Quitter le Pakistan pour la France, «question de vie ou de mort» pour les Afghanes évacuées

Hafsa, professeur d'anglais, Naveen Hashim, chercheuse et militante des droits des femmes, Najla Latif, présidente d'une faculté des sciences et Muzhgan Feraji, journaliste TV s'entretiennent avec un journaliste documentaire à leur arrivée à l'aéroport Roissy-Charles de Gaulle à Roissy, au nord de la Capitale française suite à leur évacuation du Pakistan après avoir fui les talibans et s'être exilés au Pakistan il y a des mois, le 4 septembre 2023. (Photo Geoffroy VAN DER HASSELT / AFP)
Hafsa, professeur d'anglais, Naveen Hashim, chercheuse et militante des droits des femmes, Najla Latif, présidente d'une faculté des sciences et Muzhgan Feraji, journaliste TV s'entretiennent avec un journaliste documentaire à leur arrivée à l'aéroport Roissy-Charles de Gaulle à Roissy, au nord de la Capitale française suite à leur évacuation du Pakistan après avoir fui les talibans et s'être exilés au Pakistan il y a des mois, le 4 septembre 2023. (Photo Geoffroy VAN DER HASSELT / AFP)
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Publié le Jeudi 07 septembre 2023

Quitter le Pakistan pour la France, «question de vie ou de mort» pour les Afghanes évacuées

  • Régulièrement, Muzghan, Naveen et les autres se sourient, sans un mot, l'air encore ahuries d'être tirées d'affaire, sur la pelouse du centre d'accueil en banlieue parisienne où elles sont prises en charge
  • Cela fait quarante-huit heures ce mercredi après-midi, que cinq Afghanes menacées par les talibans pour leur activisme féministe ou leur position dans la société afghane ont été exfiltrées

PARIS: C'était leur "seule option" pour fuir les talibans, mais l'exil au Pakistan voisin a viré au cauchemar. Les cinq Afghanes évacuées cette semaine vers la France racontent des mois de peur, de précarité, de stigmatisation. Et rêvent de tendre la main aux femmes restées sur place.

Régulièrement, Muzghan, Naveen et les autres se sourient, sans un mot, l'air encore ahuries d'être tirées d'affaire, sur la pelouse du centre d'accueil en banlieue parisienne où elles sont prises en charge.

Cela fait quarante-huit heures ce mercredi après-midi, que cinq Afghanes menacées par les talibans pour leur activisme féministe ou leur position dans la société afghane ont été exfiltrées.

Muzghan Feraji, 32 ans et trois enfants qui l'accompagnent, cumule tous les critères. Quand elle a quitté l'Afghanistan en octobre 2021, deux mois après la prise de pouvoir des talibans, ces derniers lui avaient déjà "demandé d'arrêter" son travail de journaliste "spécialisée sur la situation des femmes".

"J'avais reçu beaucoup de menaces, surtout depuis les manifestations de septembre pour les droits des femmes, où j'étais au premier rang", assure-t-elle à l'AFP de son débit d'ancienne présentatrice télé, désormais installée à une table de pique-nique, sous une chaleur stagnante.

Le Pakistan était "la seule option disponible" pour quitter l'Afghanistan, estime Naveen Hashim, 31 ans, voile fleuri délicatement déposé à l'arrière d'une chevelure ondulée.

«Abandonnées»
Problème, dès la frontière, "on peut être battue, violée" lorsqu'on est une femme isolée, explique l'ex-consultante pour des ONG, qui a passé deux ans côté pakistanais.

Le quotidien ? "C'est compliqué à tous les niveaux", expose-t-elle. "On ne peut pas avoir de papiers, on n'est pas en sécurité, on n'a pas le droit de travailler, aucune source de revenus, les enfants ne peuvent pas s'inscrire à l'école... On ne peut même pas s'exprimer librement contre les talibans parce que la société pakistanaise soutient fortement ce régime!"

"On s'est senties abandonnées par la communauté internationale, avec qui on a travaillé les vingt dernières années. On était partenaires et ils nous ont trahies, en nous laissant à la merci des talibans" puis "oubliées" au Pakistan, fulmine Naveen Hashim, sous les hochements de tête approbateurs de ses voisines.

Au fil des mois, quitter le Pakistan est devenu "une question de vie ou de mort", lâche Zakia Abassi, après un long silence pour combattre la montée des larmes.

Comme les autres, cette ancienne esthéticienne qui tenait un salon de beauté à Kaboul - "le dernier endroit où les femmes se rencontraient" - n'a pas pu prendre un vol d'évacuation dès l'été 2021 vers les pays occidentaux, "trop compliqué" dans le chaos de l'époque.

«Ne pas les oublier»

Pour appuyer son propos, elle rappelle, article de presse à l'appui, qu'une réfugiée afghane de 25 ans s'est suicidée la semaine dernière en se jetant du cinquième étage d'un immeuble à Islamabad, la capitale pakistanaise, après avoir attendu deux ans, en vain, un visa occidental.

