, Hakan Fidan, au complexe présidentiel d’Ankara, 21 août 2023. (AFP).
Le ministre turc du Trésor et des Finances, Mehmet Simsek (à gauche), et le ministre turc des Affaires étrangères, Hakan Fidan, au complexe présidentiel d’Ankara, 21 août 2023. (AFP).
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Publié le Vendredi 25 août 2023

Forte hausse des taux d'intérêt en Turquie, signe d'un changement de cap économique

  • Le taux d'intérêt directeur de la banque a augmenté de 7,5 points de pourcentage pour atteindre 25%, mais certains experts estiment que cela ne suffira pas à réduire l'inflation
  • La lire turque a gagné jusqu'à 6% par rapport au dollar après que le président Recep Tayyip Erdogan a suivi l'annonce en exprimant sa confiance à son équipe financière

ANKARA: La Banque centrale de Turquie a augmenté son taux d'intérêt directeur de 7,5% jeudi. Cette hausse plus importante que prévu signale un retour à des politiques économiques plus traditionnelles sous la présidence de Recep Tayyip Erdogan.

La banque a porté son taux directeur à 25%, continuant à faire marche arrière par rapport à la politique de réduction des taux d'intérêt mise en place par Erdogan. On reproche à cette dernière d'avoir alimenté une crise du coût de la vie qui a eu pour conséquence que de nombreux ménages ont du mal à payer leur loyer et leurs produits de base, alors que l'inflation a augmenté de façon vertigineuse.

«Le resserrement monétaire sera renforcé autant que nécessaire, de manière opportune et graduelle, jusqu'à ce qu'une amélioration significative des perspectives d'inflation soit réalisée», a déclaré la Banque centrale de Turquie.

Selva Demiralp, professeur d'économie à l'université Koc d'Istanbul, a indiqué que, en temps normal, les augmentations de taux d'intérêt ralentissent l'économie et qu’ils peuvent même provoquer une récession.

«Pourtant, en Turquie, nous essayons de savoir si cette hausse des taux, plus importante que prévu, pourrait contrôler une récession», a-t-elle précisé à Arab News.

«Il s'agit d'une question pertinente. En effet, de faibles taux d'intérêt ont pratiquement gelé la croissance du crédit.»

La limite supérieure des prêts commerciaux a également été relevée de plus de 56%. Mme Demiralp a expliqué que, en permettant aux banques de fixer des taux de dépôt et de prêt plus compétitifs, le flux de crédit pourrait reprendre, mais à des taux d'intérêt plus élevés.

Un taux directeur de 25%

Cependant, comme d'autres experts, elle a averti que l'augmentation des taux d'intérêt ne suffirait probablement pas à elle seule à résoudre les problèmes. En effet, d'autres mesures seront nécessaires pour freiner la reprise de l'inflation et remédier aux difficultés économiques de longue date.

«Je considère qu'il s'agit d'un premier signal qui indique que les nouveaux membres du PPK [comité de politique monétaire] de la Banque centrale ont été en mesure d'adopter une position plus ferme et de convaincre le président que c'était préférable pour l'économie», a affirmé Mme Demiralp.

«Nos prévisions d'inflation pour la fin de l'année sont proches de 70%. Dans ce contexte, un taux directeur de 25% implique toujours un taux d'intérêt réel très négatif et ce ne sera pas suffisant. Ce qui est essentiel, c'est le maintien du ton ferme que nous avons entendu aujourd'hui.»

Nick Stadtmiller, chef de produit à la société de recherche Medley Advisors, à New York, reconnaît que l'augmentation des taux est un pas dans la bonne direction. Toutefois, il ne pense pas qu'elle sera suffisante pour réduire l'inflation.

«Je pense que les taux devraient augmenter d'au moins 40% pour avoir un impact important sur la croissance des prix», a-t-il signalé à Arab News. «Des taux suffisamment élevés pour réduire l'inflation ralentiront la croissance économique et réduiront la demande de crédit. Il est difficile de comprendre comment les décideurs politiques peuvent réduire l'inflation tout en stimulant la croissance de la demande des entreprises, ce qui est leur objectif déclaré», a-t-il ajouté.

