L'Inde accueille un G20 divisé, avec Biden mais sans Xi ni Poutine

Un piéton passe devant un logo du sommet du G20 installé dans une rue de New Delhi, le 6 septembre 2023. (AFP).
Un piéton passe devant un logo du sommet du G20 installé dans une rue de New Delhi, le 6 septembre 2023. (AFP).
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Publié le Vendredi 08 septembre 2023

L'Inde accueille un G20 divisé, avec Biden mais sans Xi ni Poutine

  • Les divergences béantes sur la guerre en Ukraine, l'élimination progressive des énergies fossiles et la restructuration de la dette devraient dominer les discussions et, probablement, empêcher tout accord lors de la réunion de deux jours à New Delhi
  • Le président chinois Xi Jinping ne participera pas au sommet, qui se tient au moment où s'exacerbent les tensions commerciales et géopolitiques avec les Etats-Unis et l'Inde, avec laquelle la Chine partage une longue frontière au tracé contesté

NEW DELHI :L'Inde accueille ce weekend un sommet du G20 au cours duquel le président américain Joe Biden tentera de profiter de l'absence de ses homologues chinois et russe pour renforcer ses alliances au sein d'un bloc fortement divisé.

Les divergences béantes sur la guerre en Ukraine, l'élimination progressive des énergies fossiles et la restructuration de la dette devraient dominer les discussions et, probablement, empêcher tout accord lors de la réunion de deux jours à New Delhi.

Joe Biden discutera "d'une série d'efforts conjoints pour s'attaquer aux problèmes mondiaux", notamment le changement climatique et "l'atténuation des conséquences économiques et sociales de la guerre menée par la Russie en Ukraine", a déclaré le conseiller à la sécurité nationale à la Maison Blanche, Jake Sullivan.

Le président chinois Xi Jinping ne participera pas au sommet, qui se tient au moment où s'exacerbent les tensions commerciales et géopolitiques avec les Etats-Unis et l'Inde, avec laquelle la Chine partage une longue frontière au tracé contesté.

Pékin s'irrite également de l'appartenance de l'Inde au Quad, un partenariat de sécurité avec l'Australie, le Japon et les Etats-Unis que la Chine considère comme un effort pour contrer son influence.

La Chine n'a pas expliqué pourquoi M. Xi snobera le sommet des 9 et 10 septembre. Elle s'est contentée de confirmer que le Premier ministre Li Qiang se joindra aux dirigeants du G20, dont les pays représentent environ 85% de l'économie mondiale et des émissions de gaz à effet de serre.

L'absence du président chinois devrait peser sur les efforts déployés par Washington pour que le G20 reste le principal forum de coopération économique mondiale.

L'ombre de la guerre

"Sans la participation de la Chine, des questions risquent de ne pas voir le jour ou de ne pas aboutir à une conclusion logique", estime Happymon Jacob, professeur de sciences politiques à l'université indienne Jawaharlal Nehru.

Autre ombre sur le sommet: la guerre en Ukraine. Le président russe Vladimir Poutine sera lui aussi absent, remplacé par son ministre des Affaires étrangères Sergueï Lavrov.

M. Poutine est sous le coup depuis mars d'un mandat d'arrêt de la Cour pénale internationale, qui l'accuse de crimes de guerre pour la déportation illégale d'enfants ukrainiens. Le Kremlin a qualifié ces accusations de "nulles et non avenues".

"Tant que la Russie ne mettra pas fin à cette guerre, ce ne pourra jamais être 'business as usual'", a estimé le porte-parole du gouvernement allemand, Wolfgang Buechner.

Les crises mondiales auxquelles le G20 est confronté sont "bien plus difficiles, plus compliquées et plus inquiétantes qu'elles ne l'ont été depuis longtemps", a souligné pour sa part le ministre indien des Affaires étrangères, S. Jaishankar.

Sud Global

L'Inde, qui vient d'affirmer son statut de puissance spatiale en posant un engin sur la Lune en août, voit dans sa présidence du G20 un moment charnière qui fera définitivement d'elle un acteur mondial de premier ordre.

