L'exécutif présent en force à la rentrée du Medef, les patrons défiants

Le président français Emmanuel Macron (à droite) salue à la sortie de la cérémonie commémorative du 79e anniversaire de la libération du village de Bormes-les-Mimosas, dans le sud-est de la France, le 17 août 2023. (Photo CHRISTOPHE SIMON / POOL / AFP )
Le président français Emmanuel Macron (à droite) salue à la sortie de la cérémonie commémorative du 79e anniversaire de la libération du village de Bormes-les-Mimosas, dans le sud-est de la France, le 17 août 2023. (Photo CHRISTOPHE SIMON / POOL / AFP )
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Publié le Lundi 28 août 2023

L'exécutif présent en force à la rentrée du Medef, les patrons défiants

  • Une dizaine de membres du gouvernement sont attendus à l'hippodrome de Longchamp, dans l'Ouest parisien, pour la Rencontre des entrepreneurs de France (REF), l'université d'été du Medef
  • Ils seront devancés par Emmanuel Macron, qui inaugurera lundi après-midi la grand-messe estivale du patronat par un message vidéo

PARIS: Le ministre de l'Economie, la Première ministre et même le président en visioconférence: les figures de l'exécutif se pressent lundi et mardi à la rentrée du Medef, face à des patrons froissés par une récente mesure fiscale défavorable aux entreprises.

Elisabeth Borne (Matignon), Olivier Dussopt (Travail), Clément Beaune (Transports), Bruno Le Maire (Economie et Finances), Agnès Pannier-Runacher (Transition énergétique), Thomas Cazenave (Comptes publics)... Une dizaine de membres du gouvernement sont attendus à l'hippodrome de Longchamp, dans l'Ouest parisien, pour la Rencontre des entrepreneurs de France (REF), l'université d'été du Medef.

Ils seront devancés par Emmanuel Macron, qui inaugurera lundi après-midi la grand-messe estivale du patronat par un message vidéo. Une prise de parole dont le président de la République s'était abstenu ces dernières années.

Son intervention pré-enregistrée pourrait être l'occasion de rassurer le monde des affaires sur la stabilité de sa politique économique et fiscale.

"Il y a une interrogation, un doute, une crainte", a de nouveau souligné lundi sur France 2 le nouveau président du Medef Patrick Martin. Au coeur des préoccupations du patronat : la récente annonce de l'étalement jusqu'en 2027 de la suppression de la Cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises (CVAE), un impôt qui devait disparaître intégralement en 2024.

"Il n'y a aucune inquiétude à avoir, nous avons fait preuve d’une constance remarquable sur la baisse des impôts, sur les ménages comme sur les entreprises. Je ne dévierai pas de cette ligne", lui a répondu sur France Inter Bruno Le Maire.

Cet étalement est un "problème pratique pour les entreprises" qui "imaginaient investir cet argent ailleurs, en particulier dans la transition écologique", a cependant expliqué sur Europe 1 le secrétaire général de la Confédération des petites et moyennes entreprises (CPME) Jean- Eudes du Mesnil, appelant à chercher plutôt des économies dans la fonction publique.

Pour Patrick Martin, la nécessité de réduire les dépenses publiques n'est pas une raison valable car les 4 milliards de CVAE restant à supprimer "ne représentent que 0,4% de la dépense publique". "Qu’on ne nous fasse pas croire qu’on ne peut pas trouver ailleurs cette économie", a-t-il déclaré au Figaro.

"Je le redirai dans une attitude constructive à la Première ministre", a prévenu le numéro un du Medef, qui doit s'exprimer lundi juste avant la cheffe du gouvernement.

Outre les sujets fiscaux, il devrait évoquer dans son discours la transition écologique, la réindustrialisation et le dialogue social autonome entre syndicats et patronat, indique son entourage.

Demain ne meurt jamais

Depuis Tourcoing (Nord), Elisabeth Borne a pour sa part affirmé dimanche que "des temps partiels subis aux métiers mal payés, en passant par les progressions de carrière et la lutte contre les discriminations, nous attendons beaucoup des entreprises."

Un an après sa première intervention à la REF dans ses fonctions de Première ministre - un appel à la sobriété énergétique accueilli sans enthousiasme par l'auditoire - la cheffe du gouvernement doit rester lundi une trentaine de minutes sur scène, où elle répondra d'abord aux questions du journaliste Christophe Jakubyszyn avant d'adresser un court discours aux patrons.

En attendant les arbitrages du gouvernement pour le budget 2024 fin septembre, les 150 orateurs annoncés débattront de sujets variés: transition énergétique, avenir des transports, rôle de l'Etat dans l'économie mais aussi droits des femmes, système éducatif, intelligence artificielle et même avenir des religions.

