A Paris, les trottinettes en libre-service tirent leur révérence

Un employé charge des trottinettes électriques dans une camionnette à Paris le 23 août 2023.  (Photo ALAIN JOCARD / AFP)
Un employé charge des trottinettes électriques dans une camionnette à Paris le 23 août 2023. (Photo ALAIN JOCARD / AFP)
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Publié le Jeudi 31 août 2023

A Paris, les trottinettes en libre-service tirent leur révérence

  • A partir du 1er septembre, Paris deviendra la première capitale européenne à complètement interdire ces deux-roues en libre-service
  • De nombreux Parisiens sont devenus excédés de les voir zigzaguer entre les piétons, même bridés à 10 km/h dans certaines zones, ou se garer au milieu des trottoirs; de multiples accidents leur ont été attribués

PARIS: Bannies de la capitale française par vote populaire, les trottinettes électriques en libre- service vivent leur dernière journée parisienne jeudi, marquant la fin de cinq ans d'une présence controversée, au grand dam de leurs utilisateurs.

A partir du 1er septembre, Paris deviendra la première capitale européenne à complètement interdire ces deux-roues en libre-service. De nombreux Parisiens sont devenus excédés de les voir zigzaguer entre les piétons, même bridés à 10 km/h dans certaines zones, ou se garer au milieu des trottoirs; de multiples accidents leur ont été attribués.

Les trois opérateurs, Lime, Tier et Dott, perdront leur autorisation d'occupation de l'espace public après une "votation" inédite début avril. Le "non" l'avait emporté à près de 90%, mais seul 7,46% des personnes inscrites sur les listes électorales s'étaient déplacées.

La maire socialiste de Paris Anne Hidalgo avait elle-même fait campagne pour le vote "contre", soulignant que l'éviction de ces trottinettes réduirait "les nuisances".

Depuis août, les 15.000 engins ont donc été progressivement retirés des rues - plus qu'une poignée est disponible jeudi, principalement au centre de Paris - pour être envoyés, après d'éventuelles réparations, dans d'autres villes.

Sur les 5.000 trottinettes de l'allemand Tier, un tiers restera en Ile-de-France, dans 80 communes autour de Marne-la-Vallée ou Saint-Germain-en-Laye. Le reste part essentiellement en Allemagne.

Dott enverra les siennes en Belgique ou à Tel Aviv. Les trottinettes vertes de Lime partiront à Lille, Londres, Copenhague ou encore plusieurs villes allemandes.

"Nous avons tourné la page trottinettes" pour toute l'Ile-de-France, explique à l'AFP Xavier Miraillès, directeur des affaires publiques de Lime, entreprise californienne.

"Ca me rend triste parce que je trouve ça tellement agréable de pouvoir se balader comme ça, de naviguer de droite à gauche sans ce stress d'être en voiture, d'être bloqué", affirme Valérie Rinckel, une usagère du service.

A l'inverse, "je pense que c'est plus sécuritaire qu'on s'arrête là et que finalement on repasse sur du vélo ou que les gens prennent le bus ou les transports en commun", estime Anass Eloula, un autre client.

A Paris, quelque 400.000 personnes ont choisi une trottinette pour se déplacer en 2022, selon les opérateurs.

Alternatives

Les opérateurs misent sur un report de leurs clients vers les vélos, déjà proposés par chacun, ce qui devrait leur permettre d'éviter, au moins dans l'immédiat, des licenciements.

Seul chez Dott, qui ne transférera qu'une dizaine de ses 50 employées trottinettes aux vélos, un plan de sauvegarde de l'emploi (PSE) est en cours de validation.

"C'est une grosse page qui se tourne pour Tier mais on préfère, plutôt que de céder à la nostalgie, regarder devant", explique Clément Pette, responsable des opérations de l'entreprise en France, renvoyant vers les 5.000 vélos encore disponibles.

"Le développement du vélo est en pleine croissance" avec "des perspectives (...) très intéressantes", confirme M. Miraillès, de Lime, qui propose 10.000 vélos.

Mais ce mode de transport risque de ne pas faire l'unanimité.

Pour les touristes, "le vélo est une alternative" mais "ce n'est pas la même chose, c'est plus grand et lourd... c'est pas si agile", déplore Amanda Rollins, influenceuse américaine aux 740.000 abonnés sur TikTok, et grande amatrice des trottinettes.

Certains utilisateurs réguliers pourraient opter pour l'achat ou une offre alternative de location à la journée, demi-journée ou semaine, comme celle annoncée mercredi par le distributeur de motos, scooters et trottinettes électriques Volt.

