Russie: malgré le risque, la fougue d'une bande de jeunes écolos

Un habitant sort ses affaires d'une maison résidentielle détruite à la suite d'un tir de missile dans la région de Kiev, le 27 août 2023, dans le cadre de l'invasion russe de l'Ukraine. (AFP).
Un habitant sort ses affaires d'une maison résidentielle détruite à la suite d'un tir de missile dans la région de Kiev, le 27 août 2023, dans le cadre de l'invasion russe de l'Ukraine. (AFP).
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Publié le Dimanche 27 août 2023

Russie: malgré le risque, la fougue d'une bande de jeunes écolos

  • L'infâme liquide sort en trombe d'une usine de papier sanctionnée pour ses rejets polluants et tombe dans un affluent de la rivière Soura, dans la ville de Penza, à 600 km de Moscou
  • Les jeunes écolos - ils ont tous moins de 20 ans - font sur place un test chimique révélant des excès présumés de chlore, de fer et de matières organiques

PENZA : Iégor Tchastoukhine tend un flacon vers le tuyau d'évacuation d'une usine d'où vomit une eau chaude et puante. "Une odeur de tisane", blague le militant écolo et "trotskiste" russe de 18 ans, en reniflant l'échantillon prélevé.

Sonia Tchastoukhina note la véritable odeur ("vaseuse") et la couleur ("jaunâtre") de l'eau, sous les yeux de son mari, Iégor, et de ses deux complices, Alexeï Zetkine et Iakov Demidov.

L'infâme liquide sort en trombe d'une usine de papier sanctionnée pour ses rejets polluants et tombe dans un affluent de la rivière Soura, dans la ville de Penza, à 600 km de Moscou.

Les jeunes écolos - ils ont tous moins de 20 ans - font sur place un test chimique révélant des excès présumés de chlore, de fer et de matières organiques.

"Faut que les gens qui boivent cette eau, qui y pêchent et s'y baignent comprennent le danger", explique Iégor, mèches rousses et verbe assuré.

Depuis longtemps en Russie les groupe d'écologistes indépendants comme celui de Iégor, qui ne sont pas liés aux organisations pro-gouvernementales, sont exposés aux persécutions.

Mais en pleine répression de toutes les voix dissidentes depuis l'assaut contre l'Ukraine lancée par Vladimir Poutine le 24 février 2022, un cap a été franchi avec l'interdiction d'une série d'ONG de protection de l'environnement.

Menace pour l'Etat

Les filiales russes de WWF et Greenpeace ont été bannies, accusées d'être des suppôts de l'Occident et d'entraver l'économie du pays.

Survivent désormais des groupes écologistes locaux, de taille souvent modeste, qui tentent de poursuivre la lutte.

"Ce qu'on fait est légal et inoffensif. Mais demain ils pourraient associer ça à de l'extrémisme ou du terrorisme. La moindre transmission d'information peut devenir une prétendue menace pour l'Etat", constate Iégor.

Soudain, un caméraman et une attachée de presse envoyés par l'usine débarquent et commencent à filmer la scène.

Puis un agent de sécurité apparait. Pour éviter un contrôle de police, le groupe s'en va. A quelques mètres, sous des arbres, plusieurs hommes continuent de pêcher tranquillement dans l'eau polluée.

Le groupe fait régulièrement des contrôles dans les rivières ou décharges d'ordures. Epaulés par un militant plus âgé ayant des compétences juridiques, ils rapportent les violations au Parquet ou à l'agence de protection de l'environnement.

Avec parfois des succès étonnants.

En novembre 2021, Iégor et son ami Alexeï Zetkine, alors lycéens, mènent un contrôle des eaux rejetées par l'usine de papier. Alexeï envoie les résultats aux autorités qui confirment une pollution massive et ont condamné récemment un responsable de la fabrique à 465.000 roubles d'amende (4.500 euros).

L'usine, dirigée par un élu local du parti Russie Unie de Vladimir Poutine, assure depuis avoir investi dans la modernisation de ses équipements.

Mais Alexeï, lui, après ses révélations, a été exclu de l'association écologiste pro-gouvernementale dont il faisait partie, accusé d'avoir mené cette inspection sans l'aval de sa hiérarchie.

En février 2022, Alexeï a créé sa propre organisation, Eko-Start. Lui et Iégor continuent de militer ensemble.

Après le contrôle devant la fabrique de papier, ils emmènent l'AFP dans une décharge à ciel ouvert près de Penza d'où s'échappent des fumées toxiques et se retrouvent pèle-mêle des légumes pourris, des batteries électriques et des déchets médicaux.

