Comment le magnat arabe Mohammed al-Fayed a bâti un empire commercial et a défié l'establishment britannique

Alors que le combat d'Al-Fayed contre le Parti conservateur oscillait entre victoire et défaite, il a soutenu son empire en achetant le Fulham Football Club en 1997, le faisant passer de l'obscurité à un membre constant de la Premier League (Photo, AFP).
Alors que le combat d'Al-Fayed contre le Parti conservateur oscillait entre victoire et défaite, il a soutenu son empire en achetant le Fulham Football Club en 1997, le faisant passer de l'obscurité à un membre constant de la Premier League (Photo, AFP).
Mohammed al-Fayed fait un geste alors qu'il quitte l'ouverture de l'enquête britannique sur la mort de la princesse Diana en 1997, à Londres, le 6 janvier 2004 (Photo, Reuters).
Mohammed al-Fayed fait un geste alors qu'il quitte l'ouverture de l'enquête britannique sur la mort de la princesse Diana en 1997, à Londres, le 6 janvier 2004 (Photo, Reuters).
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Publié le Dimanche 03 septembre 2023

Comment le magnat arabe Mohammed al-Fayed a bâti un empire commercial et a défié l'establishment britannique

  • L'homme d'affaires d'origine égyptienne a commencé sa vie comme porteur à Alexandrie et est mort comme l'un des hommes les plus riches du monde arabe
  • Son acquisition de propriétés de prestige a été suivie de conflits avec les institutions britanniques et même avec la famille royale britannique

LE CAIRE : Le décès de l'homme d'affaires d'origine égyptienne Mohammed al-Fayed à l'âge de 94 ans a mis un terme à une remarquable saga faite de succès, de revers, de tragédies et de redressements.

Pour les personnes d'une certaine génération, qui se souviennent des événements des années 1980, 1990 et du début des années 2000, sa mort au Royaume-Uni mercredi a véritablement marqué la fin d'une époque.

Dans une interview accordée au New York Times en 1995, Al-Fayed a fait part de son étonnement quant à la façon dont les Britanniques le percevaient.

«Ils ont tendance à considérer toute personne originaire d'une ancienne colonie comme l'Égypte comme insignifiante», a-t-il déclaré. «Mais lorsque vous prouvez vos capacités et réalisez de grandes choses, vous devenez le sujet de conversation de la ville. Ils se demandent comment quelqu'un comme moi, un simple Égyptien, a pu accomplir cela.»

Cette déclaration résume une grande partie de la vie d'Al-Fayed, qui a notamment amassé une fortune et s'est finalement heurté à la famille royale britannique.

EN BREF

Mohammed al-Fayed a commencé à amasser sa fortune après avoir quitté l'Égypte pour s'installer au Royaume-Uni dans les années 1970.

L’Empire commercial d’Al-Fayed englobe des secteurs tels que le transport maritime, l'immobilier, les banques, le pétrole, le commerce de détail et la construction.

Sa notoriété s'est accrue lorsqu'il a racheté avec son frère l'hôtel Ritz Paris en 1979.

Il a racheté le grand magasin Harrods à Londres en 1985, après une longue bataille de rachat.

Il a réalisé d'importants investissements dans Harrods et a ouvert d'autres magasins sous la marque Harrods avant de la vendre en 2010 au fonds souverain du Qatar.

Il a racheté le Fulham F.C. en 1997. Sous sa direction, le club est monté en première division anglaise, et a également atteint la finale de la Ligue européenne.

Le Fulham F.C. a été vendu en 2013 à l'homme d'affaires Chahid Khan.

Sa fortune a atteint 2 milliards de dollars (1 dollar = 0,93 euro), ce qui place Al-Fayed à la 12e place de la liste Forbes 2023 des Arabes les plus riches. Sa fortune au niveau mondiale le place au 1 516e rang.

Les exploits commerciaux d'Al-Fayed n'ont certainement pas été faciles à réaliser. Il a forgé cet empire à force de détermination, aidé par sa personnalité complexe.

Il a commencé sa vie dans la ville animée d'Alexandrie comme porteur de sacs et vendeur de boissons non alcoolisées et, plus tard, de machines à coudre, avant de devenir l'un des milliardaires les plus connus au monde dans les années 1990.

Après ces débuts modestes, il n'a jamais refusé une occasion, à condition qu'elle le conduise au succès et à une plus grande indépendance financière.

