Interdiction de l'abaya à l'école: Borne récuse toute «stigmatisation», Le Maire soutient «à 100%»

Le ministre de l’Éducation Gabriel Attal a annoncé la semaine dernière que serait finalement prohibé dans les établissements scolaires ce vêtement long porté par les femmes dont le caractère religieux a longtemps fait débat. (AFP)
Le ministre de l’Éducation Gabriel Attal a annoncé la semaine dernière que serait finalement prohibé dans les établissements scolaires ce vêtement long porté par les femmes dont le caractère religieux a longtemps fait débat. (AFP)
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Publié le Dimanche 03 septembre 2023

Interdiction de l'abaya à l'école: Borne récuse toute «stigmatisation», Le Maire soutient «à 100%»

  • «Je vois bien qu'il y a de la manipulation et des tentatives de provocation de la part de certains. Je pense notamment à LFI», a déclaré la Première ministre
  • «Il n'y a aucune stigmatisation. Chacun de nos concitoyens, quelle que soit sa religion, a toute sa place dans notre pays»

PARIS: Élisabeth Borne a récusé dimanche toute "stigmatisation" après la décision d'interdire à la rentrée le port de l'abaya dans les établissements scolaires, dénonçant au passage des "tentatives de provocation" et de "manipulation" sur la question, "notamment" de La France insoumise.

"Je vois bien qu'il y a de la manipulation et des tentatives de provocation de la part de certains. Je pense notamment à LFI", a déclaré la Première ministre dans un entretien à RTL.

"Mais je veux dire les choses très clairement: il n'y a aucune stigmatisation. Chacun de nos concitoyens, quelle que soit sa religion, a toute sa place dans notre pays", a-t-elle assuré.

Le ministre de l’Éducation Gabriel Attal a annoncé la semaine dernière que serait finalement prohibé dans les établissements scolaires ce vêtement long porté par les femmes dont le caractère religieux a longtemps fait débat.

"Il y a un principe, c'est la laïcité. Et il y a une loi qui interdit le port de tout signe ou tenue par lequel un élève manifeste son appartenance à une religion. C'est la loi qui doit s'appliquer à tous et nous veillerons à ce qu'elle soit bien appliquée", a insisté Élisabeth Borne.

L'interdiction qui vaut aussi pour le port du qamis, version masculine de l'abaya, fait cependant l'objet d'un référé-liberté devant le Conseil d'Etat par une association de défense des musulmans.

Interrogé à son tour sur le sujet dimanche, le ministre de l'Economie Bruno Le Maire s'est félicité de cette mesure d'interdiction de l'abaya, qui est selon lui "un nouveau test de l'islam politique contre la République" et qui "n'a pas sa place dans l'école de la République".

"Je salue et je soutiens à 100% la décision du ministre de l'Education Gabriel Attal d'interdire les abayas dans l'école publique, dans l'école laïque et républicaine", a-t-il insisté sur BFMTV.

"Ça fait des années que l'islam politique nous teste, teste nos limites, notre capacité de résistance, teste notre détermination. Il est bon qu'à un moment donné un ministre de l'Education nationale responsable de l'école, de la formation de nos enfants, de la transmission de notre culture, de la valorisation de ce qui fait que nous sommes une nation, dise stop à l'islam politique".

Concernant l'application de la mesure dans les établissements, "il y aura des difficultés, mais peu importe", a estimé M. Le Maire. "Les difficultés ont trop souvent servi de prétexte à l'inaction, pour ne pas dire à la lâcheté".


La justice française s'oppose à l'extradition vers l'Algérie d'un ancien ministre algérien

La justice française a opposé un avis défavorable mercredi aux six demandes d'extradition vers l'Algérie d'Abdesselam Bouchouareb, ministre de l'Industrie et des Mines de 2014 à 2017 sous la présidence d'Abdelaziz Bouteflika, mettant définitivement fin à cette procédure. (AFP)
La justice française a opposé un avis défavorable mercredi aux six demandes d'extradition vers l'Algérie d'Abdesselam Bouchouareb, ministre de l'Industrie et des Mines de 2014 à 2017 sous la présidence d'Abdelaziz Bouteflika, mettant définitivement fin à cette procédure. (AFP)
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  • L'Algérie réclamait depuis près de 18 mois l'extradition de M. Bouchouareb, désormais installé dans les Alpes-Maritimes, afin qu'il exécute cinq peines d'emprisonnement de vingt ans chacune
  • La chambre de l'instruction de la cour d'appel d'Aix-en-Provence a donc suivi la réquisitoire du parquet, qui s'était opposé à cette demande d'extradition à l'audience du 5 mars dernier

AIX-EN-PROVENCE: La justice française a opposé un avis défavorable mercredi aux six demandes d'extradition vers l'Algérie d'Abdesselam Bouchouareb, ministre de l'Industrie et des Mines de 2014 à 2017 sous la présidence d'Abdelaziz Bouteflika, mettant définitivement fin à cette procédure.

