Macron officialise «sa main tendue» aux partis, la gauche s'indigne

Le président français Emmanuel Macron assiste à un hommage national à Jean-Louis Georgelin, ancien chef de l'armée française chargé de restaurer l'emblématique cathédrale Notre-Dame de Paris, à l'hôtel des Invalides à Paris, le 25 août 2023. (Photo Christian Hartmann / Pool / AFP)
Le président français Emmanuel Macron assiste à un hommage national à Jean-Louis Georgelin, ancien chef de l'armée française chargé de restaurer l'emblématique cathédrale Notre-Dame de Paris, à l'hôtel des Invalides à Paris, le 25 août 2023. (Photo Christian Hartmann / Pool / AFP)
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Publié le Samedi 26 août 2023

Macron officialise «sa main tendue» aux partis, la gauche s'indigne

  • Le chef de l'Etat, qui a fait de l'éducation la priorité de sa rentrée politique, revient une nouvelle fois sur les émeutes urbaines d'une violence inédite qui avaient suivi la mort du jeune Nahel le 27 juin lors d'un contrôle de police à Nanterre
  • Emmanuel Macron ne précise toujours pas sur quels thèmes il pourrait consulter les Français par référendum, une option qu'il a évoquée à plusieurs reprises en six ans de présidence sans jamais passer à l'acte

PARIS: "Converger sans reniement ni renoncement". Emmanuel Macron a officialisé son invitation aux partis politiques pour une grande réunion mercredi 30 août afin de travailler à des décisions dépassant les clivages, mais la gauche s'indigne déjà d'un ordre du jour qu'elle juge lacunaire.

L'objectif est de bâtir "ensemble" des textes législatifs et ouvrir la voie, "le cas échéant", à des referendums, écrit le chef de l'Etat dans un courrier adressé aux partis.

Par touches successives, le chef de l'Etat met ainsi en musique "l'initiative politique d'ampleur" annoncée au coeur de l'été pour sortir des blocages à l'Assemblée nationale, où son gouvernement se heurte à l'absence de majorité absolue.

Les chefs des partis sont conviés à une après-midi de discussions et un dîner, dans un lieu qui sera précisé ultérieurement et qui pourrait ne pas être l'Elysée.

"Quand l'intérêt supérieur du pays est en jeu, j'ai confiance, comme beaucoup de Français, dans notre capacité à converger sans reniement ni renoncement", écrit Emmanuel Macron dans cette lettre également envoyée aux présidents des assemblées.

Les discussions porteront sur "la situation internationale et ses conséquences pour la France", "l'efficacité de l'action publique" y compris de nouvelles pistes de décentralisation et de réformes institutionnelles, et "la cohésion de la Nation", ajoute-t-il.

Après avoir voulu écarter le Rassemblement national (RN) et la France insoumise (LFI), l'Elysée s'est ravisé et a finalement convié ces deux formations que la macronie juge pourtant hors de "l'arc républicain".

"C'est une main tendue loyalement", insiste-t-il dans sa lettre, évoquant l'élaboration rapide de textes législatifs. "Le peuple, par la voix de ses représentants et le cas échéant par referendum, aura le dernier mot".

Le chef de l'Etat, qui a fait de l'éducation la priorité de sa rentrée politique, revient une nouvelle fois sur les émeutes urbaines d'une violence inédite qui avaient suivi la mort du jeune Nahel le 27 juin lors d'un contrôle de police à Nanterre.

«A côté de l'Histoire»

Ces événements ont "révélé chez une partie de notre jeunesse une perte du sens de l'autorité et de la civilité, une forme de décivilisation", a-t-il martelé.

Emmanuel Macron ne précise toujours pas sur quels thèmes il pourrait consulter les Français par référendum, une option qu'il a évoquée à plusieurs reprises en six ans de présidence sans jamais passer à l'acte.

Dans sa lettre aux chefs de partis, il évoque un éventail de questions liées à la "cohésion de la Nation", comme la place de l'école, l'intégration, le pouvoir d'achat ou les inégalités.