"C'est pas du tout du libre-service", explique Grégory Coillot, fondateur de l'entreprise, à l'AFP.

La société, qui a lancé l'idée avant le vote parisien, veut proposer "à ceux qui utilisaient au quotidien" les trottinettes en libre-service, et "même aux touristes", d'en louer - "aussi en vue des Jeux olympiques".

"L'arrêt du free-floating va accélérer fortement la demande de location", estime-t-il, désirant s'implanter avec 1.000 à 2.000 trottinettes au total surtout "sur tous les points cruciaux ou il y avait cette demande très importante" en libre-service.


Les députés approuvent la mise en place d'une taxe de deux euros pour les «petits colis»

L'Assemblée nationale a approuvé mercredi la mise en place d'une taxe de deux euros ciblant les "petits colis" d'une valeur inférieure à 150 euros d'origine extra-européenne, qui servira à financer les dispositifs pour contrôler ces produits. (AFP)
L'Assemblée nationale a approuvé mercredi la mise en place d'une taxe de deux euros ciblant les "petits colis" d'une valeur inférieure à 150 euros d'origine extra-européenne, qui servira à financer les dispositifs pour contrôler ces produits. (AFP)
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  • La mesure a suscité de vifs débats, le Rassemblement national dénonçant une "taxe sur la consommation populaire et les classes moyennes"
  • Ces discussions interviennent alors que la plateforme de commerce en ligne d'origine chinoise Shein est sous le feu des critiques, accusée de vendre de nombreux produits non conformes et illicites

PARIS: L'Assemblée nationale a approuvé mercredi la mise en place d'une taxe de deux euros ciblant les "petits colis" d'une valeur inférieure à 150 euros d'origine extra-européenne, qui servira à financer les dispositifs pour contrôler ces produits.

208 députés contre 87 ont approuvé cette mesure proposée par le gouvernement dans le cadre de l'examen en première lecture du budget de l'Etat. Le RN a voté contre, la gauche, la coalition gouvernementale et le groupe ciottiste UDR, allié de Marine Le Pen, pour.

La mesure a suscité de vifs débats, le Rassemblement national dénonçant une "taxe sur la consommation populaire et les classes moyennes", quand la ministre Amélie de Montchalin (Comptes publics) a défendu une "redevance" destinée à contrôler des produits souvent "dangereux".

Ces discussions interviennent alors que la plateforme de commerce en ligne d'origine chinoise Shein est sous le feu des critiques, accusée de vendre de nombreux produits non conformes et illicites.

"Ce n'est pas une taxe pour empêcher la concurrence déloyale chinoise, c'est une taxe sur la consommation populaire et les classes moyennes", a dénoncé le député Jean-Philippe Tanguy (RN).

"Faire croire aux Français qu'en taxant les petits colis, vous arriverez à augmenter de manière spectaculaire le nombre de contrôles, c'est se moquer du monde", a renchéri la présidente du groupe, Marine Le Pen, soulignant que "l'année dernière, 0,125 % de colis ont été vérifiés".

La France insoumise s'est également dite soucieuse des répercussions de la taxe sur les consommateurs, exigeant pour les protéger que les plateformes soient taxées directement et non les colis, et menaçant de voter contre la mesure.

Le gouvernement a déposé un amendement destiné à répondre à cette préoccupation, permettant que la taxe soit payée via "le tuyau de la TVA", qui est "alimenté par les plateformes". Cela a convaincu LFI de soutenir la proposition gouvernementale.

La taxe devrait rapporter environ 500 millions d'euros, destinés selon Mme de Montchalin à financer l'achat de scanners pour contrôler les colis et embaucher des douaniers.

Elle s'est félicitée que la France mette en oeuvre la taxe "dès le 1er janvier", comme la Belgique, les Pays-Bas, le Luxembourg, neuf mois plus tôt que les autres pays de l'UE.

"Ceux qui ce soir ne voteront pas cette taxe (...) n'ont pas choisi la France, ils n'ont pas choisi nos commerçants, ils auront choisi la Chine et sa submersion", a-t-elle tonné.

Elle a par ailleurs rappelé que les ministres des Finances de l'Union européenne se sont accordés la semaine dernière pour supprimer l'exonération de droits de douane dont bénéficient ces petits colis.

Juste avant minuit, les députés ont en revanche supprimé un autre article du projet de loi, visant à fiscaliser l'ensemble des produits à fumer, avec ou sans tabac ou nicotine.

