Facebook expose la guerre d'influence entre Paris et Moscou en Afrique

La firme californienne a fermé en conséquence des centaines de comptes Facebook ou Instagram, de pages et de groupes visant les opinions publiques en Afrique ou au Moyen-Orient.(AFP)
La firme californienne a fermé en conséquence des centaines de comptes Facebook ou Instagram, de pages et de groupes visant les opinions publiques en Afrique ou au Moyen-Orient.(AFP)
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Publié le Mercredi 16 décembre 2020

Facebook expose la guerre d'influence entre Paris et Moscou en Afrique

  • Deux réseaux de comptes ont été attribués à des personnes associées à l'Agence russe de Recherche sur Internet (ARI) et au sulfureux homme d'affaires Evguéni Prigojine
  • Un troisième s'est avéré avoir «des liens avec des personnes associées à l'armée française», affirme Facebook, qui se garde toutefois d'attribuer directement l'opération à l'institution militaire

PARIS : La lutte d'influence était connue mais la méthode interroge. Facebook a supprimé trois réseaux de «trolls» gérés depuis la Russie et la France, dont un ayant des connexions avec l'armée française, tous accusés de mener des opérations d'interférence en Afrique.

Deux réseaux de comptes ont été attribués à des personnes associées à l'Agence russe de Recherche sur Internet (ARI) et au sulfureux homme d'affaires Evguéni Prigojine, réputé proche du président russe Vladimir Poutine et de l'agence de mercenaires Wagner. 

Un troisième s'est avéré avoir «des liens avec des personnes associées à l'armée française», affirme Facebook, qui se garde toutefois d'attribuer directement l'opération à l'institution militaire.

La firme californienne a fermé en conséquence des centaines de comptes Facebook ou Instagram, de pages et de groupes visant les opinions publiques en Afrique ou au Moyen-Orient.

Le recours croissant à la guerre informationnelle à des fins d’influence n'est pas une nouveauté. Mais Facebook exprime sa surprise de voir deux grandes puissances se livrer frontalement combat dans une région tierce.

«Même si nous avons déjà vu des opérations d'influence viser les mêmes régions dans le passé, c'est la première fois que notre équipe trouve deux campagnes - de France et de Russie - engagées activement l'une contre l'autre, y compris en se liant au camp opposé, en le commentant et en l'accusant d'être un faux», explique le réseau social dans son communiqué.

Le géant américain rappelle avoir déjà démantelé une opération de désinformation russe dans plusieurs pays d'Afrique en octobre 2019, ce qui avait «aussi coïncidé avec un basculement notable» de messages français accusant Moscou de manipulation. Mais la lutte contre ce genre de campagnes promet d'être plus complexe encore à l'avenir, prédit Facebook, leurs auteurs adaptant leurs tactiques pour échapper à la détection.

Moscou n'avait pas réagi mercredi à la mi-journée. Mais la porte-parole du ministère des Affaires étrangères Maria Zakharova jugeait récemment que la France était la seule responsable, par son bilan, du sentiment anti-colonial en Afrique. «Nous n’y sommes pour rien, et c'est pourquoi nous allons combattre ces exemples de désinformation», déclarait-elle.

Guerre informationnelle

Paris, après avoir refusé de commenter mardi soir, a finalement réagi auprès de l'AFP.

En Centrafrique, ex-colonie française où la Russie a lancé en 2018 une vaste offensive diplomatique et financière, agrémentée d'une campagne de désinformation anti-française, «nous constatons depuis de longs mois la montée en puissance d'actions de désinformation à des fins de déstabilisation du pays, actions que nous condamnons», a commenté mercredi le ministère français des Armées. 

«Nous ne sommes pas étonnés par les conclusions» publiées par Facebook, mais «sans être à ce stade en mesure d'attribuer d'éventuelles responsabilités», conclut-il prudemment, gardant le silence sur les accusations d'interférences sur les réseaux sociaux au Mali, où est déployée la force antijihadiste Barkhane.