Le Premier ministre Narendra Modi présente l'Inde comme le leader autoproclamé du "Sud global", qui se veut un pont entre les pays développés et les pays en développement, et fait pression pour que le bloc s'élargisse au "G21" en accueillant l'Union africaine.

M. Modi tente d'utiliser le G20 pour réformer les institutions multilatérales, telles que l'ONU, et y donner plus de poids aux pays en développement.

"L'émergence de l'Inde en tant qu'économie à la croissance la plus rapide au monde et son approche inclusive sont de bonnes nouvelles pour les pays du Sud", juge l'ancien diplomate indien Sujan Chinoy, directeur de l'Institut Manohar Parrikar pour les études et les analyses de défense.

Mais les efforts du dirigeant indien pour pousser ses homologues du G20 à surmonter leurs désaccords et à s'attaquer aux problèmes mondiaux cruciaux ont été vains lors des réunions ministérielles qui ont précédé le sommet.

En juillet, les ministres de l'Energie du G20 n'ont ainsi pas réussi à se mettre d'accord sur une feuille de route visant à réduire l'utilisation des énergies fossiles. Ils n'ont même pas mentionné le charbon, un combustible sale qui reste une source d'énergie essentielle pour l'Inde et la Chine.

Ces deux pays comptent parmi les plus grands pollueurs de la planète. Mais ils affirment que les pays occidentaux, qui ont commencé à polluer pendant leur Révolution industrielle il y a deux siècles, doivent assumer une responsabilité historique beaucoup plus grande dans la crise climatique.


Russie: le cycliste français Sofiane Sehili libéré

Le cycliste français Sofiane Sehili, incarcéré depuis début septembre en Russie, a été condamné jeudi à une amende pour "franchissement illégal de la frontière" russe et libéré, a rapporté l'agence publique russe RIA Novosti. (AFP)
Le cycliste français Sofiane Sehili, incarcéré depuis début septembre en Russie, a été condamné jeudi à une amende pour "franchissement illégal de la frontière" russe et libéré, a rapporté l'agence publique russe RIA Novosti. (AFP)
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  • Le cycliste était parti de Lisbonne début juillet, et comptait traverser 17 pays pour arriver début septembre à Vladivostok, en Extrême-Orient russe
  • Sa compagne Fanny Bensussan a indiqué en septembre à la chaîne française France 3 Occitanie que le cycliste avait décidé de se présenter devant les douaniers, convaincu qu'ils le laisseraient tout de même passer à vélo, mais avait été arrêté

MOSCOU: Le cycliste français Sofiane Sehili, incarcéré depuis début septembre en Russie, a été condamné jeudi à une amende pour "franchissement illégal de la frontière" russe et libéré, a rapporté l'agence publique russe RIA Novosti.

Un tribunal de la localité de Pogranitchny, dans la région de Primorié (Extrême-Orient russe), a "reconnu Sofiane Sehili coupable" et l'a condamné "à une amende de 50.000 roubles" (environ 530 euros), a annoncé la juge Irina Billé, citée par l'agence.

Compte tenu du temps passé en détention provisoire, le cycliste de 44 ans a été exempté du paiement de l'amende et libéré dans la salle du tribunal, selon la même source.

Contactée par l'AFP, l'avocate de Sofiane Sehili, Alla Kouchnir, n'était pas joignable dans l'immédiat.

Accusé de "franchissement illégal de la frontière" russe, M. Sehili risquait jusqu'à deux ans de prison.

Il a été arrêté début septembre en Extrême-Orient russe, censé être l'étape finale de son record du monde de la traversée eurasienne à vélo, et était depuis en détention provisoire dans l'attente de son procès.

Le cycliste d'endurance français avait voulu pédaler en Russie depuis la Chine via un poste-frontière qui n'était franchissable qu'en train ou en autocar, selon un responsable d'une commission publique de contrôle des prisons, Vladimir Naïdine.

Or, utiliser ces modes de transport aurait invalidé son record après plus de 60 jours et des milliers de kilomètres d'effort.

Le cycliste était parti de Lisbonne début juillet, et comptait traverser 17 pays pour arriver début septembre à Vladivostok, en Extrême-Orient russe.

