Les politiciens ne devraient pas exploiter la peur à des fins électorales

Panneau concernant la vaccination contre la Covid-19, à la porte d'une pharmacie, le 1er  septembre 2023 à New York. (AFP)
Panneau concernant la vaccination contre la Covid-19, à la porte d'une pharmacie, le 1er septembre 2023 à New York. (AFP)
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Publié le Vendredi 08 septembre 2023

Les politiciens ne devraient pas exploiter la peur à des fins électorales

Les politiciens ne devraient pas exploiter la peur à des fins électorales
  • Avec la résurgence de la Covid-19, le Parti démocrate pourrait envisager une stratégie rappelant celle des élections de 2020, avec notamment un recours accru au vote par correspondance, suscitant l’inquiétude des Américains
  • Si de nouvelles mesures contre la pandémie peuvent être utilisées par le Parti démocrate pour remporter des élections, la propagation de la peur et de l’appréhension par les médias libéraux ne devrait pas être la voie privilégiée vers la victoire

Alors que les États-Unis se rapprochent de la fin de l’année 2023, les difficultés bien connues liées à la pandémie de Covid-19 et aux restrictions qui y sont associées reviennent une fois de plus au premier plan du discours public américain. 

La résurgence de ces problèmes – les New-Yorkais ayant été invités vendredi à envisager de porter des masques dans les zones très fréquentées en raison de la propagation rapide d'une nouvelle souche du virus à l'origine de la Covid-19 – a naturellement déclenché un sentiment d'appréhension auprès d’une partie importante de la population américaine, suscitant des inquiétudes quant à leurs implications potentielles sur le paysage politique du pays. Compte tenu des récents événements, de nombreux citoyens font des parallèles avec les circonstances qui ont conduit aux élections générales de 2020, ce qui incite à réfléchir sur les intentions et les stratégies du Parti démocrate. 

Les États-Unis, comme une grande partie de la communauté internationale, ont navigué dans le terrain complexe de la santé publique, de la stabilité socio-économique et des libertés individuelles, dans leur réponse à la maladie. Alors que le pays fait face à ces défis, il est naturel que les citoyens se souviennent du rôle central que les questions liées à la pandémie ont joué dans la formation de l’opinion publique au cours du cycle électoral précédent. 

Au milieu de ces réflexions, un sentiment palpable d’incertitude est apparu, en particulier parmi ceux qui émettent des réserves quant à la gestion des élections de 2020. Les électeurs ont le droit d’exprimer leurs inquiétudes quant au fait que le Parti démocrate pourrait envisager une stratégie rappelant celle de cette année électorale, évoquant des réminiscences au sujet du recours accru au vote par correspondance, des ajustements aux procédures de vote et des débats sur la légitimité du processus électoral. N’est-ce pas ainsi que le président Joe Biden a réussi à s’imposer depuis le sous-sol de sa maison en 2020? 

De telles préoccupations sont enracinées dans le scepticisme et reflètent un désir profondément ancré de transparence, d’équité et de sauvegarde des principes démocratiques. Alors que nous naviguons dans ces eaux sensibles, il est essentiel d’aborder ces préoccupations avec une perspective équilibrée. Le Parti démocrate, comme toute entité politique, est animé par une multitude de motivations et d’objectifs. Dans le même temps, les appréhensions du peuple américain découlant des expériences passées témoignent de son engagement à préserver l’intégrité de ses institutions démocratiques. 

Il devient évident qu’un chapitre de l’histoire récente est en train de se répéter. Ce constat incite à s’interroger sur la manière dont la pandémie de Covid-19 a été gérée d’un point de vue politique, notamment dans le contexte des actions du Parti démocrate. Il est impératif d’analyser comment la pandémie a parfois été utilisée à des fins politiques, contribuant potentiellement à une peur généralisée et à un sentiment d’enfermement au sein de la population. 

Au cours des premières périodes de la pandémie, la manière dont certains récits ont été présentés au public mérite un examen attentif. L’utilisation de messages pour susciter la peur et l’inquiétude est une tactique reconnue dans la communication politique. Cependant, lorsque de tels messages exacerbent les anxiétés au point d’influencer les comportements sociaux et les états mentaux, ils justifient une réflexion au niveau de l’éthique et de la morale. Les rapports sur des personnes décédées dans la solitude en milieu hospitalier, isolées de leurs proches, fournissent une représentation saisissante du bilan profondément émotionnel qu’une telle approche peut engendrer. 