De fait, l'armée française assume désormais d'intervenir dans le champ informationnel en complément de ses actions sur le terrain, à l'heure où les réseaux sont devenus des espaces d'affrontements.

«La vraie rupture se situe dans l'emploi systématique de la guerre informationnelle, qui pèse beaucoup dans les conflits d'aujourd'hui», expliquait à l'AFP en octobre le chef d'état-major de l'armée de Terre, le général Thierry Burkhard.

«On ne doit pas abandonner ce champ-là à nos ennemis, il faut qu'on soit capable d'y agir, de donner nos informations, de faire passer nos images, de mettre en valeur les actions qu'on conduit», soulignait-il. 

En janvier dernier, le président Emmanuel Macron avait dénoncé les discours «indignes» alimentant les critiques anti-françaises au Sahel, servant selon lui des «puissances étrangères» ayant «un agenda de mercenaire». Une attaque à peine voilée contre Moscou.

«Nous soupçonnons les Russes d'encourager le sentiment anti-français» dans la bande sahélo-saharienne, confiait alors à l'AFP un haut gradé français.

Pour Graphika, société spécialisée dans l'analyse des réseaux sociaux, coauteur avec l'université de Stanford d'un rapport sur cette affaire, la passe d'armes franco-russe dénoncée par Facebook «souligne combien le combat géopolitique sur le terrain en Afrique se joue en parallèle sur les médias sociaux».

Le rapport relève que les manœuvres françaises répondent aux Russes. «Mais les tactiques sont similaires. En créant de faux comptes et de fausses pages anti fake news pour combattre les trolls russes, les opérateurs français perpétuaient et justifiaient de façon implicite le comportement problématique qu'ils essayaient de combattre». 

 


Airbus: commande de 30 avions A320neo et 10 cargo A350F du loueur saoudien AviLease

Le constructeur aéronautique européen Airbus a annoncé lundi une commande de 30 avions A320neo et de dix appareils cargos A350, d'une valeur théorique de près de 7 milliards de dollars, conclue avec le loueur saoudien AviLease. (Photo fournie).
Le constructeur aéronautique européen Airbus a annoncé lundi une commande de 30 avions A320neo et de dix appareils cargos A350, d'une valeur théorique de près de 7 milliards de dollars, conclue avec le loueur saoudien AviLease. (Photo fournie).
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  • L'accord, qui prévoit la possibilité de porter le contrat à 22 avions cargo A350F et 55 appareils de la famille A320neo, a été signé devant la presse dès l'ouverture du salon aérospatial international du Bourget, au nord de Paris
  • Le montant est calculé d'après les prix catalogue de 2018, concept qu'Airbus a abandonné depuis en arguant que les prix de vente réels dépendent des spécificités de chaque contrat

LE BOURGET: Le constructeur aéronautique européen Airbus a annoncé lundi une commande de 30 avions A320neo et de dix appareils cargos A350, d'une valeur théorique de près de 7 milliards de dollars, conclue avec le loueur saoudien AviLease.

L'accord, qui prévoit la possibilité de porter le contrat à 22 avions cargo A350F et 55 appareils de la famille A320neo, a été signé devant la presse dès l'ouverture du salon aérospatial international du Bourget, au nord de Paris. Le montant est calculé d'après les prix catalogue de 2018, concept qu'Airbus a abandonné depuis en arguant que les prix de vente réels dépendent des spécificités de chaque contrat, de la version et de la configuration de l'appareil et qu'ils demeurent confidentiels.

 

 


Vision Golfe 2025 : Paris accueille une nouvelle étape dans le partenariat stratégique entre la France et le Golfe

Le quartier d'affaires de La Défense à Paris le 1er juin 2025. (AFP)
Le quartier d'affaires de La Défense à Paris le 1er juin 2025. (AFP)
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  • Vision Golfe réunira à Paris des dirigeants gouvernementaux, des chefs d’entreprise et des décideurs économiques de premier plan venus de France et des pays du
  • Chaque thématique sera abordée à travers des panels, des ateliers B2B et des rencontres stratégiques

PARIS: Les 17 et 18 juin prochains, la troisième édition de Vision Golfe réunira à Paris des dirigeants gouvernementaux, des chefs d’entreprise et des décideurs économiques de premier plan venus de France et des six pays du Conseil de coopération du Golfe (CCG).