Aucune formation politique ne s'est opposée au principe de cette réunion. Mais le leader de la France insoumise Jean-Luc Mélenchon a dénoncé un courrier déconnecté des réalités des Français.

"Je pense que cette lettre, il a dû l'écrire depuis la planète Mars", a-t-il réagi sur TF1, s'étonnant de l'absence de mention de la canicule ou de la pauvreté au moment où des Français "tirent la langue" pour acheter les fournitures scolaires de la rentrée.

Emmanuel Macron "semble passer complètement à côté de l'Histoire", a abondé Europe Ecologie-Les Verts (EELV) qui a précisé que sa cheffe Marine Tondelier se rendra au rendez-vous tout en déplorant "l'absence alarmante des questions écologiques et la maigre place laissée aux questions sociales" dans l'ordre du jour présidentiel.

Présent à Strasbourg pour l'université d'été de son parti, le leader communiste Fabien Roussel a confié sa "colère rentrée" contre le chef de l'Etat après la réforme des retraites qu'il n'a "toujours pas avalée".

Pour le socialiste Olivier Faure, le président "invente un nouveau bidule", qui "n'est jamais que la énième fois, le énième débat, la énième rencontre".

Emmanuel Macron n'aborde pas non plus directement dans sa lettre la question de l'immigration qui doit faire l'objet dans les prochaines semaines d'un projet de loi de son gouvernement.

Dans une interview au magazine Le Point jeudi dernier, le chef de l'Etat n'avait pas exclu d'utiliser à nouveau le très controversé article 49.3 de la Constitution, comme sur les retraites, pour imposer sans vote cette loi sur l'immigration.

Maintenue à Matignon lors d'un mini-remaniement ministériel en juillet, la Première ministre Elisabeth Borne se prépare également à un marathon budgétaire à haut risque à l'automne.

Elle doit construire une loi de finances qui réponde à la fois à la promesse de ne pas relever les impôts et à l'engagement de désendetter enfin la France. Tout en évitant un vote de censure de son gouvernement qui verrait se liguer toutes les oppositions.


Le conseiller diplomatique de Macron dément tout « différend avec le président »

Le diplomate français Emmanuel Bonne participe à une table ronde lors de la 60e Conférence sur la sécurité de Munich (MSC) qui se tiendra à Munich, dans le sud de l’Allemagne, le 18 février 2024. (Photo AFP)
Le diplomate français Emmanuel Bonne participe à une table ronde lors de la 60e Conférence sur la sécurité de Munich (MSC) qui se tiendra à Munich, dans le sud de l’Allemagne, le 18 février 2024. (Photo AFP)
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  • le « sherpa » du chef de l'État, qui dirige la cellule diplomatique de l'Élysée depuis 2019, avait présenté sa démission en fin de semaine dernière.
  • « Par principe, ce qui se passe à l'Élysée reste à l'Élysée et n'est pas nécessairement du domaine public », a déclaré à la presse Emmanuel Bonne, sans démentir avoir voulu quitter ses fonctions.

PARIS : Emmanuel Bonne, le conseiller diplomatique d'Emmanuel Macron qui avait mis sa démission dans la balance la semaine dernière, a démenti mercredi tout « différend avec le président », affirmant qu'il était « en pleine capacité de continuer à le servir ».

Selon plusieurs sources diplomatiques, le « sherpa » du chef de l'État, qui dirige la cellule diplomatique de l'Élysée depuis 2019, avait présenté sa démission en fin de semaine dernière. Parmi les causes évoquées, ces sources ont cité un différend avec le chef d'état-major particulier du président, le général Fabien Mandon.

La Lettre, qui avait révélé en premier ce « coup de chaud », avait évoqué un désaccord sur des options diplomatiques et rapporté plusieurs sujets de tensions entre le président et son conseiller ces dernières années.

« Par principe, ce qui se passe à l'Élysée reste à l'Élysée et n'est pas nécessairement du domaine public », a déclaré à la presse Emmanuel Bonne, sans démentir avoir voulu quitter ses fonctions.