Evoquant les "conséquences d'une gravité exceptionnelle" que pourrait avoir cette extradition en raison de "l'état de santé et de l'âge" de M. Bouchouareb, 72 ans, la chambre de l'instruction de la cour d'appel d'Aix-en-Provence a estimé que cela porterait atteinte à l'article 3 de la convention européenne des droits de l'Homme et à l'article 5 de la convention d'extradition franco-algérienne de 2019.

L'Algérie réclamait depuis près de 18 mois l'extradition de M. Bouchouareb, désormais installé dans les Alpes-Maritimes, afin qu'il exécute cinq peines d'emprisonnement de vingt ans chacune et afin de le poursuivre dans un sixième dossier d'infractions économiques et financières.

La chambre de l'instruction de la cour d'appel d'Aix-en-Provence a donc suivi la réquisitoire du parquet, qui s'était opposé à cette demande d'extradition à l'audience du 5 mars dernier: "L'éloignement de M. Bouchouareb, gravement malade, ferait courir à celui-ci, si ce n'est un risque de vie, (un risque) de déclin rapide et irréversible de son état de santé", avait estimé l'avocat général, Raphaël Sanesi de Gentile.

Conseil de l'Algérie, Me Anne-Sophie Partaix avait elle estimé que les autorités judiciaires avaient, le 13 février, "donné les garanties nécessaires" à la justice française: "M. Bouchouareb a volé de l'argent aux Algériens, il a été condamné et doit répondre de ses actes", avait-elle insisté, sans succès donc.

"L'aspect politique (de cette demande d'extradition) crève les yeux, si on envoie M. Bouchouareb en Algérie, c'est pour y mourir", avait plaidé son avocat, Me Benjamin Bohbot, évoquant deux anciens Premier ministre et plusieurs membres du gouvernement condamnés en 2020 à de lourdes peines de prison.

Me Bohbot a toujours présenté son client comme une victime des "purges" de l'après-Bouteflika, contraint à la démission par le mouvement populaire de contestation du Hirak, en avril 2019.


Otages en Syrie: l'heure des réquisitions pour Mehdi Nemmouche et ses coaccusés

 Les ex-otages l'ont reconnu sans l'ombre d'un doute, lui a nié en bloc: c'est l'heure du réquisitoire mercredi au procès de Mehdi Nemmouche et de ses coaccusés, soupçonnés d'avoir séquestré des journalistes et humanitaires occidentaux en 2013 en Syrie pour le groupe Etat islamique. (AFP)
Les ex-otages l'ont reconnu sans l'ombre d'un doute, lui a nié en bloc: c'est l'heure du réquisitoire mercredi au procès de Mehdi Nemmouche et de ses coaccusés, soupçonnés d'avoir séquestré des journalistes et humanitaires occidentaux en 2013 en Syrie pour le groupe Etat islamique. (AFP)
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  • A l'ouverture de son procès le 17 février, celui qui avait gardé le silence pendant 10 ans d'enquête a annoncé d'emblée sa position: "Je n'ai jamais été le geôlier des otages occidentaux ni aucun autre, et je n'ai jamais rencontré ces personnes en Syrie"
  • Eux l'ont pourtant reconnu formellement, "à 100%" comme dira l'ex-otage Didier François, qui a passé, comme ses confrères Edouard Elias, Nicolas Hénin et Pierre Torres, près d'un an aux mains du groupe Etat islamique naissant à l'époque

PARIS: Les ex-otages l'ont reconnu sans l'ombre d'un doute, lui a nié en bloc: c'est l'heure du réquisitoire mercredi au procès de Mehdi Nemmouche et de ses coaccusés, soupçonnés d'avoir séquestré des journalistes et humanitaires occidentaux en 2013 en Syrie pour le groupe Etat islamique.

A l'ouverture de son procès le 17 février, celui qui avait gardé le silence pendant 10 ans d'enquête a annoncé d'emblée sa position: "Je n'ai jamais été le geôlier des otages occidentaux ni aucun autre, et je n'ai jamais rencontré ces personnes en Syrie", avait dit Mehdi Nemmouche, 39 ans, au sujet des journalistes français kidnappés et présents dans la salle d'audience de la cour d'assises spéciale de Paris.

