Comment le magnat arabe Mohammed al-Fayed a bâti un empire commercial et a défié l'establishment britannique

Alors que le combat d'Al-Fayed contre le Parti conservateur oscillait entre victoire et défaite, il a soutenu son empire en achetant le Fulham Football Club en 1997, le faisant passer de l'obscurité à un membre constant de la Premier League (Photo, AFP).
Alors que le combat d'Al-Fayed contre le Parti conservateur oscillait entre victoire et défaite, il a soutenu son empire en achetant le Fulham Football Club en 1997, le faisant passer de l'obscurité à un membre constant de la Premier League (Photo, AFP).
Mohammed al-Fayed fait un geste alors qu'il quitte l'ouverture de l'enquête britannique sur la mort de la princesse Diana en 1997, à Londres, le 6 janvier 2004 (Photo, Reuters).
Mohammed al-Fayed fait un geste alors qu'il quitte l'ouverture de l'enquête britannique sur la mort de la princesse Diana en 1997, à Londres, le 6 janvier 2004 (Photo, Reuters).
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Publié le Dimanche 03 septembre 2023

Comment le magnat arabe Mohammed al-Fayed a bâti un empire commercial et a défié l'establishment britannique

  • L'homme d'affaires d'origine égyptienne a commencé sa vie comme porteur à Alexandrie et est mort comme l'un des hommes les plus riches du monde arabe
  • Son acquisition de propriétés de prestige a été suivie de conflits avec les institutions britanniques et même avec la famille royale britannique

LE CAIRE : Le décès de l'homme d'affaires d'origine égyptienne Mohammed al-Fayed à l'âge de 94 ans a mis un terme à une remarquable saga faite de succès, de revers, de tragédies et de redressements.

Pour les personnes d'une certaine génération, qui se souviennent des événements des années 1980, 1990 et du début des années 2000, sa mort au Royaume-Uni mercredi a véritablement marqué la fin d'une époque.

Dans une interview accordée au New York Times en 1995, Al-Fayed a fait part de son étonnement quant à la façon dont les Britanniques le percevaient.

«Ils ont tendance à considérer toute personne originaire d'une ancienne colonie comme l'Égypte comme insignifiante», a-t-il déclaré. «Mais lorsque vous prouvez vos capacités et réalisez de grandes choses, vous devenez le sujet de conversation de la ville. Ils se demandent comment quelqu'un comme moi, un simple Égyptien, a pu accomplir cela.»

Cette déclaration résume une grande partie de la vie d'Al-Fayed, qui a notamment amassé une fortune et s'est finalement heurté à la famille royale britannique.

EN BREF

Mohammed al-Fayed a commencé à amasser sa fortune après avoir quitté l'Égypte pour s'installer au Royaume-Uni dans les années 1970.

L’Empire commercial d’Al-Fayed englobe des secteurs tels que le transport maritime, l'immobilier, les banques, le pétrole, le commerce de détail et la construction.

Sa notoriété s'est accrue lorsqu'il a racheté avec son frère l'hôtel Ritz Paris en 1979.

Il a racheté le grand magasin Harrods à Londres en 1985, après une longue bataille de rachat.

Il a réalisé d'importants investissements dans Harrods et a ouvert d'autres magasins sous la marque Harrods avant de la vendre en 2010 au fonds souverain du Qatar.

Il a racheté le Fulham F.C. en 1997. Sous sa direction, le club est monté en première division anglaise, et a également atteint la finale de la Ligue européenne.

Le Fulham F.C. a été vendu en 2013 à l'homme d'affaires Chahid Khan.

Sa fortune a atteint 2 milliards de dollars (1 dollar = 0,93 euro), ce qui place Al-Fayed à la 12e place de la liste Forbes 2023 des Arabes les plus riches. Sa fortune au niveau mondiale le place au 1 516e rang.

Les exploits commerciaux d'Al-Fayed n'ont certainement pas été faciles à réaliser. Il a forgé cet empire à force de détermination, aidé par sa personnalité complexe.