«L'autre problème réside dans le fait que l'approche graduelle du resserrement de la politique signifie finalement qu'ils devront augmenter les taux plus tard et de manière encore plus importante afin de réduire l'inflation», a poursuivi M. Stadtmiller.

«De nombreux autres banquiers dans le monde ont déclaré ces dernières années qu'une augmentation rapide des taux leur permettrait de moins relever ceux qui concernent l'ensemble du cycle. L'inverse est également vrai: une augmentation lente des taux signifie qu'il faut atteindre un taux final plus élevé à la fin du cycle afin d’obtenir un impact similaire.»

Il ne serait pas surprenant que la Banque centrale fasse une pause et prenne quelques mois pour évaluer les effets de la hausse des taux avant de prendre d'autres mesures, a-t-il précisé.

«Avec une croissance des prêts aux entreprises proche de zéro, les décideurs politiques pourraient vouloir observer l'impact sur l'économie avant de resserrer davantage», a encore souligné M. Stadtmiller.

La lire turque, qui est en difficulté, a bondi jeudi en réaction à l'augmentation des taux d'intérêt. Elle a gagné jusqu'à 6% par rapport au dollar après qu’Erdogan a suivi l'annonce en exprimant sa confiance à son équipe financière.

«Nous prenons des mesures fermes pour résoudre les problèmes causés par l'inflation», a fait savoir le président lors d'une allocution télévisée nationale.

Dans un message publié sur les réseaux sociaux, le ministre des Finances, Mehmet Simsek, a écrit: «Nous sommes déterminés. La stabilité des prix est notre priorité absolue.»

Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com


CMA CGM annonce la reprise de la compagnie aérienne cargo en faillite Air Belgium

CMA CGM a décidé de conserver la marque Air Belgium, "compagnie emblématique du paysage aérien belge", et les appareils resteront basés en Belgique. (AFP)
CMA CGM a décidé de conserver la marque Air Belgium, "compagnie emblématique du paysage aérien belge", et les appareils resteront basés en Belgique. (AFP)
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  • Le groupe marseillais, qui a lancé CMA CGM Air Cargo en mars 2021 pour proposer une offre de fret aérien, va mettre la main sur les quatre avions cargo d'Air Belgium
  • L'offre de reprise du transporteur maritime avait été validée par le tribunal de l'entreprise du Brabant wallon fin mars. Air Belgium accumulait les difficultés depuis 2023, après avoir tenté de lancer une activité passager qui n'a jamais été rentable

PARIS: Le transporteur maritime français CMA CGM a annoncé mercredi qu'il reprenait la compagnie aérienne belge Air Belgium qui était placée en liquidation en raison d'un passif important accumulé pendant la pandémie de Covid, en promettant de sauvegarder 124 emplois sur 401.

Le groupe marseillais, qui a lancé CMA CGM Air Cargo en mars 2021 pour proposer une offre de fret aérien, va mettre la main sur les quatre avions cargo d'Air Belgium. Il totalisera dès lors neuf appareils effectuant plusieurs liaisons depuis la France, la Belgique et les Etats-Unis. Sa flotte doit doubler d'ici 2027.

L'ajout des quatre appareils d'Air Belgium - deux Airbus A330F et deux Boeing B747F - "permet de renforcer immédiatement nos capacités aériennes tout en répondant aux défis logistiques actuels", s'est réjoui le vice-président exécutif de la division aérienne de CMA CGM, Damien Mazaudier.

L'offre de reprise du transporteur maritime avait été validée par le tribunal de l'entreprise du Brabant wallon fin mars. Air Belgium accumulait les difficultés depuis 2023, après avoir tenté de lancer une activité passager qui n'a jamais été rentable.