Ce forum de haut niveau, désormais incontournable, vise à transformer les visions stratégiques partagées en partenariats concrets, autour du thème : « Des visions audacieuses à l’impact concret : une nouvelle ère de coopération ».

Un programme structuré autour de dix axes stratégiques

Pendant deux jours, Vision Golfe 2025 mettra en lumière dix domaines clés de collaboration : transition énergétique, intelligence artificielle, santé, éducation, agroalimentaire, infrastructures intelligentes, luxe, sport, mobilité et environnement d’investissement.

Chaque thématique sera abordée à travers des panels, des ateliers B2B et des rencontres stratégiques.

Des figures majeures au programme

L’événement accueillera des ministres de haut rang de France et du Golfe, apportant une perspective politique de premier plan sur les grandes orientations bilatérales. Parmi les institutions représentées figurent notamment l’Université d’intelligence artificielle Mohammed ben Zayed  (MBZUAI) à Abou Dhabi et le Abu Dhabi Investment Office (ADIO), tous deux engagés dans la construction de ponts technologiques et économiques entre les deux régions.

Une ambition européenne portée par la France

En tant que première destination des investissements étrangers en Europe en 2024, la France joue un rôle de passerelle vers le marché européen pour les fonds souverains, les investisseurs privés et les start-ups innovantes du Golfe.

Vision Golfe 2025 s’inscrit dans cette dynamique en offrant une plateforme stratégique pour explorer de nouvelles synergies économiques.

Bilan positif et continuité

La précédente édition avait permis la signature d’accords marquants, notamment entre la Saudi Ports Authority (MAWANI) et le Grand Port Maritime de Marseille Fos, ainsi que la création du France Lab au sein de la MBZUAI — véritable symbole de coopération en matière d’intelligence artificielle.

Vers un partenariat durable et multidimensionnel

Dans un contexte de croissance continue des échanges — estimés à 20,9 milliards d’euros entre la France et le CCG en 2024, dont 8,5 milliards avec les Émirats arabes unis et 7,6 milliards avec l’Arabie saoudite — Vision Golfe 2025 ambitionne de consolider un partenariat structuré autour de trois piliers :

  • l’innovation industrielle,
  • les échanges académiques et culturels,
  • les projets d’investissement stratégique.

La session ministérielle « Blueprints for 2030 » et le panel « Innover pour la durabilité » promettent d’ouvrir la voie à des coopérations concrètes et orientées vers des résultats mesurables.

Vision Golfe 2025 s’impose comme un carrefour stratégique, où ambitions partagées et réalisations concrètes convergent pour dessiner l’avenir des relations entre la France et les pays du Golfe.


L'Arabie saoudite ambitieuse en matière d'émissions nettes zéro

L'accord à long terme a été signé entre ENOWA - la filiale de NEOM spécialisée dans l'énergie et l'eau - et la Voluntary Carbon Market Co, une unité du Fonds d'investissement public. (Dossier)
L'accord à long terme a été signé entre ENOWA - la filiale de NEOM spécialisée dans l'énergie et l'eau - et la Voluntary Carbon Market Co, une unité du Fonds d'investissement public. (Dossier)
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  • L'accord à long terme a été signé entre ENOWA - la filiale de NEOM spécialisée dans l'énergie et l'eau - et la Voluntary Carbon Market Co, une unité du Fonds d'investissement public.
  • L'accord contribue également à l'objectif plus large de l'Arabie saoudite de parvenir à des émissions nettes nulles d'ici 2060.

RIYAD : Plus de 30 millions de tonnes de crédits carbone à haute intégrité devraient être délivrés d'ici 2030 dans le cadre d'un accord visant à soutenir les ambitions de l'Arabie saoudite en matière d'émissions nettes zéro.

