Incendie à Johannesburg: au moins 74 morts dont 12 enfants dans un immeuble

Les autorités ont déclaré que l'incendie avait été en grande partie éteint, mais que de la fumée s'échappait encore des fenêtres du bâtiment noirci dans le centre de Johannesburg. (Reuters)
Les autorités ont déclaré que l'incendie avait été en grande partie éteint, mais que de la fumée s'échappait encore des fenêtres du bâtiment noirci dans le centre de Johannesburg. (Reuters)
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Publié le Vendredi 01 septembre 2023

Incendie à Johannesburg: au moins 74 morts dont 12 enfants dans un immeuble

  • Le sinistre, qualifié d'«immense tragédie» par le président sud-africain Cyril Ramaphosa, se classe parmi les incendies d'immeubles les plus meurtriers sur le globe depuis au moins vingt ans
  • L'origine du sinistre survenu dans le bâtiment de quatre étages appartenant à la municipalité et occupé illégalement n'a pas encore été établie

JOHANNESBURG: Au moins 74 personnes dont 12 enfants ont péri à Johannesburg, pris au piège dans un immeuble délabré du centre de la capitale économique sud-africaine ravagé par un violent incendie dans la nuit de mercredi à jeudi, selon un dernier bilan des autorités.

"Parmi les 74 corps dénombrés (...) nous avons compté 12 enfants", a déclaré jeudi lors d'une conférence de presse Thembalethu Mpahlaza, chef du service médico-légal de la province du Gauteng, qui rassemble Johannesburg et la capitale Pretoria.

Les secours ont retrouvé les corps de 24 femmes et 40 hommes. "Dix autres restent indéterminés car le degré de calcination ne permet pas d'identifier le sexe", a précisé M. Mpahlaza. Un précédent bilan avait fait état de 73 morts et la dépouille d'un enfant de moins de deux ans avait déjà été retrouvée.

Une soixantaine de blessés ont été dirigés vers plusieurs hôpitaux de la région. Les opérations de secours et de recherches étaient sur le point de se terminer dans la soirée.

Le président Cyril Ramaphosa a déploré une "immense tragédie" avec ce sinistre qui se classe parmi les incendies d'immeubles les plus meurtriers au monde au cours des 20 dernières années et dont le bilan dépasse désormais celui de la Grenfell Tower (72 morts) en juin 2017 à Londres.

Se rendant sur place en fin de journée, le chef d'Etat s'est engagé, la mine grave, à s'"attaquer à la question du logement".

Grilles verrouillées

L'origine du sinistre survenu dans le bâtiment de quatre étages appartenant à la municipalité et occupé illégalement n'a pas encore été établie. Un responsable de la ville, Mgcini Tshwaku, a évoqué l'éclairage à la bougie ou autres systèmes d'appoint comme possibles causes.

Opulent quartier d'affaires au temps de l'apartheid, le centre-ville aujourd'hui délaissé de Johannesburg compte de nombreux immeubles abandonnés, souvent tombés aux mains de marchands de sommeil et déconnectés du réseau électrique.

"Nous avons couru pour essayer de trouver une sortie de secours", a dit à l'AFP Kenny Bupe. Le jeune homme de 28 ans raconte avoir dû forcer une grille, fermée à clef, pour échapper aux flammes. "D'autres avaient déjà sauté par les fenêtres parce qu'ils savaient que la porte était verrouillée".

Situé dans un quartier rongé par l'insécurité dans un pays au taux de criminalité parmi les plus élevés de la planète, l'immeuble était équipé de plusieurs grilles de sécurité.

A chaque étage, des portes à barreaux fermées chaque soir à double tour pour éviter l'entrée d'intrus ont empêché les habitants affolés de fuir, selon des témoignages.

Quand l'incendie s'est déclaré au milieu de la nuit, la panique a envahi les couloirs et au petit matin, des corps ont été retrouvés entassés derrière une grille verrouillée.

Des corps partout

Des témoins ont dit aux journalistes avoir vu des bébés jetés par les fenêtres pour tenter de les sauver des flammes: "Il y avait des gens qui attrapaient les bébés et il y avait aussi des matelas préparés pour eux", a décrit Mac Katlego, 25 ans, un voisin.

Sur la façade de l'immeuble noircie par la fumée, des draps et des couvertures sont restés jeudi accrochés aux fenêtres. Les occupants de l'immeuble ont utilisé ce qu'ils avaient sous la main pour tenter de s'échapper.

"Il y avait des corps partout sur le sol" après l'incendie, a décrit Noma Mahlalela, 41 ans, femme de ménage. Dans la matinée, les secouristes ont extrait des corps calcinés de l'immeuble et les ont déposés sur la chaussée, avant de les recouvrir d'un drap ou d'une couverture.

