Dans la course à la Maison Blanche, des républicains promettent des frappes contre les trafiquants mexicains

Premier débat des primaires présidentielles républicaines au Fiserv Forum à Milwaukee, Wisconsin, le 23 août 2023. (AFP)
Premier débat des primaires présidentielles républicaines au Fiserv Forum à Milwaukee, Wisconsin, le 23 août 2023. (AFP)
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Publié le Lundi 28 août 2023

Dans la course à la Maison Blanche, des républicains promettent des frappes contre les trafiquants mexicains

  • Interrogé sur l'envoi des forces spéciales américaines pour démanteler les laboratoires de drogue au Mexique s'il était élu, M. DeSantis a répondu: "Je le ferai dès le premier jour"
  • Donald Trump, qui n'a pas participé au débat avec les autres candidats, a lui demandé à ses conseillers de préparer des "plans de bataille" militaires à déployer contre les narcotrafiquants mexicains s'il était réélu

WASHINGTON: Plusieurs candidats républicains dans la course à la Maison Blanche en 2024 promettent, s'ils sont élus, d'utiliser l'armée pour des frappes contre les cartels de la drogue au Mexique. Des menaces considérées comme de plus en plus sérieuses, et qui suscitent des inquiétudes des deux côtés de la frontière.

Lors du premier débat entre les candidats du Parti républicain, mercredi, le gouverneur de Floride Ron DeSantis - deuxième dans les sondages loin derrière l'ancien président Donald Trump - a approuvé sans réserve une attaque transfrontalière unilatérale.

Interrogé sur l'envoi des forces spéciales américaines pour démanteler les laboratoires de drogue au Mexique s'il était élu, M. DeSantis a répondu: "Je le ferai dès le premier jour".

Donald Trump, qui n'a pas participé au débat avec les autres candidats, a lui demandé à ses conseillers de préparer des "plans de bataille" militaires à déployer contre les narcotrafiquants mexicains s'il était réélu, selon le magazine Rolling Stone.

Trois autres candidats, Vivek Ramaswamy, Nikki Haley et Tim Scott, sont également favorables à de telles frappes.

En mars, Nikki Haley, seule femme candidate chez les républicains et ancienne ambassadrice des Etats-Unis à l'ONU, avait estimé que les Etats-Unis devraient traiter les trafiquants mexicains de la même manière que les membres du groupe Etat islamique.

«Pure folie»

Pour les experts en politique internationale, ces appels doivent être pris au sérieux. Et constituent une menace dangereuse pour les relations toujours délicates entre Washington et son voisin du sud.

"C'est de la pure folie", a déclaré à l'AFP l'ancien ambassadeur du Mexique aux Etats-Unis, Arturo Sarukhan, aujourd'hui membre du groupe de réflexion Brookings à Washington.

L'idée n'est cependant pas nouvelle. Donald Trump, lorsqu'il était président des Etats-Unis, avait voulu envoyer des missiles sur des laboratoires clandestins au Mexique, mais ses conseillers l'en avaient dissuadé, selon un livre de 2022 de son ministre de la Défense entre 2019 et 2020, Mark Esper.

Mais depuis, la frontière entre le Mexique et les Etats-Unis a vu une explosion du trafic de fentanyl, un opiacé de synthèse qui a fait 110 000 morts aux Etats-Unis l'an dernier.

En outre, souligne Arturo Sarukhan, le président mexicain Andres Manuel Lopez Obrador a réduit la coopération avec les autorités américaines sur le trafic de drogue et l'immigration clandestine.

En conséquence, les républicains réclament contre ces cartels les mêmes frappes de drones et raids nocturnes que ceux utilisés contre les groupes djihadistes en Irak, Syrie ou encore Somalie, où les conséquences diplomatiques restent faibles.

En janvier, les républicains du Congrès ont proposé de donner au président des pouvoirs martiaux exceptionnels afin d'ordonner aux troupes américaines d'agir unilatéralement contre les narcotrafiquants mexicains.

Et en mars, le parti a présenté un texte de loi qui désignerait neuf cartels comme "organisations terroristes étrangères", renforçant la capacité d'un président à faire usage des forces armées contre eux, à l'instar de la politique visant les groupes djihadistes.

