Le Conseil de l'Europe dénonce les conditions de détention des enfants à Luxembourg

Les drapeaux nationaux et de l'Union européenne flottent au Conseil de l'Europe à Strasbourg, dans l'est de la France, le 24 février 2022. (Photo Patrick HERTZOG / AFP)
Les drapeaux nationaux et de l'Union européenne flottent au Conseil de l'Europe à Strasbourg, dans l'est de la France, le 24 février 2022. (Photo Patrick HERTZOG / AFP)
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Publié le Jeudi 07 septembre 2023

Le Conseil de l'Europe dénonce les conditions de détention des enfants à Luxembourg

  • Le Comité anti-torture du Conseil de l'Europe souligne que le personnel socio-éducatif encadrant les enfants y est «insuffisant», et le soutien «psycho-social» était était «quasi-inexistant»
  • Il réclame aux autorités luxembourgeoises de prendre «immédiatement les mesures nécessaires afin de sécuriser l'unité et d'améliorer de manière significative les conditions de vie des enfants»

STRASBOURG: Le Comité anti-torture du Conseil de l'Europe (CPT) a exhorté jeudi les autorités luxembourgeoises à mettre fin à la détention d'enfants dans le Centre pénitentiaire de Luxembourg, dénonçant des conditions "inacceptables et inadaptées".

Dans un rapport rédigé à l'issue d'une visite effectuée au printemps dans les lieux de privation de liberté du Luxembourg, le Comité pointe notamment les conditions de vie des mineurs, "souvent laissés à eux-mêmes", dans le centre pénitentiaire de la capitale, où les mineurs sont surveillés "principalement par caméra".

Il souligne que le personnel socio-éducatif encadrant les enfants y est "insuffisant", et le soutien "psycho-social" était était "quasi-inexistant".

Il observe également que plusieurs espaces au sein de la prison permettent des interactions entre détenus majeurs et mineurs. "Lorsque des enfants sont exceptionnellement détenus dans une unité au sein d'une prison pour adultes, ils doivent être strictement séparés", soulignent les auteurs du rapport.

Dans un autre établissement, l'Unité de sécurité (Unisec), située à Dreiborn, le comité a jugé le bâtiment "peu propice à l'accueil d'enfants et à leurs besoins spécifiques", et a relevé des "problèmes en termes de sécurité".

"C'est dans un établissement pratiquement vide" de tout équipement et objets, "en béton et avec des vitres brisées, que des enfants sous une mesure de protection de la jeunesse étaient placés" regrette le comité.

Il réclame aux autorités luxembourgeoises de prendre "immédiatement les mesures nécessaires afin de sécuriser l'unité et d'améliorer de manière significative les conditions de vie des enfants".

Le comité a également visité plusieurs commissariats ainsi que les cellules de certains tribunaux. Il rapporte des "allégations de mauvais traitements physiques" par des policiers sur des personnes interpellées, notamment de "coups de matraque et de poing", de menaces de violence, ou encore d'un usage excessif de la force.

Il recommande de "renforcer les actions pour prévenir et lutter efficacement contre les mauvais traitements policiers", notamment via des "formations professionnelles et entraînements réguliers" et par "l'enregistrement électronique systématique des arrestations à risque".

La ministre luxembourgeoise de la Justice Sam Tanson a indiqué à l'AFP qu'un projet de loi interdisant la détention de mineurs au Centre pénitentiaire de Luxembourg avait été déposé.

Le ministère de la Jeunesse a précisé que dans le cadre de ce projet de loi, la construction d'une prison pour mineurs était prévue à Dreiborn, "avec de plus grandes capacités d'accueil que l'Unisec".

Le Conseil de l'Europe, qui siège à Strasbourg, est l'organisation internationale qui rassemble les 46 Etats signataires de la Convention européenne de sauvegarde des droits de l'Homme. Plusieurs comités thématiques, dont le Comité anti-torture, veillent au respect de cette Convention.


