Charles III, un an de règne sans accroc pour tourner la page d'Elizabeth II

Le roi Charles III de Grande-Bretagne et la reine Camilla de Grande-Bretagne saluent depuis le balcon du palais de Buckingham après avoir assisté au défilé de l'anniversaire du roi, « Trooping the Colour », à Londres le 17 juin 2023. (Photo Adrian DENNIS / AFP)
Le roi Charles III de Grande-Bretagne et la reine Camilla de Grande-Bretagne saluent depuis le balcon du palais de Buckingham après avoir assisté au défilé de l'anniversaire du roi, « Trooping the Colour », à Londres le 17 juin 2023. (Photo Adrian DENNIS / AFP)
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Publié le Lundi 04 septembre 2023

Charles III, un an de règne sans accroc pour tourner la page d'Elizabeth II

  • La première année du monarque de 74 ans a alterné entre moments historiques et agenda plus traditionnel pour ce chef d'Etat de 15 nations, à la fonction largement protocolaire
  • Connu pour ses prises de positions fortes sur des sujets comme l'environnement, l'agriculture biologique ou l'éducation lorsqu'il était prince de Galles, Charles s'est glissé sans difficulté apparente dans la réserve constitutionnelle

LONDRES: Un an après avoir succédé à Elizabeth II, Charles III a endossé sans faux pas le lourd habit de souverain, et sans révolutionner la monarchie, a commencé à imprimer sa marque sur un règne souvent vu comme une transition avant celui de son fils William.

Deuil national, couronnement grandiose, nouveau Premier ministre, engagements officiels et scandale familial: la première année du monarque de 74 ans a alterné entre moments historiques et agenda plus traditionnel pour ce chef d'Etat de 15 nations, à la fonction largement protocolaire.

Connu pour ses prises de positions fortes sur des sujets comme l'environnement, l'agriculture biologique ou l'éducation lorsqu'il était prince de Galles, Charles s'est glissé sans difficulté apparente dans la réserve constitutionnelle.

"La transition a été beaucoup plus douce que certains ne l'avaient anticipé et qui ont été surpris que Charles semble bien s'adapter", analyse Pauline Maclaran, professeure à l'université Royal Holloway.

Cinq moments marquants de la première année de règne de Charles III

Discours, couronnement grandiose et première visite d'Etat, la première année du règne de Charles III a été marquée de beaucoup de moments inédits pour le monarque.

-Le temps du deuil: première allocution

Au lendemain de la mort de la reine Elizabeth II à 96 ans, son fils, devenu le roi Charles III, apparaît sur les écrans des Britanniques. Visiblement ému, il rend hommage au long règne de sa mère et promet de servir les Britanniques "avec loyauté, respect et amour".

"A ma maman chérie, alors que vous entamez votre dernier grand voyage pour rejoindre mon cher feu Papa, je veux simplement vous dire ceci: merci", affirme-t-il laissant transparaître ses sentiments.

Dans cette allocution enregistrée depuis le palais de Buckingham, Charles y désigne son fils ainé et héritier William prince de Galles, le titre qu'il a lui même porté jusqu'à son accession au trône, et exprime son "amour" pour le prince Harry et son épouse Meghan, désormais aux Etats-Unis.

Peu avant, revenant d'Ecosse où la reine était décédée le 8 septembre au château de Balmoral, le monarque avait longuement salué la foule venue rendre hommage à la défunte souveraine. Avant les funérailles, le deuil national dure 10 jours pendant lesquels le nouveau souverain va parcourir son royaume.

-Un discours de Noël très suivi

Le 25 décembre, Charles III prononce son premier discours de Noël, rendez-vous incontournable depuis 1932 et télévisé depuis 1957.

Enregistré depuis la chapelle Saint-Georges du château de Windsor, où reposent sa mère et

son père Philip, il y remercie les Britanniques "pour l'amour et la sympathie que vous avez manifesté à toute notre famille".

En pleine crise du coût de la vie et au moment où des grèves historiques secouent le pays, le roi pensent à ceux "qui cherchent des moyens de payer leurs factures ou de nourrir et chauffer leurs familles".