«Irresponsable»

Loin d'être seulement une fanfaronnade démagogique, "cette posture comporte des risques réels", écrivait en juillet Brian Finucane, de l'International Crisis Group.

Et notamment une rupture de la coopération entre Mexico et Washington qui pourrait menacer davantage la sécurité des Etats-Unis.

Le président mexicain avait en effet, plus tôt cette année, qualifié l'hypothèse d'une action militaire d'"irresponsable" et de "manque de respect pour notre indépendance et notre souveraineté".

"Nous ne permettrons à aucun gouvernement étranger d'intervenir, encore moins aux forces armées d'un gouvernement étranger", avait-il déclaré.

Pour Arturo Sarukhan, une attaque unilatérale pousserait le Mexique à se montrer encore moins enclin à arrêter le flux de migrants et et le trafic de drogue vers les Etats-Unis.

Le gouvernement mexicain partagerait probablement moins de renseignements dans la lutte contre les terroristes, tandis que des dossiers bilatéraux fondamentaux --comme les accords de partage de l'eau-- seraient compromis, a-t-il déclaré.

"C'est un acte de guerre et une violation du droit international, car le Mexique n'est pas la Somalie", a ajouté l'ancien ambassadeur.


L'Inde cherche à porter la voix du « Sud global » entre le G7 et le Brics

Cette photographie prise et publiée par le Bureau d'information de la presse indienne (PIB) le 6 juin 2025 montre le Premier ministre indien Narendra Modi tenant le drapeau national lors de l'inauguration du pont ferroviaire de Chenab, qui fait partie de la liaison ferroviaire du Cachemire, à Reasi, dans l'État de Jammu-et-Cachemire. (PIB) / AFP)
Cette photographie prise et publiée par le Bureau d'information de la presse indienne (PIB) le 6 juin 2025 montre le Premier ministre indien Narendra Modi tenant le drapeau national lors de l'inauguration du pont ferroviaire de Chenab, qui fait partie de la liaison ferroviaire du Cachemire, à Reasi, dans l'État de Jammu-et-Cachemire. (PIB) / AFP)
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  • L'Inde n'est pas membre du Groupe des Sept (États-Unis, Japon, Allemagne, Royaume-Uni, France, Italie, Canada), mais elle est devenue une habituée de ses sommets, auxquels elle est régulièrement conviée depuis 2019.
  • « Nous contribuons activement à la diplomatie internationale et si cela peut servir de passerelle, c'est un atout pour la diplomatie internationale dans une période de relations difficiles et de tensions accrues », fait valoir M. Jaishankar.

PARIS : Invitée du G7 qui débute dimanche, mais aussi membre fondateur des Brics, l'Inde souhaite porter la voix du « Sud global », se posant en « passerelle » entre les différents acteurs de la scène internationale, affirme son ministre des Affaires étrangères dans un entretien à l'AFP.

L'Inde n'est pas membre du Groupe des Sept (États-Unis, Japon, Allemagne, Royaume-Uni, France, Italie, Canada), mais elle est devenue une habituée de ses sommets, auxquels elle est régulièrement conviée depuis 2019.

« Nous avons été un pays invité depuis plusieurs années et je pense que ça a été bénéfique pour le G7 », déclare à l'AFP Subrahmanyam Jaishankar depuis Paris, où il a clos samedi une visite en France, se félicitant d'avoir « la capacité de travailler avec différents pays sans qu'aucune relation ne soit exclusive ». 

Avec une population en passe de devenir la quatrième économie mondiale, l'Inde est l'un des pays les plus peuplés du globe. Elle siège à la table de nombreuses organisations, avec les Occidentaux au G7 ou au sein du « Quad » (Dialogue quadrilatéral pour la sécurité, avec les États-Unis, le Japon, l'Australie), mais aussi avec la Chine, la Russie et l'Iran au sein des Brics et du Groupe de Coopération de Shangaï.

« Nous contribuons activement à la diplomatie internationale et si cela peut servir de passerelle, c'est un atout pour la diplomatie internationale dans une période de relations difficiles et de tensions accrues », fait valoir M. Jaishankar.

