Une partie de la France dans la fournaise, pour deux jours encore

Une femme se rafraîchit pendant une canicule dans l'eau du bassin du Trocadéro à côté de la Tour Eiffel, dans le centre de Paris, le 5 septembre 2023. (Photo Dimitar DILKOFF / AFP)
Une femme se rafraîchit pendant une canicule dans l'eau du bassin du Trocadéro à côté de la Tour Eiffel, dans le centre de Paris, le 5 septembre 2023. (Photo Dimitar DILKOFF / AFP)
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Publié le Samedi 09 septembre 2023

Une partie de la France dans la fournaise, pour deux jours encore

  • Les températures maximales atteindront 33 à 36 degrés, avec des pointes à 37 en Centre-Val de Loire, où des records mensuels de températures maximales sous abri ont déjà été observés jeudi
  • Et les températures nocturnes vont même augmenter, selon Météo-France. Une suite exceptionnelle au 4e été le plus chaud jamais mesuré en France, et le plus chaud au niveau mondial

PARIS: Pour fuir la canicule tardive qui provoque une vigilance orange sur 14 départements d'Ile-de-France et du Centre-Val de Loire et des pollutions de l'air, certains Parisiens n'ont trouvé comme refuge que l'ombre des arbres du cimetière du Père-Lachaise, même si la Ville a déployé des brumisateurs dans des jardins et prolongé les horaires d'ouverture de sept piscines et de vingt grands parcs.

L'épisode, jamais constaté hors de la période estivale, a fait monter la température à 30°C depuis le début de la semaine à Paris, et à 35° vendredi. Le seuil de "très forte chaleur" à cette température à été dépassé à la station de référence de Paris-Montsouris, avec 35,1° à 17h. Il a conduit aussi à des réductions de vitesse dans plusieurs régions et ne devrait s'atténuer que lundi, selon Météo France.

Les Français ont passé une étrange semaine de rentrée, des enfants suant dans leurs classes aux vignerons forcés de vendanger la nuit. Le match d'ouverture de la Coupe du monde de rugby, vendredi soir à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), se jouera donc dans une atmosphère chaude (28°C en soirée) et polluée, après une semaine où Paris a connu plus de 30°C chaque jour, comme dans de nombreuses régions de France.

Des pauses-fraîcheur ont d'ailleurs été prévues pour les joueurs, au milieu des deux périodes, lors d'une interruption normale du jeu, selon ce que décidera l'arbitre.

"Regardez, j'ai à peine marché quelques minutes et je suis déjà en nage", s'exclame Pascale Guyon, retraitée de 64 ans qui ne sort plus sans sa gourde. Chez elle, à Charenton-le-Pont (Val-de-Marne) à l'est de Paris, il est impossible de faire des courants d'air et, dans le métro, la chaleur est intenable.

"Je fais des heures et des heures de ménage dans la journée et avec les déplacements dans le bus et le métro, c'est trop de fatigue", abonde Aroiri Reygaya, femme de ménage à domicile de 60 ans rencontrée dans le XXe arrondissement.

La capitale a mis en place son plan destiné aux populations vulnérables (séniors, enfants, SDF et personnes en situation de handicap), avec des tournées d'appels effectuées par des médecins et bénévoles et des maraudes renforcées.

Les températures maximales devaient atteindre 33 à 36 degrés, avec des pointes à 37 en Centre-Val de Loire où des records mensuels de températures maximales sous abri ont déjà été observés jeudi. A Orléans, les quatre musées de la ville sont ouverts gratuitement vendredi.

Et les températures nocturnes vont même augmenter, selon Météo France. Une suite exceptionnelle au 4e été le plus chaud jamais mesuré en France, et le plus chaud au niveau mondial. Le dernier bulletin de Météo France, peu après 16H00 vendredi, confirmait la vigilance orange canicule sur 14 département du Centre et de l'Ile-de-France, avec jusqu'à 37 degrés, mais prévoyait aussi de fortes températures sur le nord de l'Auvergne et jusque dans les Landes.

«Baisse significative» lundi

Dimanche, les températures devraient rester encore élevées, "quoique possiblement en légère diminution, avant une baisse plus significative à compter de lundi", précisait Météo France vendredi matin, en indiquant que "c'est la première fois qu'une vigilance orange canicule est déclenchée au-delà de la période estivale".

