Crise de l'eau à Mayotte «inacceptable»: le gouvernement annonce son plan

Cette photographie prise le 27 mai 2023 montre des déchets le long d'un cours d'eau menant à une plage dans un quartier proche du bidonville du quartier «Talus 2» à Koungou après sa démolition sur l'île française de Mayotte dans l'océan Indien. (Photo Philippe LOPEZ / AFP)
Cette photographie prise le 27 mai 2023 montre des déchets le long d'un cours d'eau menant à une plage dans un quartier proche du bidonville du quartier «Talus 2» à Koungou après sa démolition sur l'île française de Mayotte dans l'océan Indien. (Photo Philippe LOPEZ / AFP)
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Publié le Samedi 02 septembre 2023

Crise de l'eau à Mayotte «inacceptable»: le gouvernement annonce son plan

  • Mayotte, département le plus pauvre de France, est soumis à sa plus importante sécheresse depuis 1997, alors que son approvisionnement dépend essentiellement des eaux pluviales
  • Depuis plusieurs mois, l'eau est distribuée au compte-goutte aux habitants, 300 000 personnes selon l'Insee, sans compter les personnes sans papiers

COMBANI: Le ministre chargé des Outre-mer Philippe Vigier, en visite samedi à Mayotte, a présenté le plan du gouvernement pour éviter une crise sanitaire dans l'archipel où l'eau est sévèrement rationnée, annonçant des distributions de bouteilles, le déploiement de citernes ainsi que des aides aux entreprises.

Depuis le tarmac où il venait d’atterrir en avion militaire pour une visite express, le nouveau ministre a assuré qu'il y avait eu "des décisions importantes prises hier (vendredi) à Paris, au plus haut niveau, par le président de la République, la Première ministre, en liaison avec Gérald Darmanin, ministre de l'Intérieur et également des Outre-mer, de façon à ce qu'on puisse avoir un véritable plan Marshall pour Mayotte".

M. Vigier a fait l'aller-retour dans la journée dans l'archipel de l'océan Indien - depuis la Réunion où il venait de passer trois jours - pour montrer que le gouvernement a pris la mesure que "la situation que vivent les Mahoraises et les Mahoraises en matière d'eau était inacceptable".

Mayotte, département le plus pauvre de France, est soumis à sa plus importante sécheresse depuis 1997, alors que son approvisionnement dépend essentiellement des eaux pluviales. Depuis plusieurs mois, l'eau est distribuée au compte-goutte aux habitants, 300 000 personnes selon l'Insee, sans compter les personnes sans papiers.

Pour ménager les ressources restantes avant la prochaine saison des pluies qui n'arrivera pas avant novembre, les autorités ne donnent plus accès à l'eau potable qu'un jour sur trois à partir de lundi prochain, 4 septembre.

Quinze citernes

"Toutes les personnes qui sont vulnérables, notamment les femmes enceintes, les enfants, bénéficieront chaque jour d'une distribution d'eau, de deux litres par personne. Il y a déjà 30 000 personnes qui ont été identifiées", a déclaré M. Vigier, ajoutant par la suite que les personnes handicapées et en longue maladie bénéficieraient également de ces distributions gratuites.

Quinze citernes seront dans les jours qui viennent réparties sur le territoire et remplies grâce à une "station de traitement de l'eau" pour qu'il y ait "zéro risque sanitaire", pour un budget de 2,5 millions d'euros, a indiqué le ministre. "De plus, 200 rampes d'eau vont être déployées sur le territoire", a ajouté M. Vigier.

"Il ne faut pas que cette crise de l’eau se transforme en crise sanitaire", a averti le 28 août Olivier Brahic, directeur général de l'agence régionale de santé (ARS), alors que des soignants alertent sur le nombre de patients présentant des troubles digestifs ou de cas de déshydratation. Pour consommer l'eau du robinet, l'ARS recommande de la faire bouillir car des bactéries peuvent s'infiltrer dans les canalisations lors des coupures.

Egalement affectées par ce manque d'eau, les entreprises bénéficieront d'une aide afin de compenser leurs coûts fixes, mise en œuvre par la direction des finances publiques de Mayotte, selon le cabinet du ministre.

"Ça, c'est l'urgence", a expliqué M. Vigier, avant de rappeler les travaux en cours, "un travail considérable à faire sur les fuites, sur l'interconnexion" entre le nord et le sud de Mayotte moins riche en eau, d'ici la fin octobre pour augmenter la ressource à moyen terme.

Au bord de l'océan Indien, le ministre a effectué une visite à Sada (littoral centre ouest), sur le site où doit être installé un osmoseur pour traiter l'eau de mer. Il s'est également rendu sur un chantier de forage exploratoire à Coconi, et près de la retenue collinaire (réserve artificielle d'eau) quasiment vide de Combani, pour s'informer sur la production future en eau et les difficultés éventuelles à aplanir.