"Les propriétaires de la décharge sont des gens haut placés dans la région. Ils font des économies en ne triant pas les déchets, en ne respectant pas les règles de stockage", regrette Alexeï.

Petites victoires

Il a rencontré Iégor alors qu'ils étaient membres du Komsomol, les jeunesses du parti communiste russe, qui, bien que soumis au dictat du Kremlin au niveau national, incarne parfois au niveau local une opposition active.

Tous deux ont depuis quitté le Komsomol. Iégor se définit comme un "trotskiste-internationaliste" opposé aux "stalinistes" et aux répressions politiques.

Leur militantisme est singulier. Une partie des jeunes russes, apeurés, évite toute activité dissidente, une autre se cloître dans l'indifférence, l'apolitisme, ou soutient le régime.

Alexeï partage ce constat, mais pense que "si tu ne fais pas de politique aujourd'hui, la politique viendra à toi demain". Selon lui, le conflit en Ukraine a politisé beaucoup de jeunes, en les poussant à s'engager pour ou contre.

L'action choisie par les deux amis se justifie d'autant plus que, d'après les experts, le conflit risque d'entraîner en Russie de nouveaux problèmes écologiques.

Car en plus de réprimer les ONG, le pouvoir assouplit les normes anti-pollution pour soutenir l'économie sous sanctions et le complexe militaro-industriel dont les usines d'armement tournent à plein régime.

La coordinatrice de l'ONG Bellona, Ksenia Vakhroucheva, en exil, affirme à l'AFP qu'il n'existe d'ores et déjà plus d'organisations écologistes russes assez puissantes pour entraîner "des changements systémiques".

Alexeï Zetkine veut lui croire que "deux ou trois" associations efficaces, dans chaque région du pays, pourraient "changer" la Russie, à coups de petites victoires.


Réunion sur Gaza vendredi à Miami entre Etats-Unis, Qatar, Egypte et Turquie

L'émissaire américain Steve Witkoff se réunira vendredi à Miami (Floride, sud-est) avec des représentants du Qatar, de l'Egypte et de la Turquie pour discuter des prochaines étapes concernant la bande de Gaza, a appris l'AFP jeudi auprès d'un responsable américain. (AFP)
L'émissaire américain Steve Witkoff se réunira vendredi à Miami (Floride, sud-est) avec des représentants du Qatar, de l'Egypte et de la Turquie pour discuter des prochaines étapes concernant la bande de Gaza, a appris l'AFP jeudi auprès d'un responsable américain. (AFP)
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  • Le Qatar et l'Egypte, qui font office de médiateurs autant que de garants du cessez-le-feu dans le territoire palestinien ravagé par deux ans de guerre, ont récemment appelé à passer à la prochaine phase du plan de Donald Trump
  • Celle-ci prévoit le désarmement du Hamas, le retrait progressif de l'armée israélienne de tout le territoire, la mise en place d'une autorité de transition et le déploiement d'une force internationale

WSAHINGTON: L'émissaire américain Steve Witkoff se réunira vendredi à Miami (Floride, sud-est) avec des représentants du Qatar, de l'Egypte et de la Turquie pour discuter des prochaines étapes concernant la bande de Gaza, a appris l'AFP jeudi auprès d'un responsable américain.

Le Qatar et l'Egypte, qui font office de médiateurs autant que de garants du cessez-le-feu dans le territoire palestinien ravagé par deux ans de guerre, ont récemment appelé à passer à la prochaine phase du plan de Donald Trump.

Celle-ci prévoit le désarmement du Hamas, le retrait progressif de l'armée israélienne de tout le territoire, la mise en place d'une autorité de transition et le déploiement d'une force internationale.

Le cessez-le-feu à Gaza, entré en vigueur en octobre entre Israël et le Hamas, demeure précaire, les deux camps s'accusant mutuellement d'en violer les termes, tandis que la situation humanitaire dans le territoire reste critique.

Le président américain n'en a pas moins affirmé mercredi, dans une allocution de fin d'année, qu'il avait établi la paix au Moyen-Orient "pour la première fois depuis 3.000 ans."

La Turquie sera représentée à la réunion par le ministre des Affaires étrangères Hakan Fidan.

Dans un discours, le président turc Recep Tayyip Erdogan a quant à lui affirmé que son pays se tenait "fermement aux côtés des Palestiniens".