Météo France prévoit des températures inférieures à 30 degrés sur deux tiers ouest de la France lundi.

Climat: L'accord de Paris menacé par le manque d'ambition

Le monde doit sortir des énergies fossiles polluantes, atteindre le pic de ses émissions de CO2 d'ici 2025 et faire "beaucoup plus, maintenant, sur tous les fronts" pour affronter la crise climatique, selon un rapport de l'ONU Climat qui sera au cœur de la COP28 de Dubaï dans trois mois.

Ce nouveau rappel à l'ordre intervient au moment où les dirigeants des grandes nations du G20 se réunissent à New Delhi, avec peu d'espoir d'avancées ambitieuses sur la question climatique. Les émissions de gaz à effet de serre des Etats-Unis et de l'Europe baissent depuis des années, tandis que celles de la Chine (1er émetteur) et de l'Inde continuent d'augmenter.

Très attendu, ce rapport de 90 pages et 17 "enseignements clés" constitue le premier bilan de tous les efforts accomplis ou non depuis 2015 par l'humanité pour respecter l'accord de Paris et son objectif le plus ambitieux de limiter le réchauffement à 1,5°C.

Il constitue l'étape technique du premier "bilan mondial" (Global stocktake) de l'accord de Paris, que les pays signataires doivent conclure à la 28e conférence climatique de l'ONU, du 30 novembre au 12 décembre aux Emirats arabes unis, en s'accordant sur une décision politique à la hauteur des enjeux. A fortiori après l'été le plus chaud jamais mesuré dans le monde, frappé de multiples canicules, inondations, incendies et autres événements météorologiques extrêmes favorisés par le changement climatique.

Selon les climatologues, le réchauffement climatique d'origine humaine rend les canicules plus fréquentes et plus sévères, mais aussi plus précoces et plus tardives.

Les fortes chaleurs entraînent une augmentation des niveaux de pollution dans plusieurs régions. Plusieurs préfectures, à Paris, dans les Hauts-de-France, en Bretagne ou en Occitanie, ont réduit la vitesse de circulation et interdit des brûlages à l'air libre, sans déclencher la circulation différenciée. La procédure d'alerte aux particules fines a été déclenchée dans le Nord et le Pas-de-Calais .

La transformation d’oxydes d’azote et de composés organiques volatils sous l’effet d’un fort ensoleillement, de températures élevées et d’un vent faible empêchant la dispersion des gaz d'échappement, génère de l'ozone. Ce gaz nocif en basse altitude provoque problèmes respiratoires et crises d'asthme.

Danger ozone 

Pour Sidibé (qui n'a pas souhaité donner son nom de famille), déménageur rencontré par l'AFP à Charenton-le-Pont sur le chemin de la crèche de ses enfants, "c'est horrible". "Je fais des allers-retours jusqu'au cinquième étage pour descendre des meubles ou des frigos sans ascenseur! Quand il fait trop chaud comme ça, ça m'empêche de respirer", ajoute cet homme de 36 ans qui rencontre déjà des "difficultés respiratoires".

Depuis mercredi, "un vent faible empêche la dispersion de la pollution" en Ile-de-France, selon l'organisme Airparif qui estime qu'aucune amélioration "franche" n'est à attendre avant le début de semaine prochaine.

Cet épisode "aussi tardif dans la saison estivale est rare", ajoute cette association régionale de surveillance de la qualité de l'air, soulignant "les liens étroits entre pollution de l'air et changement climatique".

Dans l'Ouest, l'ozone s'ajoute aux particules PM10 (diamètre inférieur à 10 microns, souvent générées par les chantiers, le chauffage et les usines) et aux poussières de sable du Sahara apportées par le vent, remontées jusqu'à Rennes où une fine couche de poussière rougeâtre recouvre les voitures.