La pandémie a parfois été utilisée à des fins politiques, contribuant potentiellement à une peur généralisée et à un sentiment d’enfermement.

Dalia Al-Aqidi

Dans cette atmosphère, la pandémie semblait se dérouler comme un récit prolongé et angoissant, semblable à un film d’horreur plein de suspense. Les images d’individus confrontés à leurs derniers instants sans la présence de leurs proches, associées à l’atmosphère générale d’incertitude, a contribué à un sentiment collectif de vulnérabilité et d’appréhension. Cette atmosphère a été alimentée, en partie, par les messages politiques qui l’accompagnaient. Alors que nous nous trouvons dans une situation où de telles dynamiques pourraient potentiellement se reproduire, il est essentiel de réfléchir aux leçons tirées du passé. Il convient de reconnaître que les motivations politiques peuvent s’entremêler avec les réponses aux crises, soulevant des questions sur la priorité accordée à la santé et à la sécurité publiques plutôt qu’aux bénéfices partisans. 

Je me souviens très bien d’avoir observé des personnes conduisant seules dans leur véhicule tout en portant des masques, ainsi que d’avoir vu des gens mettre des masques en passant du temps sur leur propre terrasse à profiter du soleil. 

En allant de l’avant, des citoyens informés et engagés jouent un rôle essentiel dans le maintien de la transparence et de la reddition de comptes au sein de la sphère politique. Plutôt que de tomber dans des discours polarisants, favoriser un dialogue ouvert et une analyse critique des messages politiques peut contribuer à atténuer les impacts négatifs de la politisation de la crise. Cette approche permet aux citoyens d’élaborer activement des politiques et des réponses reflétant leurs préoccupations et le bien-être sociétal. 

La raison pour laquelle j'ai choisi d'aborder ce sujet en ce moment est que les Américains reconnaissent de plus en plus qu'il existe un moment où remettre en question à la fois les implications de la pandémie et les mesures strictes du gouvernement, comme la fermeture des écoles, des entreprises et des restaurants, devient de plus en plus difficile. 

Un nombre important de médecins, d’écrivains et de citoyens conservateurs se sont retrouvés soumis à une censure de la part de ceux qui sont en accord avec la gauche, uniquement pour avoir exprimé des réserves sur l’impact des vaccins contre la Covid-19. Leurs inquiétudes, fondées sur la présence relativement courte des vaccins dans le paysage médical, ont attiré l’attention sur les parallèles établis avec l’introduction de nouveaux médicaments. S’ajoutant à ce paysage complexe, l’impératif de la vaccination a donné lieu à des situations dans lesquelles les individus risquaient de perdre leur emploi s’ils choisissaient de ne pas s’y conformer. Ce scénario n’est pas sans rappeler l’Irak sous le régime de Saddam Hussein. À l’époque, nous n’avions pas le droit de réfléchir ou de remettre en question, encore moins de rejeter. 

Il est impératif que le président Biden, son parti politique et sa campagne présidentielle reconnaissent qu’une partie importante de la population américaine est lasse d’adhérer aux programmes progressistes et aux tendances associées à la cancel culture. Convaincre le peuple de porter à nouveau le masque, même dans un contexte d’augmentation des cas de Covid-19, peut s’avérer un défi de taille. La population a atteint un point où de nouvelles fermetures et prescriptions de vaccins se heurteront à une forte résistance. Il est vital de reconnaître que, même si de telles mesures peuvent être utilisées pour remporter des élections, la propagation de la peur et de l’appréhension par les médias libéraux ne devrait pas être la voie privilégiée vers la victoire. 

L’accent devrait plutôt être mis sur une réponse aux préoccupations, aux désirs et aux aspirations du peuple américain, sur la promotion de l’unité et sur la promotion de politiques qui trouvent un écho auprès d’un large éventail de la société. Ce n’est qu’en comprenant véritablement, et en prenant en compte ce sentiment collectif, que les dirigeants pourront tracer une voie qui reflète la volonté et le bien-être de la nation. 

  • Dalia Al-Aqidi est chercheure principale au Center for Security Policy. 

Twitter: @DaliaAlAqidi 

NDLR: L’opinion exprimée dans cette page est celle de l’auteur et ne reflète pas nécessairement le point de vue d’Arab News en français. 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com