Plus de 10,6 millions de personnes regardent le discours, un record. -Un couronnement grandiose

Charles est officiellement couronné le 6 mai en grande pompe à l'abbaye de Westminster devant un parterre d'invités prestigieux mais sans grande ferveur populaire.

Au-côté de son épouse Camilla, également couronnée reine, Charles reçoit de l'archevêque de Canterbury la couronne de Saint-Edouard au cours d'une cérémonie chrétienne marquée du poids de l'histoire de la monarchie. L'événement est quelque peu modernisé avec une durée plus courte, des représentants des principales religions et des invités témoignant davantage de la diversité du Royaume-Uni d'aujourd'hui.

Après une procession jusqu'au palais de Buckingham, la famille royale sacrifie au rituel du salut depuis le balcon, sans le prince Harry, qui avait quelques mois plus tôt publié des mémoires très durs envers sa famille.

-Une visite d'Etat... en Allemagne

Pour sa première visite d'Etat, Charles III devait se rendre en France fin mars afin de célébrer la longue amitié franco-britannique, avant d'aller dans la foulée en Allemagne. Mais cette visite française a dû être reportée, empêchée pour des raisons de sécurité en plein mouvement social contre la réforme des retraites.

Le couple royal se rendra finalement à Paris et Bordeaux, du 20 au 22 septembre.

A Berlin, dans un discours historique et majoritairement en allemand dans l'enceinte du Parlement, le roi a appelé à l'unité contre l'invasion russe en Ukraine, déplorant le retour du "fléau" de la guerre en Europe.

-Réveil des anti-monarchistes

Inaudibles sous la populaire Elizabeth II, les militants pro-République ont retrouvé de la vigueur, même s'ils restent très minoritaires.

Souvent présents dans la foule lors des déplacements officiels du roi, ils sont bien visibles avec leurs pancartes et t-shirts flanqués du slogan "Not my King".

Lors du couronnement, des centaines d'entre eux se sont rassemblés sur Trafalgar Square à Londres et une soixantaine ont été arrêtés dans une opération de police qui a fait polémique, certains criant à la répression de la liberté d'expression.

Le roi a dû aussi affronter à plusieurs reprises des jets d'oeufs lors de certains de ses déplacements, comme à York (nord de l'Angleterre) en novembre où un homme, ensuite condamné à 100 heures de travaux d'intérêt général, a justifié son acte par la "violence mise en oeuvre par l'Etat britannique".

Aucun événement public n'est prévu pour marquer l'anniversaire de l'accession au trône de Charles qui séjourne actuellement au château écossais de Balmoral, où Elizabeth II s'est éteinte le 8 septembre 2022 à 96 ans, après un règne record de 70 ans et auréolée d'une popularité considérable.

Point d'orgue de cette année, le couronnement du Charles et Camilla le 6 mai à l'abbaye de Westminster, devant des invités plus représentatifs de la diversité du pays, a illustré le respect d'une longue tradition tout comme une volonté de faire évoluer une monarchie jugée obsolète par une partie des Britanniques.

Il y aura "de petits changements, mais il prépare plutôt le terrain pour (son fils et héritier)

William qui pourrait être le vrai modernisateur de la monarchie", note Pauline Maclaran.

S'il reste moins aimé que la défunte reine ou que William, 41 ans, la popularité de Charles a progressé. Selon un sondage Yougov, 55% des Britanniques en ont une opinion positive, contre 44% il y a un an.

Sa première allocution de Noël, tradition incontournable, a été regardée par 10,6 millions de téléspectateurs, un record.

Plus humain

Lors de ses nombreux déplacements, Charles III, souvent accompagné de son épouse Camilla, apparait généralement accessible et chaleureux, loin de la réserve adoptée par Elizabeth II.

"Même les photos officielles qu'ils ont publiées sont plus détendues (...) il y a un peu plus d'humanité", note Jonathan Spangler, historien à l'université de Manchester.

