Dans le nord du Liban, pénuries d'eau et feux de forêt inquiètent les habitants

L'agriculteur Abdullah Hammud, 60 ans, travaille sur ses terres dans une zone forestière près de Kobayat dans la région du Akkar au Liban, le 1er septembre 2023. (Photo par ANWAR AMRO / AFP)
L'agriculteur Abdullah Hammud, 60 ans, travaille sur ses terres dans une zone forestière près de Kobayat dans la région du Akkar au Liban, le 1er septembre 2023. (Photo par ANWAR AMRO / AFP)
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Publié le Jeudi 14 septembre 2023

Dans le nord du Liban, pénuries d'eau et feux de forêt inquiètent les habitants

  • Cet homme de 60 ans cultive de tout, des tomates aux figues, dans les environs de la localité de Kobayat, près de la frontière avec la Syrie, dans la région du Akkar
  • Là-bas, l'Etat peine à fournir des services de première nécessité, notamment un approvisionnement régulier en eau courante

KOBAYAT : Dans le nord boisé du Liban, la hausse des températures, les pénuries d'eau et les incendies de forêt récurrents s'ajoutent aux inquiétudes des habitants, déjà aux prises avec une grave crise économique qui éclipsait les problèmes climatiques.

"Je n'ai jamais connu une telle chaleur (...) Nous avons perdu une partie des récoltes", déclare Abdallah Hammoud, dans sa ferme nichée au milieu de collines verdoyantes.

Cet homme de 60 ans cultive de tout, des tomates aux figues, dans les environs de la localité de Kobayat, près de la frontière avec la Syrie, dans la région du Akkar.

Là-bas, l'Etat peine à fournir des services de première nécessité, notamment un approvisionnement régulier en eau courante. Ce fermier dépend d'une source voisine pour l'irrigation, mais il affirme que l'eau disponible diminue.

"Nous ne pouvons pas (apporter par camion) de l'eau ici tous les jours, ni pour les récoltes ni pour la maison", dit M. Hammoud.

"Si l'eau venait à manquer, nous devrions partir", ajoute-t-il sans ambages.

Les précipitations pour l'année ont été inférieures à la moyenne, indique à l'AFP Mohamad Kanj, de Météo Liban.

Selon lui, un épisode caniculaire de 13 jours en août a été "le plus sévère jamais enregistré en termes de nombre de jours, de superficie touchée et de températures".

Un rapport publié l'année dernière par l'Université américaine de Beyrouth a notamment révélé que la région du Akkar, une des plus défavorisées du Liban avant que le pays ne plonge dans une crise économique sans précédent en 2019, avait une résilience faible à modérée au changement climatique.

Pas un luxe

En 2021, des incendies dévastateurs ont fait rage près de Kobayat, région densément boisée. Un adolescent de 15 ans qui tentait d'aider à combattre les sinistres a été tué.

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Des pompiers et Khaled Taleb (2e à droite), de l'association Akkar Trail, organisent une session de formation sur la lutte contre les incendies volontaires, à Kobayat, dans la région du Akkar au Liban, le 1er septembre 2023. (Photo par ANWAR AMRO / AFP) 

"Les incendies nous ont beaucoup affectés. On a eu peur pour nos vies", avoue Najla Chahine, une ancienne enseignante de 58 ans.

"A présent, il y a une plus grande prise de conscience" du risque d'incendie, dit-elle, soulignant que les habitants devaient se mobiliser davantage pour l'environnement car "l'Etat est absent".

Son fils Sami, 13 ans, qui participait avec elle à une randonnée dans le cadre d'un festival local mêlant environnement et cinéma, affirme avoir essayé de "sensibiliser le plus possible" ses amis aux questions environnementales.

Les randonneurs ont traversé plusieurs sources locales, l'une réduite à un simple filet, une autre totalement à sec.

Antoine Daher, président du Conseil de l'environnement à Kobayat, une ONG, impute le manque d'eau aux pluies insuffisantes et à la forte demande en eau, exhortant la population à réduire sa consommation.

Malgré la crise économique, "l'environnement ne doit pas être considéré comme un luxe", déclare M. Daher.

Saison des incendies

Son association a créé la première tour de guet anti-incendie au Liban il y a environ 25 ans.

D'autres groupes se mobilisent également dans la région contre les incendies de forêt, comme l'association Akkar Trail.