"Les services de l'Etat vont vous aider à analyser les offres", a-t-il assuré au directeur général des services de la Mahoraise des eaux, Ibrahim Aboubacar, qui doit recevoir d'ici novembre les offres des entreprises pour aménager le site de l'osmoseur de Sada.

La distribution de bouteilles d'eau est une "bonne chose" a assuré le député (LR) Mansour Kamardine, demandant néanmoins que "tous ceux qui sont au RSA (revenu de solidarité active) puissent avoir accès à cette distribution". Le député regrette cependant qu'il ait "fallu la crise pour qu'on ait des investissements" sur les infrastructures d'eau mahoraises.


Lecornu annule ses rencontres avec CGT et CFDT pour se «consacrer» au budget de la Sécu

Le Premier ministre Sébastien Lecornu a annulé ses rencontres avec les syndicats CGT et CFDT prévus jeudi afin de "consacrer sa journée aux débats parlementaires" sur le budget de la Sécurité sociale, dont l'adoption est de plus en plus hypothétique. (AFP)
Le Premier ministre Sébastien Lecornu a annulé ses rencontres avec les syndicats CGT et CFDT prévus jeudi afin de "consacrer sa journée aux débats parlementaires" sur le budget de la Sécurité sociale, dont l'adoption est de plus en plus hypothétique. (AFP)
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  • Sébastien Lecornu avait annoncé le 24 novembre un nouveau "changement de méthode" pour parvenir à l'adoption d'un budget avant la fin de l'année
  • A cette fin, il devait recevoir l'ensemble des formations politiques, ainsi que les partenaires sociaux pour discuter de cinq thèmes vus comme des "priorités (...) absolues"

PARIS: Le Premier ministre Sébastien Lecornu a annulé ses rencontres avec les syndicats CGT et CFDT prévus jeudi afin de "consacrer sa journée aux débats parlementaires" sur le budget de la Sécurité sociale, dont l'adoption est de plus en plus hypothétique.

"En l'état des discussions, le Premier ministre souhaite consacrer entièrement sa journée aux débats parlementaires sur le projet de loi de finances pour la Sécurité sociale", a expliqué son entourage.

"Pour cette raison, les consultations avec les syndicats CGT et CFDT ainsi que le déjeuner avec les parlementaires sur l'énergie seront reportés", a-t-on précisé.

Sébastien Lecornu avait annoncé le 24 novembre un nouveau "changement de méthode" pour parvenir à l'adoption d'un budget avant la fin de l'année.

A cette fin, il devait recevoir l'ensemble des formations politiques, ainsi que les partenaires sociaux pour discuter de cinq thèmes vus comme des "priorités (...) absolues" : le déficit, la réforme de l’État, l'énergie, l'agriculture ainsi que la sécurité intérieure et extérieure, avec débats et votes possibles à la clé.

Les partis présents au gouvernement (centre et LR), le PS, les Écologistes, le PCF et le RN ont été reçus, ainsi que les représentants du Medef.

La rencontre avec Force ouvrière prévue mercredi avait déjà été reportée.

La discussion sur le budget de la Sécu devait se poursuivre jeudi mais son éventuelle adoption le 9 décembre reste très hypothétique dans la mesure où les groupes Horizons et LR menacent de voter contre ou de s'abstenir.


Un homme tué par balles près de Grenoble

Un homme non identifié et porteur de deux impacts de balles a été retrouvé mort dans la nuit de mardi à mercredi à Echirolles, en périphérie de Grenoble, a indiqué la police. (AFP)
Un homme non identifié et porteur de deux impacts de balles a été retrouvé mort dans la nuit de mardi à mercredi à Echirolles, en périphérie de Grenoble, a indiqué la police. (AFP)
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  • L'homme a été retrouvé par une passante, vers 02H00, gisant inanimé au sol dans une mare de sang
  • La Division de la criminalité organisée et spécialisée (DCOS, ex-PJ) a été saisie de l'enquête

GRENOBLE: Un homme non identifié et porteur de deux impacts de balles a été retrouvé mort dans la nuit de mardi à mercredi à Echirolles, en périphérie de Grenoble, a indiqué la police.

L'homme a été retrouvé par une passante, vers 02H00, gisant inanimé au sol dans une mare de sang, la mâchoire brisée, avec une trottinette à ses pieds. En arrêt cardio-respiratoire, il a été déclaré décédé sur place par le SAMU.

Deux impacts de balles dans son dos et dans sa mâchoire ont été relevés par la suite par le médecin légiste, selon même la source.

La Division de la criminalité organisée et spécialisée (DCOS, ex-PJ) a été saisie de l'enquête.