Dix passeurs présumés jugés pour un naufrage meurtrier dans la Manche

Une femme passe devant les restes d'un bateau de contrebande endommagé sur la plage de Bleriot à Sangatte, près de Calais, dans le nord de la France, le 11 juin 2025. (AFP)
Une femme passe devant les restes d'un bateau de contrebande endommagé sur la plage de Bleriot à Sangatte, près de Calais, dans le nord de la France, le 11 juin 2025. (AFP)
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  • Trente-neuf migrants, dont huit mineurs, avaient pu être sauvés, mais quatre avaient été retrouvé morts et quatre autres n'ont jamais été retrouvés
  • La même nuit, sept autres départs d'embarcations clandestines avaient été dénombrés dans la Manche

LILLE: Dix hommes, dont huit Afghans, sont jugés à partir de lundi à Lille pour leur rôle présumé de passeurs dans le naufrage d'une embarcation clandestine qui avait fait quatre morts et quatre disparus dans la Manche en décembre 2022.

Parti entre 1H00 et 1H30 du matin dans la nuit du 13 au 14 décembre 2022, le canot, qui transportait en majorité des migrants afghans, avait fait naufrage à quelques kilomètres des côtes anglaises.

Trente-neuf migrants, dont huit mineurs, avaient pu être sauvés, mais quatre avaient été retrouvé morts et quatre autres n'ont jamais été retrouvés.

La même nuit, sept autres départs d'embarcations clandestines avaient été dénombrés dans la Manche.

Selon les éléments de l'enquête, alors que les migrants gonflaient le bateau avant le départ, plusieurs ont entendu une détonation, synonyme selon eux de crevaison. Les passeurs leur ont dit de ne pas s'en faire et qu'il s'agissait du seul bateau disponible pour eux.

D'après les témoignages des rescapés, il n'y avait pas assez de gilets de sauvetage pour tout le monde et aucune des personnes décédées n'en portait un. La température était glaciale et la mer très agitée.

Après une ou deux heures de traversée, un boudin a commencé à se dégonfler et l'eau à entrer dans l'embarcation, jusqu'à atteindre les genoux des passagers. Paniqués, ils se sont mis debout pour tenter de faire signe à un bateau. Mais le fond du canot, peu solide, a ployé sous leur poids et celui de l'eau, et tous se sont retrouvés à l'eau.

Neuf des prévenus sont jugés, jusqu'à vendredi, pour homicide involontaire par violation d'une obligation de sécurité, deux d'entre eux le sont pour blanchiment, tous pour aide au séjour irrégulier. Huit sont afghans, un syrien, un irakien.

Certains des prévenus sont soupçonnés d'avoir recruté des passeurs et assuré la logistique auprès des passagers, d'autres d'avoir géré l'organisation sur le camp de migrants de Loon-Plage (Nord), où vivaient les migrants avant leur tentative de traversée, toujours selon les éléments de l'enquête. D'autres encore sont jugés pour s'être occupés du transport des migrants vers la plage et de la mise à l'eau du canot, et deux pour avoir collecté une partie des paiements.

Le mineur sénégalais qui pilotait le canot est, lui, inculpé dans le cadre d'une procédure au Royaume-Uni.

Apparu en 2018, le phénomène des traversées de la Manche en petites embarcations est à l'origine de nombreux naufrages, le plus meurtrier ayant coûté la vie à 27 personnes en novembre 2021.

Depuis le début de l'année, au moins 15 migrants sont morts dans la Manche, bras de mer parmi les plus fréquentés du monde et où les conditions météorologiques sont souvent difficiles, selon un décompte de l'AFP à partir de chiffres officiels. En 2024, 78 étaient morts ainsi, un record.


Légion d'honneur, Sarkozy « prend acte », rappelant que la CEDH doit encore examiner son recours

La Cour d'appel a confirmé l'année dernière la condamnation de l'ancien président français Nicolas Sarkozy pour avoir tenté illégalement d'obtenir des faveurs d'un juge et lui a ordonné de porter un bracelet électronique à la cheville au lieu de purger une peine d'un an de prison. (Photo d'archive AFP)
La Cour d'appel a confirmé l'année dernière la condamnation de l'ancien président français Nicolas Sarkozy pour avoir tenté illégalement d'obtenir des faveurs d'un juge et lui a ordonné de porter un bracelet électronique à la cheville au lieu de purger une peine d'un an de prison. (Photo d'archive AFP)
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  • L'ex-président (2007-2012) a rappelé que son recours devant la CEDH « est toujours pendant ». Il l'avait déposé après sa condamnation devenue définitive en décembre, à un an de prison ferme pour corruption dans l'affaire des écoutes. 
  • Nicolas Sarkozy, déjà exclu de l'ordre national du Mérite, est ainsi devenu le deuxième chef de l'État français privé de cette distinction, après le maréchal Pétain.