L'accord à long terme a été signé entre ENOWA - la filiale de NEOM spécialisée dans l'énergie et l'eau - et la Voluntary Carbon Market Co, une unité du Fonds d'investissement public.

Selon l'agence de presse saoudienne, les crédits proviendront de projets d'action climatique mondiaux, principalement dans les pays du Sud, et le premier lot devrait être livré par l'intermédiaire de la plateforme de marché en décembre.

Cet accord est une étape clé dans les efforts du Royaume pour construire un marché volontaire du carbone évolutif, et permettra à ENOWA de compenser ses émissions actuelles tout en développant une infrastructure renouvelable pour alimenter les futurs secteurs et projets de NEOM.

L'accord contribue également à l'objectif plus large de l'Arabie saoudite de parvenir à des émissions nettes nulles d'ici 2060 grâce au développement d'une infrastructure robuste d'échange de carbone axée sur des crédits de haute qualité et un impact significatif sur le climat.

"L'accord à long terme avec ENOWA vise à faciliter la fourniture de plus de 30 millions de tonnes de crédits carbone d'ici à 2030. Il représente une étape clé dans le parcours du Royaume pour stimuler la croissance des marchés volontaires mondiaux du carbone", a déclaré Riham El-Gizy, PDG de la Voluntary Carbon Market Co.

"Alors qu'ENOWA développe un système avancé d'énergie renouvelable et propre pour alimenter les secteurs et les projets de NEOM, cet accord l'aidera à compenser ses émissions actuelles et à jeter les bases d'une infrastructure d'énergie propre à long terme", a-t-elle ajouté.

VCM, qui a été créé en octobre 2022 par le PIF et le Saudi Tadawul Group, est détenu à 80 % par le fonds souverain. Il exploite un écosystème complet qui comprend un fonds d'investissement pour les projets d'atténuation du changement climatique, une plateforme d'échange de crédits carbone et des services de conseil pour soutenir les réductions d'émissions.

Le marché mondial du carbone volontaire devrait connaître une forte expansion, passant d'un montant estimé à 2 milliards de dollars en 2020 à environ 250 milliards de dollars d'ici à 2050.

M. El-Gizy a souligné que l'accord soutenait également les projets climatiques dans les pays du Sud en fournissant des garanties de financement essentielles, aidant ainsi les développeurs à planifier avec plus de certitude.

"Pour parvenir à des émissions nettes nulles au niveau mondial, les projets respectueux du climat qui réduisent ou éliminent le carbone de l'atmosphère ont non seulement besoin de financement, mais aussi d'une crédibilité accrue", a-t-elle déclaré.

Jens Madrian, directeur général par intérim d'ENOWA, a souligné l'importance du partenariat pour les objectifs de durabilité de NEOM.

"ENOWA s'efforce de répondre aux besoins énergétiques de NEOM de manière durable. Au cours des deux dernières années, nous avons acquis des crédits carbone à haute intégrité lors des ventes aux enchères du marché volontaire du carbone, et nous sommes heureux d'être la première entreprise du Royaume à signer un accord à long terme et à grande échelle avec le marché", a-t-il déclaré.

Le VCM a lancé la première plateforme d'échange volontaire de crédits carbone d'Arabie saoudite le 12 novembre 2024. Le système offre des transactions sécurisées, des outils de découverte des prix et un accès aux données des projets de crédits carbone, constituant ainsi l'épine dorsale de l'entrée du Royaume sur le marché mondial.

Intégrée aux registres internationaux, la plateforme prend également en charge l'infrastructure conforme à la charia et comprend des fonctions telles que les enchères, les demandes de cotation et les échanges de gré à gré. Un marché au comptant devrait être lancé en 2025.

ENOWA a déjà participé à des ventes aux enchères de crédits carbone organisées en Arabie saoudite en 2022 et au Kenya en 2023. Ces efforts s'inscrivent dans les objectifs plus larges de NEOM, à savoir la construction d'un modèle urbain durable, la promotion de la diversification économique et l'amélioration de la qualité de vie. 

Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com