Il a su se montrer "humble et abordable" dans une période économique difficile pour les Britanniques en proie à la crise du coût de la vie, souligne Pauline Maclaran, qui rappelle toutefois l'épisode du stylo défectueux, ayant révélé un roi impatient, seul accroc de communication à ce jour selon elle. En novembre en Irlande du Nord le roi s'était emporté contre un stylo qui fuyait: "Je ne peux pas supporter ce foutu truc!", s'était-il énervé, un écart devenu rapidement viral.

Pour autant, le mouvement pro-république connait un regain de vigueur depuis la disparition d'Elizabeth II, et Charles est souvent accueilli dans ses déplacements par des banderoles et slogans anti-monarchistes, et même des jets d'oeufs.

Et jusqu'ici le règne de ce roi qui suscite peu de ferveur n'a pas connu de "moment décisif", souligne l'historienne Anna Whitelock. "D'importantes questions restent en suspens", comme sa réponse aux appels à des excuses sur l'héritage colonial de la monarchie ou ses avantages fiscaux, pointe-t-elle.

En France fin septembre

Il n'a pour l'instant effectué qu'un déplacement officiel à l'étranger, en Allemagne, sa visite d'Etat en France en mars ayant été reportée à cause des risques de violences dans un Hexagone en ébullition contre la réforme des retraites.

Il s'y rendra fin septembre, avant, selon des médias britanniques, un probable déplacement en Afrique.

Le souverain a toutefois reçu plusieurs dirigeants étrangers, comme les présidents américain Joe Biden et sud-africain Cyril Ramaphosa - premier a être accueilli pour une visite d'Etat - ou encore le président ukrainien Volodymyr Zelensky.

Si Elizabeth II avait un intérêt marqué pour le Commonwealth, réunissant d'anciennes colonies britanniques, Charles "a une approche plus mondiale, c'est un changement

intéressant", estime Jonathan Spangler, citant son engagement sur le changement climatique ou en faveur des réfugiés ukrainiens.

Loin des enjeux globaux, le roi a vu son début de règne entaché par un nouvel épisode de la saga Harry et Meghan, après la publication des mémoires de son fils cadet et la diffusion d'un documentaire à charge contre la famille royale par les "Sussex", désormais aux Etats-Unis.

"Charles l'a bien géré. Il s'en est tenu au mantra de la reine +ne pas expliquer, ne pas se plaindre+", estime Pauline Maclaran.

Charles III n'en a pas fini avec les premières. Le 7 novembre, il prononcera son premier discours d'ouverture de la session parlementaire en tant que souverain.


Washington cible l'Autorité palestinienne, en plein débat sur la reconnaissance d'un Etat de Palestine

Le président de l'Autorité palestinienne Mahmud Abbas. (File/AFP)
Le président de l'Autorité palestinienne Mahmud Abbas. (File/AFP)
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  • Les Etats-Unis ont annoncé jeudi des sanctions contre des responsables de l'Autorité palestinienne et de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP), en pleine offensive en faveur d'un Etat de Palestine

WASHINGTON: Les Etats-Unis ont annoncé jeudi des sanctions contre des responsables de l'Autorité palestinienne et de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP), en pleine offensive en faveur d'un Etat de Palestine.

L'annonce des sanctions américaines survient en effet au moment où de nombreux Etats, dont la France et le Canada, ont promis de reconnaître un Etat de Palestine en marge de l'Assemblée générale de l'ONU en septembre, provoquant la colère d'Israël et des Etats-Unis qui parlent d'une "récompense" faite au Hamas dans la bande de Gaza.

La France et l'Arabie saoudite ont co-présidé lundi et mardi à l'ONU une conférence internationale, plaidant ainsi pour la solution à deux Etats, israélien et palestinien, seul chemin pour parvenir à la paix au Proche-Orient.

Washington, qui rejette toute reconnaissance unilatérale d'un Etat palestinien, a décrit la conférence comme étant une "insulte" faite aux victimes de l'attaque du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023.

Dans un communiqué jeudi, le département d'Etat américain a fait part de sanctions contre des responsables de l'Autorité palestinienne et de l'OLP, sans les identifier, accusés notamment d'"internationaliser le conflit avec Israël".