PARIS : L'ancien président Nicolas Sarkozy a « pris acte » dimanche de son exclusion de la Légion d'honneur et rappelle que la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) doit encore se prononcer sur son recours dans l'affaire des écoutes, a indiqué son avocat Patrice Spinosi dans une déclaration transmise à l'AFP.

« Nicolas Sarkozy prend acte de la décision prise par le grand chancelier. Il n’a jamais fait de cette question une affaire personnelle », a affirmé Patrice Spinosi, soulignant que si l'ancien chef de l'État « a fait valoir des arguments juridiques, c’était au nom de la fonction même de président de la République ».

L'ex-président (2007-2012) a rappelé que son recours devant la CEDH « est toujours pendant ». Il l'avait déposé après sa condamnation devenue définitive en décembre, à un an de prison ferme pour corruption dans l'affaire des écoutes. 

« La condamnation de la France (par la CEDH) impliquera la révision de la condamnation pénale prononcée à l'encontre de Nicolas Sarkozy, en même temps que l’exclusion de l’ordre de la Légion d’Honneur ; l’une n’étant que la conséquence de l’autre », a assuré Patrice Spinosi.

Nicolas Sarkozy, déjà exclu de l'ordre national du Mérite, est ainsi devenu le deuxième chef de l'État français privé de cette distinction, après le maréchal Pétain, à qui la Légion d'honneur avait été retirée en 1945 pour haute trahison et intelligence avec l'ennemi.

« Ce lien avec le maréchal Pétain est indigne », a déclaré la porte-parole du gouvernement Sophie Primas (LR), prenant « acte » elle aussi de cette décision « automatique qui fait partie du code de la Légion d’Honneur ».

« Le président Sarkozy a été là pour la France à des moments extrêmement compliqués », a-t-elle déclaré, se disant « un peu réservée non pas sur la règle, mais sur ce qu’elle entraîne comme comparaison ».

« C'est une règle, mais c'est aussi une honte », a déploré sur franceinfo Othman Nasrou, le nouveau secrétaire général de LR et proche de Bruno Retailleau, apportant son « soutien et son respect » à l'ex-président.

À gauche, le député écologiste Benjamin Lucas s'est félicité de la décision, appelant sur X à ce que « la République prive de ses privilèges et de son influence institutionnelle celui qui a déshonoré sa fonction et trahi le serment sacré qui lie le peuple à ses élus, celui de la probité ».


Echanges de frappes entre Israël et l'Iran : la France renforce la vigilance sur son territoire

 Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau  (Photo AFP)
Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (Photo AFP)
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  • « Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme
  • Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

PARIS : Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau a appelé les préfets à renforcer la vigilance sur le territoire national. Il a notamment demandé de cibler les lieux de culte, les rassemblements festifs et les intérêts israéliens et américains. Cette demande a été transmise par télégramme. Elle a été envoyée vendredi. Cela fait suite à l'attaque israélienne en Iran.

« Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme consulté par l'AFP, alors qu'Israël et l'Iran poursuivaient leurs échanges de frappes meurtrières.

Les hostilités ont été déclenchées par une attaque israélienne massive contre des sites militaires et nucléaires iraniens, à laquelle Téhéran riposte avec des missiles balistiques. 

Dans ce contexte, M. Retailleau demande aux préfets de porter « une attention particulière » à la sécurité des lieux de culte, des établissements scolaires, des établissements publics et institutionnels, ainsi que des sites à forte affluence, notamment au moment des entrées et des sorties, et ce, incluant les « rassemblements festifs, culturels ou cultuels ».

Ces mesures de protection renforcée s'appliquent également aux « intérêts israéliens et américains ainsi qu'aux établissements de la communauté juive ».

Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

Vendredi soir, le président Emmanuel Macron a annoncé un « renforcement » du dispositif Sentinelle, qui déploie des militaires en France, « pour faire face à toutes les potentielles menaces sur le territoire national ».