Sa personnalité ambitieuse lui a permis de nouer des liens avec l'écrivaine Samira Khachoggi, sœur du milliardaire Adnan Khachoggi, avec qui il a fini par se marier. Son mariage lui a ouvert les portes des États du Golfe et de la haute société britannique.

Al-Fayed a continué à accumuler des richesses de manière indépendante, en commençant par de petites entreprises qui ont ouvert la voie à des contrats lucratifs avec de nombreuses personnes fortunées.

Il est devenu millionnaire dans les années 1960 à la suite de rencontres avec le dirigeant haïtien Doc Duvalier et est devenu conseiller financier du sultan de Brunei, devenant ainsi l'un des hommes d'affaires les plus renommés au monde.

EN BREF

Nom : Mohammed al-Fayed

Date de naissance : le 27 janvier 1929

Lieu de naissance : Alexandrie, Égypte

Domicile : Grande-Bretagne, depuis les années 1970.

Épouse : Samira Khachoggi, Heini Wathen

Principales acquisitions : Hôtel Ritz Paris ; le groupe de grands magasins britanniques House of Fraser, notamment le grand magasin Harrods ; Fulham F.C. (1997)   

Le défunt souverain de Dubaï, le cheikh Rachid al-Maktoum, a autorisé Al-Fayed à contribuer au développement de l'émirat. L'homme d'affaires réagit en engageant des entreprises britanniques pour lancer des projets de construction qui préfigurent la modernisation de Dubaï.

La richesse et le statut d'Al-Fayed lui ont permis d'obtenir la résidence complète en Grande-Bretagne en 1974. Il a ajouté «Al» à son nom, devenant ainsi «Mohammed al-Fayed» au lieu de simplement Mohammed Fayed. Le magazine satirique Private Eye le surnomme alors «le faux pharaon».

Ce faisant, il a marqué le début de ses relations tendues avec la Grande-Bretagne, ce qui était peut-être prédestiné.

Al-Fayed et son frère ont acquis l'hôtel Ritz à Paris en 1979. En 1985, ils ont acheté le grand magasin haut de gamme Harrods à Londres pour 615 millions de livres sterling (1 livre sterling = 1,17 euro), à la suite d'une longue bataille juridique avec l'homme d'affaires britannique Roland Rowland. Ce dernier a ensuite ouvert d'autres magasins sous la marque Harrods.

Ces acquisitions historiques se sont heurtées à des obstacles et à des réticences. Une enquête gouvernementale sur le rachat du groupe de magasins House of Fraser, en particulier Harrods, publiée officiellement en 1990, a révélé qu'Al-Fayed et son frère avaient été malhonnêtes au sujet de leur richesse et de leurs origines. Les deux hommes ont qualifié ces allégations d'injustes, mais cinq ans plus tard, la première demande de citoyenneté britannique d'Al-Fayed a été rejetée.

«Pourquoi ne m'accordent-ils pas un passeport britannique ? Je possède Harrods et j'emploie des milliers de personnes dans ce pays», a-t-il protesté.

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Sur cette photo du 13 novembre 1996, le propriétaire du grand magasin Harrods, Mohammed al-Fayed, montre une carte en forme de passeport surdimensionné lors d'une conférence de presse à Londres après que lui et son frère Ali ont gagné une bataille judiciaire contre le refus du gouvernement britannique de leur accorder la citoyenneté (Photo, Reuters).

Sans se laisser décourager, Al-Fayed a décidé d'intensifier sa lutte pour la citoyenneté en accusant deux ministres conservateurs, Neil Hamilton et Tim Smith, d'avoir accepté de l'argent de sa part en échange de la défense de ses intérêts à la Chambre des communes.

En conséquence, les deux politiciens ont été contraints de démissionner de leurs fonctions gouvernementales, un sort qui attendait également Jonathan Aitken, alors ministre d'État chargé des marchés publics de la défense, après qu'Al-Fayed eut révélé qu'il avait séjourné gratuitement à l'hôtel Ritz de Paris en même temps qu'un groupe de trafiquants d'armes. La chute d'Aitken a été importante puisqu'il a été emprisonné pour parjure.

En 1997, Al-Fayed a acquis le club de football anglais Fulham. Sous sa direction, Fulham est monté en première division anglaise et a atteint la finale de la Ligue européenne. Il a vendu le club en 2013 à un autre homme d'affaires, Chahid Khan, pour un montant estimé à 300 millions de dollars.