Il a commencé sa vie dans la ville animée d'Alexandrie comme porteur de sacs et vendeur de boissons non alcoolisées et, plus tard, de machines à coudre, avant de devenir l'un des milliardaires les plus connus au monde dans les années 1990.

Après ces débuts modestes, il n'a jamais refusé une occasion, à condition qu'elle le conduise au succès et à une plus grande indépendance financière.

Sa personnalité ambitieuse lui a permis de nouer des liens avec l'écrivaine Samira Khachoggi, sœur du milliardaire Adnan Khachoggi, avec qui il a fini par se marier. Son mariage lui a ouvert les portes des États du Golfe et de la haute société britannique.

Al-Fayed a continué à accumuler des richesses de manière indépendante, en commençant par de petites entreprises qui ont ouvert la voie à des contrats lucratifs avec de nombreuses personnes fortunées.

Il est devenu millionnaire dans les années 1960 à la suite de rencontres avec le dirigeant haïtien Doc Duvalier et est devenu conseiller financier du sultan de Brunei, devenant ainsi l'un des hommes d'affaires les plus renommés au monde.

EN BREF

Nom : Mohammed al-Fayed

Date de naissance : le 27 janvier 1929

Lieu de naissance : Alexandrie, Égypte

Domicile : Grande-Bretagne, depuis les années 1970.

Épouse : Samira Khachoggi, Heini Wathen

Principales acquisitions : Hôtel Ritz Paris ; le groupe de grands magasins britanniques House of Fraser, notamment le grand magasin Harrods ; Fulham F.C. (1997)   

Le défunt souverain de Dubaï, le cheikh Rachid al-Maktoum, a autorisé Al-Fayed à contribuer au développement de l'émirat. L'homme d'affaires réagit en engageant des entreprises britanniques pour lancer des projets de construction qui préfigurent la modernisation de Dubaï.

La richesse et le statut d'Al-Fayed lui ont permis d'obtenir la résidence complète en Grande-Bretagne en 1974. Il a ajouté «Al» à son nom, devenant ainsi «Mohammed al-Fayed» au lieu de simplement Mohammed Fayed. Le magazine satirique Private Eye le surnomme alors «le faux pharaon».

Ce faisant, il a marqué le début de ses relations tendues avec la Grande-Bretagne, ce qui était peut-être prédestiné.

Al-Fayed et son frère ont acquis l'hôtel Ritz à Paris en 1979. En 1985, ils ont acheté le grand magasin haut de gamme Harrods à Londres pour 615 millions de livres sterling (1 livre sterling = 1,17 euro), à la suite d'une longue bataille juridique avec l'homme d'affaires britannique Roland Rowland. Ce dernier a ensuite ouvert d'autres magasins sous la marque Harrods.

Ces acquisitions historiques se sont heurtées à des obstacles et à des réticences. Une enquête gouvernementale sur le rachat du groupe de magasins House of Fraser, en particulier Harrods, publiée officiellement en 1990, a révélé qu'Al-Fayed et son frère avaient été malhonnêtes au sujet de leur richesse et de leurs origines. Les deux hommes ont qualifié ces allégations d'injustes, mais cinq ans plus tard, la première demande de citoyenneté britannique d'Al-Fayed a été rejetée.

«Pourquoi ne m'accordent-ils pas un passeport britannique ? Je possède Harrods et j'emploie des milliers de personnes dans ce pays», a-t-il protesté.

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Sur cette photo du 13 novembre 1996, le propriétaire du grand magasin Harrods, Mohammed al-Fayed, montre une carte en forme de passeport surdimensionné lors d'une conférence de presse à Londres après que lui et son frère Ali ont gagné une bataille judiciaire contre le refus du gouvernement britannique de leur accorder la citoyenneté (Photo, Reuters).

Sans se laisser décourager, Al-Fayed a décidé d'intensifier sa lutte pour la citoyenneté en accusant deux ministres conservateurs, Neil Hamilton et Tim Smith, d'avoir accepté de l'argent de sa part en échange de la défense de ses intérêts à la Chambre des communes.