Ancienne colonie britannique, indépendante depuis 1947, l'Inde se pose, avec le Brésil, en héraut du « Sud global », qui réunit « des pays qui ont été victimes de l'ordre mondial ces dernières années, ces derniers siècles ». 

« Dans les pays du Sud, il existe un fort ressentiment face aux inégalités de l'ordre international, une volonté de le changer, et nous en faisons pleinement partie », explique le ministre en poste depuis 2019.

« Aujourd'hui, pour des pays comme les nôtres, il est important de nous exprimer, de mener, de faire sentir notre présence. »

Cette voix passe aussi par les BRICS, devenue « l'une des principales plateformes de rassemblement pour les pays non occidentaux », dont les chefs d'État se réuniront en juillet.

Partisan de « négociations directes » pour résoudre la guerre entre l'Ukraine et la Russie, qui a frappé durement les pays du Sud, M. Jaishankar affiche son scepticisme face aux politiques de sanctions occidentales : « Ça n'a pas vraiment marché jusqu'à présent, non ? » 

Partenaire commercial et allié politique de la Russie, l'Inde pourrait se retrouver exposée en cas de sanctions contre Moscou.

« L'économie mondiale est sous tension. Plus on ajoute des facteurs de tensions, plus les difficultés seront grandes. »

Dans l'ordre mondial actuel, l'Inde doit composer avec la « discontinuité » posée par Donald Trump.

Des négociations en cours sur le sujet ont « bien avancé ».L'Inde doit également chercher « un équilibre » avec la Chine. 

Pékin soutient Islamabad, que New Delhi accuse de soutenir les activités de « terroristes » islamistes sur son sol.

Le 22 avril, une attaque au Cachemire indien a déclenché une confrontation militaire de quatre jours entre les deux pays, la plus grave depuis 1999. Narendra Modi a promis une « riposte ferme » à toute nouvelle attaque « terroriste », renforçant le spectre d'une escalade entre les deux puissances nucléaires.

« En 2008, la ville de Mumbai a été attaquée (plusieurs attentats jihadistes ont fait 166 morts) et nous avons commis l'erreur de ne pas réagir avec fermeté. Nous sommes déterminés à ne pas répéter ces erreurs. Si des terroristes pénètrent en Inde depuis et grâce au soutien d'un pays voisin, nous les poursuivrons et nous les châtierons ».

Mais l'Inde n'a jamais envisagé de recourir à l'arme nucléaire, assure-t-il : « Ces inquiétudes émanaient de personnes mal informées ».

 


Israël appelle les Iraniens à évacuer les zones proches de sites militaires

Des soldats et des membres d'une équipe de recherche et de sauvetage se rassemblent près de voitures endommagées dans la ville de Tamra, dans le nord d'Israël, à la suite d'une attaque à la roquette lancée par l'Iran dans la nuit du 15 juin 2025. (Photo par AHMAD GHARABLI / AFP)
Des soldats et des membres d'une équipe de recherche et de sauvetage se rassemblent près de voitures endommagées dans la ville de Tamra, dans le nord d'Israël, à la suite d'une attaque à la roquette lancée par l'Iran dans la nuit du 15 juin 2025. (Photo par AHMAD GHARABLI / AFP)
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  • L'armée a « demandé à toutes les personnes se trouvant actuellement dans des installations militaires en Iran, ou à proximité, d'évacuer immédiatement les lieux, précisant que leur vie était en danger ».
  • Le communiqué ne précise pas de coordonnées géographiques et n'est accompagné d'aucune carte permettant de localiser ces zones.

JERUSALEM : Le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, a déclaré dimanche dans un communiqué de son bureau avoir ordonné à l'armée israélienne d'émettre des avis d'évacuation à l'intention des habitants de Téhéran vivant à proximité de sites militaires.

Après cet ordre, l'armée israélienne a appelé les Iraniens à évacuer les zones « à proximité d'installations militaires » dans un communiqué publié sur le réseau social X en persan et en arabe.

L'armée a « demandé à toutes les personnes se trouvant actuellement dans des installations militaires en Iran, ou à proximité, d'évacuer immédiatement les lieux, précisant que leur vie était en danger ».

