Espagne: les indépendantistes catalans espèrent obtenir de Madrid le plus d'avancées possibles

Un bâtiment avec plusieurs drapeaux catalans suspendus aux balcons lors de la « Diada », la fête nationale de la Catalogne, à Barcelone (AFP).
Un bâtiment avec plusieurs drapeaux catalans suspendus aux balcons lors de la « Diada », la fête nationale de la Catalogne, à Barcelone (AFP).
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Publié le Lundi 11 septembre 2023

Espagne: les indépendantistes catalans espèrent obtenir de Madrid le plus d'avancées possibles

  • Malgré leur repli lors des législatives du 23 juillet, les partis indépendantistes sont devenus des faiseurs de rois
  • La négociation avec Madrid «est la seule solution et nous permettra de faire des pas» en avant

BARCELONE: En perte de vitesse depuis plusieurs années, le mouvement indépendantiste, réuni pour sa grand-messe annuelle à Barcelone, se sent revigoré par son rôle central dans la formation du prochain gouvernement espagnol, même s'il sait qu'il n'obtiendra pas de Madrid le référendum d'autodétermination dont il rêve.

Un drapeau indépendantiste noué autour des épaules, Ignasi Segon, 73 ans, pense que les discussions engagées en vue d'une éventuelle reconduction au pouvoir du Premier ministre socialiste Pedro Sánchez sont "l'occasion pour la Catalogne d'obtenir des avancées".

La négociation avec Madrid "est la seule solution et nous permettra de faire des pas" en avant, même si elle "ne nous apportera pas ce que nous voulons, c'est-à-dire l'indépendance", estime auprès de l'AFP ce retraité.

Un avis partagé par Joan Barrull, habitué de la "Diada", fête de la Catalogne devenue depuis une décennie le théâtre d'une grande manifestation indépendantiste, qui s'élance à 17H14 (15H14 GMT) précises, en commémoration de la prise de Barcelone le 11 septembre 1714 par les troupes du roi d'Espagne Philippe V.

"Nous avons toujours obtenu des choses quand ils avaient besoin de nous à Madrid", estime ce biologiste de 59 ans, vêtu d'un T-shirt indépendantiste, qui aimerait toutefois que les leaders indépendantistes aillent plus loin dans leurs revendications.

"Nous négocions des choses sur la langue (catalane) notamment, ce qui est très bien, mais nous ne mettons pas sur la table l'indépendance", déplore-t-il.

Faiseurs de rois

Après avoir rassemblé jusqu'à plus d'un million de personnes au milieu des années 2010, la "Diada" a vu la mobilisation chuter ces dernières années, sur fond de désillusion des militants après l'échec de la tentative de sécession de 2017 et de divisions au sein du mouvement.

Mais cette édition a une tonalité particulière: malgré leur repli lors des législatives du 23 juillet, les partis indépendantistes sont devenus des faiseurs de rois, leurs députés étant indispensables à Pedro Sánchez s'il veut espérer être reconduit au pouvoir par le Parlement.

Depuis fin juillet, la gauche courtise donc en particulier Carles Puigdemont, principale figure de la tentative de sécession de 2017, qui a réclamé la semaine dernière l'amnistie des indépendantistes poursuivis par la justice espagnole en échange du soutien de son parti Ensemble pour la Catalogne (Junts per Catalunya).

"La Catalogne détient la clé du gouvernement national. Nous devons donc profiter de cette force pour rendre possible tout ce qui n'a pas été possible jusqu'alors", a insisté pour sa part dimanche le président régional catalan, l'indépendantiste modéré Pere Aragonès, de l'autre grand parti indépendantiste, Gauche républicaine de Catalogne (ERC).

M Puigdemont lui-même est parti s'installer en Belgique en 2017 pour fuir les poursuites judiciaires, ce qui fait dire à la droite que la formation du gouvernement espagnol est entre les mains d'un "fugitif".

Jordi Vernet, ingénieur de 51 ans, espère que cette loi d'amnistie permettra à M Puigdemont de "revenir libre" en Espagne et pourra représenter "un très bon point de départ (...) afin de calmer les esprits et de s'assoir pour discuter".

Vêtue d'un costume traditionnel catalan, Jacqueline Tomàs, 32 ans, juge quant à elle que le mouvement indépendantiste est "très éteint" et ne sait pas vraiment si la stratégie actuelle des indépendantistes est en mesure de le réveiller.

Les discussions avec Madrid "sont comme une pochette surprise, il faut attendre pour voir ce qu'il en sort", souligne-t-elle.