La directrice générale de Veolia Estelle Brachlianoff, la PDG de Suez Sabrina Soussan et celui de Système U Dominique Schelcher s'interrogeront lundi sur la possibilité de concilier croissance et sobriété, aux côtés de l'économiste Patrick Artus et de l'expert du climat Jean- Marc Jancovici.

Le lendemain, les dirigeants de TotalEnergies Patrick Pouyanné et d'EDF Luc Rémont plancheront sur la manière de "soutenir la croissance sans dégrader le climat" avec le climatologue Jean Jouzel et Agnès Pannier-Runacher.

En dépit des chocs et des crises, "pour les entrepreneurs, demain ne meurt jamais", selon l'intitulé de l'édition 2023 de la REF inspiré par celui d'un opus de James Bond.

Sur les deux jours de l'évènement, un peu plus de 10.000 personnes sont attendues par les organisateurs. Une affluence qui, si elle se confirmait, serait légèrement supérieure à celle de 2022.


France: un Ukrainien inculpé pour le meurtre d'une Franco-Russe dans un conflit de voisinage

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  • Selon le parquet, il y avait de la part de cette femme "une attitude régulièrement agressive avec des menaces de mort envers" ses voisins ukrainiens arrivés en France en mars 2022 pour fuir l'invasion de leur pays par la Russie
  • Née au Kazakhstan en 1967, alors en URSS, elle était arrivée en France en 2004, d'après la même source

EVREUX: Un Ukrainien de 69 ans a été inculpé pour meurtre et placé sous contrôle judiciaire après le décès mardi de sa voisine franco-russe à Evreux, dans le nord de la France, lors d'un différend de voisinage, a-t-on appris vendredi auprès du parquet local.

Un couple de retraités ukrainiens ainsi que leur amie avaient été agressés avec un couteau d'environ 20 cm par leur voisine franco-russe, vers 5H00 locales (7H00 GMT) dans la nuit de lundi à mardi, a expliqué le procureur de la République d'Evreux Rémi Coutin lors d'une conférence de presse.

Le mari du couple ukrainien aurait alors retourné l'arme blanche contre sa voisine la blessant à trois reprises, dont une mortelle à la cuisse, toujours selon le procureur.

"Pour nous c'est la victime, celle qui a reçu les coups de couteau et est décédée mardi matin, qui était venue agresser au moins à deux reprises cette nuit-là les personnes ukrainiennes qui se trouvaient dans l'appartement au-dessus d'elle", a déclaré Rémi Coutin, justifiant ainsi le non placement en détention de l'auteur présumé des faits.

Selon le parquet, il y avait de la part de cette femme "une attitude régulièrement agressive avec des menaces de mort envers" ses voisins ukrainiens arrivés en France en mars 2022 pour fuir l'invasion de leur pays par la Russie.

Née au Kazakhstan en 1967, alors en URSS, elle était arrivée en France en 2004, d'après la même source.

Un voisin a déclaré avoir passé la soirée à boire des bières chez la quinquagénaire avant que celle-ci ne décide "de monter le son de la musique, de donner des coups de balai dans le plafond afin d'embêter ses voisins du dessus", puis de se rendre chez eux pour une première altercation.

Déjà condamné à cinq reprises pour violences, ce voisin est mis en examen pour violences aggravées pour avoir frappé l'homme ukrainien lors cette première rencontre nocturne, a relevé le parquet.

Un habitant de l'immeuble a indiqué lors de son audition qu'il avait déjà demandé l'intervention à la police les 22 et 30 juin, parce que la victime était en train de donner des coups de poing dans la porte de l'appartement de ses voisins ukrainiens.

Entendu par la police, l'ex-mari de la femme franco-russe a relaté que s'agissant de la guerre entre la Russie et l'Ukraine, elle considérait que la Russie devait "se défendre, chasser les nazis d'Ukraine et lutter contre l'OTAN".

 


Audiovisuel public: Dati dégaine le «vote bloqué» pour accélérer les débats

Brigitte Macron et Rachida Dati. (AFP)
Brigitte Macron et Rachida Dati. (AFP)
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  • Vendredi matin, à la reprise, rien n'a laissé présager que les discussions puissent s'accélérer. Un peu plus d'une demi heure après le début des débats, Mme Dati a annoncé que le gouvernement demandait au Sénat "de se prononcer par un vote unique
  • Cette procédure très rarement utilisée permet d'accélérer les débats en n'organisant qu'un seul vote, sur le texte et les amendements que le gouvernement choisit de conserver

PARIS: Fin de session chaotique au Sénat: face à l'"obstruction" de la gauche, la ministre de la Culture Rachida Dati a dégainé vendredi matin l'arme constitutionnelle du "vote bloqué" sur la réforme de l'audiovisuel public, pour tenter d'aboutir avant les congés parlementaires.

