Appartements insalubres, locataires « vulnérables »: des marchands de sommeil présumés poursuivis à Montpellier

Des marchands de sommeil présumés sont jugés depuis mardi à Montpellier. Photo d'illustration. (AFP).
Des marchands de sommeil présumés sont jugés depuis mardi à Montpellier. Photo d'illustration. (AFP).
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Publié le Mercredi 06 septembre 2023

Appartements insalubres, locataires « vulnérables »: des marchands de sommeil présumés poursuivis à Montpellier

  • Dans ses 110 logements de 24 à 44 mètres carrés, sur sept étages, dans le quartier populaire de la Mosson, à Montpellier, la résidence Font Del Rey accueillait surtout des primo-arrivants sur le sol français
  • Une bonne partie des appartements avaient pourtant été diagnostiqués comme "insalubres" ou "indécents" par les services d'hygiène de la ville

MONTPELLIER: Poursuivis pour avoir loué au prix fort des appartements insalubres, principalement à des migrants marocains en situation de "vulnérabilité", dans des conditions "incompatibles avec la dignité humaine", des marchands de sommeil présumés sont jugés depuis mardi à Montpellier.

Dans ses 110 logements de 24 à 44 mètres carrés, sur sept étages, dans le quartier populaire de la Mosson, à Montpellier, la résidence Font Del Rey accueillait surtout des primo-arrivants sur le sol français.

"Des hommes âgés et des familles, tous Marocains. Ils sont dans une situation précaire, ne parlent pas français, ont une méconnaissance de leurs droits et payaient cash leur loyer chaque mois", a témoigné Marion Persil, directrice de l'association Habiter Enfin!, partie civile au procès, comme la Ville de Montpellier.

Et les loyers étaient élevés, de 500 à 650 euros par mois, comme dans le centre de Montpellier, la 7e ville de France. Une bonne partie des appartements avaient pourtant été diagnostiqués comme "insalubres" ou "indécents" par les services d'hygiène de la ville. Quant aux parties communes, elles étaient dans un état déplorable: moisissures, punaises, cafards, branchements électriques dangereux, infiltrations, garde-corps descellés, issues de secours inaccessibles.

Trois propriétaires, leur "homme de main", et quatre sociétés sont poursuivis pour "soumission de personnes vulnérables ou dépendantes à des conditions d'hébergement incompatibles avec la dignité humaine", "mise en danger de la vie d’autrui" mais aussi "menaces ou actes d'intimidation en vue de contraindre les occupants à renoncer aux droits qu'ils détiennent".

Parmi eux, trois hommes sont au centre de l'affaire. Patrick Bolzer, cogérant de la société SCI Foncière de Rénovation, propriétaire de 82 des 110 logements. Didier Raymond, l'autre cogérant de cette même SCI, également cogérant de Ciger Sud, syndic de l'immeuble et agence immobilière mandataire de gestion des logements de la résidence. Et enfin leur "homme de main", Jamal Miktar, poursuivi pour complicité: celui "qui ne peut rien faire sans demander de l'argent", a décrit un des locataires.

« Des moins que rien »

"Dès que je demandais à faire des travaux, il fallait que je paye pour qu'il vienne voir, puis pour qu'il prévienne le propriétaire", a assuré l'un des locataires, traduit par un interprète. A la barre, les locataires présents ont également témoigné avoir versé en espèces une somme allant de 1.500 à 1.800 euros à cet homme, simplement pour pouvoir visiter un appartement à louer.

"C'est un complot. Ce ne sont que des mensonges", a rétorqué l'intéressé, hâbleur, avant de se faire reprendre par son propre avocat.

"Je ne comprends pas ce qui m'est reproché", a assuré de son côté M. Bolzer, retraité du secteur de la publicité reconverti dans l'immobilier, l'air étonné: "Ces appartements du Font del Rey, ils ont été achetés avant ma nomination à la tête de la SCI en 2005, mais j'ai toujours géré au mieux les intérêts de la SCI en fonction des travaux nécessaires, et j'ai visité l'immeuble au moins une fois par an jusqu'en 2018".