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L'histoire de Fulham ne peut être racontée sans un chapitre sur l'impact positif de Mohammed al-Fayed en tant que président, déclare Chahid Khan, l'actuel propriétaire du Fulham Football Club (Photo, AFP).

À cette époque, Al-Fayed se bat surtout avec le parti politique britannique au pouvoir plutôt qu'avec la famille royale. Ses relations avec cette dernière étaient principalement basées sur des intérêts mutuels, tels que le parrainage de courses de chevaux.

La relation de son fils Imad, plus connu sous le nom de «Dodi», avec la princesse Diana, épouse du prince Charles, l'actuel roi, allait changer radicalement la donne. Cette relation allait changer le cours de la vie d'Al-Fayed et de sa famille.

En 1997, Diana et Dodi ont été tués lorsque leur voiture a heurté une colonne de béton dans le tunnel de l'Alma à Paris. Les rapports criminels ont confirmé que le conducteur était en état d'ébriété au moment de l'accident.

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Le président de Harrods, Mohammed al-Fayed (à droite), dévoile un mémorial (à gauche) dédié à son fils Dodi et à Diana, princesse de Galles, à Harrods, à Londres, le 1er septembre 2005 (Photo, Reuters).

En plus de ses divergences croissantes avec la famille royale, Al-Fayed a parcouru l'Europe en insistant sur le fait que l'élite dirigeante britannique était responsable de la mort de son fils et de Diana. Bien qu'il n'ait pas directement accusé qui que ce soit, ces accusations lui ont coûté cher.

Harrods a perdu le privilège royal que lui accordait le prince Philip, et les relations commerciales du palais de Buckingham avec le prince et le célèbre grand magasin se sont dégradées. En réponse, Al-Fayed a révoqué tous les privilèges restants pour la famille royale.

Après s'être réinstallé en Suisse en 2002, Al-Fayed est devenu plus virulent dans ses accusations contre l'establishment britannique.

En février 2008, il a accusé Philip, l'époux de la reine Elizabeth II, d'avoir ordonné la mort de son fils et de Diana. Il a également affirmé que les services de renseignement britanniques étaient impliqués.

En 2010, Al-Fayed a vendu Harrods à Qatar Holding pour 1,5 milliard de livres sterling.

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Le monument de la Flamme de la Liberté à Paris est devenu un mémorial officieux pour Diana, princesse de Galles, qui est décédée dans un accident de voiture dans un tunnel voisin aux premières heures du 31 août 1997, avec son petit ami Dodi Fayed et le chauffeur Henri Paul (Photo, AFP).

L'année suivante, il finance la production d'un documentaire intitulé «Unlawful Killing» («Homicide illégal»), dans lequel il accuse à nouveau Philip d'être responsable de la mort de son fils et de Diana. Le film a été présenté au Festival de Cannes, mais n'a pas été diffusé en raison de problèmes juridiques.

L'antagonisme d'Al-Fayed à l'égard de la monarchie britannique l'a conduit à soutenir la sécession de l'Écosse du Royaume-Uni. En 2012, il a déclaré à la BBC qu'il s'installerait en Écosse si celle-ci devenait indépendante, et qu'il envisageait d'obtenir le statut de résident écossais et de se présenter à la présidence de l'Écosse.

Il a même prétendu que l'Écosse avait des origines égyptiennes sur la base d'une princesse pharaonique qui aurait voyagé dans ce pays dans le passé.

Tout au long de sa vie, Al-Fayed a bâti un empire couvrant divers secteurs, notamment le transport maritime, l'immobilier, les banques, le commerce de détail et la sous-traitance, mais il est resté attaché à la philanthropie. Avec une fortune estimée à 2 milliards de dollars, il est mort en homme riche et figurait en 12e position sur la liste Forbes des Arabes les plus riches de cette année.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com

 


Des rapports internes concluent à un climat antisémite et anti-musulman à Harvard

Le rapport exhorte l'université pluricentenaire à "devenir leader dans la lutte contre l'antisémitisme et les positions anti-Israël". (AFP)
Le rapport exhorte l'université pluricentenaire à "devenir leader dans la lutte contre l'antisémitisme et les positions anti-Israël". (AFP)
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  • Harvard, comme d'autres universités américaines de renom, Columbia en particulier, est accusée par le président républicain d'avoir laissé prospérer l'antisémitisme sur son campus pendant les mouvements étudiants contre la guerre à Gaza menée par Israël
  • Un premier groupe de travail sur l'antisémitisme et les positions anti-Israël, composé principalement de membres du corps enseignant mais aussi d'étudiants

NEW YORK: Deux rapports distincts sur Harvard publiés mardi par l'université ont établi qu'un climat antisémite et anti-musulman s'était installé sur le campus de la prestigieuse université américaine, dans le viseur de Donald Trump, et la pressent d'agir pour y remédier.