C'est une nouvelle vicissitude pour ce texte au parcours chaotique, porté à bout de bras par la ministre face à l'hostilité des syndicats, et qui pour l'essentiel prévoit de créer le 1er janvier 2026 une holding, France Médias, qui chapeauterait France Télévisions, Radio France et l'Ina (Institut national de l'audiovisuel), sous l'autorité d'un président-directeur général.

L'examen du texte a avancé à très faible allure jeudi: suspensions de séance à répétition, rappels au règlement, motions de rejet préalable, invectives en pagaille... En plus de huit heures de débats, les sénateurs ont à peine démarré l'examen de l'article premier de la proposition de loi du sénateur Laurent Lafon.

A la manoeuvre, la gauche, bien décidée à jouer la montre, alors que la session extraordinaire doit théoriquement s'achever vendredi à minuit.

Vendredi matin, à la reprise, rien n'a laissé présager que les discussions puissent s'accélérer. Un peu plus d'une demi heure après le début des débats, Mme Dati a annoncé que le gouvernement demandait au Sénat "de se prononcer par un vote unique sur l'ensemble du texte", "en application de l'article 44 alinéa 3 de la Constitution".

Cette procédure très rarement utilisée permet d'accélérer les débats en n'organisant qu'un seul vote, sur le texte et les amendements que le gouvernement choisit de conserver.

"Après plus de sept heures de débat, nous n'avons pu débattre que de 31 amendements sur ce texte. On a vu encore ce matin (...) de l'obstruction, toujours de l'obstruction et encore de l'obstruction", a-t-elle justifié. Il restait alors environ 300 amendements à débattre.

Les débats, suspendus vers 10H15, ont repris près de deux heures plus tard, et le président de séance Didier Mandelli (LR) a pris acte de la demande du gouvernement.

Débats "escamotés" 

Les orateurs de la gauche ont successivement protesté contre ce "coup de force", selon le mot de l'ancienne ministre socialiste Laurence Rossignol. "On parle de liberté de la presse. Mais commençons déjà par respecter les droits du Parlement", a-t-elle tonné, rappelant que le Sénat avait d'autres outils à sa disposition pour discipliner les discussions.

Et ce alors que les débats ont déjà été "escamotés" en première lecture à l'Assemblée le 30 juin, après le vote surprise d'un motion de rejet déposée par les écologistes, face aux bancs désertés de la coalition gouvernementale.

"C'est vous qui êtes responsables du fait que le débat ne peut pas avoir lieu. Ce n'est pas nous", leur a rétorqué le rapporteur du texte, Cédric Vial (LR).

Le président de la commission de la culture Laurent Lafon (UDI) a lui aussi défendu la décision du gouvernement, pointant une obstruction "caractérisée" destinée à "empêcher que le Sénat confirme son soutien" au texte.

Selon des sources parlementaires, la décision de déclencher le "vote bloqué" était sur la table depuis jeudi.

Mais, alors que le président du Sénat et le ministre des Relations avec le Parlement étaient enclins à laisser le débat se dérouler, "c'est bien Rachida Dati", en première ligne face à la gauche, qui "à un moment donné (...) a tranché pour tout le monde", selon un poids lourd.

Désormais, l'examen du texte devrait pouvoir "aller au bout" avant la fin de la session, selon cette source. Et revenir sans doute à l'automne à l'Assemblée, à une date indéterminée.


La session parlementaire se clôt sur un vote mouvementé de la réforme de l'audiovisuel

La ministre française de la Culture, Rachida Dati, s'exprime lors d'une séance de débat sur le projet de loi, adopté par le Sénat, relatif à la réforme de l'audiovisuel public, à l'Assemblée nationale, la chambre basse du Parlement français, à Paris, le 30 juin 2025. (AFP)
La ministre française de la Culture, Rachida Dati, s'exprime lors d'une séance de débat sur le projet de loi, adopté par le Sénat, relatif à la réforme de l'audiovisuel public, à l'Assemblée nationale, la chambre basse du Parlement français, à Paris, le 30 juin 2025. (AFP)
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  • Les sénateurs ont approuvé largement vendredi en deuxième lecture la réforme de l'audiovisuel public, au terme de débats écourtés grâce à l'arme constitutionnelle du "vote bloqué"
  • La proposition de loi de Laurent Lafon (UDI), qui pour l'essentiel prévoit de créer le 1er janvier 2026 une holding, France Médias, qui chapeauterait France Télévisions, Radio France et l'Ina (Institut national de l'audiovisuel), sous l'autorité d'un prés

PARIS: Fin de session chaotique au Parlement: les sénateurs ont approuvé largement vendredi en deuxième lecture la réforme de l'audiovisuel public, au terme de débats écourtés grâce à l'arme constitutionnelle du "vote bloqué", un choix du gouvernement vivement contesté par la gauche.