Eux l'ont pourtant reconnu formellement, "à 100%" comme dira l'ex-otage Didier François, qui a passé, comme ses confrères Edouard Elias, Nicolas Hénin et Pierre Torres, près d'un an aux mains du groupe Etat islamique naissant à l'époque.

"C'est la voix qui m'emmerdait pendant des heures", qui "me terrorisait, qui me faisait chier en cellule". Celle de celui "qui parlait trop, qui parlait tout le temps", avait décrit Edouard Elias à la barre.

La voix qui chantait Charles Aznavour ou "Douce France", se sont-ils aussi rappelé. Qui disait son admiration pour Mohamed Merah, qu'il aimerait imiter et "fumer une petite juive de quatre ans". Qui se vantait d'exactions - "Je suis un ancien délinquant reconverti en nettoyeur ethnique islamique", fanfaronnait-il. Ou leur faisait des quiz, parler de "Faites entrer l'accusé", lançait "mon p'tit Didier!" à l'aîné des otages français, Didier François.

L'interrogatoire de Mehdi Nemmouche n'a fait que confirmer leurs certitudes.

Campé sur sa position, reconnaissant simplement avoir combattu au sein du groupe Etat islamique, lui s'est lancé dans une diatribe truffée de références historiques et géopolitiques contre les armées des pays occidentaux, parlant à toute vitesse, opposant parfois de curieux "secret défense" aux questions.

"J'ai retrouvé le Mehdi Nemmouche que je connais", a assuré à la cour Didier François. "Les mêmes termes", "les mêmes gestes", "les mêmes obsessions", "les mêmes discussions".

Supplice 

Mehdi Nemmouche encourt la perpétuité, peine à laquelle il a déjà été condamné en 2019 pour l'attaque au musée juif de la capitale belge. Premier d'une longue série de jihadistes de l'EI à rentrer de Syrie en Europe pour commettre un attentat, il y avait abattu quatre personnes le 24 mai 2014.

C'est grâce à sa photo publiée quelques jours plus tard dans la presse, au moment de l'arrestation, que les journalistes - libérés et rentrés en France un mois plus tôt - l'avaient reconnu.

Tous les quatre avaient été enlevés en juin 2013, comme 25 journalistes et humanitaires occidentaux au total, souvent détenus ensemble.

Les Français avaient été libérés au bout de 101 mois de supplice, entre violences physiques et psychologiques, privations de nourriture et simulacres d'exécutions, notamment dans une prison "usine à torturer" - à mort, dans le cas des détenus syriens - qu'ils ont longuement décrite.

D'autres otages occidentaux, comme le journaliste américain James Foley et l'humanitaire britannique David Haines, avaient été exécutés dans des mises en scène macabres, à genoux, mains liées derrière le dos, en tenues oranges rappelant celles des prisonniers de Guantanamo.

Deux hommes comparaissent au côté de Mehdi Nemmouche (deux autres, présumés morts, sont jugés en leur absence): Abdelmalek Tanem, 35 ans, déjà condamné en France pour avoir rejoint la Syrie en 2012 et soupçonné d'avoir été un des geôliers, et le Syrien Kais Al Abdallah (41 ans), facilitateur de l'enlèvement de Nicolas Hénin et Pierre Torres selon l'enquête.

Malgré le grand nombre de témoins assurant qu'il était l'un des principaux responsables de l'EI à Raqqa, Kais Al Abdallah a juré - et peiné à convaincre - qu'il n'avait jamais rejoint l'organisation jihadiste.

Quant à Abdelmalek Tanem - que les ex-otages n'ont pas reconnu contrairement à Mehdi Nemmouche - et qui était le garde du corps d'un des geôliers en chef, il a assuré qu'il ne savait pas que des occidentaux étaient retenus captifs.

La défense plaidera jeudi, le verdict est attendu vendredi.

 


Bayrou recadre ses ministres, des menaces de démission sur la balance

Le Premier ministre français François Bayrou s'exprime lors d'une séance de questions au gouvernement à l'Assemblée nationale, à Paris, le 18 mars 2025. (Photo par Thomas SAMSON / AFP)
Le Premier ministre français François Bayrou s'exprime lors d'une séance de questions au gouvernement à l'Assemblée nationale, à Paris, le 18 mars 2025. (Photo par Thomas SAMSON / AFP)
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  • François Bayrou a recadré mardi ses ministres, sur fond de cacophonie gouvernementale concernant le port du voile dans le sport et de menaces de démission.
  • Dans la foulée, il a convoqué cinq ministres en désaccord sur l'interdiction du port du voile lors des compétitions sportives.