Ces deux rapports de plusieurs centaines de pages, construits notamment à partir de questionnaires et de centaines de témoignages d'étudiants et d'encadrants menés depuis janvier 2024, sont rendus au moment où l'université implantée près de Boston (nord-est) s'est attiré les foudres de Donald Trump, qui l'a dernièrement dépeinte en "institution antisémite d'extrême gauche", "foutoir progressiste" et "menace pour la démocratie".

Harvard, comme d'autres universités américaines de renom, Columbia en particulier, est accusée par le président républicain d'avoir laissé prospérer l'antisémitisme sur son campus pendant les mouvements étudiants contre la guerre à Gaza menée par Israël après l'attaque du Hamas le 7 octobre 2023.

Un premier groupe de travail sur l'antisémitisme et les positions anti-Israël, composé principalement de membres du corps enseignant mais aussi d'étudiants, a établi que les deux phénomènes "ont été alimentés, pratiqués et tolérés, non seulement à Harvard, mais aussi plus largement dans le monde universitaire".

Le rapport exhorte l'université pluricentenaire à "devenir leader dans la lutte contre l'antisémitisme et les positions anti-Israël".

Un autre groupe de travail distinct, lui consacré aux positions anti-musulmans, anti-arabes et anti-Palestiniens, a conclu à "un sentiment profondément ancré de peur parmi les étudiants, les enseignants et le personnel". Les personnes interrogées décrivent "un sentiment de précarité, d'abandon, de menace et d'isolement, ainsi qu'un climat d'intolérance omniprésent", écrivent ses auteurs.

"Harvard ne peut pas - et ne va pas - tolérer l'intolérance. Nous continuerons à protéger tous les membres de notre communauté et à les préserver du harcèlement", s'engage dans une lettre accompagnant les deux rapports le président de Harvard, Alan Garber, à l'initiative des deux rapports, en promettant de "superviser la mise en oeuvre des recommandations" préconisées.

Harvard, l'université la plus ancienne des Etats-Unis et une des mieux classées au monde, s'est distinguée en étant la première à attaquer en justice l'administration Trump contre un gel de plus de deux milliards de dollars de subventions fédérales, décidé après que la célèbre institution a refusé de se plier à une série d'exigences du président.

Donald Trump, qui reproche aux universités d'être des foyers de contestation progressiste, veut avoir un droit de regard sur les procédures d'admission des étudiants, les embauches d'enseignants ou encore les programmes.

L'accusation d'antisémitisme est fréquemment employée par son administration pour justifier ses mesures contre les établissements d'enseignement supérieur, ainsi que contre certains étudiants étrangers liés aux manifestations contre la guerre à Gaza.


Canada: le libéral Mark Carney donné vainqueur après une campagne centrée sur Trump

Le Premier ministre canadien et chef du Parti libéral, Mark Carney, salue ses partisans lors d'une fête de victoire à Ottawa (Ontario), le 29 avril 2025. (AFP)
Le Premier ministre canadien et chef du Parti libéral, Mark Carney, salue ses partisans lors d'une fête de victoire à Ottawa (Ontario), le 29 avril 2025. (AFP)
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  • Le Parti libéral de Mark Carney a remporté lundi les législatives canadiennes, selon les projections des médias locaux, après une campagne centrée sur les menaces du président américain Donald Trump contre le pays
  • Toutefois, selon des résultats encore préliminaires, les libéraux pourraient rester minoritaires au Parlement et seraient donc contraints de gouverner avec l'appui d'un autre parti

OTTAWA: Le Parti libéral de Mark Carney a remporté lundi les législatives canadiennes, selon les projections des médias locaux, après une campagne centrée sur les menaces du président américain Donald Trump contre le pays.

Toutefois, selon des résultats encore préliminaires, les libéraux pourraient rester minoritaires au Parlement et seraient donc contraints de gouverner avec l'appui d'un autre parti.

