France: canicule sévère et tardive, emblématique du changement climatique

Des personnes plongent dans l'eau sur la plage du Port Vieux à Biarritz, dans le sud-ouest de la France, le 23 août 2023, alors que la canicule s'abat sur la France. (Photo par Gaizka Iroz / AFP)
Des personnes plongent dans l'eau sur la plage du Port Vieux à Biarritz, dans le sud-ouest de la France, le 23 août 2023, alors que la canicule s'abat sur la France. (Photo par Gaizka Iroz / AFP)
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Publié le Vendredi 25 août 2023

France: canicule sévère et tardive, emblématique du changement climatique

  • «Il est incontestable que ce qu'on est en train de vivre actuellement est un phénomène qui est déjà un marqueur du changement climatique», a déclaré jeudi Lauriane Batté, climatologue de Météo-France
  • Une «étude d'attribution» devra encore mesurer l'influence exacte du réchauffement climatique d'origine humaine sur cet épisode caniculaire, dont les caractéristiques correspondent aux modèles climatiques

PARIS : La France sort d'une vague de chaleur exceptionnelle, qui a touché tout le sud de l'Europe, avec des dizaines de records de températures et plusieurs journées consécutives au-dessus de 40°C. Une situation inédite si tard dans l'été, conséquence annoncée du réchauffement climatique.

Le pays a connu de lundi à jeudi ses quatre journées les plus chaudes jamais enregistrées après un 15 août, selon l'indicateur thermique national (moyenne quotidienne sur 30 stations météorologiques représentatives de métropole et de Corse) qui a culminé jeudi à 27,8°C.

«Il est incontestable que ce qu'on est en train de vivre actuellement est un phénomène qui est déjà un marqueur du changement climatique», a déclaré jeudi à l'AFP Lauriane Batté, climatologue de Météo-France.

- La plus tardive parmi les pires canicules -

Cette vague de chaleur de huit jours environ, débutée le 17 août au niveau national et sur le point de se conclure, s'inscrira dans les annales.

Elle n'égalera pas les trois semaines de canicule de 2006, ni les deux semaines de celle de 2003, la plus intense à ce jour, ni même les records de 2019 (journée la plus chaude nationale à 29,4°C de moyenne et record national avec 46°C à Vérargues, dans l'Hérault (sud)).

Mais elle marque par son caractère tardif: depuis 1947, seulement sept vagues de chaleur ont été mesurées en France après un 15 août, toutes au XXIe siècle. Et celle de 2023 est nettement la plus sévère que ces dernières.

«Les simulations» du climat futur, compte-tenu de la poursuite des émissions de gaz à effet de serre par l'humanité, «montrent une probabilité accrue d'avoir des vagues de chaleur en début et en fin d'été», souligne Mme Batté.

De fait, la plus précoce des vagues de chaleurs a été observée récemment, du 15 au 19 juin 2022.

Avant 1989, les vagues de chaleur se produisaient une fois tous les cinq ans en moyenne. Depuis 2000, elles reviennent chaque année.

- Nombreux records absolus dans le Sud -

Si 2023 n'est pas la pire canicule toutes périodes confondues, c'est aussi parce que le tiers nord du territoire a été relativement épargné, avec des températures parfois élevées mais non caniculaires.

Mais dans les deux-tiers sud, où s'est stabilisé le «dôme de chaleur», des dizaines de records, qui dataient souvent de 2003, sont tombés: 43,2°C à Carcassonne, 42,4°C à Toulouse, 42,6°C à Auch (sud-ouest), 42,7°C à Orange (sud) ou 41,4°C à Lyon-Bron (centre-est).

«Cette période, avec des maximales dépassant 40°C notamment, est comparable dans le Sud-Est puis le Sud-Ouest aux températures relevées lors des canicules historiques d'août 2003 et juin 2019», notait Météo-France jeudi.

Le seuil de 40°C, mesuré une seule fois dans les années 60 et une seule fois dans la décennie suivante, est désormais fréquemment franchi. Il a «été dépassé quatre jours consécutifs à Carcassonne, comparable à mi-août 2003» ainsi qu'à Carpentras et Orange (sud).

- Nuits chaudes et vigilance rouge -

Mais la gravité d'une canicule se mesure aussi en observant les températures minimales, quand la fraîcheur de la nuit est censée régénérer les organismes éprouvés.

«Les nuits ont été extrêmement chaudes» dans le Sud «avec des températures se maintenant bien au-dessus de 25 °C» dans plusieurs villes plusieurs jours consécutifs. Menton (sud-est) a ainsi établi un record national de minimale à 30,4°C.

Jusqu'à 19 départements ont dû être placés en vigilance rouge, plus haut niveau d'alerte, activé pour la première fois en 2019 et seulement cinq fois depuis.

- Nouveau climat -

Une «étude d'attribution» devra encore mesurer l'influence exacte du réchauffement climatique d'origine humaine sur cet épisode caniculaire, dont les caractéristiques correspondent aux modèles climatiques.