La présidente d'Harvard s'excuse après son une audition sur l'antisémitisme

Le Dr Claudine Gay, présidente de l'Université Harvard sous le feu des critiques pour ses réponses lors d'une audition tendue mardi au Congrès (Photo, AFP).
Le Dr Claudine Gay, présidente de l'Université Harvard sous le feu des critiques pour ses réponses lors d'une audition tendue mardi au Congrès (Photo, AFP).
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  • «Je suis désolée (...) les mots comptent», a déclaré jeudi Claudine Gay au site internet du journal étudiant de l'université, The Harvard Crimson
  • Dès mercredi, la présidente de Harvard avait précisé que l'université ne cautionnait pas «les appels à la violence»

NEW YORK: La présidente de l'université d'Harvard, Claudine Gay, sous le feu des critiques pour ses réponses lors d'une audition tendue mardi au Congrès américain sur l'antisémitisme dans les campus, s'est dite "désolée" et a jugé que ses mots avaient "amplifié la détresse et la douleur".

"Je suis désolée (...) les mots comptent", a déclaré jeudi Claudine Gay au site internet du journal étudiant de l'université, The Harvard Crimson.

"Lorsque les mots amplifient la détresse et la douleur, je ne sais pas comment on peut ressentir autre chose que du regret", a-t-elle ajouté dans cet article mis en ligne vendredi.

La présidente de l'université a été très critiquée pour ses réponses aux questions de l'élue républicaine Elise Stefanik, qui a assimilé les appels de certains étudiants à l'"intifada" à une exhortation à "un génocide contre les juifs en Israël et dans le monde".

Lorsque l'élue lui a demandé si "appeler au génocide des juifs violait le règlement sur le harcèlement à Harvard, oui ou non ?", Claudine Gay a répondu "cela peut, en fonction du contexte", avant d'ajouter "si c'est dirigé contre une personne". Elle a précisé que "toute rhétorique antisémite, quand elle se transforme en un comportement relevant de l'intimidation et du harcèlement (...) nous prenons des mesures".

"Cela ne dépend pas du contexte, la réponse est oui et c'est pourquoi vous devriez démissionner", lui a lancé à la fin de l'échange l'élue républicaine.

Dès mercredi, la présidente de Harvard avait précisé que l'université ne cautionnait pas "les appels à la violence" et que "ceux qui menacent nos étudiants juifs devront rendre des comptes".

Mais cela n'a pas éteint la polémique. Le Congrès américain a ouvert une enquête jeudi sur ce qu'il a qualifié d'"antisémitisme endémique" sur les campus et un membre d'un conseil consultatif d'Harvard sur l'antisémitisme, le rabbin David Wolpe, a annoncé sa démission.

Depuis les attaques sanglantes du Hamas en Israël le 7 octobre, suivies de représailles meurtrières d'Israël, le conflit déchaîne les passions dans des universités renommées aux Etats-Unis, comme Harvard (près de Boston), UPenn (Philadelphie) ou Columbia (New York).

De riches donateurs ont notamment fait pression sur leurs dirigeants pour qu'ils condamnent clairement les attaques du Hamas et soutiennent Israël. A Columbia, deux groupes d'étudiants pro-palestiniens ont également été suspendus d'activités.


Droits humains: Londres annonce des sanctions coordonnées avec Washington et Ottawa

Le Royaume-Uni a annoncé vendredi des sanctions coordonnées avec les États-Unis et le Canada contre les auteurs de violations des droits de l'homme, à l'occasion du 75e anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l'homme (Photo, AFP).
Le Royaume-Uni a annoncé vendredi des sanctions coordonnées avec les États-Unis et le Canada contre les auteurs de violations des droits de l'homme, à l'occasion du 75e anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l'homme (Photo, AFP).
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  • Le ministère britannique des Affaires étrangères a ainsi dévoilé 46 sanctions, comprenant des gels d'avoirs et interdictions d'entrée et de séjour
  • Le deuxième volet de sanctions vise des individus liés aux gouvernements, systèmes judiciaires et autorités au Bélarus, Haïti, Iran et Syrie

LONDRES: Le Royaume-Uni a annoncé vendredi des sanctions coordonnées avec les Etats-Unis et le Canada visant des auteurs d'atteintes aux droits humains, avant le 75e anniversaire de la Déclaration des droits de l'Homme le 10 décembre.

Le ministère britannique des Affaires étrangères a ainsi dévoilé 46 sanctions, comprenant des gels d'avoirs et interdictions d'entrée et de séjour sur le sol britannique, en deux volets.

Le premier vise neuf personnes et cinq entités pour leur implication dans du trafic d'êtres humains au Cambodge, au Laos et en Birmanie. Leurs victimes sont retenues et obligées de travailler dans des centres d'escroqueries en ligne, pour soutirer de l'argent à leurs compatriotes.