La flottille pour Gaza quitte la Tunisie, direction le territoire palestinien

Après plusieurs reports, la flottille internationale pour Gaza a quitté lundi la Tunisie pour mettre le cap sur le territoire palestinien assiégé par Israël, dans le but de "briser le blocus israélien" et d'ouvrir un "corridor" humanitaire. (AFP)
Après plusieurs reports, la flottille internationale pour Gaza a quitté lundi la Tunisie pour mettre le cap sur le territoire palestinien assiégé par Israël, dans le but de "briser le blocus israélien" et d'ouvrir un "corridor" humanitaire. (AFP)
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  • Une vingtaine de bateaux venus de Barcelone (Espagne) ont quitté Bizerte, les derniers étant partis à l'aube lundi, selon un photographe de l'AFP sur place
  • Yasemin Acar, du comité de coordination de la partie maghrébine de la flottille, a posté sur Instagram des images de bateaux tunisiens prenant aussi la mer ces dernières heures, avec le message "le blocus de Gaza doit cesser"

BIZERTE: Après plusieurs reports, la flottille internationale pour Gaza a quitté lundi la Tunisie pour mettre le cap sur le territoire palestinien assiégé par Israël, dans le but de "briser le blocus israélien" et d'ouvrir un "corridor" humanitaire.

"Nous essayons d'envoyer un message à la population de Gaza, (de lui dire) que le monde ne l'a pas oubliée", a dit à l'AFP la militante écologiste suédoise Greta Thunberg avant d'embarquer dans le port de Bizerte, dans le nord de la Tunisie.

"Lorsque nos gouvernements ne prennent pas leurs responsabilités, nous n'avons pas d'autre choix que de prendre les choses en main", a-t-elle ajouté.

Une vingtaine de bateaux venus de Barcelone (Espagne) ont quitté Bizerte, les derniers étant partis à l'aube lundi, selon un photographe de l'AFP sur place.

Yasemin Acar, du comité de coordination de la partie maghrébine de la flottille, a posté sur Instagram des images de bateaux tunisiens prenant aussi la mer ces dernières heures, avec le message "le blocus de Gaza doit cesser", "nous partons par solidarité, dignité et pour la justice".

Les embarcations arrivées d'Espagne s'étaient transférées à Bizerte après un séjour mouvementé à Sidi Bou Saïd, près de Tunis.

La "Global Sumud Flotilla", accueillie par des rassemblements de soutien, a indiqué que deux de ses bateaux avaient été visés par des attaques de drones deux nuits de suite la semaine passée, publiant des vidéos à l'appui. Après la deuxième annonce, les autorités tunisiennes ont dénoncé "une agression préméditée" et dit mener une enquête.

L'eurodéputée franco-palestinienne Rima Hassan qui, comme Greta Thunberg, avait été détenue à bord du "Madleen" lors d'une précédente traversée vers Gaza, a dit à l'AFP redouter "bien entendu" de nouvelles attaques, ajoutant: "on se prépare aux différents scénarios".

Selon elle, les personnalités les plus en vue - dont l'actrice française Adèle Haenel - ont été réparties entre les deux plus gros bateaux de coordination "de manière à équilibrer et (ne) pas concentrer toutes les personnalités visibles dans un seul et même bateau".

Le départ de Tunisie a été repoussé à plusieurs reprises en raison de motifs de sécurité, de retard dans les préparatifs pour certains bateaux et de la météo.

La Global Sumud Flotilla ("sumud" signifie "résilience" en arabe), qui comprend aussi des embarcations parties ces derniers jours de Corse (France), Sicile (Italie) et Grèce, avait initialement prévu d'atteindre le territoire palestinien à la mi-septembre, après deux tentatives bloquées par Israël en juin et juillet.

 


Les ministres du Groupe E3 condamnent les frappes israéliennes à Doha

Cette photo satellite obtenue le 10 septembre auprès de Planet Labs PBC et datée du 24 janvier 2025 montre le complexe qui abritait les membres du bureau politique du groupe militant palestinien Hamas et qui a été pris pour cible par une frappe israélienne le 9 septembre, dans la capitale du Qatar, Doha. (AFP)
Cette photo satellite obtenue le 10 septembre auprès de Planet Labs PBC et datée du 24 janvier 2025 montre le complexe qui abritait les membres du bureau politique du groupe militant palestinien Hamas et qui a été pris pour cible par une frappe israélienne le 9 septembre, dans la capitale du Qatar, Doha. (AFP)
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  • Selon eux, cette action militaire compromet également les négociations en cours visant à la libération des otages encore détenus et à la conclusion d’un accord de cessez-le-feu à Gaza
  • Les trois pays européens ont exprimé leur solidarité avec le Qatar, soulignant son rôle clé dans la médiation menée avec l’Égypte et les États-Unis entre Israël et le Hamas

PARIS: Les ministres des Affaires étrangères de l’Allemagne, de la France et du Royaume-Uni ont condamné, dans une déclaration conjointe, les frappes israéliennes ayant visé Doha le 9 septembre. Ils estiment que ces attaques constituent une violation de la souveraineté du Qatar et représentent un risque d’escalade supplémentaire dans la région.