Il y a quelques mois encore, la voie semblait toute tracée pour permettre aux conservateurs canadiens emmenés par Pierre Poilievre de revenir aux affaires, après dix ans de pouvoir de Justin Trudeau.

Mais le retour de Donald Trump à la Maison Blanche et son offensive inédite contre le Canada, à coups de droits de douane et de menaces d'annexion, ont changé la donne.

A Ottawa, où les libéraux sont réunis pour la soirée électorale dans une aréna de hockey, l'annonce des résultats a provoqué une salve d'applaudissements et des cris enthousiastes.

"Je suis si heureuse", lâche sur place Dorothy Goubault, originaire de la région des Mille Iles en Ontario. "Je suis contente car nous avons quelqu'un qui peut parler à M. Trump à son niveau. M. Trump est un homme d'affaires. M. Carney est un homme d'affaires, et je pense qu'ils peuvent tous les deux se comprendre".

Pour le ministre Steven Guilbeault, "les nombreuses attaques du président Trump sur l'économie canadienne, mais aussi sur notre souveraineté et notre identité même, ont vraiment mobilisé les Canadiens", a-t-il déclaré sur la chaine publique CBC.

Et les électeurs "ont vu que le Premier ministre Carney avait de l'expérience sur la scène mondiale".

Mark Carney n'avait pas encore pris la parole à minuit locales (04H00 GMT), tandis que se poursuivait le dépouillement.

Dans les longues files devant les bureaux de vote toute la journée, les électeurs ont souligné l'importance de ce scrutin, parlant d'élections historiques et déterminantes pour l'avenir de ce pays de 41 millions d'habitants.

- "Chaos" -

À 60 ans, Mark Carney, novice en politique mais économiste reconnu, a su convaincre une population inquiète pour l'avenir économique et souverain du pays qu'il était la bonne personne pour piloter le pays en ces temps troublés.

Cet ancien gouverneur de la banque du Canada et de Grande-Bretagne n'a cessé de rappeler pendant la campagne que la menace américaine est réelle pour le Canada.

"Ils veulent nos ressources, notre eau. Les Américains veulent notre pays", a-t-il prévenu.

"Le chaos est entré dans nos vies. C'est une tragédie, mais c'est aussi une réalité. La question clé de cette élection est de savoir qui est le mieux placé pour s'opposer au président Trump?", a-t-il expliqué pendant la campagne.

Pour faire face, il a promis de maintenir des droits de douane sur les produits américains tant que les mesures de Washington seront en place.

Mais aussi de développer le commerce au sein de son pays en levant les barrières douanières entre provinces et de chercher de nouveaux débouchés, notamment en Europe.

En face, le chef conservateur, qui avait promis des baisses d'impôts et des coupes dans les dépenses publiques, n'a pas réussi à convaincre les électeurs de ce pays du G7, 9e puissance mondiale, de tourner le dos aux libéraux.

Pierre Poilievre aura aussi souffert jusqu'au bout de la proximité, de par son style et certaines de ses idées, avec le président américain, ce qui lui a aliéné une partie de l'électorat, selon les analystes.

Au QG des conservateurs à Ottawa, Jason Piche se dit toutefois "surpris" des résultats, "je pensais que ce serait plus serré que ça".

Un peu plus loin, Jean-Guy Bourguignon, homme d'affaires de 59 ans, se dit carrément "très triste". "Est-ce que c'est vraiment ça le pays dans lequel nous voulons vivre?", demande-t-il alors qu'il énumère les politiques des libéraux, qu'il juge liberticides.

Près de 29 millions d'électeurs étaient appelés aux urnes dans ce vaste pays du G7 qui s'étend sur six fuseaux horaires. Et plus de 7,3 millions de personnes avaient voté par anticipation, un record.


Ukraine: Poutine annonce une trêve du 8 au 10 mai, «tentative de «manipulation»» répond Zelensky

Le président russe Vladimir Poutine prononce un discours lors d'une réunion du Conseil des législateurs à Saint-Pétersbourg, le 28 avril 2025. (AFP)
Le président russe Vladimir Poutine prononce un discours lors d'une réunion du Conseil des législateurs à Saint-Pétersbourg, le 28 avril 2025. (AFP)
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  • Le président russe Vladimir Poutine a annoncé lundi une trêve sur le front en Ukraine durant trois jours du 8 au 10 mai
  • Son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky denonçant une "tentative de manipulation"

MOSCOU: Le président russe Vladimir Poutine a annoncé lundi une trêve sur le front en Ukraine durant trois jours du 8 au 10 mai, à l'occasion de la commémoration de la victoire sur l'Allemagne nazie, son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky denonçant une "tentative de manipulation".