En conséquence, les deux politiciens ont été contraints de démissionner de leurs fonctions gouvernementales, un sort qui attendait également Jonathan Aitken, alors ministre d'État chargé des marchés publics de la défense, après qu'Al-Fayed eut révélé qu'il avait séjourné gratuitement à l'hôtel Ritz de Paris en même temps qu'un groupe de trafiquants d'armes. La chute d'Aitken a été importante puisqu'il a été emprisonné pour parjure.

En 1997, Al-Fayed a acquis le club de football anglais Fulham. Sous sa direction, Fulham est monté en première division anglaise et a atteint la finale de la Ligue européenne. Il a vendu le club en 2013 à un autre homme d'affaires, Chahid Khan, pour un montant estimé à 300 millions de dollars.

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L'histoire de Fulham ne peut être racontée sans un chapitre sur l'impact positif de Mohammed al-Fayed en tant que président, déclare Chahid Khan, l'actuel propriétaire du Fulham Football Club (Photo, AFP).

À cette époque, Al-Fayed se bat surtout avec le parti politique britannique au pouvoir plutôt qu'avec la famille royale. Ses relations avec cette dernière étaient principalement basées sur des intérêts mutuels, tels que le parrainage de courses de chevaux.

La relation de son fils Imad, plus connu sous le nom de «Dodi», avec la princesse Diana, épouse du prince Charles, l'actuel roi, allait changer radicalement la donne. Cette relation allait changer le cours de la vie d'Al-Fayed et de sa famille.

En 1997, Diana et Dodi ont été tués lorsque leur voiture a heurté une colonne de béton dans le tunnel de l'Alma à Paris. Les rapports criminels ont confirmé que le conducteur était en état d'ébriété au moment de l'accident.

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Le président de Harrods, Mohammed al-Fayed (à droite), dévoile un mémorial (à gauche) dédié à son fils Dodi et à Diana, princesse de Galles, à Harrods, à Londres, le 1er septembre 2005 (Photo, Reuters).

En plus de ses divergences croissantes avec la famille royale, Al-Fayed a parcouru l'Europe en insistant sur le fait que l'élite dirigeante britannique était responsable de la mort de son fils et de Diana. Bien qu'il n'ait pas directement accusé qui que ce soit, ces accusations lui ont coûté cher.

Harrods a perdu le privilège royal que lui accordait le prince Philip, et les relations commerciales du palais de Buckingham avec le prince et le célèbre grand magasin se sont dégradées. En réponse, Al-Fayed a révoqué tous les privilèges restants pour la famille royale.

Après s'être réinstallé en Suisse en 2002, Al-Fayed est devenu plus virulent dans ses accusations contre l'establishment britannique.

En février 2008, il a accusé Philip, l'époux de la reine Elizabeth II, d'avoir ordonné la mort de son fils et de Diana. Il a également affirmé que les services de renseignement britanniques étaient impliqués.

En 2010, Al-Fayed a vendu Harrods à Qatar Holding pour 1,5 milliard de livres sterling.

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Le monument de la Flamme de la Liberté à Paris est devenu un mémorial officieux pour Diana, princesse de Galles, qui est décédée dans un accident de voiture dans un tunnel voisin aux premières heures du 31 août 1997, avec son petit ami Dodi Fayed et le chauffeur Henri Paul (Photo, AFP).

L'année suivante, il finance la production d'un documentaire intitulé «Unlawful Killing» («Homicide illégal»), dans lequel il accuse à nouveau Philip d'être responsable de la mort de son fils et de Diana. Le film a été présenté au Festival de Cannes, mais n'a pas été diffusé en raison de problèmes juridiques.

L'antagonisme d'Al-Fayed à l'égard de la monarchie britannique l'a conduit à soutenir la sécession de l'Écosse du Royaume-Uni. En 2012, il a déclaré à la BBC qu'il s'installerait en Écosse si celle-ci devenait indépendante, et qu'il envisageait d'obtenir le statut de résident écossais et de se présenter à la présidence de l'Écosse.

Il a même prétendu que l'Écosse avait des origines égyptiennes sur la base d'une princesse pharaonique qui aurait voyagé dans ce pays dans le passé.