Le communiqué ne précise pas de coordonnées géographiques et n'est accompagné d'aucune carte permettant de localiser ces zones, contrairement aux communiqués de l'armée israélienne adressés aux Palestiniens de la bande de Gaza, où elle est en guerre contre le mouvement islamiste Hamas.

Cette décision fait partie d'un plan « visant à faire pression sur le régime » en créant des déplacements de population, a déclaré à l'AFP une source sécuritaire israélienne.


La Russie s'apprête à construire la première centrale nucléaire du Kazakhstan

Une vue aérienne montre le village d'Ulken (au premier plan) et le site proposé pour la centrale nucléaire près du village d'Ulken, situé sur les rives du lac Balkhash, à environ 400 kilomètres au nord d'Almaty, le 22 septembre 2024. (Photo de Ruslan PRYANIKOV / AFP)
Une vue aérienne montre le village d'Ulken (au premier plan) et le site proposé pour la centrale nucléaire près du village d'Ulken, situé sur les rives du lac Balkhash, à environ 400 kilomètres au nord d'Almaty, le 22 septembre 2024. (Photo de Ruslan PRYANIKOV / AFP)
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  • « Rosatom a été désigné chef de file du consortium international pour la construction de la première centrale nucléaire au Kazakhstan », a indiqué l'agence kazakhe pour l'énergie atomique.
  • Le Kazakhstan, immense ex-république soviétique et allié de Moscou, est le premier producteur mondial d'uranium (43 %) et le troisième fournisseur d'uranium naturel de l'Union européenne.

ALMATY, KAZAKHSTAN : Le géant russe du nucléaire Rosatom sera le principal constructeur de la première centrale nucléaire du Kazakhstan, ont annoncé samedi les autorités de ce pays d'Asie centrale, premier producteur mondial d'uranium, un chantier que convoitaient la France, la Chine et la Corée du Sud.

« Rosatom a été désigné chef de file du consortium international pour la construction de la première centrale nucléaire au Kazakhstan », a indiqué l'agence kazakhe pour l'énergie atomique.

Le Kazakhstan, immense ex-république soviétique et allié de Moscou, est le premier producteur mondial d'uranium (43 %) et le troisième fournisseur d'uranium naturel de l'Union européenne, mais souffre d'un manque cruel d'électricité pour sa consommation intérieure.

L'agence kazakhe dit désormais « étudier la question de l'obtention de financements publics à l'exportation aux dépens de la Fédération de Russie, conformément aux propositions de Rosatom ». 

Rosatom a salué la décision kazakhe dans un communiqué et promis « la construction d'une centrale nucléaire selon le projet le plus avancé et le plus efficace au monde, basé sur des technologies russes ».

« Les réacteurs VVER-1200 de troisième génération combinent des solutions techniques éprouvées avec les systèmes de protection active et passive les plus récents. Ces derniers ont été développés en stricte conformité avec les normes internationales de sécurité », a ajouté la société.

Rosatom (Russie), China National Nuclear Corporation (Chine), EDF (France) et Korea Hydro & Nuclear Power (Corée du Sud) faisaient partie des quatre entreprises pressenties.

L'agence ajoute qu'elle « continuera à travailler avec des partenaires étrangers pour former un consortium international efficace », sans donner plus de précisions. 

Ce projet de consortium international, qui n'a jamais été spécifié, s'inscrit dans la volonté du dirigeant kazakh Kassym-Jomart Tokaïev de maintenir de bonnes relations avec les grandes puissances.

Moscou, puissance historique en Asie centrale, a ainsi remporté cet appel d'offres aux dépens de la Chine, désormais incontournable dans la région. Cette annonce intervient quelques jours avant la venue du président chinois Xi Jinping au Kazakhstan pour un sommet « Asie centrale-Chine ».

La centrale, dont la construction a été validée lors d'un référendum sans surprise à l'automne, doit être bâtie près du village abandonné d'Ulken, dans le sud du pays, sur les bords du lac Balkhach, le deuxième plus grand d'Asie centrale.

En Ouzbékistan voisin, le géant russe Rosatom va construire une petite centrale nucléaire et a proposé au Kirghizistan un projet similaire.