Sa compagne Fanny Bensussan a indiqué en septembre à la chaîne française France 3 Occitanie que le cycliste avait décidé de se présenter devant les douaniers, convaincu qu'ils le laisseraient tout de même passer à vélo, mais avait été arrêté.

"Il ne pensait qu'à son exploit sportif", avait-elle expliqué.

Ancien documentaliste au magazine culturel Télérama, Sofiane Sehili s'est spécialisé dans l'ultracyclisme, fait d'épreuves longues de plusieurs centaines ou milliers de kilomètres.

Plusieurs ressortissants occidentaux ont été arrêtés en Russie depuis le début de l'offensive à grande échelle en Ukraine en 2022, et les relations diplomatiques entre Paris et Moscou sont glaciales.


Washington menace Bogota, 5 morts dans des frappes américaines dans le Pacifique

Les Etats-Unis ont à nouveau frappé mercredi un bateau soupçonné de trafic de drogue dans l'océan Pacifique, portant le total à cinq morts en deux jours, et menacé directement le président colombien Gustavo Petro. (AFP)
Les Etats-Unis ont à nouveau frappé mercredi un bateau soupçonné de trafic de drogue dans l'océan Pacifique, portant le total à cinq morts en deux jours, et menacé directement le président colombien Gustavo Petro. (AFP)
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  • Dans le même temps, les Etats-Unis ont frappé un deuxième bateau dans l'océan Pacifique mercredi, après une première attaque mardi, selon le secrétaire américain à la Défense Pete Hegseth, faisant cinq morts au total
  • Ces frappes, qui selon Washington visent des narcotrafiquants en eaux internationales, n'avaient jusqu'à présent eu lieu que dans les Caraïbes

WASHINGTON: Les Etats-Unis ont à nouveau frappé mercredi un bateau soupçonné de trafic de drogue dans l'océan Pacifique, portant le total à cinq morts en deux jours, et menacé directement le président colombien Gustavo Petro.

Le président américain Donald Trump a qualifié M. Petro de "baron de la drogue" et de "pire président que la Colombie ait jamais eu". L'élu de gauche a répondu en annonçant porter plainte pour diffamation devant la justice américaine.

M. Trump, qui a déjà proféré des menaces similaires à l'encontre du dirigeant vénézuélien Nicolas Maduro, a également invité M. Petro à "faire attention". Le secrétaire d'Etat Marco Rubio a de son côté qualifié le dirigeant colombien de "fou".

Dans le même temps, les Etats-Unis ont frappé un deuxième bateau dans l'océan Pacifique mercredi, après une première attaque mardi, selon le secrétaire américain à la Défense Pete Hegseth, faisant cinq morts au total.

Ces frappes, qui selon Washington visent des narcotrafiquants en eaux internationales, n'avaient jusqu'à présent eu lieu que dans les Caraïbes.

Une source militaire colombienne a affirmé à l'AFP que la frappe de mardi s'était produite "près" mais non à l'intérieur des eaux coombiennes.

Au total, les Etats-Unis ont revendiqué neuf attaques de ce type ces dernières semaines, pour 37 morts.

L'origine des navires visés – huit bateaux et un semi-submersible – n'a pas été précisée, mais certains ont été détruits au large du Venezuela.

"Inacceptable" 

Washington a déployé des avions de chasse et des navires dans ce qu'il revendique comme une lutte contre le narcotrafic.

La Maison Blanche et le Pentagone ont toutefois produit peu de preuves pour étayer leurs affirmations selon lesquelles les personnes ciblées étaient impliquées dans le trafic de drogue.

Le Pentagone a déclaré au Congrès que les Etats-Unis étaient en "conflit armé" avec les cartels sud-américains, les qualifiant de groupes terroristes.

"Tout comme Al-Qaïda a mené une guerre contre notre patrie, ces cartels mènent une guerre contre notre frontière et notre peuple. Il n'y aura ni refuge ni pardon, seulement la justice ", a déclaré M. Hegset.

Mais selon les experts, les exécutions extrajudiciaires restent illégales, même si elles visent des narcotrafiquants présumés.