Tout au long de sa vie, Al-Fayed a bâti un empire couvrant divers secteurs, notamment le transport maritime, l'immobilier, les banques, le commerce de détail et la sous-traitance, mais il est resté attaché à la philanthropie. Avec une fortune estimée à 2 milliards de dollars, il est mort en homme riche et figurait en 12e position sur la liste Forbes des Arabes les plus riches de cette année.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com

 


Ukraine: Trump envoie Steve Witkoff rencontrer Zelensky et les Européens

Vue d'un immeuble résidentiel endommagé à la suite d'une attaque de drone à Tver, le 12 décembre 2025. (AFP)
Vue d'un immeuble résidentiel endommagé à la suite d'une attaque de drone à Tver, le 12 décembre 2025. (AFP)
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  • Les États-Unis intensifient leur pression diplomatique pour imposer un plan de paix en Ukraine, demandant à Kiev des concessions territoriales majeures, tandis que les combats et frappes meurtrières se poursuivent des deux côtés
  • Les négociations butent sur les questions territoriales et les garanties de sécurité, dans un contexte difficile pour l’Ukraine, marqué par des revers militaires, des coupures d’électricité et des tensions politiques internes

KIEV: Donald Trump envoie son émissaire Steve Witkoff à Berlin ce week-end pour rencontrer Volodymyr Zelensky et des dirigeants européens, au moment où les Etats-Unis poussent l'Ukraine à des concessions majeures pour mettre fin au conflit avec la Russie.

Mais les deux pays ont poursuivi les hostilités dans la nuit: la Russie a affirmé samedi avoir frappé des installations industrielles et énergétiques ukrainiennes avec des missiles hypersoniques, dans ce qu'elle a qualifié de représailles à des frappes ukrainiennes contre des "cibles civiles" en Russie.

Volodymyr Zelensky a fait état de frappes russes ayant endommagé plus d’une douzaine d'installations civiles en Ukraine et privé des milliers de personnes d’électricité dans sept régions.

Une femme de 80 ans a été tuée dans la région de Soumy (nord-est), selon le gouverneur régional.

Dans le centre de la Russie, deux personnes ont été tuées samedi à la suite d'une attaque de drones ukrainiens contre un immeuble résidentiel à Saratov, ont indiqué les autorités locales.

Donald Trump a clairement affiché son impatience concernant l'avancée des discussions autour de son plan qui vise à régler le conflit déclenché par l'invasion russe à grande échelle de février 2022 et ayant fait des centaines de milliers de morts et de blessés.

Alors que Kiev et ses alliés cherchent à amender ce document jugé initialement très favorable à Moscou, un haut responsable de la Maison Blanche a confirmé vendredi soir à l'AFP le déplacement de M. Witkoff en Allemagne.

L'émissaire, reçu début décembre par Vladimir Poutine à Moscou, doit rencontrer à Berlin Volodymyr Zelensky ainsi que des dirigeants européens dont la liste n'a pas été précisée.

Le président ukrainien avait déjà prévu de se rendre lundi dans la capitale allemande pour rencontrer ses alliés européens, dans le cadre de l'intense ballet diplomatique engagé autour du plan américain dévoilé il y a près d'un mois.

Les négociateurs bloquent en particulier sur les questions territoriales, les Etats-Unis réclamant, déplore Kiev, d'importantes concessions.

- Adhésion à l'UE -

Selon M. Zelensky, Washington veut que les forces ukrainiennes se retirent de la partie de la région de Donetsk (est de l'Ukraine) qu'elles contrôlent encore et qui est censée devenir une "zone économique libre" démilitarisée, sans demander la même chose aux troupes d'occupation.

En échange, l'armée russe se retirerait de toutes petites zones conquises par elle dans les régions de Soumy, Kharkiv et Dnipropetrovsk (nord, nord-est et centre-est) mais conserverait des territoires plus larges dans celles de Kherson et de Zaporijjia (sud).

Avant toute négociation territoriale, les Européens et Ukrainiens ont demandé aux Américains des "garanties de sécurité" qui seraient prévues en cas de nouvelle offensive russe, a déclaré la présidence française vendredi.