Les liens entre Air Belgium et CMA CGM sont anciens puisque la compagnie belge était chargée de l'exploitation de quatre Airbus A330F appartenant à CMA CGM Air Cargo basés à Liège, avant que la compagnie n'obtienne son certificat de transporteur aérien français et ne rapatrie ses appareils à l'aéroport de Paris-Charles de Gaulle.

CMA CGM a décidé de conserver la marque Air Belgium, "compagnie emblématique du paysage aérien belge", et les appareils resteront basés en Belgique. Deux d'entre eux effectuent une liaison régulière entre Bruxelles et la Chine, tandis que les deux autres sont exploités pour le compte de tiers, a indiqué Damien Mazaudier.

Parallèlement, le groupe marseillais a annoncé son intention de renforcer sa flotte basée à Chicago, où stationnent déjà deux Boeing B777F, "auxquels viendront s'ajouter trois autres appareils" du même modèle.

Ce hub permet d'effectuer des liaisons entre les Etats-Unis, la Chine et l'Asie du Sud-Est. CMA CGM n'a pas souhaité commenter l'impact de la guerre commerciale en cours entre Pékin et Washington sur cette activité.

"Ces avions renforceront la présence du groupe sur les routes transpacifiques et soutiendront l'expansion de ses activités cargo sur le marché américain", a expliqué CMA CGM.

En Europe, CMA CGM Air Cargo dispose déjà de liaisons régulières depuis Paris vers Hong Kong, Shanghai et Zhengzhou.


L’autorité portuaire saoudienne renforce l’attractivité de Dammam avec une zone logistique ambitieuse

La zone logistique de Dammam fait partie d'un plan d'investissement plus large de 10 milliards de SR visant à établir 20 centres logistiques intégrés à travers le Royaume.
La zone logistique de Dammam fait partie d'un plan d'investissement plus large de 10 milliards de SR visant à établir 20 centres logistiques intégrés à travers le Royaume.
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  • L'Autorité portuaire générale d'Arabie saoudite, connue sous le nom de Mawani, a signé un nouvel accord pour développer une zone logistique d'une valeur de 300 millions de riyals saoudiens (79 millions de dollars) dans le port Roi Abdulaziz de Dammam
  • Le projet renfore l'ambition du Royaume de devenir une plaque tournante mondiale de la logistique

RIYAD : L'Autorité portuaire générale d'Arabie saoudite, connue sous le nom de Mawani, a signé un nouvel accord pour développer une zone logistique d'une valeur de 300 millions de riyals saoudiens (79 millions de dollars) dans le port Roi Abdulaziz de Dammam, renforçant ainsi l'ambition du Royaume de devenir une plaque tournante mondiale de la logistique.

Le projet, lancé en partenariat avec Alissa International Motors - une filiale du groupe Abdullatif Alissa Holding - couvrira 382 000 mètres carrés. La nouvelle installation servira de plaque tournante pour l'importation et la réexportation de véhicules et de pièces détachées, a indiqué l'autorité dans un communiqué.

Cette initiative s'aligne sur les objectifs de la stratégie nationale de l'Arabie saoudite en matière de transport et de logistique, qui vise à améliorer l'efficacité de la chaîne d'approvisionnement et à attirer les investissements étrangers et nationaux. La zone logistique de Dammam fait partie d'un plan d'investissement plus large de 10 milliards de RS visant à établir 20 centres logistiques intégrés à travers le Royaume sous la supervision de l'autorité.

La nouvelle installation comprendra un entrepôt de 7 000 mètres carrés consacré au stockage des pièces détachées et conçu pour accueillir plus de 13 000 véhicules.

"Ce développement renforcera l'avantage concurrentiel du port et sa position en tant que centre logistique régional en fournissant des services logistiques de haute qualité", selon Mawani.

L'autorité a également souligné que le projet contribuerait à la diversification de l'économie et renforcerait la participation du secteur privé à la croissance du Royaume.

Le port Roi Abdulaziz, qui constitue déjà un lien vital entre l'Arabie saoudite et les marchés internationaux, offre des infrastructures et des capacités logistiques de pointe, ce qui en fait une destination attrayante pour les entreprises de commerce international.