Washington reproche aux deux institutions de "soutenir des actions au sein d'organisations internationales qui sapent et contredisent les engagements antérieurs" notamment à travers la Cour internationale de justice (CIJ) et la Cour pénale internationale (CPI).

Washington avait sanctionné en juin quatre magistrates de la CPI, estimant que leurs procédures visant l'exécutif israélien étaient "illégitimes" et "politisées".

Washington, principal allié d'Israël, accuse aussi l'OLP et l'Autorité palestinienne de "continuer à soutenir le terrorisme, y compris par l'incitation et la glorification de la violence" dans les livres scolaires, une accusation de longue date.

Les sanctions consistent en un refus de visa pour des membres des deux institutions.

- "Distorsion morale" -

"Il est dans l'intérêt de notre sécurité nationale d'imposer des sanctions et de tenir l'OLP et l'Autorité palestinienne responsables du non-respect de leurs engagements et de la remise en cause des perspectives de paix", a indiqué le département d'Etat.

Le ministre israélien des Affaires étrangères, Gideon Saar, s'est aussitôt félicité de cette décision, jugeant que "l'Autorité palestinienne doit payer le prix de sa politique actuelle consistant à verser des indemnités aux terroristes et à leurs familles pour les attentats commis et pour l'incitation à la haine contre Israël dans les écoles, les manuels scolaires, les mosquées et les médias palestiniens".

Il a également relevé, sur X, que cette mesure "met en évidence la distorsion morale de certains pays qui se sont empressés de reconnaître un Etat palestinien virtuel tout en fermant les yeux sur le soutien de l'Autorité palestinienne au terrorisme et à l'incitation à la haine".

L'Autorité palestinienne, dont le président est Mahmoud Abbas, administre la Cisjordanie occupée, tandis que l'OLP, créée en 1964, est le mouvement fondateur représentant les Palestiniens, longtemps dirigée par leur leader historique Yasser Arafat.

L'OLP rassemble la majorité des mouvements politiques palestiniens mais pas le mouvement islamiste Hamas, qui s'est emparé du pouvoir à Gaza en 2007.

Des pays arabes et occidentaux voudraient voir l'Autorité palestinienne, très affaiblie, jouer un rôle dans la gouvernance de la bande de Gaza après la guerre qui y fait rage depuis octobre 2023.

Depuis son retour au pouvoir en janvier, le président Donald Trump, qui a accueilli le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu par trois fois à la Maison Blanche, plus qu'aucun autre dirigeant étranger, a apporté un soutien inconditionnel à Israël, tout en oeuvrant sans succès pour un cessez-le-feu à Gaza.

Mais il s'est montré peu disert sur l'Autorité palestinienne, décriée pour le manque de réformes et la corruption.

Parmi ses premiers décrets, le président Trump avait levé des sanctions imposées sous son prédécesseur Joe Biden visant des colons israéliens extrémistes en Cisjordanie, en proie à une recrudescence des violences.


L'envoyé de Trump rencontre Netanyahu, Israël face à des critiques accrues

L'envoyé du président américain Donald Trump pour le Moyen-Orient, Steve Witkoff, rencontre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu jeudi. (GPO)
L'envoyé du président américain Donald Trump pour le Moyen-Orient, Steve Witkoff, rencontre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu jeudi. (GPO)
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  • L'émissaire américain Steve Witkoff a discuté jeudi à Jérusalem avec le Premier ministre Benjamin Netanyahu de la guerre à Gaza, à l'heure où de nombreux pays ont dit envisager de reconnaître un Etat palestinien au grand dam d'Israël
  • Les morts tombés sous les tirs et bombardements israéliens se comptent par dizaines chaque jour dans le territoire palestinien assiégé par Israël

Jérusalem, Non défini: L'émissaire américain Steve Witkoff a discuté jeudi à Jérusalem avec le Premier ministre Benjamin Netanyahu de la guerre à Gaza, à l'heure où de nombreux pays ont dit envisager de reconnaître un Etat palestinien au grand dam d'Israël.