La proposition de loi de Laurent Lafon (UDI), qui pour l'essentiel prévoit de créer le 1er janvier 2026 une holding, France Médias, qui chapeauterait France Télévisions, Radio France et l'Ina (Institut national de l'audiovisuel), sous l'autorité d'un président-directeur général, était le dernier texte inscrit à l'agenda de la chambre haute.

La chambre basse avait mis fin à ses travaux jeudi.

Mais, dans une chorégraphie qui rappelait davantage les usages du Palais Bourbon, l'examen du texte a tourné court au Palais du Luxembourg: face à "l'obstruction" de la gauche, la ministre de la Culture Rachida Dati (LR) a annoncé vendredi matin que le gouvernement demandait au Sénat "de se prononcer par un vote unique sur l'ensemble du texte", "en application de l'article 44 alinéa 3 de la Constitution".

Cette procédure très rarement utilisée permet d'accélérer les débats en n'organisant qu'un seul vote, sur le texte et les amendements que le gouvernement choisit de conserver.

Les débats jeudi avaient été marqués par une particulière lenteur, entre suspensions de séance à répétition, rappels au règlement, motions de rejet préalable, invectives en pagaille... A la manœuvre, la gauche, qui craint que la réforme ne soit l'occasion d'une reprise en main politique et d'une réduction du budget de l'audiovisuel public.

- La gauche claque la porte -

Après deux heures de suspension vendredi matin, les travaux ont repris, occasion pour les groupes de gauche de protester à l'unisson contre un "coup de force" démocratique, selon le mot de l'ancienne ministre socialiste Laurence Rossignol. "On parle de liberté de la presse. Mais commençons déjà par respecter les droits du Parlement", a-t-elle tonné, rappelant que le Sénat avait d'autres outils à sa disposition pour discipliner les discussions.

Et ce alors que les débats ont déjà été "escamotés" en première lecture à l'Assemblée le 30 juin, après le vote surprise d'un motion de rejet déposée par les écologistes, face aux bancs désertés de la coalition gouvernementale.

"C'est vous qui êtes responsables du fait que le débat ne peut pas avoir lieu. Ce n'est pas nous", leur a rétorqué le rapporteur du texte, Cédric Vial (groupe LR).

Le président de la commission de la culture Laurent Lafon a lui aussi défendu la décision du gouvernement, pointant une obstruction "caractérisée" destinée à "empêcher que le Sénat confirme son soutien" au texte.

Peu après la reprise de la séance en début d'après-midi, les différents groupes de gauche ont renouvelé leurs critiques avant de quitter les lieux.

Le texte a finalement été adopté largement, par 194 voix contre 113. La version des sénateurs, compromis entre la majorité sénatoriale et le gouvernement, exclut de la holding France Médias Monde, comme le souhaitait le gouvernement, et conserve le deuxième volet du texte, sur la "souveraineté", que Mme Dati avait fait supprimer en commission à l'Assemblée.

Une victoire au forceps pour la ministre, qui défend bec et ongles la réforme depuis son entrée au gouvernement, face à l'hostilité des syndicats et à un agenda parlementaire contrarié.

- Victoire "à la Pyrrhus" ? -

Selon des sources parlementaires, la décision de déclencher le "vote bloqué" était sur la table depuis jeudi.

Mais, alors que le président du Sénat et le ministre des Relations avec le Parlement étaient enclins à laisser le débat se dérouler, "c'est bien Rachida Dati", en première ligne face à la gauche, qui "à un moment donné (...) a tranché pour tout le monde", selon un poids lourd.

Désormais, le texte devrait revenir à l'automne à l'Assemblée, à une date indéterminée. "Ce passage en force au Sénat sera une victoire à la Pyrrhus (...) Nous serons mobilisés dès la rentrée pour lui faire obstacle", a promis le député Aurélien Saintoul (LFI).

Le texte bénéficie à la chambre basse du soutien de la majorité du socle commun et de la relative bienveillance du RN, "plutôt partisan de s'abstenir" selon son vice-président Sébastien Chenu.