L'Élysée n'avait pas non plus démenti ces informations, se bornant à indiquer samedi qu'Emmanuel Bonne avait « la confiance du président de la République ».

« C'est pour moi un honneur, depuis 2017, de le servir du mieux que je peux, et je ne cesserai pas de le faire », a expliqué mercredi le diplomate. « Je considère qu'ayant la confiance du Président de la République, je suis en pleine capacité de continuer à le servir et je n'ai aucune autre ambition que celle-là », a-t-il ajouté.

Il s'est décrit comme un « macroniste +die hard+ », pur et dur. « Pour moi, cela signifie qu'il n'y a aucun sujet sur lequel j'aurais un différend avec le président. J'assume tout, je fais tout et je suis entièrement à son service », a-t-il insisté, balayant les « spéculations sur des réserves » qu'il aurait eues.

« Je n'en ai absolument aucune, et sur le Liban moins que sur tout autre sujet », a assuré cet ancien ambassadeur de France à Beyrouth (2015-2017), où Emmanuel Macron doit se rendre vendredi.


Paris estime également que l'Algérie et la France ne doivent pas nourrir de « tension durable »

Drapeaux Algérie France (PhotoiStock)
Drapeaux Algérie France (PhotoiStock)
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  • Interrogé sur ce sujet à l'Assemblée nationale, M. Barrot a réaffirmé qu'il était « prêt à se rendre à Alger pour traiter de toutes les questions, et pas seulement de celles qui ont fait l'actualité ces dernières semaines ».
  • « Ni l'Algérie ni la France n'ont intérêt à ce qu'une tension durable s'installe entre elles », a insisté le ministre.

PARIS : Le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, a affirmé  mercredi que « ni la France ni l'Algérie n'avaient intérêt à ce qu'une tension durable s'installe entre elles », en dépit des frictions accumulées ces dernières semaines.

Interrogé sur ce sujet à l'Assemblée nationale, M. Barrot a réaffirmé qu'il était « prêt à se rendre à Alger pour traiter de toutes les questions, et pas seulement de celles qui ont fait l'actualité ces dernières semaines ».

« Ni l'Algérie ni la France n'ont intérêt à ce qu'une tension durable s'installe entre elles », a insisté le ministre.

Les relations souvent instables entre la France et l'Algérie se sont détériorées depuis l'été dernier, lorsque Paris a annoncé son soutien au plan d'autonomie marocain pour le territoire disputé du Sahara occidental, ex-colonie espagnole et théâtre d'un conflit depuis un demi-siècle entre le Maroc et les indépendantistes sahraouis du Front Polisario, soutenus par Alger.

Plusieurs dossiers ont ensuite contribué à envenimer les relations bilatérales, dont l'incarcération, depuis la mi-novembre, en Algérie, de l'écrivain franco-algérien Boualem Sansal, âgé de 75 ans, malade, pour atteinte à la sûreté de l'État.

La France a également accusé l'Algérie de « chercher à l'humilier » en renvoyant la semaine dernière sur le territoire français un influenceur algérien expulsé par les autorités françaises pour des propos jugés haineux.

« La France est un pays souverain qui choisit les termes de ses alliances avec d’autres pays et ce que la France entend construire avec le Maroc n’enlève rien à ce que la France entend construire avec l’Algérie », a plaidé le ministre français.

Fin juillet, le président Emmanuel Macron s'est aligné sur l'Espagne et les États-Unis, estimant que l'avenir du Sahara occidental s'inscrivait « dans le cadre de la souveraineté marocaine ».

Jean-Noël Barrot a précisé que « le président Emmanuel Macron et le Premier ministre François Bayrou réuniront dans les prochains jours les ministres concernés pour évaluer les suites à donner et les mesures à prendre » concernant le développement des relations franco-algériennes.

Par ailleurs, dans un contexte de suspension de la coopération sécuritaire entre les deux pays depuis l'été dernier, Nicolas Lerner, le directeur général de la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE), s'est rendu à Alger lundi, a assuré le Figaro mercredi.