Les victimes ont également témoigné d'actes d'intimidations perpétrés par M. Raymond, de Ciger Sud. Il "nous considérait comme des moins que rien, pas comme des êtres humains", a expliqué un locataire, après que Sylvie Chamvoux, directrice régionale de la Fondation Abbé Pierre, a précisé à la barre que 67% des locataires présentaient des problèmes de santé et/ou étaient porteurs d'un handicap reconnu.

Les habitants étaient "effrayés d'être vus par le propriétaire avec des membres de l'association", a indiqué la directrice d'Habiter Enfin!, assurant avoir dû prendre des dispositions pour assurer la sécurité de ses salariés lors de visites de cette résidence.

Les deux derniers prévenus vont être entendus mercredi matin, avant les plaidoiries des parties civiles. La fin du procès est prévue mercredi soir, avec une mise en délibéré, après le réquisitoire du parquet et la défense.


Macron fustige les «bourgeois des centres-villes» qui financent «parfois» le narcotrafic

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  • Emmanuel Macron a également insisté sur "la nécessité d'avoir une approche interministérielle du très local à l'international"
  • La question est au centre du débat public depuis l'assassinat jeudi à Marseille de Mehdi Kessaci, le frère d'un militant engagé contre le narcotrafic

PARIS: Le président Emmanuel Macron a estimé mercredi lors du Conseil des ministres que ce sont "parfois les bourgeois des centres-villes qui financent les narcotrafiquants", selon des propos rapportés par la porte-parole du gouvernement Maud Bregeon lors de son compte-rendu.

Le chef de l'État a appuyé "l'importance d'une politique de prévention et de sensibilisation puisque, je reprends ses mots, +c'est parfois les bourgeois des centres-villes qui financent les narcotrafiquants+", a précisé Maud Bregeon, ajoutant: "on ne peut pas déplorer d'un côté les morts et de l'autre continuer à consommer le soir en rentrant du travail".

Emmanuel Macron a également insisté sur "la nécessité d'avoir une approche interministérielle du très local à l'international". La question est au centre du débat public depuis l'assassinat jeudi à Marseille de Mehdi Kessaci, le frère d'un militant engagé contre le narcotrafic.

 


Amiante dans les écoles: plus de 50 personnes et sept syndicats portent plainte à Marseille

Classée cancérogène, l'amiante présente des risques pour la santé principalement par inhalation, lorsque les poussières pénètrent le système respiratoire. (AFP)
Classée cancérogène, l'amiante présente des risques pour la santé principalement par inhalation, lorsque les poussières pénètrent le système respiratoire. (AFP)
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  • "La grande majorité des établissements scolaires en France, construits avant son interdiction en 1997, présentent encore à ce jour de l’amiante dans de nombreux éléments du bâti", rappelle dans un communiqué l'avocate Julie Andreu
  • Or, la vétusté de certains d'entre eux aggrave l'exposition à l'amiante et selon l'avocate, "les responsables concernés (collectivités locales) n’ont pas pris les mesures qui s’imposent"

MARSEILLE: Ils sont parents d'élèves, enseignants, agents municipaux: une cinquantaine de personnes, toutes exposées à l'amiante dans des écoles des Bouches-du-Rhône, vont déposer mercredi à Marseille une plainte contre X pour "mise en danger délibérée de la vie d'autrui".

Sept syndicats et trois associations de victimes de l'amiante sont aussi plaignants dans ce dossier, qui concerne 12 établissements scolaires, la plupart à Marseille.

"La grande majorité des établissements scolaires en France, construits avant son interdiction en 1997, présentent encore à ce jour de l’amiante dans de nombreux éléments du bâti", rappelle dans un communiqué l'avocate Julie Andreu, qui représente ces plaignants d'une douzaine d'établissements scolaires et dont la plainte va être déposée à 14h.