Antonio Guterres, secrétaire général de l'ONU est "profondément attristé" par cet incendie et a proposé que ses équipes "travaillent avec les autorités pour prévenir d'autres incidents de cette nature", a rapporté son porte-parole Stéphane Dujarric.

Le président de la Commission de l'Union africaine, Moussa Faki Mahamat, a déploré sur X (ex-Twitter) un "incendie dévastateur". Le patron de l'OMS Tedros Adhanom Ghebreyesus et le président ukrainien Volodymyr Zelensky ont évoqué une "tragédie".

Selon plusieurs témoignages, de nombreux "étrangers" occupaient l'immeuble.

Economie la plus industrialisée du continent, l'Afrique du Sud attire des millions de migrants, dont beaucoup sans papiers, en provenance d'autres pays africains.

En 2019, la police avait perquisitionné le bâtiment et arrêté 140 ressortissants étrangers, selon la ville.


Tanzanie : la présidente investie malgré les violences électorales

Lors de son investiture, elle a regretté "les actes de violence qui ont entraîné des pertes de vies humaines", reconnaissant pour la première fois des décès, sans donner de bilan. (AFP)
Lors de son investiture, elle a regretté "les actes de violence qui ont entraîné des pertes de vies humaines", reconnaissant pour la première fois des décès, sans donner de bilan. (AFP)
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  • Mme Hassan, 65 ans, avait été promue à la tête de la Tanzanie à la mort de John Magufuli en 2021
  • Saluée au début pour avoir assoupli les restrictions instaurées par son prédécesseur, elle a été accusée ensuite de réprimer ses détracteurs, notamment en amont du scrutin

NAIROBIE: Samia Suluhu Hassan a été investie lundi présidente de la Tanzanie, où l'internet reste coupé depuis les manifestations réprimées dans le sang contre son élection, l'opposition évoquant au moins 800 morts.

Mme Hassan, 65 ans, avait été promue à la tête de la Tanzanie à la mort de John Magufuli en 2021. Saluée au début pour avoir assoupli les restrictions instaurées par son prédécesseur, elle a été accusée ensuite de réprimer ses détracteurs, notamment en amont du scrutin.

"Moi, Samia Suluhu Hassan, jure que je remplirai mes fonctions de présidente de la République (...) avec diligence et un cœur sincère", a-t-elle affirmé. La cheffe de l'Etat, qui portait un voile rouge et un long vêtement noir, a également prôné dans un discours "l'unité et la solidarité".

Lors de son investiture, elle a regretté "les actes de violence qui ont entraîné des pertes de vies humaines", reconnaissant pour la première fois des décès, sans donner de bilan.

La cérémonie, qui n'était pas ouverte au public, contrairement aux précédentes, s'est tenue dans un espace ressemblant à un terrain de parade militaire de la capitale Dodoma, où quelques podiums dressés ne réussissaient pas à masquer un grand vide.

Des chanteurs et chanteuses se sont succédé, avant l'arrivée de la présidente, pour chanter les louanges de "Mama Samia", son surnom parmi ses soutiens, devant un parterre de dignitaires et de militaires. Parmi les invités étaient notamment présents les présidents de la Zambie, de la Somalie et du Burundi.

Mme Hassan a, selon la commission électorale, obtenu 97,66% des suffrages. L'élection a été qualifiée de "parodie de démocratie" par l'opposition, les deux principaux opposants ayant été soit emprisonné, soit disqualifié.

L'opposition a également dénoncé d'importantes tricheries le jour de l'élection, mais aussi sur le taux de participation de 87% selon la commission électorale.

Le scrutin a surtout été marqué par un fort niveau de violence, des manifestations anti-régime ayant été réprimées dans le sang et la Tanzanie mise sous cloche: l'internet reste coupé depuis mercredi, ce qui ralentit considérablement la sortie d'informations.

Cadavres 

De premières photos et vidéos de cadavres, parfois empilés les uns sur les autres, mais aussi d'hommes en uniforme usant de leur arme à feu, commencent à apparaître sur les réseaux sociaux.

Le service de fact-checking de l'AFP a pu vérifier que certaines d'entre elles n'avaient jamais été postées auparavant. Plusieurs éléments montrent qu'elles ont été prises en Tanzanie.

Un porte-parole du principal parti d'opposition, Chadema, a estimé vendredi qu'au moins 700 manifestants hostiles au régime ont été tués en Tanzanie en trois jours. Un chiffre estimé crédible par une source sécurité, qui a alors mentionné "des centaines de morts".

