Abayas, pénurie d'enseignants: L'année scolaire démarre lundi entre défis et défiance

Le ministre français de l'Éducation et de la Jeunesse, Gabriel Attal, tient une conférence de presse à l'occasion de la rentrée scolaire, à Paris, le 28 août 2023 (Photo, AFP).
Le ministre français de l'Éducation et de la Jeunesse, Gabriel Attal, tient une conférence de presse à l'occasion de la rentrée scolaire, à Paris, le 28 août 2023 (Photo, AFP).
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Publié le Samedi 02 septembre 2023

Abayas, pénurie d'enseignants: L'année scolaire démarre lundi entre défis et défiance

  • Le nouveau ministre de l'Education Gabriel Attal a promis pour sa première rentrée de «mettre le paquet sur les savoirs fondamentaux»
  • L'interdiction de l'abaya qui vaut aussi pour le port du qamis, version masculine de ce vêtement, fait cependant l'objet d'un référé-liberté devant le Conseil d'Etat

PARIS: Quelque 12 millions d’élèves font leur retour à l’école lundi: une rentrée 2023/2024 où les pénuries d'enseignants malgré la promesse d’un professeur devant chaque classe, sont éclipsées médiatiquement par l'interdiction de l'abaya.

Attendu au tournant dans ce poste complexe et très exposé, le nouveau ministre de l'Education Gabriel Attal a promis pour sa première rentrée de "mettre le paquet sur les savoirs fondamentaux" et de "faire bloc" sur la laïcité.

En annonçant une semaine avant la rentrée, l'interdiction de l'abaya, longue robe traditionnelle couvrant le corps portée par certaines élèves musulmanes, M. Attal a passé son premier examen en prenant à bras le corps un sujet controversé et en donnant le "la" de la rentrée médiatique.

L'interdiction qui vaut aussi pour le port du qamis, version masculine de ce vêtement, fait cependant l'objet d'un référé-liberté devant le Conseil d'Etat par une association de défense des Musulmans.

Dans le sillage chef du l'Etat Emmanuel Macron qui a décidé de faire de l'école "son domaine réservé", c'est tout l'exécutif qui, deux mois après les émeutes, souhaite incarner une ligne de fermeté en matière éducative.

"Nous devons êtes intraitables" pour interdire à l'école l'abaya et le qamis, a martelé Emmanuel Macron lors d'un déplacement dans le Vaucluse, vendredi.

Or si les chefs d'établissements ont salué cette décision, de nombreux enseignants jugent que la question de l'abaya "ne doit pas cacher les problématiques réelles du terrain".

La rentrée 2023 se déroulera en effet à nouveau sous tension en raison d'une crise du recrutement des enseignants - un phénomène qui n'est pas nouveau mais qui s'est accentué depuis l'an dernier - avec cette année plus de 3.100 postes non pourvus aux concours enseignants dans le pays.

«Devoir républicain»
Emmanuel Macron a réaffirmé vendredi que la promesse d'"un professeur devant chaque classe" à la rentrée serait "tenue": "un devoir républicain", selon lui.

Selon un sondage du syndicat SE-Unsa, mené auprès de 2.000 personnes, 68% des enseignants interrogés disent pourtant craindre pour la rentrée qu'il y ait un manque de personnels.

Pour remédier à la crise des vocations, le chef de l'Etat a annoncé lors de son déplacement dans le Vaucluse la future création d'une "formation dès l'après-bac" pour les futurs enseignants au grand dam des syndicats.

Et si ceux-ci ont salué le report du calendrier des épreuves de spécialité du bac Blanquer de mars à juin, ils constatent aussi l'accumulation d'annonces sans consultation, ni concertation.

Dans une lettre adressée à Gabriel Attal, l'Unsa-Education exhorte le nouveau ministre à "ne pas reproduire les erreurs de ces prédécesseurs en matières d'annonces sans lendemain, d'injonctions aux personnels, d'éléments de langage qui mettent en porte à faux ceux-ci avec l'opinion publique".

Il liste aussi les priorités de la rentrée qui selon lui, reposent sur l'attractivité des métiers de l'éducation, la mixité sociale et la lutte contre la ségrégation scolaire.

Lundi, la Première ministre Elisabeth Borne et Gabriel Attal se rendront En Ile-et-Vilaine à l’école Amandine-Mallet à Saint-Germain-sur-Ille et au lycée général et technologique Simone-Veil de Liffré, où seront abordés deux priorités de cette rentrée, selon le gouvernement: le renforcement des fondamentaux en mathématiques et en lecture et une meilleure reconnaissance de l’engagement des enseignants grâce au pacte.