Un haut responsable a pour sa part dit à l'AFP qu'une adhésion de l'Ukraine à l'Union européenne dès 2027 était envisagée dans le plan américain.

Une telle adhésion, en à peine plus d'un an, semble cependant peu probable du fait de la possible opposition, entre autres, d'Etats membres de l'UE aux relations tendues avec l'Ukraine, comme la Hongrie.

- Navire en feu -

Le temps presse pour Donald Trump, dont la porte-parole a fait savoir jeudi qu'"il en a assez des réunions qui n'ont d'autre but que de se réunir".

Ces efforts américains interviennent à un moment difficile pour l'Ukraine: la présidence a été déstabilisée par un vaste scandale de corruption impliquant des proches de M. Zelensky, l'armée est en recul sur le front et la population est soumise à des coupures de courant à cause des frappes russes.

L'armée ukrainienne a cependant affirmé avoir repris plusieurs quartiers de la ville-clé de Koupiansk, dans la région de Kharkiv, ainsi que deux localités proches.

Dans le sud, un navire turc a pris feu vendredi après une frappe aérienne russe dans le port de Tchornomorsk, près d'Odessa.

Le propriétaire de ce bateau, l'armateur turc Cenk Shipping, a expliqué dans un communiqué que le M/V CENK T, "qui transporte des camions entièrement chargés de fruits frais, de légumes et de denrées alimentaires sur la route Karasu–Odessa", avait été "victime d'une attaque aérienne".

"La mer Noire ne doit pas être considérée comme une zone de confrontation. Cela ne profiterait ni à la Russie ni à l’Ukraine. Tout le monde a besoin d’une navigation sécurisée en mer Noire", a déclaré samedi le président turc Recep Tayyip Erdogan.

L'Ukraine réplique aux bombardements russes en envoyant des dizaines de drones quotidiennement vers la Russie, visant en particulier l'industrie pétrolière qui permet à Moscou de financer la guerre.


Les Etats-Unis prennent de nouvelles sanctions contre le Venezuela qui dénonce un acte de «piraterie»

Le gouvernement américain a annoncé jeudi de nouvelles sanctions contre des compagnies maritimes opérant au Venezuela et des proches du président Nicolas Maduro, qui a dénoncé un acte de "piraterie maritime" après l'arraisonnement spectaculaire d'un pétrolier par les Etats-Unis au large de son pays. (AFP)
Le gouvernement américain a annoncé jeudi de nouvelles sanctions contre des compagnies maritimes opérant au Venezuela et des proches du président Nicolas Maduro, qui a dénoncé un acte de "piraterie maritime" après l'arraisonnement spectaculaire d'un pétrolier par les Etats-Unis au large de son pays. (AFP)
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  • L'administration du président américain Donald Trump accuse Nicolas Maduro d'être à la tête d'un vaste réseau de narcotrafic, ce que l'intéressé dément catégoriquement, affirmant que Washington cherche à le renverser pour s'emparer du pétrole de son pays
  • L'annonce de ces nouvelles sanctions intervient après la saisie par les forces américaines mercredi en mer des Caraïbes d'un pétrolier, le Skipper, qui selon des responsables américains transportait du pétrole en provenance du Venezuela et d'Iran

WASHINGTON: Le gouvernement américain a annoncé jeudi de nouvelles sanctions contre des compagnies maritimes opérant au Venezuela et des proches du président Nicolas Maduro, qui a dénoncé un acte de "piraterie maritime" après l'arraisonnement spectaculaire d'un pétrolier par les Etats-Unis au large de son pays.

Ces sanctions contre "le régime illégitime de Nicolas Maduro au Venezuela" visent trois neveux de l'épouse du président que Washington accuse d'être des narcotrafiquants, un homme d'affaires panaméen soupçonné d'avoir facilité les transactions pétrolières de Caracas, et six compagnies maritimes accusées d'avoir transporté du pétrole vénézuélien, a annoncé le Trésor américain dans un communiqué.