Le samedi, ce porte-parole, John Kitoka, a ensuite fait état d'au moins 800 tués.

Des informations crédibles corroborent l'idée que des centaines, et peut-être même des milliers de personnes ont été tuées lors des violences électorales, a de son côté estimé une source diplomatique interrogée par l'AFP.

D'après des "rapports préoccupants", la police utilise également le blocage d'internet pour "traquer les membres de l'opposition et les manifestants qui pourraient avoir des vidéos" de ses atrocités, a poursuivi cette source.

La Mission d'observation électorale de la Communauté de développement de l'Afrique australe (SADC), dont la Tanzanie fait partie, a pointé lundi dans un rapport préliminaire "un faible nombre d'électeurs dans tous les bureaux de vote" où ses observateurs se trouvaient, avec parfois "plus de policiers que de votants", des irrégularités et des incidents violents "au cours desquels des membres de la police ont fait usage d'armes à feu".

Les écoles restent fermées lundi et les transports publics à l'arrêt. La capitale économique Dar es Salaam et les principales villes du pays ont retrouvé un peu de calme depuis le week-end.

Dimanche, le pape Léon XIV a indiqué prier "pour la Tanzanie" et évoqué les "nombreuses victimes" des affrontements ayant éclaté après les élections.

L'élection présidentielle était couplée avec les législatives.

Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a réclamé vendredi une "enquête minutieuse et impartiale sur les accusations d'utilisation excessive de la force".


Islamabad assure que le cessez-le-feu avec l'Afghanistan «tient»

Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
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  • "Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu"
  • Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite

ISLAMABAD: Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères.

"Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu", a assuré Tahir Andrabi, porte-parole de ce ministère. Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite.

 


Soudan: le Conseil de sécurité de l'ONU condamne «l'assaut» des paramilitaires sur El-Facher

Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
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  • Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher"
  • El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir"

NATIONS-UNIES: Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils".

Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher", dont les paramilitaires des Forces de soutien rapide viennent de prendre le contrôle, et condamne les "atrocités qu'auraient commises les FSR contre la population civile, y compris exécutions sommaires et détentions arbitraires".

El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir, avec des informations crédibles d'exécutions de masse" après l'entrée des paramilitaires, a dénoncé devant le Conseil de sécurité le chef des opérations humanitaires de l'ONU, Tom Fletcher.

"Nous ne pouvons pas entendre les cris, mais pendant que nous sommes assis ici, l'horreur se poursuit. Des femmes et des filles sont violées, des gens mutilés et tués, en toute impunité", a-t-il ajouté.

Mais "la tuerie n'est pas limitée au Darfour", a-t-il alerté, s'inquiétant notamment de la situation dans le Kordofan voisin.

"Des combats féroces au Kordofan-Nord provoquent de nouvelles vagues de déplacement et menacent la réponse humanitaire, y compris autour de la capitale El-Obeid".

Des informations font état "d'atrocités à large échelle commises par les Forces de soutien rapide à Bara, dans le Kordofan-Nord, après la récente prise de la ville", a également dénoncé Martha Ama Akyaa Pobee, sous-secrétaire générale de l'ONU chargée de l'Afrique.

"Cela inclut des représailles contre des soi-disant collaborateurs, souvent ethniquement motivées", a-t-elle déploré.

"Au moins 50 civils ont été tués ces derniers jours à Bara, à cause des combats et par des exécutions sommaires. Cela inclut l'exécution sommaire de cinq bénévoles du Croissant rouge", a-t-elle indiqué.

Le Kordofan "est probablement le prochain théâtre d'opérations militaires pour les belligérants", a-t-elle mis en garde.

"Des attaques de drones de la part des deux parties touchent de nouveaux territoires et de nouvelles cibles. Cela inclut le Nil Bleu, Khartoum, Sennar, le Kordofan-Sud et le Darfour-Ouest, ce qui laisse penser que la portée territoriale du conflit s'élargit", a ajouté la responsable onusienne.

Décrivant la situation "chaotique" à El-Facher où "personne n'est à l'abri", elle a d'autre part noté qu'il était difficile d'y estimer le nombre de victimes.

La guerre au Soudan a fait des dizaines de milliers de morts, des millions de déplacés et provoqué la pire crise humanitaire actuelle, selon l'ONU.

Elle a été déclenchée en avril 2023 par une lutte de pouvoir entre deux anciens alliés: le général Abdel Fattah al-Burhane, commandant de l'armée et dirigeant de facto du Soudan depuis le coup d'Etat de 2021, et le général Mohamed Daglo, à la tête des FSR.