«Mieux vaut être un homme en politique»: quand les députés testent le programme Evars

En plein débat budgétaire, les associations veulent convaincre les élus de débloquer des moyens pour ces séances, qu'elles évaluent à 620 millions d’euros par an. (AFP)
En plein débat budgétaire, les associations veulent convaincre les élus de débloquer des moyens pour ces séances, qu'elles évaluent à 620 millions d’euros par an. (AFP)
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  • Prévu dans la loi depuis 2001 et doté d'un contenu depuis la rentrée, le programme d'Education à la vie affective, relationnelle et sexuelle (Evars) aborde, de façon adaptée à chaque âge, la santé reproductive, la prévention, l’égalité filles-garçons
  • A l'Assemblée, une petite vingtaine de députés, sur 577, ont répondu mardi après-midi à l'invitation de Marie-Charlotte Garin (écologiste), Véronique Riotton (EPR) et le Collectif pour une véritable éducation à la sexualité

PARIS: "Mieux vaut être un homme, en politique, qu’une femme". Comme des collégiens ou des lycéens, des députés ont suivi une séance d'Evars, un programme proposé aux élèves pour notamment remettre en cause les stéréotypes sexistes.

Prévu dans la loi depuis 2001 et doté d'un contenu depuis la rentrée, le programme d'Education à la vie affective, relationnelle et sexuelle (Evars) aborde, de façon adaptée à chaque âge, la santé reproductive, la prévention, l’égalité filles-garçons, la lutte contre les violences sexistes et sexuelles, ainsi que les questions d’orientation et d’identité sexuelles.

A l'Assemblée, une petite vingtaine de députés, sur 577, - principalement de la gauche au centre-droit - ont répondu mardi après-midi à l'invitation de Marie-Charlotte Garin (écologiste), Véronique Riotton (EPR) et le Collectif pour une véritable éducation à la sexualité (Planning familial, Sidaction, Fédération des centres d' information sur les droits des femmes et des familles...) qui milite depuis 2023 pour la généralisation de ces séances.

"Nous voulons faire de la pédagogie auprès des députés pour qu’ils deviennent nos ambassadeurs dans les territoires", explique Marie-Charlotte Garin, en signalant que les députés reçoivent des courriers de parents opposés au programme, notamment de l'association Parents vigilants.

"Nous voulons faire vivre ces séances aux députés pour leur donner des arguments, il y a beaucoup de fantasmes autour de ce programme", observe Mme Riotton, présidente de la Délégation aux droits des femmes.

"On galère" 

Après une première partie sur des sujets à destination des CP (vocabulaire des parties intimes, prévention des violences sexuelles), le Planning familial propose ensuite aux élus de tester "la rivière du doute", outil utilisé cette fois au collège pour réfléchir aux stéréotypes sexistes.

"Je vais vous dire une affirmation et ceux qui sont d'accord se placent à gauche, ceux qui sont contre à droite: +Il vaut mieux être un homme en politique qu’une femme+, lance sa présidente Sarah Durocher.

Chez les députés présents, six sont d'accord. Et comme en classe, le dialogue s’engage.

"Je dis oui, mais c’est ce qu’il faut changer", commence Jean-Francois Rousset (EPR).

"C'est plus difficile d'être une femme, on galère, c'est difficile de se faire entendre", confirme Soumya Bourouaha (GDR). "Il y a beaucoup à changer et ça ne viendra pas des hommes" , renchérit une autre élue.

Second stéréotype: "Les hommes savent naturellement prendre la parole en public. D'accord ou pas?"

"Qu'ils soient compétents ou pas, la réalité montre qu’ils osent plus", remarque Anne-Cécile Violland (Horizons). "Tout à l'heure, j’ai pris spontanément la parole et je ne m’en suis même pas aperçu", constate Jean-Francois Rousset.

 "Sujet politique" 

"Nous voulons que ce programme devienne un sujet politique, dont s'emparent les députés. Il permet d'éviter les LGBTphobies, les féminicides, les maladies sexuellement transmissibles, c'est bénéfique pour les individus et collectivement", plaide Sarah Durocher.

En plein débat budgétaire, les associations veulent convaincre les élus de débloquer des moyens pour ces séances, qu'elles évaluent à 620 millions d’euros par an.

Depuis 2001, la loi impose trois séances annuelles d’information et d’éducation à la sexualité dans les écoles, collèges et lycées, mais elles n’ont jamais été généralisées.

Saisi par le Planning familial, Sidaction et SOS Homophobie, le tribunal administratif de Paris a reconnu mardi que l’État avait manqué à ses obligations, en tardant jusqu'en février dernier pour adopter le programme Evars. Dans son jugement, il écarte les arguments avancés par le ministère de l'Education qui avait fait valoir "la sensibilité du sujet et les controverses qu'il suscite" pour expliquer ce retard.

Les trois associations demandent "la reconnaissance" du "rôle central des associations" dans sa mise en œuvre". "Nous avons formé 150.000 jeunes dans 3.600 établissements, mais nous avons refusé autant de demandes faute de moyens", explique la présidente du Planning.

Pour Sandrine Josso (Horizons), "les députés devraient aussi suivre une formation sur les violences sexistes et sexuelles. Il en existe une depuis 2022 et personne n’y va".