Ceux-ci prévoient notamment que le réchauffement s'intensifie plus encore dans les régions déjà chaudes de France, à commencer par le pourtour méditerranéen et la vallée du Rhône (sud-est) ainsi que celle de la Garonne (sud-ouest).

Quelle que soit l'évolution des émissions de gaz à effet de serre, le nombre de jours de vagues de chaleur ou de canicules devrait doubler en France d'ici la fin du siècle dans un scénario optimiste, et même être multiplié par 3 ou 4 si le rythme actuel des émissions se poursuit.


Budget, rentrée politique: Bayrou tiendra une conférence de presse lundi

Le Premier ministre français, François Bayrou, visite un poste de commandement de terrain à Saint-Laurent-de-la-Cabrerisse, dans le sud de la France, où un incendie de forêt a ravagé une vaste zone, le 6 août 2025. (AFP)
Le Premier ministre français, François Bayrou, visite un poste de commandement de terrain à Saint-Laurent-de-la-Cabrerisse, dans le sud de la France, où un incendie de forêt a ravagé une vaste zone, le 6 août 2025. (AFP)
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  • Le Premier ministre François Bayrou fait face à une rentrée politique tendue : un budget 2026 très critiqué et une opposition menaçant de renverser son gouvernement via une motion de censure
  • Malgré les tensions, Emmanuel Macron lui réaffirme son soutien, tandis que le gouvernement entame une série de concertations sociales et politiques pour tenter d’apaiser la situation

PARIS: Le premier ministre François Bayrou tiendra une conférence de presse lundi à 16H00, a annoncé samedi Matignon, alors que le chef du gouvernement aborde une rentrée politique très délicate, marquée par la préparation du budget 2026 et les appels à bloquer le pays le 10 septembre.

François Bayrou est notamment menacé d'une motion de censure depuis la présentation à la mi-juillet d'orientations budgétaires prévoyant près de 44 milliards d'euros d'économies l'an prochain.

"A la rentrée, il y aura forcément une confrontation entre le réel et les idéologies", a-t-il déclaré cette semaine à l'AFP après avoir passé un été studieux à Paris.

Le Premier ministre a préparé cette rentrée politique lors d'un dîner avec Emmanuel Macron, jeudi dernier dans la résidence présidentielle de vacances du fort de Brégançon.

Le chef de l'Etat lui a publiquement exprimé son soutien, dans une interview publiée par Paris Match.

François Bayrou "est mon ami... mon compagnon de route. Il a les capacités pour tenir ce gouvernement qui n'est pas habituel", a-t-il expliqué, jugeant son plan d'économies budgétaires "lucide et courageux".

Mais la France insoumise (LFI) a fait savoir qu'elle déposerait une motion de censure dès le 23 septembre, à reprise des débats à l'Asemblée nationale. Les autres partis de gauche, en particulier les socialistes, semblent prêt à la voter si les propositions de François Bayrou n'évoluent pas, et le Rassemblement national en fait aussi planer la menace.

Le leader insoumis Jean-Luc Mélenchon a appelé vendredi à transformer en "grève générale" les appels à bloquer le pays le 10 septembre, lancés au départ sur les réseaux sociaux.

"Il nous faut la grève générale le 10 septembre parce que le 23 septembre, nous déposerons la motion de censure pour faire tomber le gouvernement de M.Bayrou", a-t-il lancé.

Le gouvernement de son côté va relancer les concertations lundi avec les partenaires sociaux, dans un premier temps, puis avec les forces politiques représentées au Parlement.

La ministre du Travail Astrid Panosyan-Bouvet recevra à partir de lundi les organisations syndicales et patronales avant l'ouverture d'une négociation sur la "modernisation du marché du travail" et la "qualité du travail", selon son ministère.

Cette négociation est la troisième à laquelle François Bayrou veut inviter les partenaires sociaux, après celle sur une nouvelle réforme de l'assurance chômage et une autre sur la suppression de deux jours fériés, l'une de ses propositions budgétaires les plus contestées.

Par ailleurs, plusieurs ministres reprendront les discussions avec les groupes parlementaires de la coalition soutenant le gouvernement et ceux de l'opposition "au cours des deux semaines qui viennent", a indiqué à l’AFP le ministre des Relations avec le Parlement Patrick Mignola.


La rentrée de Radio France lundi menacée par une grève illimitée

Vue du siège de Radio France à Paris, le 8 juillet 2025. (AFP)
Vue du siège de Radio France à Paris, le 8 juillet 2025. (AFP)
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  • Les syndicats de Radio France ont déposé un préavis de grève illimitée à partir de lundi, protestant contre plusieurs réformes
  • Malgré des négociations, aucune concession majeure n’a été faite, mais la direction et les syndicats souhaitent trouver un accord rapidement pour préserver les programmes

PARIS: A Radio France, la rentrée s'annonce agitée: vent debout contre des projets de réorganisation, les syndicats appellent à une grève illimitée à partir de lundi, qui pourrait perturber les antennes du groupe public, dont la matinale de France Inter, la première du pays.