Le quotidien estime que cette visite est un signal positif, une volonté d'enrayer la spirale de tensions entre Paris et Alger et de maintenir certains canaux ouverts.


Davos : le risque de conflits armés au centre des préoccupations

Un policier spécialisé est vu sur le toit de l’hôtel du Congrès lors d’une séance de la réunion annuelle du Forum économique mondial (WEF) à Davos, le 24 mai 2022. Le Forum économique mondial a annoncé le 14 janvier 2025 le programme de sa réunion 2025 à Davos, qui se tiendra du 20 au 24 janvier. (Photo AFP)
Un policier spécialisé est vu sur le toit de l’hôtel du Congrès lors d’une séance de la réunion annuelle du Forum économique mondial (WEF) à Davos, le 24 mai 2022. Le Forum économique mondial a annoncé le 14 janvier 2025 le programme de sa réunion 2025 à Davos, qui se tiendra du 20 au 24 janvier. (Photo AFP)
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  • Selon un rapport du Forum économique mondial (WEF) publié mercredi, les risques liés aux conflits armés et aux tensions économiques figurent en tête des préoccupations immédiates du monde des affaires, quelques jours avant sa réunion annuelle à Davos.
  • Près d'un quart des répondants à l'enquête menée par le WEF auprès de 11 000 dirigeants d'entreprises dans 121 pays ont classé ce risque au premier rang des dangers à un horizon de deux ans, alors qu'il n'était qu'à la cinquième place en 2024.

PARIS : Selon un rapport du Forum économique mondial (WEF) publié mercredi, les risques liés aux conflits armés et aux tensions économiques figurent en tête des préoccupations immédiates du monde des affaires, quelques jours avant sa réunion annuelle à Davos.

« Nous connaissons malheureusement un nombre record de conflits dans le monde », a indiqué Mirek Dusek, un responsable du WEF, lors d'une conférence de presse, citant l'Ukraine et le Moyen-Orient, mais aussi « les urgences humanitaires » au Soudan, en Somalie ou à Gaza.

Près d'un quart des répondants à l'enquête menée par le WEF auprès de 11 000 dirigeants d'entreprises dans 121 pays ont classé ce risque au premier rang des dangers à un horizon de deux ans, alors qu'il n'était qu'à la cinquième place en 2024.

Pour M. Dusek, c'est « lié au sentiment général d'un environnement géoéconomique très compliqué », les confrontations géoéconomiques figurant à la troisième place des risques cités pour cette année.

« La montée du protectionnisme et l'accroissement des disputes commerciales conduisent à une augmentation importante des droits de douane et des barrières au commerce mondial », a souligné Carolina Klint du cabinet spécialisé dans la gestion des risques Marsh McLennan, d'autant que beaucoup de pays tentent d'assurer leurs ressources en matières premières critiques pour leurs innovations technologiques ou leur transition énergétique.

Et ces nouvelles barrières commerciales « vont bouleverser encore plus les chaînes d'approvisionnement, ce qui va augmenter les coûts et les délais », et potentiellement contribuer à relancer l'inflation, a-t-elle prévenu.

Le nombre de « nouvelles interventions politiques néfastes » est passé de 600 en 2017 à plus de 3 000 par an en 2022, a estimé mercredi le WEF, citant des chiffres de l'organisation Global Trade Alert qui évalue les politiques commerciales dans le monde.

Et le président élu américain Donald Trump, qui doit s'exprimer en visioconférence à Davos le 23 janvier, a notamment menacé d'imposer de lourds droits de douane sur les produits arrivant sur le sol américain.

Les événements climatiques extrêmes sont aussi largement cités par les répondants, à la deuxième place des risques immédiats et même à la première sur un horizon de dix ans, à l'heure où des incendies historiques dévastent une partie de Los Angeles sur fond d'aggravation du dérèglement climatique.

Comme en 2024, la désinformation est aussi l'un des risques majeurs cités par les participants, à la quatrième place des risques immédiats et en tête des inquiétudes sur un horizon de deux ans.