PARIS : François Bayrou a recadré mardi ses ministres, sur fond de cacophonie gouvernementale concernant le port du voile dans le sport et de menaces de démission de deux poids- lourds de son équipe, Gérald Darmanin et Bruno Retailleau.

Lors d'un petit-déjeuner à Matignon avec des soutiens du gouvernement, le Premier ministre a d'abord fustigé « des critiques internes inacceptables » entre ministres et promis d'y « mettre bon ordre », selon un participant.

Dans la foulée, il a convoqué cinq ministres en désaccord sur l'interdiction du port du voile lors des compétitions sportives.

Selon un participant, François Bayrou a alors rappelé que « la ligne » du gouvernement était celle de la proposition de loi adoptée par le Sénat en février, qui propose d'interdire le port de signes religieux, notamment le voile, dans l'ensemble des compétitions sportives, y compris au niveau amateur.

Une position confirmée par la ministre Aurore Bergé (Égalité entre les femmes et les hommes) lors des questions au gouvernement : « Notre ligne est très claire : la lutte déterminée contre toute forme d'entrisme islamiste », a-t-elle martelé.

Juste avant la réunion de Matignon, Gérald Darmanin (Justice) avait mis sa « participation » dans l'équipe Bayrou dans la balance. « On ne peut pas rester dans un gouvernement qui cède sur ces questions- là », avait-il dit au Parisien.

Son collègue de l'Intérieur, Bruno Retailleau, soutient ce texte et propose également d'interdire le port du voile aux accompagnants scolaires.

- Rapport de force.

Mais Elisabeth Borne (Éducation) n'est pas d'accord et a estimé lundi qu'il était de « la responsabilité des fédérations (sportives) de définir leur règlement intérieur », tandis que la ministre des Sports Marie Barsacq a exprimé à plusieurs reprises ses réserves, mettant en garde contre « les confusions » et les « amalgames » entre le port du voile et la radicalisation dans le sport.

Gérald Darmanin et Elisabeth Borne se sont déjà opposés par médias interposés sur le droit du sol, que le Garde des Sceaux propose de supprimer.

Sur le dossier algérien, c'est Bruno Retailleau qui a menacé de quitter le gouvernement si celui-ci renonçait à un rapport de force avec l'Algérie pour qu'elle accepte de reprendre ses ressortissants en situation irrégulière en France.

« Si on me demandait de céder sur ce sujet majeur pour la sécurité des Français, évidemment que je le refuserais », a dit au Parisien samedi le locataire de la place Beauvau, qui multiplie les déclarations virulentes contre Alger, notamment depuis l'incarcération mi-novembre de l'écrivain franco- algérien Boualem Sansal et l'attentat de Mulhouse en février. 

- Atténuer -

Le ministre de l'Intérieur prône une « riposte graduée » au bout de laquelle il envisage une « remise en cause des accords de 1968 », qui donnent un statut particulier aux Algériens en France en matière de circulation, de séjour et d'emploi.

Fin février, François Bayrou a menacé de « dénoncer » cet accord, quand Emmanuel Macron a joué davantage la carte de l'apaisement en se disant « favorable, non pas à dénoncer, mais à renégocier » ce dernier.

Des dissensions gouvernementales sont également apparues sur les retraites, depuis que François Bayrou a fermé la porte à un retour de l'âge de départ à 62 ans, mettant en péril l'avenir du « conclave » des partenaires sociaux sur la réforme de 2023.

Le ministre de l'Économie, Éric Lombard, interlocuteur privilégié des socialistes dans les négociations budgétaires qui ont abouti à une non- censure en février, a tenté d'atténuer les propos du Premier ministre en affirmant que « c'est aux partenaires sociaux de décider » de l'issue des concertations, quand sa collègue au Budget, Amélie de Montchalin, a jugé « pas réaliste » le retour à 62 ans face à « l'impératif » d'un équilibre financier conjugué à un nouvel effort militaire.

Mardi, l'organisation patronale U2P, qui représente les artisans, les commerçants et les professions libérales, a annoncé son départ de la table des négociations. Du côté des syndicats de salariés, FO avait claqué la porte dès le premier jour, tandis que la CGT interrogeait encore ses instances sur l'attitude à adopter après avoir jugé « scandaleux » le rejet des 62 ans.