Ces personnes et entreprises se voient interdire toute transaction avec une société ou individu américains et leurs avoirs aux Etats-Unis sont gelés.

L'administration du président américain Donald Trump accuse Nicolas Maduro d'être à la tête d'un vaste réseau de narcotrafic, ce que l'intéressé dément catégoriquement, affirmant que Washington cherche à le renverser pour s'emparer du pétrole de son pays.

L'annonce de ces nouvelles sanctions intervient après la saisie par les forces américaines mercredi en mer des Caraïbes d'un pétrolier, le Skipper, qui selon des responsables américains transportait du pétrole en provenance du Venezuela et d'Iran à destination de Cuba.

"Ils ont enlevé les membres d'équipage, volé le navire et inauguré une nouvelle ère, l'ère de la piraterie navale criminelle dans les Caraïbes", a protesté jeudi soir M. Maduro à la télévision publique.

Résumant la stratégie américaine, la porte-parole de la Maison Blanche, Karoline Leavitt, a déclaré que le président Donald Trump n'entendait pas "rester les bras croisés à regarder des navires sanctionnés naviguer sur les mers avec du pétrole provenant du marché noir, dont les profits alimenteront le narcoterrorisme de régimes voyous et illégitimes".

Elle a précisé que le navire serait dirigé vers un port américain et que les Etats-Unis avaient "l'intention d'en saisir le pétrole", reconnaissant cependant que cela posait des questions légales.

Washington a déployé un important dispositif militaire dans les Caraïbes depuis cet été, et bombardé des embarcations suspectées de narcotrafic en provenance du Venezuela. Mais c'est la première fois que le président américain ordonne la saisie d'un pétrolier, visant à priver Caracas de sa principale source de revenus.

Soumis à un embargo depuis 2019, Caracas est obligé d'écouler sa production pétrolière sur le marché noir à des prix nettement plus bas, à destination en particulier de la Chine. La saisie du pétrolier pourrait peser sur ces exportations, en dissuadant les acheteurs potentiels.

Soutien de Moscou 

M. Maduro a indiqué que Caracas allait lancer "les actions juridiques et diplomatiques appropriées". Sans dire que quelle nationalité était le navire, il a précisé qu'il transportait "vers les marchés internationaux 1.900.000 barils de pétrole — pétrole qui a été payé au Venezuela, car quiconque importe du pétrole le paie d’abord".

La ministre américaine de la Justice, Pam Bondi, a publié sur son compte X une vidéo de 45 secondes montrant l'assaut de soldats américains armés débarquant sur le pont d'un navire depuis un hélicoptère.

Selon les données du site Vesselfinder vendredi à 05H30 GMT, le Skipper se trouvait dans les eaux internationales au sud-est de l'archipel français de la Guadeloupe, et se dirigeait vers le nord.

Le navire en question a été sanctionné par le Trésor américain en 2022 pour des liens présumés avec le Corps des gardiens de la révolution islamique iranien et le Hezbollah.

Lors d'un échange téléphonique avec M. Maduro, le président russe, Vladimir Poutine, lui "a exprimé sa solidarité" et a "confirmé son soutien" à sa politique "visant à protéger ses intérêts nationaux et sa souveraineté dans un contexte de pressions extérieures croissantes", a expliqué le Kremlin dans un communiqué.

Aux Etats-Unis, l'opposition démocrate s'est inquiétée de cette escalade et des intentions réelles du président Trump.

Le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva a affirmé jeudi avoir mis en garde son homologue américain lors d'un appel téléphonique le 2 décembre.

"Je lui ai dit: Trump, nous ne voulons pas d'une guerre en Amérique latine", a déclaré Lula, selon qui le président américain a alors répondu: "mais moi j'ai plus d'armes, plus de bateaux, plus de bombes".