"Les victimes se voyaient promettre des emplois bien payés mais sont sujets à la torture et à d'autres traitements cruels, inhumains et dégradants", d'après un communiqué de la diplomatie britannique. Selon l'ONU, 120.000 personnes sont ainsi contraintes à travailler en Birmanie.

Le deuxième volet de sanctions vise des individus liés aux gouvernements, systèmes judiciaires et autorités au Bélarus, Haïti, Iran et Syrie "pour leur implication dans la répression de ressortissants qui ont simplement exercé leurs libertés fondamentales dans ces pays".

"Nous ne tolèrerons pas que des régimes criminels et oppresseurs piétinent les droits fondamentaux et libertés de gens ordinaires à travers le monde", a déclaré le ministre britannique des Affaires étrangères David Cameron, cité dans le communiqué.

"Soixante-quinze ans après la Déclaration universelle des droits de l'Homme, le Royaume-Uni et (ses) alliés continueront à poursuivre sans relâche ceux qui privent les gens de leur liberté", a-t-il ajouté.


Les Etats-Unis bloquent à l'ONU l'appel à un cessez-le-feu humanitaire immédiat à Gaza

L'ambassadeur adjoint des États-Unis auprès de l'ONU, Robert Wood, s'exprime lors d'un Conseil de sécurité des Nations Unies après le vote sur un cessez-le-feu à Gaza au siège de l'ONU à New York, le 8 décembre 2023 (Photo, AFP).
L'ambassadeur adjoint des États-Unis auprès de l'ONU, Robert Wood, s'exprime lors d'un Conseil de sécurité des Nations Unies après le vote sur un cessez-le-feu à Gaza au siège de l'ONU à New York, le 8 décembre 2023 (Photo, AFP).
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  • Le projet de résolution qui a recueilli 13 voix en faveur, une contre (Etats-Unis) et une abstention (Royaume-Uni) avait été préparé par les Emirats arabes
  • Les Américains, alliés d'Israël qui ont vendredi mis leur véto pour la 35e fois depuis 1970 à une résolution sur le dossier israélo-palestinien

NATIONS UNIES: Les Etats-Unis ont mis leur véto vendredi à une résolution du Conseil de sécurité appelant à un "cessez-le-feu humanitaire immédiat" à Gaza, malgré la pression du secrétaire général qui a dénoncé la "punition collective" infligée aux Palestiniens.

Le projet de résolution qui a recueilli 13 voix en faveur, une contre (Etats-Unis) et une abstention (Royaume-Uni) avait été préparé par les Emirats arabes unis après l'invocation sans précédent par Antonio Guterres mercredi de l'article 99 de la Charte des Nations unies permettant au secrétaire général d'attirer l'attention du Conseil sur un dossier qui "pourrait mettre en danger le maintien de la paix et de la sécurité internationales".

Mais les Américains, alliés d'Israël qui ont vendredi mis leur véto pour la 35e fois depuis 1970 à une résolution sur le dossier israélo-palestinien (sur 39 au total), ont répété vendredi leur hostilité à un cessez-le-feu.

"Nous ne soutenons pas une résolution qui appelle à un cessez-le-feu non durable qui va simplement planter les graines de la prochaine guerre", a justifié l'ambassadeur américain adjoint Robert Wood, dénonçant également l'"échec moral" de l'absence dans le texte de condamnation des attaques du Hamas du 7 octobre.

L'ambassadeur israélien à l'ONU Gilad Erdan a lui estimé que "le vrai chemin vers la paix est seulement de soutenir la mission d'Israël, absolument pas un appel à un cessez-le-feu".

Le projet de résolution, soutenu par près de 100 pays exigeait "un cessez-le-feu humanitaire immédiat", la libération des otages et l'accès humanitaire.

"Alors que la crise à Gaza s'aggrave et qu'elle menace de s'étendre, il (le Conseil)  ne se montre pas à la hauteur de la mission fondamentale que lui confie la Charte", a déploré l'ambassadeur français Nicolas de Rivière. Une déception partagée par de nombreux membres du Conseil.

"Nos collègues américains ont devant nos yeux condamné à mort des milliers voire des dizaines de milliers de civils palestiniens et israéliens, y compris des femmes et des enfants", a fustigé l'ambassadeur russe adjoint à l'ONU Dmitry Polyanskiy.