"Nous sommes 700. 000 personnes à avoir réussi à arrêter de fumer grâce à la cigarette électronique", une alternative efficace pour "sauver des vies" qui est "bien moins dangereuse que la cigarette", a argumenté le député Renaissance Pierre Cazeneuve. Parmi elles, de nombreux députés, dont lui-même.


Macron fustige les «bourgeois des centres-villes» qui financent «parfois» le narcotrafic

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  • Emmanuel Macron a également insisté sur "la nécessité d'avoir une approche interministérielle du très local à l'international"
  • La question est au centre du débat public depuis l'assassinat jeudi à Marseille de Mehdi Kessaci, le frère d'un militant engagé contre le narcotrafic

PARIS: Le président Emmanuel Macron a estimé mercredi lors du Conseil des ministres que ce sont "parfois les bourgeois des centres-villes qui financent les narcotrafiquants", selon des propos rapportés par la porte-parole du gouvernement Maud Bregeon lors de son compte-rendu.

Le chef de l'État a appuyé "l'importance d'une politique de prévention et de sensibilisation puisque, je reprends ses mots, +c'est parfois les bourgeois des centres-villes qui financent les narcotrafiquants+", a précisé Maud Bregeon, ajoutant: "on ne peut pas déplorer d'un côté les morts et de l'autre continuer à consommer le soir en rentrant du travail".

Emmanuel Macron a également insisté sur "la nécessité d'avoir une approche interministérielle du très local à l'international". La question est au centre du débat public depuis l'assassinat jeudi à Marseille de Mehdi Kessaci, le frère d'un militant engagé contre le narcotrafic.

 


Amiante dans les écoles: plus de 50 personnes et sept syndicats portent plainte à Marseille

Classée cancérogène, l'amiante présente des risques pour la santé principalement par inhalation, lorsque les poussières pénètrent le système respiratoire. (AFP)
Classée cancérogène, l'amiante présente des risques pour la santé principalement par inhalation, lorsque les poussières pénètrent le système respiratoire. (AFP)
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  • "La grande majorité des établissements scolaires en France, construits avant son interdiction en 1997, présentent encore à ce jour de l’amiante dans de nombreux éléments du bâti", rappelle dans un communiqué l'avocate Julie Andreu
  • Or, la vétusté de certains d'entre eux aggrave l'exposition à l'amiante et selon l'avocate, "les responsables concernés (collectivités locales) n’ont pas pris les mesures qui s’imposent"

MARSEILLE: Ils sont parents d'élèves, enseignants, agents municipaux: une cinquantaine de personnes, toutes exposées à l'amiante dans des écoles des Bouches-du-Rhône, vont déposer mercredi à Marseille une plainte contre X pour "mise en danger délibérée de la vie d'autrui".

Sept syndicats et trois associations de victimes de l'amiante sont aussi plaignants dans ce dossier, qui concerne 12 établissements scolaires, la plupart à Marseille.

"La grande majorité des établissements scolaires en France, construits avant son interdiction en 1997, présentent encore à ce jour de l’amiante dans de nombreux éléments du bâti", rappelle dans un communiqué l'avocate Julie Andreu, qui représente ces plaignants d'une douzaine d'établissements scolaires et dont la plainte va être déposée à 14h.

Or, la vétusté de certains d'entre eux aggrave l'exposition à l'amiante et selon l'avocate, "les responsables concernés (collectivités locales) n’ont pas pris les mesures qui s’imposent".

Classée cancérogène, l'amiante présente des risques pour la santé principalement par inhalation, lorsque les poussières pénètrent le système respiratoire.

"Une collègue est décédée en avril 2024 des suites d’un cancer lié à l’amiante, reconnu comme maladie professionnelle", a expliqué dans un dossier de presse le collectif stop amiante éducation, dans lequel sont réunis les syndicats et associations plaignants.

Le collectif dénonce "de nombreuses défaillances", notamment une absence d'information sur l'amiante, malgré les obligations réglementaires, ou encore une absence de protection pendant les travaux.

En mars, les syndicats enseignants avaient révélé que plus de 80% des bâtiments scolaires en France étaient potentiellement concernés par la présence d'amiante.

Un rapport du Haut Conseil de la Santé Publique publié en 2014, prévoit que d’ici 2050, 50.000 à 75.000 décès par cancer du poumon dus à l’amiante aient lieu, auxquels s’ajoutent jusqu'à 25.000 décès par mésothéliome (un autre type de cancer).