Japon: séisme de magnitude 6,7 au nord du pays, fin de l'alerte au tsunami

Un séisme de magnitude 6,7 s'est produit vendredi au large du nord du Japon, quelques jours après une secousse de niveau 7,5 dans la même zone, qui avait fait au moins 50 blessés. (AFP)
Un séisme de magnitude 6,7 s'est produit vendredi au large du nord du Japon, quelques jours après une secousse de niveau 7,5 dans la même zone, qui avait fait au moins 50 blessés. (AFP)
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  • La chaîne de télévision publique NHK a précisé qu'aucun changement notable du niveau de l'eau n'avait été observé dans les deux ports
  • L'Institut d'études géologiques américain USGS avait également mesuré à une magnitude de 6,7 cette secousse survenue à 11h44 (02H44 GMT), précisant qu'elle s'est produite à 130 kilomètres au large de Kuji, dans le département d'Iwate

TOKYO: Un séisme de magnitude 6,7 s'est produit vendredi au large du nord du Japon, quelques jours après une secousse de niveau 7,5 dans la même zone, qui avait fait au moins 50 blessés.

L'agence météorologique japonaise (JMA) avait dans un premier temps mis en garde contre des vagues de tsunami pouvant atteindre un mètre sur la côte Pacifique au nord.

Au final, des vagues atteignant 20 centimètres ont été enregistrées à deux endroits, sur l'île septentrionale d'Hokkaido et au nord de l'île principale de Honshu, a annoncé l'agence, qui a ensuite indiqué qu'il n'y avait plus de risque de tsunami.

La chaîne de télévision publique NHK a précisé qu'aucun changement notable du niveau de l'eau n'avait été observé dans les deux ports.

L'Institut d'études géologiques américain USGS avait également mesuré à une magnitude de 6,7 cette secousse survenue à 11h44 (02H44 GMT), précisant qu'elle s'est produite à 130 kilomètres au large de Kuji, dans le département d'Iwate, sur l'île principale de Honshu.

La NHK a précisé que l'intensité des secousses était inférieure à celle du tremblement de terre de lundi soir, qui avait fait tomber des objets des étagères, endommagé des routes, brisé des vitres et déclenché des vagues de tsunami atteignant 70 centimètres.

À la suite de ce premier séisme, un ordre d'évacuation a été émis jeudi pour les habitants vivant près d'une tour métallique de 70 mètres endommagée à Aomori (nord), ont rapporté des médias locaux, les autorités évoquant un risque d'effondrement.

L'Autorité de régulation nucléaire a de son côté indiqué qu'aucune anomalie n'avait été détectée dans les installations nucléaires de la région.

Après la secousse de lundi, la JMA avait adressé une rare mise en garde contre un éventuel nouveau tremblement de terre pour les sept jours suivants, d'une magnitude supérieure ou égale.

L'alerte concerne la zone de Sanriku - la pointe nord-est de la grande île de Honshu - ainsi que l'île septentrionale de Hokkaido.

La région est toujours traumatisée par le séisme de magnitude 9,0 de mars 2011, qui avait déclenché un tsunami, à l'origine de quelque 18.500 morts ou disparus.

En août 2024, la JMA avait émis son tout premier avertissement spécial, cette fois-ci pour la partie sud de la côte pacifique du Japon, face à l'éventualité d'une secousse de forte ampleur le long de la fosse de Nankai, au large du pays.

Cette fosse sous-marine de 800 kilomètres est la zone où la plaque océanique de la mer des Philippines "s'enfonce" lentement sous la plaque continentale sur laquelle repose le Japon.

Le gouvernement estime qu'un séisme dans la fosse de Nankai, suivi d'un tsunami, pourrait tuer jusqu'à 298.000 personnes et causer jusqu'à 2.000 milliards de dollars de dégâts.

L'avis de l'an dernier avait été levé une semaine plus tard, mais il avait provoqué des achats massifs de produits de base comme du riz et poussé des vacanciers à annuler leurs réservations.

Le Japon se trouve à la jonction de quatre grandes plaques tectoniques, sur la bordure occidentale de la "ceinture de feu" du Pacifique, et figure parmi les pays les plus actifs sismiquement au monde.

L'archipel, qui compte environ 125 millions d'habitants, subit quelque 1.500 secousses chaque année. La grande majorité sont légères, bien que les dégâts varient selon leur localisation et leur profondeur sous la surface terrestre.