 

 


Zelensky dit que l'Ukraine a besoin d'une décision sur l'utilisation des avoirs russes avant la fin de l'année

ze;"Nos partenaires ont été informés que la décision doit être prise d'ici la fin de cette année", a déclaré Zelensky. (AFP)
ze;"Nos partenaires ont été informés que la décision doit être prise d'ici la fin de cette année", a déclaré Zelensky. (AFP)
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  • Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a estimé jeudi que l'Ukraine avait besoin d'une décision européenne sur l'utilisation des avoirs russes gelés avant la fin de l'année
  • "Nos partenaires ont été informés que la décision doit être prise d'ici la fin de cette année", a-t-il déclaré. Il avait indiqué auparavant que Kiev aurait un "gros problème" si les dirigeants européens ne parvenaient pas à un accord

BRUXELLES: Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a estimé jeudi que l'Ukraine avait besoin d'une décision européenne sur l'utilisation des avoirs russes gelés avant la fin de l'année, lors d'une conférence de presse à Bruxelles en marge d'un sommet des dirigeants de l'UE sur le sujet.

"Nos partenaires ont été informés que la décision doit être prise d'ici la fin de cette année", a-t-il déclaré. Il avait indiqué auparavant que Kiev aurait un "gros problème" si les dirigeants européens ne parvenaient pas à un accord sur l'utilisation de ces avoirs pour financer l'Ukraine. En l'absence d'accord, Kiev sera à court d'argent dès le premier trimestre 2026.

 

 


Trump impose des restrictions d'entrée à sept autres pays et aux Palestiniens

Des personnes arrivent à l'aéroport international John F. Kennedy de New York, le 9 juin 2025. (AFP)
Des personnes arrivent à l'aéroport international John F. Kennedy de New York, le 9 juin 2025. (AFP)
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  • Donald Trump élargit les interdictions d’entrée aux États-Unis à sept pays supplémentaires, dont la Syrie, et inclut les Palestiniens munis de documents de l’Autorité palestinienne
  • La Maison Blanche invoque la sécurité nationale, tout en prévoyant des exceptions limitées, dans le cadre d’un durcissement général de la politique migratoire

WASHINGTON: Donald Trump a étendu mardi les interdictions d'entrée aux Etats-Unis aux ressortissants de sept pays, dont la Syrie, ainsi qu'aux Palestiniens.

Le président américain a signé une proclamation "restreignant et limitant davantage l'entrée des ressortissants étrangers afin de protéger la sécurité des Etats-Unis", a indiqué la Maison Blanche.

Les nouveaux pays concernés par cette mesure sont le Burkina Faso, le Niger, le Mali, le Soudan du Sud et la Syrie, tandis que le Laos et la Sierra Leone passent de restrictions partielles à totales.

Les Palestiniens disposant de documents de voyage émis par l'Autorité palestinienne sont également visés.

L'administration Trump avait déjà imposé des restrictions totales visant les ressortissants de douze pays et des dizaines d'autres pays se sont vus imposer des restrictions partielles.

S'agissant de la Syrie, la mesure intervient quelques jours après une attaque meurtrière contre des soldats américains dans le centre de ce pays.

L'administration Trump dit avoir identifié des pays où les vérifications sont "tellement insuffisantes qu'elles justifiaient une suspension totale ou partielle de l'admission des ressortissants de ces pays".

La proclamation prévoit cependant des exceptions pour les résidents permanents légaux, les titulaires de visas existants, certaines catégories de visas comme les athlètes et les diplomates, et les personnes dont "l'entrée sert les intérêts nationaux des Etats-Unis".

Depuis son retour au pouvoir en janvier, Donald Trump mène une vaste campagne contre l'immigration illégale et a considérablement durci les conditions d'entrée aux Etats-Unis et l'octroi de visas, arguant de la protection de la sécurité nationale.

Ces mesures visent ainsi à interdire l'entrée sur le territoire américain aux étrangers qui "ont l'intention de menacer" les Américains, selon la Maison Blanche.

De même, pour les étrangers qui "pourraient nuire à la culture, au gouvernement, aux institutions ou aux principes fondateurs" des Etats-Unis.

Le président américain s'en est récemment pris avec virulence aux Somaliens, disant qu'il "ne voulait pas d'eux chez nous".

En juin, il avait annoncé des interdictions d'entrée sur le territoire américain aux ressortissants de douze pays, principalement en Afrique et au Moyen-Orient (Afghanistan, Birmanie, Tchad, Congo-Brazzaville, Guinée équatoriale, Erythrée, Haïti, Iran, Libye, Somalie, Soudan, Yémen).

En revanche, le Turkménistan, pays qui figure parmi les plus reclus au monde, se voit accorder un satisfécit, la Maison Blanche évoquant mardi des "progrès significatifs" dans cet Etat d'Asie centrale.

Du coup, les ressortissants de ce pays pourront à nouveau obtenir des visas américains, mais uniquement en tant que non-immigrants.

Lors de son premier mandat (2017-2021), Donald Trump s'en était pris de façon similaire à certains pays, ciblant principalement des pays musulmans.