Par ailleurs, Mawani a signé un autre contrat avec Sultan Logistics pour l'établissement d'une zone logistique supplémentaire dans le port du roi Abdulaziz, d'une valeur de 200 millions de RS. D'une superficie de 197 000 mètres carrés, l'installation comprendra 35 000 mètres carrés d'espace d'entreposage, des bureaux administratifs, des parcs de stockage pour les conteneurs secs et réfrigérés, ainsi qu'une zone de réexportation dédiée.

"Ces installations amélioreront la qualité des services logistiques offerts dans le port et soutiendront le commerce grâce à une efficacité opérationnelle accrue", a ajouté Mawani.

La création de ces nouvelles zones devrait considérablement renforcer la capacité opérationnelle et la compétitivité du port Roi Abdulaziz.

En 2024, l'Arabie saoudite a lancé, développé et inauguré huit zones et centres logistiques, soutenus par environ 2,9 milliards de RS d'investissements du secteur privé. Ces efforts s'inscrivent dans le cadre d'une stratégie plus large visant à consolider la position du Royaume en tant que puissance logistique mondiale de premier plan.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Moody’s et Fitch attribuent des notes de qualité à AviLease, société du PIF

Détenue par le Fonds d'investissement public d'Arabie saoudite, la société AviLease a annoncé que Moody's lui avait attribué la note Baa2 avec une perspective stable et que Fitch lui avait attribué la note BBB avec une perspective stable. (Photo fournie)
Détenue par le Fonds d'investissement public d'Arabie saoudite, la société AviLease a annoncé que Moody's lui avait attribué la note Baa2 avec une perspective stable et que Fitch lui avait attribué la note BBB avec une perspective stable. (Photo fournie)
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  • Les deux agences ont mis en avant le portefeuille de haute qualité d'AviLease, composé d'avions de nouvelle technologie, ainsi que la solidité de son bilan et sa trajectoire de croissance
  •  Elles ont noté que la société devrait devenir l'un des principaux acteurs du secteur mondial du leasing d'ici à 2030

RIYAD: La société saoudienne AviLease a reçu des notations de crédit de premier ordre de la part des agences Moody’s et Fitch Ratings, alors qu’elle poursuit l’expansion de son portefeuille et renforce son rôle stratégique dans le secteur aéronautique du Royaume.

Détenue par le Fonds d'investissement public d'Arabie saoudite, AviLease a annoncé que Moody's lui avait attribué la note Baa2 avec une perspective stable et que Fitch lui avait attribué la note BBB avec une perspective stable.

Les deux agences ont mis en avant le portefeuille de haute qualité d'AviLease, composé d'avions de nouvelle technologie avec une forte combinaison de crédit, ainsi que la solidité de son bilan et sa trajectoire de croissance.

Elles ont noté que la société devrait devenir l'un des principaux acteurs du secteur mondial du leasing d'ici à 2030.

«Les notations ouvrent la voie à une flexibilité financière encore plus grande, car nous pourrons accéder aux marchés des capitaux de la dette non garantie», a déclaré Edward O'Byrne, PDG d'AviLease, dans un communiqué de presse.

Il poursuit: «L'obtention d'une notation de qualité en moins de trois ans depuis notre création est un exploit remarquable, et nous pensons qu'elle positionne AviLease dans un groupe restreint de bailleurs de l'industrie en un temps record.»

Les notations reconnaissent également le rôle stratégique d'AviLease dans le soutien des initiatives du secteur de l'aviation du PIF dans le cadre de la Vision 2030 de l'Arabie saoudite.

«Ces notations permettront à AviLease d'accéder aux marchés de capitaux mondiaux pour financer ses stratégies commerciales, en se positionnant à l'avant-garde de l'industrie du leasing d'avions, en parfaite adéquation avec la stratégie nationale de l'aviation et la Vision 2030 de l'Arabie saoudite», a déclaré Fahad al-Saif, président d'AviLease.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com