Selon eux, cette action militaire compromet également les négociations en cours visant à la libération des otages encore détenus et à la conclusion d’un accord de cessez-le-feu à Gaza. « Nous appelons toutes les parties à intensifier leurs efforts pour parvenir à un cessez-le-feu immédiat », ont-ils insisté.

Les trois pays européens ont exprimé leur solidarité avec le Qatar, soulignant son rôle clé dans la médiation menée avec l’Égypte et les États-Unis entre Israël et le Hamas. Ils appellent les parties à « faire preuve de retenue » et à saisir l’opportunité de rétablir la paix.

Les ministres ont réaffirmé que la priorité devait rester la mise en place d’un cessez-le-feu permanent, la libération des otages et l’acheminement massif d’aide humanitaire à Gaza pour enrayer la famine. Ils demandent l’arrêt immédiat des opérations militaires israéliennes dans la ville de Gaza, dénonçant les déplacements massifs de civils, les pertes humaines et la destruction d’infrastructures vitales.

Ils exhortent par ailleurs à garantir aux Nations unies et aux ONG humanitaires un accès sûr et sans entrave à l’ensemble de la bande de Gaza, y compris dans le Nord.

Enfin, le Groupe E3 a rappelé sa condamnation « sans équivoque » des crimes commis par le Hamas, qualifié de mouvement terroriste, qui doit, selon eux, « libérer immédiatement et sans condition les otages, être désarmé et écarté définitivement de la gouvernance de la bande de Gaza ».


L’ONU adopte une résolution franco-saoudienne pour la paix israélo-palestinienne sans le Hamas

L'ancienne ministre allemande des Affaires étrangères et présidente de la 80e session de l'Assemblée générale des Nations Unies, Annalena Baerbock, s'exprime lors d'une réunion de l'Assemblée générale pour voter sur la solution de deux États à la question palestinienne au siège des Nations Unies (ONU), le 12 septembre 2025 à New York. (AFP)
L'ancienne ministre allemande des Affaires étrangères et présidente de la 80e session de l'Assemblée générale des Nations Unies, Annalena Baerbock, s'exprime lors d'une réunion de l'Assemblée générale pour voter sur la solution de deux États à la question palestinienne au siège des Nations Unies (ONU), le 12 septembre 2025 à New York. (AFP)
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  • Résolution adoptée par 142 voix pour, 10 contre — dont Israël et les États-Unis
  • Le vote précède un sommet de haut niveau co-présidé par Riyad et Paris le 22 septembre

​​​​​​NEW YORK : L’Assemblée générale des Nations unies a voté massivement vendredi en faveur de l’adoption de la « Déclaration de New York », une résolution visant à relancer la solution à deux États entre Israël et la Palestine, sans impliquer le Hamas.

Le texte a été approuvé par 142 pays, contre 10 votes négatifs — dont Israël et les États-Unis — et 12 abstentions. Il condamne fermement les attaques du Hamas du 7 octobre 2023, exige le désarmement du groupe, la libération de tous les otages, et appelle à une action internationale collective pour mettre fin à la guerre à Gaza.

Intitulée officiellement « Déclaration de New York sur le règlement pacifique de la question de Palestine et la mise en œuvre de la solution à deux États », la résolution a été présentée conjointement par l’Arabie saoudite et la France, avec le soutien préalable de la Ligue arabe et de 17 États membres de l’ONU.

Le texte souligne la nécessité de mettre fin à l’autorité du Hamas à Gaza, avec un transfert des armes à l’Autorité palestinienne, sous supervision internationale, dans le cadre d’une feuille de route vers une paix durable. Celle-ci inclut un cessez-le-feu, la création d’un État palestinien, le désarmement du Hamas, et une normalisation des relations entre Israël et les pays arabes.

L’ambassadeur de France, Jérôme Bonnafont, qui a présenté la résolution, l’a qualifiée de « feuille de route unique pour concrétiser la solution à deux États », soulignant l’engagement de l’Autorité palestinienne et des pays arabes en faveur de la paix et de la sécurité. Il a aussi insisté sur l’urgence d’un cessez-le-feu immédiat et de la libération des otages.

Ce vote intervient à quelques jours d’un sommet de haut niveau de l’ONU, co-présidé par Riyad et Paris le 22 septembre, où le président Emmanuel Macron s’est engagé à reconnaître officiellement un État palestinien.

La représentante américaine, Morgan Ortagus, s’est vivement opposée à la résolution, la qualifiant de « coup de communication malvenu et malavisé » qui récompenserait le Hamas et nuirait aux efforts diplomatiques authentiques.

Elle a dénoncé la mention du « droit au retour » dans le texte, estimant qu’il menace le caractère juif de l’État d’Israël.

« Cette résolution est un cadeau au Hamas,» a déclaré Mme Ortagus, ajoutant que le désarmement du Hamas et la libération des otages étaient la clé de la fin de la guerre. Elle a exhorté les autres nations à se joindre aux États-Unis pour s'opposer à la déclaration.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com