Parmi les autres sujets de la rentrée scolaire: le handicap. Fin août, l'Unapei, l'une des principales associations dans le secteur du handicap intellectuel, a déploré que des milliers d'enfants en situation de handicap n'ont pas accès à une scolarisation adaptée.

Il existe "une réelle carence dans l'accueil à l'école des élèves en situation de handicap", ont abondé la Défenseure des droits Claire Hédon et son adjoint Défenseur des enfants, Eric Delemar dans un communiqué.


Echanges de frappes entre Israël et l'Iran : la France renforce la vigilance sur son territoire

 Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau  (Photo AFP)
Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (Photo AFP)
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  • « Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme
  • Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

PARIS : Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau a appelé les préfets à renforcer la vigilance sur le territoire national. Il a notamment demandé de cibler les lieux de culte, les rassemblements festifs et les intérêts israéliens et américains. Cette demande a été transmise par télégramme. Elle a été envoyée vendredi. Cela fait suite à l'attaque israélienne en Iran.

« Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme consulté par l'AFP, alors qu'Israël et l'Iran poursuivaient leurs échanges de frappes meurtrières.

Les hostilités ont été déclenchées par une attaque israélienne massive contre des sites militaires et nucléaires iraniens, à laquelle Téhéran riposte avec des missiles balistiques. 

Dans ce contexte, M. Retailleau demande aux préfets de porter « une attention particulière » à la sécurité des lieux de culte, des établissements scolaires, des établissements publics et institutionnels, ainsi que des sites à forte affluence, notamment au moment des entrées et des sorties, et ce, incluant les « rassemblements festifs, culturels ou cultuels ».

Ces mesures de protection renforcée s'appliquent également aux « intérêts israéliens et américains ainsi qu'aux établissements de la communauté juive ».

Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

Vendredi soir, le président Emmanuel Macron a annoncé un « renforcement » du dispositif Sentinelle, qui déploie des militaires en France, « pour faire face à toutes les potentielles menaces sur le territoire national ».


Selon ManPowerGroup, l'IA pourrait réduire l'importance des « compétences » dans le recrutement

Des visiteurs font le tour des stands du salon VivaTech dédié aux start-ups technologiques et à l'innovation, à Paris Expo Porte de Versailles, à Paris, le 12 juin 2025. (Photo de Thomas SAMSON / AFP)
Des visiteurs font le tour des stands du salon VivaTech dédié aux start-ups technologiques et à l'innovation, à Paris Expo Porte de Versailles, à Paris, le 12 juin 2025. (Photo de Thomas SAMSON / AFP)
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  • L'irruption de l'intelligence artificielle (IA) bouleverse le marché du travail ainsi que les modes de recrutement et pourrait amener les employeurs à privilégier le « potentiel » des candidats plutôt que leurs « compétences ».
  • « un travailleur sur quatre dans le monde exerce une profession plus ou moins exposée à l'IA générative, mais la plupart des emplois seront transformés au lieu d'être supprimés, car une intervention humaine reste indispensable ».

PARIS : L'irruption de l'intelligence artificielle (IA) bouleverse le marché du travail ainsi que les modes de recrutement et pourrait amener les employeurs à privilégier le « potentiel » des candidats plutôt que leurs « compétences », selon un dirigeant de ManPowerGroup.

En effet, « les compétences pourraient s'avérer obsolètes dans six mois », explique Tomas Chamorro-Premuzic, directeur de l'innovation du géant américain du travail temporaire, rencontré par l'AFP au salon Vivatech, à Paris, qui ferme ses portes samedi.  Selon lui, « il vaut mieux savoir que vous travaillez dur, que vous êtes curieux, que vous avez de bonnes aptitudes relationnelles et ça, l'IA peut vous aider à l'évaluer ».

Selon l'Organisation internationale du travail (OIT), « un travailleur sur quatre dans le monde exerce une profession plus ou moins exposée à l'IA générative, mais la plupart des emplois seront transformés au lieu d'être supprimés, car une intervention humaine reste indispensable ».

Cependant, les tâches informatiques (utilisation d'Internet, messagerie, etc.) pouvant être accomplies de manière autonome par des agents d'IA connaissent une « rapide expansion ». 

Dans ce contexte, les employeurs pourraient rechercher de plus en plus de salariés dotés de compétences hors de portée de l'IA, telles que le jugement éthique, le service client, le management ou la stratégie, comme l'indique une enquête de ManpowerGroup menée auprès de plus de 40 000 employeurs dans 42 pays et publiée cette semaine.

M. Chamorro-Premuzic déplore toutefois que ces compétences ne soient pas encore davantage mises en avant dans la formation. « Pour chaque dollar que vous investissez dans la technologie, vous devez investir huit ou neuf dollars dans les ressources humaines, la transformation culturelle, la gestion du changement », dit-il.