Après 22 mois d'une guerre dévastatrice déclenchée par une attaque du Hamas sur le sol israélien le 7 octobre 2023, la bande de Gaza est menacée d'une "famine généralisée" selon l'ONU et est totalement dépendante de l'aide humanitaire distribuée par camions ou larguée depuis les airs.

Les morts tombés sous les tirs et bombardements israéliens se comptent par dizaines chaque jour dans le territoire palestinien assiégé par Israël, selon la Défense civile locale qui a fait état de 38 Palestiniens tués jeudi.

Plusieurs dizaines de corps gisaient empilés à la morgue de l'hôpital al-Chifa dans le nord de Gaza, dans l'attente d'être collectés par leurs proches, a constaté un correspondant de l'AFP.

"Le moyen le plus rapide de mettre fin à la crise humanitaire à Gaza est que le Hamas CAPITULE ET LIBÈRE LES OTAGES !!!", a déclaré le président américain Donald Trump sur X.

Rien n'a filtré de la rencontre entre MM. Witkoff et Netanyahu mais en début de semaine, M. Trump a semblé se distancer de son allié israélien en évoquant une "vraie famine" à Gaza.

Avant l'arrivée jeudi de l'émissaire de M. Trump, des dizaines de mères et proches d'otages encore aux mains du Hamas ont manifesté devant le bureau du Premier ministre à Jérusalem, exigeant un "accord global" qui garantirait la libération des 49 otages encore détenus à Gaza, dont 27 ont été déclarés morts par l'armée.

- "Position minoritaire" -

L'attaque du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023 a entraîné du côté israélien la mort de 1.219 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP réalisé à partir de données officielles.

En riposte, Israël a juré de détruire le Hamas et lancé une offensive dévastatrice à Gaza qui a fait au moins 60.249 morts, en majorité des civils, d'après les données du ministère de la Santé à Gaza jugées fiables par l'ONU. La campagne aérienne et terrestre a dévasté le territoire et provoqué un désastre humanitaire.

Le chef de la diplomatie allemande Johann Wadephul a lui rencontré à Jérusalem son homologue israélien Gideon Saar, avant de rencontrer M. Netanyahu.

Avant de décoller pour Israël, M. Wadephul a estimé qu'Israël était "de plus en plus en position minoritaire", alors qu'un "nombre croissant de pays, y compris européens, sont prêts à reconnaître un Etat palestinien sans processus de négociation préalable".

Ces visites interviennent après la multiplication des alertes d'organisations internationales sur une famine à Gaza et l'échec de négociations indirectes, sous médiation américaine, qatarie et égyptienne, entre Israël et le Hamas en vue d'un cessez-le-feu.

Le gouvernement israélien a annoncé dimanche une pause limitée dans l'offensive afin de permettre l'acheminement de l'aide dans le petit territoire pauvre où s'entassent plus de deux millions de Palestiniens.

Mais ces aides sont jugées insuffisantes par les organisations internationales face aux besoins immenses de la population.

- "Pression déformée"

Le Portugal a indiqué jeudi envisager de reconnaître l'Etat de Palestine, après que plusieurs pays dont le Canada, la France et le Royaume-Uni ont annoncé leur intention de faire de même en marge de l'Assemblée générale de l'ONU en septembre.

Une telle reconnaissance reste néanmoins largement symbolique en raison du refus d'Israël de la création d'un tel Etat auquel aspirent les Palestiniens.

Dans ce contexte, Israël a dénoncé une "campagne de pression internationale déformée" venant "récompenser le Hamas et nuire aux efforts visant à obtenir un cessez-le-feu à Gaza".

Les Etats-Unis, qui ont dénoncé les annonces sur la reconnaissance d'un Etat palestinien, ont imposé des sanctions contre des responsables de l'Autorité palestinienne et de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP), accusant les deux organismes d'avoir pris des mesures pour "internationaliser leur conflit avec Israël" et de "continuer à soutenir le terrorisme".

Le gouvernement Netanyahu, qui veut chasser le Hamas de Gaza et a annoncé son intention de contrôler le territoire, semble peiner à trancher sur une solution politique d'après-guerre.