Le président américain Donald Trump exhorte Kiev et Moscou à conclure un cessez-le-feu et un accord de paix, trois ans après le début de l'offensive russe ayant déjà fait des dizaines de milliers de morts civils et militaires.

"A partir de minuit entre le 7 et le 8 mai, et jusqu'à minuit entre le 10 et le 11 mai, la partie russe annonce un cessez-le-feu", a indiqué le Kremlin dans un communiqué. "Pendant cette période, toutes les opérations de combat seront arrêtées".

D'après la présidence russe, Vladimir Poutine a pris cette décision unilatérale "pour des raisons humanitaires" et à l'occasion des célébrations du 80e anniversaire de la victoire sur l'Allemagne nazie.

Pour M. Zelensky, au contraire, "il y a désormais une nouvelle tentative de manipulation". "Pour une raison, a-t-il dit dans son adresse quotidienne, tout le monde doit attendre le 8 mai et ne cesser le feu qu'ensuite pour garantir le silence" lors de la parade du 9 mai sur la place Rouge à Moscou.

La Russie commémore le 9 mai cet événement dont Vladimir Poutine a fait un marqueur essentiel de la puissance retrouvée du pays. Les dirigeants d'une vingtaine de pays sont attendus pour un défilé militaire en grande pompe sur la place Rouge à Moscou.

Le Kremlin a dit considérer que l'Ukraine "devrait suivre cet exemple", tout en prévenant que les forces russes "fourniront une réponse adéquate et efficace" en cas de violation de la trêve.

Vladimir Poutine avait déjà déclaré un bref cessez-le-feu de 30 heures les 19 et 20 avril à l'occasion de Pâques. Les deux camps s'étaient ensuite accusés de l'avoir violé, même si une baisse de l'intensité des combats avait été ressentie dans plusieurs secteurs du front.

"Accroître la pression sur la Russie"

La Maison Blanche a soutenu lundi que Donald Trump souhaitait un cessez-le-feu "permanent" en Ukraine et pas seulement une trêve temporaire.

Les Etats-Unis, jusque-là le premier soutien de l'Ukraine, veulent tourner la page aussi vite que possible quitte, craint Kiev, à accepter des dispositions très favorables à Moscou.

Le secrétaire d'Etat américain Marco Rubio a dit dimanche à son homologue russe, Sergueï Lavrov, qu'il était temps de mettre fin à une "guerre insensée" en Ukraine, selon un communiqué lundi.

De son côté, le président français Emmanuel Macron a affirmé que "dans les huit à dix jours prochains, nous allons accroître la pression sur la Russie", dans un entretien publié par le magazine Paris Match.

Il a estimé avoir "convaincu les Américains de la possibilité d’une escalade des menaces, et potentiellement de sanctions" contre Moscou.

Conditions maximalistes de Poutine 

La Russie maintient des conditions maximalistes concernant l'Ukraine, dont elle veut la reddition et le renoncement à rejoindre l'Otan, tout en s'assurant de pouvoir garder les territoires ukrainiens annexés.

La reconnaissance internationale de l'annexion russe de la Crimée et de quatre autres régions ukrainiennes est une condition "impérative" à la paix, a encore martelé lundi le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov.

La Russie a annexé la péninsule ukrainienne de Crimée en mars 2014, ce que la communauté internationale, Etats-Unis compris, n'a jamais reconnu.

En septembre 2022, quelques mois après le déclenchement de son assaut à grande échelle, elle a aussi revendiqué l'annexion de quatre régions ukrainiennes qu'elle occupe partiellement, celles de Donetsk, Lougansk, Kherson et Zaporijjia.

La Russie, qui a l'avantage sur le front, a revendiqué lundi la prise de Kamyanka, un village de la région de Kharkiv, dans le nord-est de l'Ukraine.

La Corée du Nord a pour la première fois reconnu lundi avoir envoyé des troupes en Russie et qu'elles avaient aidé Moscou à reprendre aux Ukrainiens les zones de la région de Koursk dont ils s'étaient emparés.

Trois personnes ont par ailleurs été tuées lundi dans une attaque russe contre un village de la région de Donetsk (est), selon les services du procureur régional.