Les craintes d'un chômage de masse provoqué par l'IA restent par ailleurs exagérées à ce stade, estime le dirigeant, malgré certaines prédictions alarmistes.

D'après Dario Amodei, patron de la société d'intelligence artificielle Anthropic, cette technologie pourrait faire disparaître la moitié des emplois de bureau les moins qualifiés d'ici cinq ans. 

« Si l'histoire nous enseigne une chose, c'est que la plupart des prévisions sont fausses », répond M. Chamorro-Premuzic.

Concernant le recrutement, activité principale de ManPowerGroup, le dirigeant ajoute que « les agents d'intelligence artificielle ne deviendront certainement pas le cœur de notre métier dans un futur proche ». Il constate également que l'IA est utilisée par les demandeurs d'emploi.

« Des candidats sont capables d'envoyer 500 candidatures parfaites en une journée, de passer des entretiens avec leurs bots et de déjouer certains éléments des évaluations », énumère-t-il.

 


Salon du Bourget : les députés et le président de la Seine-Saint-Denis boycotteront l'inauguration

L'équipe de démonstration de l'armée de l'air et de l'espace française « Patrouille de France » effectue des figures acrobatiques lors du Salon international de l'aéronautique et de l'espace (SIAE) à l'aéroport du Bourget, au nord de Paris, le 23 juin 2023. (Photo de Christophe ARCHAMBAULT / AFP)
L'équipe de démonstration de l'armée de l'air et de l'espace française « Patrouille de France » effectue des figures acrobatiques lors du Salon international de l'aéronautique et de l'espace (SIAE) à l'aéroport du Bourget, au nord de Paris, le 23 juin 2023. (Photo de Christophe ARCHAMBAULT / AFP)
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  • le président socialiste du conseil départemental de la Seine-Saint-Denis, Stéphane Troussel, et les députés du département ont fait part de leur refus de participer à l'inauguration du Salon du Bourget lundi.
  • « Il est inadmissible que ces entreprises et des représentants de l'État israélien soient reçus sous le haut patronage de l'État français a déclaré Stéphane Peu

BOBIGNY, FRANCE : Jeudi et vendredi, le président socialiste du conseil départemental de la Seine-Saint-Denis, Stéphane Troussel, et les députés du département ont fait part de leur refus de participer à l'inauguration du Salon du Bourget lundi, en raison de la présence d'entreprises israéliennes.

Organisé par le Gifas (Groupement des industries françaises aéronautiques et spatiales), le plus ancien et le plus grand rendez-vous aérospatial au monde se tient du 16 au 22 juin au Bourget, en Seine-Saint-Denis.

La présence d'Israël, qui compte neuf exposants, a été vivement critiquée, et a même fait l'objet de recours en justice.

Mardi, le tribunal judiciaire de Bobigny a rejeté la requête d'associations qui lui demandaient d'exclure les entreprises israéliennes du Bourget au nom du risque de perpétuation de crimes internationaux. La cour d'appel de Paris a par la suite confirmé cette décision. 

« Des entreprises israéliennes d'armement y seront présentes. « Comment peut-on, d'un côté, se dire attaché aux droits humains et, de l'autre, dérouler le tapis rouge à un État mis en cause par la Cour pénale internationale pour actes génocidaires ? », a écrit jeudi sur X le président socialiste de la Seine-Saint-Denis, Stéphane Troussel.

« Je ne participerai pas à l'accueil protocolaire traditionnel du président de la République et du Premier ministre », a-t-il poursuivi.

La position est identique chez l'ensemble des députés de Seine-Saint-Denis, tous de gauche.

« Il est inadmissible que ces entreprises et des représentants de l'État israélien soient reçus sous le haut patronage de l'État français, alors que le gouvernement israélien poursuit ses violations du droit international en commettant un véritable génocide à Gaza », a déclaré Stéphane Peu (PCF) dans un communiqué de presse. 

Joint par l'AFP, Éric Coquerel, président de la commission des Finances de l'Assemblée nationale et député LFI, a indiqué que c'était également la position des députés insoumis. « Nous allons même manifester contre », a-t-il ajouté.

Samedi, une manifestation est prévue au départ de la Bourse du travail de Bobigny à 13 heures, à l'appel d'une intersyndicale et d'une coalition d'associations.

Cette manifestation s'inscrit dans le cadre d'un week-end de mobilisation et d'un « village anti-guerre » organisé du 20 au 22 juin à Bobigny.

Israël est en guerre depuis près de 20 mois contre le Hamas, à la suite de l'attaque du 7 octobre 2023 menée par le mouvement islamiste palestinien.

Les accusations de génocide et de crimes de guerre contre Israël se multiplient, provenant d'experts de l'ONU, de groupes de défense des droits humains et de pays de plus en plus nombreux. Israël les rejette.