Fort d'une première victoire avec ces cinq évacuées pour lesquelles il a ferraillé, le collectif Accueillir les Afghanes milite désormais pour un couloir humanitaire "féministe" pour celles toujours bloquées au Pakistan.

Ce type d'opération pourrait "se reproduire", avait déclaré lundi à l'AFP le patron de l'Office français de l'immigration et de l'intégration (Ofii), Didier Leschi, qui a orchestré cet accueil.

En deux jours, ces femmes prises en charge dès l'aéroport ont déjà déposé leur demande d'asile. Un "modèle d'accueil", se félicite Maëlle Lena, une responsable de France terre d'asile, dont un centre les héberge.

Désormais en sécurité, elles esquissent de premiers rêves, souvent simples et propres à chaque parcours brisé dans l'exil. Étudier le droit, rouvrir un salon de beauté, reprendre le journalisme, scolariser les enfants...

Il y en a un que toutes partagent. Najla Latif, 45 ans, qui fut la première femme à diriger une faculté en Afghanistan, se fait porte-parole: "Il faut absolument aider les femmes coincées au Pakistan, ne pas les oublier. Il y en a encore des milliers! Est-ce que la France peut les accueillir ?"


Légion d'honneur, Sarkozy « prend acte », rappelant que la CEDH doit encore examiner son recours

La Cour d'appel a confirmé l'année dernière la condamnation de l'ancien président français Nicolas Sarkozy pour avoir tenté illégalement d'obtenir des faveurs d'un juge et lui a ordonné de porter un bracelet électronique à la cheville au lieu de purger une peine d'un an de prison. (Photo d'archive AFP)
La Cour d'appel a confirmé l'année dernière la condamnation de l'ancien président français Nicolas Sarkozy pour avoir tenté illégalement d'obtenir des faveurs d'un juge et lui a ordonné de porter un bracelet électronique à la cheville au lieu de purger une peine d'un an de prison. (Photo d'archive AFP)
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  • L'ex-président (2007-2012) a rappelé que son recours devant la CEDH « est toujours pendant ». Il l'avait déposé après sa condamnation devenue définitive en décembre, à un an de prison ferme pour corruption dans l'affaire des écoutes. 
  • Nicolas Sarkozy, déjà exclu de l'ordre national du Mérite, est ainsi devenu le deuxième chef de l'État français privé de cette distinction, après le maréchal Pétain.

PARIS : L'ancien président Nicolas Sarkozy a « pris acte » dimanche de son exclusion de la Légion d'honneur et rappelle que la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) doit encore se prononcer sur son recours dans l'affaire des écoutes, a indiqué son avocat Patrice Spinosi dans une déclaration transmise à l'AFP.

« Nicolas Sarkozy prend acte de la décision prise par le grand chancelier. Il n’a jamais fait de cette question une affaire personnelle », a affirmé Patrice Spinosi, soulignant que si l'ancien chef de l'État « a fait valoir des arguments juridiques, c’était au nom de la fonction même de président de la République ».

L'ex-président (2007-2012) a rappelé que son recours devant la CEDH « est toujours pendant ». Il l'avait déposé après sa condamnation devenue définitive en décembre, à un an de prison ferme pour corruption dans l'affaire des écoutes. 

« La condamnation de la France (par la CEDH) impliquera la révision de la condamnation pénale prononcée à l'encontre de Nicolas Sarkozy, en même temps que l’exclusion de l’ordre de la Légion d’Honneur ; l’une n’étant que la conséquence de l’autre », a assuré Patrice Spinosi.

Nicolas Sarkozy, déjà exclu de l'ordre national du Mérite, est ainsi devenu le deuxième chef de l'État français privé de cette distinction, après le maréchal Pétain, à qui la Légion d'honneur avait été retirée en 1945 pour haute trahison et intelligence avec l'ennemi.

« Ce lien avec le maréchal Pétain est indigne », a déclaré la porte-parole du gouvernement Sophie Primas (LR), prenant « acte » elle aussi de cette décision « automatique qui fait partie du code de la Légion d’Honneur ».

« Le président Sarkozy a été là pour la France à des moments extrêmement compliqués », a-t-elle déclaré, se disant « un peu réservée non pas sur la règle, mais sur ce qu’elle entraîne comme comparaison ».

« C'est une règle, mais c'est aussi une honte », a déploré sur franceinfo Othman Nasrou, le nouveau secrétaire général de LR et proche de Bruno Retailleau, apportant son « soutien et son respect » à l'ex-président.

À gauche, le député écologiste Benjamin Lucas s'est félicité de la décision, appelant sur X à ce que « la République prive de ses privilèges et de son influence institutionnelle celui qui a déshonoré sa fonction et trahi le serment sacré qui lie le peuple à ses élus, celui de la probité ».


Echanges de frappes entre Israël et l'Iran : la France renforce la vigilance sur son territoire

 Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau  (Photo AFP)
Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (Photo AFP)
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  • « Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme
  • Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

PARIS : Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau a appelé les préfets à renforcer la vigilance sur le territoire national. Il a notamment demandé de cibler les lieux de culte, les rassemblements festifs et les intérêts israéliens et américains. Cette demande a été transmise par télégramme. Elle a été envoyée vendredi. Cela fait suite à l'attaque israélienne en Iran.

« Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme consulté par l'AFP, alors qu'Israël et l'Iran poursuivaient leurs échanges de frappes meurtrières.

Les hostilités ont été déclenchées par une attaque israélienne massive contre des sites militaires et nucléaires iraniens, à laquelle Téhéran riposte avec des missiles balistiques. 

Dans ce contexte, M. Retailleau demande aux préfets de porter « une attention particulière » à la sécurité des lieux de culte, des établissements scolaires, des établissements publics et institutionnels, ainsi que des sites à forte affluence, notamment au moment des entrées et des sorties, et ce, incluant les « rassemblements festifs, culturels ou cultuels ».

Ces mesures de protection renforcée s'appliquent également aux « intérêts israéliens et américains ainsi qu'aux établissements de la communauté juive ».

Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

Vendredi soir, le président Emmanuel Macron a annoncé un « renforcement » du dispositif Sentinelle, qui déploie des militaires en France, « pour faire face à toutes les potentielles menaces sur le territoire national ».


Selon ManPowerGroup, l'IA pourrait réduire l'importance des « compétences » dans le recrutement

Des visiteurs font le tour des stands du salon VivaTech dédié aux start-ups technologiques et à l'innovation, à Paris Expo Porte de Versailles, à Paris, le 12 juin 2025. (Photo de Thomas SAMSON / AFP)
Des visiteurs font le tour des stands du salon VivaTech dédié aux start-ups technologiques et à l'innovation, à Paris Expo Porte de Versailles, à Paris, le 12 juin 2025. (Photo de Thomas SAMSON / AFP)
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  • L'irruption de l'intelligence artificielle (IA) bouleverse le marché du travail ainsi que les modes de recrutement et pourrait amener les employeurs à privilégier le « potentiel » des candidats plutôt que leurs « compétences ».
  • « un travailleur sur quatre dans le monde exerce une profession plus ou moins exposée à l'IA générative, mais la plupart des emplois seront transformés au lieu d'être supprimés, car une intervention humaine reste indispensable ».

PARIS : L'irruption de l'intelligence artificielle (IA) bouleverse le marché du travail ainsi que les modes de recrutement et pourrait amener les employeurs à privilégier le « potentiel » des candidats plutôt que leurs « compétences », selon un dirigeant de ManPowerGroup.

En effet, « les compétences pourraient s'avérer obsolètes dans six mois », explique Tomas Chamorro-Premuzic, directeur de l'innovation du géant américain du travail temporaire, rencontré par l'AFP au salon Vivatech, à Paris, qui ferme ses portes samedi.  Selon lui, « il vaut mieux savoir que vous travaillez dur, que vous êtes curieux, que vous avez de bonnes aptitudes relationnelles et ça, l'IA peut vous aider à l'évaluer ».

Selon l'Organisation internationale du travail (OIT), « un travailleur sur quatre dans le monde exerce une profession plus ou moins exposée à l'IA générative, mais la plupart des emplois seront transformés au lieu d'être supprimés, car une intervention humaine reste indispensable ».

Cependant, les tâches informatiques (utilisation d'Internet, messagerie, etc.) pouvant être accomplies de manière autonome par des agents d'IA connaissent une « rapide expansion ». 

Dans ce contexte, les employeurs pourraient rechercher de plus en plus de salariés dotés de compétences hors de portée de l'IA, telles que le jugement éthique, le service client, le management ou la stratégie, comme l'indique une enquête de ManpowerGroup menée auprès de plus de 40 000 employeurs dans 42 pays et publiée cette semaine.

M. Chamorro-Premuzic déplore toutefois que ces compétences ne soient pas encore davantage mises en avant dans la formation. « Pour chaque dollar que vous investissez dans la technologie, vous devez investir huit ou neuf dollars dans les ressources humaines, la transformation culturelle, la gestion du changement », dit-il.

Les craintes d'un chômage de masse provoqué par l'IA restent par ailleurs exagérées à ce stade, estime le dirigeant, malgré certaines prédictions alarmistes.

D'après Dario Amodei, patron de la société d'intelligence artificielle Anthropic, cette technologie pourrait faire disparaître la moitié des emplois de bureau les moins qualifiés d'ici cinq ans. 

« Si l'histoire nous enseigne une chose, c'est que la plupart des prévisions sont fausses », répond M. Chamorro-Premuzic.

Concernant le recrutement, activité principale de ManPowerGroup, le dirigeant ajoute que « les agents d'intelligence artificielle ne deviendront certainement pas le cœur de notre métier dans un futur proche ». Il constate également que l'IA est utilisée par les demandeurs d'emploi.

« Des candidats sont capables d'envoyer 500 candidatures parfaites en une journée, de passer des entretiens avec leurs bots et de déjouer certains éléments des évaluations », énumère-t-il.