Dans ce contexte, la frange la plus radicale de sa coalition gouvernementale plaide pour un retour des colonies à Gaza, évacuées en 2005 avec le retrait unilatéral israélien du territoire après 38 ans d'occupation.

L'armée israélienne a par ailleurs annoncé le retrait du nord de Gaza de sa 98e Division, composée d'unités parachutistes et de commandos d'élite, qui a "se prépare désormais à de nouvelles missions".


Une experte de l’ONU : « La famine imposée à Gaza est une atteinte grave à la dignité humaine »

Des Palestiniens se rassemblent pour recevoir de la nourriture d'une cuisine caritative dans la ville de Gaza, le 28 juillet 2025. (Reuters)
Des Palestiniens se rassemblent pour recevoir de la nourriture d'une cuisine caritative dans la ville de Gaza, le 28 juillet 2025. (Reuters)
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  • Alice Jill Edwards dénonce une privation prolongée de nourriture entraînant malnutrition, défaillances d’organes et décès, notamment chez les nourrissons et femmes enceintes
  • « Des règles changeantes, une distribution militarisée et l’incertitude permanente sur l’accès aux besoins de base provoquent désespoir, stress et traumatismes », alerte-t-elle

NEW YORK: La rapporteuse spéciale de l’ONU sur la torture, Alice Jill Edwards, a exprimé mercredi sa vive inquiétude face à l’augmentation du nombre de décès liés à la famine parmi les Palestiniens de Gaza.

Elle a qualifié la famine infligée aux civils de « meurtrière, inhumaine et dégradante », appelant à une aide humanitaire rapide et sans entrave vers l’enclave dévastée.

« Priver des gens de nourriture, d’eau et de dignité constitue une violation grave et répétée dans ce conflit. Cela doit cesser », a-t-elle déclaré, citant des rapports « choquants » de civils tués en faisant la queue pour se nourrir, et des cas généralisés de faim et de malnutrition.

Elle a alerté sur un risque croissant de famine généralisée à Gaza, soulignant que toutes les parties au conflit ont des obligations juridiques, au regard du droit international, d’assurer un accès à l’eau et à la nourriture pour les civils sous leur contrôle, et de faciliter l’aide humanitaire.

« Ils ne doivent ni voler, ni détourner, ni bloquer délibérément l’acheminement de l’aide », a-t-elle averti.

Elle a décrit les « conséquences physiologiques catastrophiques » de la privation prolongée de calories : malnutrition, défaillance d’organes et décès, touchant particulièrement les groupes vulnérables comme les nourrissons et les femmes enceintes.

« L’impact psychologique d’un tel déni est d’une cruauté intrinsèque », a-t-elle poursuivi.

« Des règles constamment changeantes, des distributions militarisées, et une incertitude quotidienne sur l’accès aux besoins fondamentaux plongent les gens dans un désespoir et une détresse extrêmes. »

Elle a salué l’annonce par Israël de pauses humanitaires permettant au Programme alimentaire mondial d’opérer pendant trois mois, tout en soulignant que « davantage doit être fait » pour mettre fin aux hostilités et établir une paix durable fondée sur la solution à deux États.

« Personne ne devrait subir l’humiliation de devoir mendier pour se nourrir, surtout quand des stocks suffisants sont disponibles », a-t-elle déclaré.

Edwards a également renouvelé son appel à la libération immédiate et inconditionnelle de tous les otages, à la libération des Palestiniens détenus arbitrairement, et à la mise en place d’enquêtes indépendantes sur les allégations de torture, de mauvais traitements et d’éventuels crimes de guerre, de la part de toutes les parties.

Elle a indiqué avoir exprimé ses préoccupations à plusieurs reprises aux autorités concernées et continuer de réclamer une pleine reddition de comptes.

Les rapporteurs spéciaux font partie des procédures spéciales du Conseil des droits de l’homme de l’ONU. Ils sont indépendants, ne sont pas membres du personnel des Nations unies et travaillent bénévolement.