Or, la vétusté de certains d'entre eux aggrave l'exposition à l'amiante et selon l'avocate, "les responsables concernés (collectivités locales) n’ont pas pris les mesures qui s’imposent".

Classée cancérogène, l'amiante présente des risques pour la santé principalement par inhalation, lorsque les poussières pénètrent le système respiratoire.

"Une collègue est décédée en avril 2024 des suites d’un cancer lié à l’amiante, reconnu comme maladie professionnelle", a expliqué dans un dossier de presse le collectif stop amiante éducation, dans lequel sont réunis les syndicats et associations plaignants.

Le collectif dénonce "de nombreuses défaillances", notamment une absence d'information sur l'amiante, malgré les obligations réglementaires, ou encore une absence de protection pendant les travaux.

En mars, les syndicats enseignants avaient révélé que plus de 80% des bâtiments scolaires en France étaient potentiellement concernés par la présence d'amiante.

Un rapport du Haut Conseil de la Santé Publique publié en 2014, prévoit que d’ici 2050, 50.000 à 75.000 décès par cancer du poumon dus à l’amiante aient lieu, auxquels s’ajoutent jusqu'à 25.000 décès par mésothéliome (un autre type de cancer).

 


Assassinat de Mehdi Kessaci: «Non, je ne me tairai pas» face au narcotrafic, dit son frère dans une tribune au Monde

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  • "Je dirai et répéterai que mon frère Mehdi est mort pour rien. Je dirai la violence du narcotrafic"
  • "On me parle de crime d’avertissement. Mais un crime n'est jamais un avertissement"

PARIS: "Non, je ne me tairai pas" face au narcotrafic, a déclaré mercredi dans une tribune publiée dans le journal Le Monde Amine Kessaci, le frère de Mehdi, abattu jeudi à Marseille par deux personnes à moto.

"Je dirai et répéterai que mon frère Mehdi est mort pour rien. Je dirai la violence du narcotrafic", a également écrit le militant écologiste de 22 ans, engagé dans la lutte contre le narcobanditisme. En 2020, cette famille de six enfants avait déjà été endeuillée par l'assassinat d'un autre de ses frères, Brahim, 22 ans, dont le corps avait été retrouvé carbonisé dans un véhicule.

"On me parle de crime d’avertissement. Mais un crime n'est jamais un avertissement", a encore déclaré Amine Kessaci, qui a enterré mardi son frère Mehdi. "Voici ce que font les trafiquants : ils tentent d’annihiler toute résistance, de briser toute volonté, de tuer dans l’œuf tout embryon de révolte pour étendre leur pouvoir sur nos vies", a-t-il ajouté.

La protection policière qui lui a été accordée ne l'a pas été à ses proches, a souligné le militant écologiste de 22 ans. "Pourtant, qui ignorait que ma famille avait déjà payé un tribut de sang? Comment ne pas savoir que ma famille pouvait être touchée ?", s'est-il interrogé.

"Face à un tel ennemi, l’Etat doit prendre la mesure de ce qu'il se passe et comprendre qu'une lutte à mort est engagée", a-t-il encore prévenu.

"Il est temps d’agir, par exemple de faire revenir les services publics dans les quartiers, de lutter contre l’échec scolaire qui fournit aux trafiquants une main-d’œuvre soumise, de doter les enquêteurs et les forces de police des moyens dont ils ont besoin, de renforcer, de soutenir réellement les familles de victimes du narcotrafic. Nous comptons nos morts, mais que fait l’Etat ?"

Medhi Kessaci, 20 ans, a été assassiné jeudi à Marseille près d'une salle de concert par deux hommes à moto, activement recherchées, un "crime d'intimidation" et "un assassinat d'avertissement" pour les autorités.