A la radio, les grilles de rentrée reprennent dès lundi, après la parenthèse estivale et avant celles des télévisions. La matinale d'Inter doit accueillir ce jour-là les premiers pas de sa recrue vedette, Benjamin Duhamel.

Le transfuge de BFMTV rejoint la voix principale de la matinale, Nicolas Demorand, après le départ de Léa Salamé pour le 20h00 de France 2.

Le préavis de grève illimitée a été déposé le 11 juillet par les syndicats CFDT, CGT, FO, SNJ, SUD et UNSA.

Ils rejettent plusieurs réformes voulues par la patronne du groupe, Sibyle Veil. Parmi elles, l'arrêt de la radio Mouv' sur la FM, des changements éditoriaux au sein d'Ici (ex-France Bleu, le réseau des radios locales publiques) et l'arrêt d'émissions d'investigation et de reportage.

"Madame la présidente (...), pour la première fois de notre histoire récente, la rentrée radiophonique pourrait ne pas avoir lieu", ont menacé les syndicats dans un communiqué commun jeudi.

Des discussions menées vendredi avec la direction n'ont pas abouti à la levée du préavis.

"Pour l'heure, la direction refuse la moindre concession ou de revenir sur les projets les plus néfastes pour les équipes et les antennes", ont déploré les syndicats dans un communiqué vendredi soir.

La direction du groupe a de son côté assuré samedi avoir "fait des propositions sur les différents sujets en cours de discussion, dans l'objectif d'une levée du préavis".

"Ceci n'ayant pas abouti ce jour, la direction se tient prête à la poursuite des négociations au plus vite: rendez-vous a été conjointement fixé lundi. Il y a, des deux côtés, une volonté de sortir de la situation au plus vite, dans l'intérêt des auditeurs", a-t-elle poursuivi.

Une première grève, très suivie, avait eu lieu du 26 au 29 juin.

Elle avait immédiatement été suivie d'une deuxième, mais pour un motif différent. Il s'agissait de protester contre le projet de réforme de l'audiovisuel public porté par la ministre de la Culture, Rachida Dati. Il prévoit de créer une holding, France Médias, qui chapeauterait France Télévisions, Radio France et l'INA (Institut national de l'audiovisuel).

Après un parcours parlementaire heurté, ce texte devrait revenir à l'Assemblée nationale à l'automne. Il a été adopté en juillet par le Sénat, où les débats ont été écourtés par le choix de la ministre d'employer l'arme constitutionnelle du vote bloqué.

Selon les dernières mesures d'audience de Médiamétrie, publiées début juillet, Radio France a enregistré une saison 2024-2025 record sur plusieurs antennes et France Inter a augmenté son avance comme première radio du pays.


Paris convoque l'ambassadrice d'Italie après des propos "inacceptables" de Matteo Salvini

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  • La France a convoqué l’ambassadrice d’Italie, Emanuela D’Alessandro, pour dénoncer les propos du vice-Premier ministre italien Matteo Salvini, jugés contraires au climat de confiance entre les deux pays
  • Salvini avait suggéré qu’Emmanuel Macron "y aille lui-même" en Ukraine, casque et fusil, provoquant un tollé diplomatique

PARIS: La France a convoqué l'ambassadrice d'Italie en France, Emanuela D'Alessandro, "à la suite des propos inacceptables" tenus par le vice-Premier ministre italien Matteo Salvini à l'encontre du président Emmanuel Macron pour son soutien à l'envoi de troupes en Ukraine, a-t-on appris vendredi de source diplomatique.

"Il a été rappelé à l’ambassadrice [convoquée jeudi, NDLR] que ces propos allaient à l’encontre du climat de confiance et de la relation historique entre nos deux pays mais aussi des récents développements bilatéraux, qui ont mis en évidence des convergences fortes entre les deux pays, notamment s’agissant du soutien sans faille à l’Ukraine", a-t-on précisé de source diplomatique, confirmant une information de la radio France Inter.

Interrogé lors d'un déplacement à Milan sur un éventuel déploiement de soldats italiens en Ukraine après un arrêt des hostilités, comme la France et le Royaume-Uni envisagent de le faire, Matteo Salvini avait suggéré qu'Emmanuel Macron "y aille lui-même" en mettant un casque et prenant un fusil.

Le chef du parti antimigrants Lega, proche de la cheffe de l'extrême droite française Marine Le Pen, avait déjà qualifié en mars le président français de "fou", l'accusant de pousser l'Europe à la guerre avec la Russie.

La France et le Royaume-Uni, qui ont pris la tête d'une "coalition des volontaires", envisagent de déployer des contingents en Ukraine comme garantie de sécurité pour prévenir une reprise des hostilités une fois qu'un cessez-le-feu ou un accord de paix aura été conclu entre Kiev et Moscou.

La Première ministre italienne Giorgia Meloni de son côté s'y refuse.