La Colombie est le premier producteur mondial de cocaïne, mais elle travaille depuis des décennies avec les Etats-Unis pour en réduire la production, contrôlée par divers groupes paramilitaires, cartels et guérillas.

"Ce qui est en jeu, c'est une relation historique vieille de plus de 200 ans, qui profite aux Etats-Unis comme à la Colombie", s'est alarmé mercredi l'ambassadeur colombien à Washington Daniel García-Peña, dans un entretien à l'AFP, après avoir été rappelé à Bogota pour consultation

"Nous sommes face à un gouvernement américain qui cherche à changer le paradigme (...) de ses relations internationales, dans lequel l'incertitude joue malheureusement un rôle très important", a-t-il ajouté, jugeant les menaces de Donald Trump "inacceptables".

Le Venezuela a de son côté accusé les Etats-Unis de prétexter de la lutte contre le trafic de drogue pour tenter de renverser son président, Nicolas Maduro. Celui-ci a affirmé mercredi que son pays disposait de 5.000 missiles antiaériens portables pour contrer les forces américaines.


Rubio affirme que les projets d'annexion d'Israël en Cisjordanie «menacent» la trêve à Gaza

Le secrétaire d'État américain Marco Rubio. (AFP)
Le secrétaire d'État américain Marco Rubio. (AFP)
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  • Marco Rubio a averti que les projets de loi israéliens visant à étendre la souveraineté en Cisjordanie risquent de compromettre la trêve à Gaza, soulignant que les États-Unis, sous Donald Trump, ne peuvent pas les soutenir pour le moment
  • Malgré le soutien de l’extrême droite israélienne à l’annexion, Washington redoute que ces initiatives ravivent les tensions en Cisjordanie et fragilisent les efforts de paix en cours

WASHINGTON: Le chef de la diplomatie américaine Marco Rubio a mis en garde mercredi sur le fait que le vote au parlement israélien de projets de loi visant à étendre la souveraineté israélienne en Cisjordanie risquait de "menacer" la trêve à Gaza.

"Je pense que le président (Donald Trump) s'est assuré que ce n'est pas quelque chose que nous pouvons soutenir pour le moment", a déclaré M. Rubio aux journalistes alors qu'il partait pour Israël, où il est attendu jeudi, affirmant que cela "menacerait" le cessez-le-feu et serait "contre-productif".

La Knesset, le Parlement israélien, s'est prononcé mercredi pour l'examen de deux projets de loi visant à étendre la souveraineté israélienne en Cisjordanie occupée, en pleine visite du vice-président américain JD Vance en Israël.

Le président américain Donald Trump, allié d'Israël dans sa guerre contre le mouvement islamiste Hamas, s'est opposé à toute annexion de la Cisjordanie par Israël, un projet soutenu par l'extrême droite israélienne.

Les députés israéliens se sont prononcés sur deux projets de loi en lecture préliminaire, un vote destiné à autoriser leur examen en première lecture.

Israël a approuvé en août un projet clé de construction de 3.400 logements en Cisjordanie, dénoncé par l'ONU et plusieurs dirigeants étrangers.

"C'est une démocratie, ils vont voter", a déclaré M. Rubio.

"Mais pour l'instant, c'est quelque chose qui, selon nous, pourrait être contre-productif", a-t-il ajouté.

Interrogé sur la recrudescence des violences commises par des colons israéliens extrémistes contre les Palestiniens en Cisjordanie, M. Rubio a déclaré: "Nous sommes préoccupés par tout ce qui menace de déstabiliser le fruit de nos efforts".

Marco Rubio se rend en Israël dans la foulée du vice-président JD Vance, qui s'est montré globalement optimiste quant au maintien de l'accord de cessez-le-feu entre Israël et le mouvement islamiste palestinien Hamas.

Entré en vigueur le 10 octobre et basé sur un plan de M. Trump, cet accord avait paru vaciller dimanche après des violences meurtrières à Gaza et des échanges d'accusations de violations de la trêve.

"Il y aura chaque jour des menaces, mais je pense en réalité que nous sommes en avance sur le calendrier en termes de mise en place, et le fait que nous ayons traversé ce week-end est un bon signe", a dit M. Rubio.