"Nous sommes actuellement au plus fort de la saison des incendies", explique le fondateur de cette association, Khaled Taleb, en formant en pleine nature un groupe de bénévoles à combattre les incendies, récurrents au cours des dernières années.

La région du Akkar est couverte de 200 km2 de forêts et abrite 73 des 76 types d'arbres différents que compte le Liban, selon M. Taleb.

Des incendies dévastateurs en 2021, près de Kobayat, "ont détruit plus de 1 800 hectares", souligne-t-il, ajoutant que l'accès à l'eau constitue un problème majeur pour son équipe.

En octobre 2019, l'incapacité du gouvernement libanais à contenir des incendies de forêt dévastateurs avait été l'un des déclencheurs d'un mouvement de contestation antigouvernementale sans précédent à l'échelle nationale.

Le Liban "n'a pas les capacités logistiques pour faire face à un énorme incendie", affirme M. Taleb, dont le groupe travaille en coopération avec la défense civile et d'autres secouristes.

Mais il se dit optimiste quant à la mobilisation de la communauté locale: "On n'est pas nés pompiers, mais notre priorité désormais est de protéger la forêt contre tout danger".


Plus de la moitié des installations d’eau de Gaza ont été détruites, selon une enquête de la BBC

Les experts en droits de l’homme estiment que les installations essentielles à la survie des civils doivent être protégées. (Photo AFP)
Les experts en droits de l’homme estiment que les installations essentielles à la survie des civils doivent être protégées. (Photo AFP)
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  • Plus de la moitié des usines de dessalement et des systèmes de forage ont été endommagés ou détruits
  • La destruction des stations d’épuration des eaux usées a provoqué une explosion des maladies transmises par l’eau

LONDRES: Une enquête menée par la BBC révèle que la moitié des installations d’eau et d’assainissement de Gaza ont été détruites depuis le début de la guerre entre Israël et le Hamas.

Des images satellites examinées par BBC Verify montrent qu’un peu plus de la moitié des six cent trois usines de dessalement et des systèmes de forage utilisés pour fournir de l’eau à Gaza ont été endommagés ou détruits. C’est également le cas de quatre des six stations d’épuration des eaux usées.

Selon une organisation humanitaire citée par la BBC, les deux autres stations d’épuration ont été fermées par manque de carburant ou d’approvisionnement. Les efforts de réparation ont été fortement perturbés en raison des dégâts qu’un important dépôt a subis.

La destruction de ces installations a provoqué une explosion des maladies transmises par l’eau, ce qui présente de graves risques pour la santé de la population, en particulier pour les enfants et les femmes enceintes.

Le nombre de cas de diarrhée, d’hépatite A et même de choléra est monté en flèche.

Selon la Dr Natalie Roberts, directrice générale de Médecins sans frontières UK, la destruction des installations d’eau et d’assainissement a entraîné «des conséquences sanitaires désastreuses pour la population», ce qui a causé des décès.

Elle note que Rafah et la frontière sud de la région font partie des zones les plus touchées.

La BBC explique que, dans la mesure où l’état exact de chaque installation n’a pu être déterminé, aucune distinction ne peut être faite entre les installations «détruites» et celles qui sont «endommagées».

Elle souligne en outre que tous les dégâts ne sont pas visibles sur les images satellite – principalement dans le nord de Gaza ou dans la zone qui entoure la ville méridionale de Khan Younès –, de sorte que certaines installations touchées ont pu passer inaperçues.

La situation a été aggravée par les dégâts subis par le Service des eaux des municipalités côtières de Gaza et par le principal dépôt de services de l’Unicef, ce qui rend les réparations difficiles.

Les experts en droits de l’homme estiment que les installations essentielles à la survie des civils doivent être protégées.

D’après Leila Sadat, ancienne conseillère spéciale sur les crimes contre l’humanité à la Cour pénale internationale, ces destructions témoignent soit d’une «approche imprudente» des infrastructures civiles, soit d’un ciblage intentionnel.

Elle ajoute qu’il est possible que «ces destructions ne soient pas toutes des erreurs».

En réponse aux conclusions de la BBC, l’armée israélienne indique que le Hamas a utilisé des infrastructures civiles à des fins militaires, y entreposant des armes et des munitions.

Elle soutient que les installations d’approvisionnement en eau ont été principalement touchées lors de frappes aériennes qui visaient les combattants du Hamas et nie avoir intentionnellement ciblé des infrastructures civiles.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


L’Arabie saoudite condamne l’attaque sur le siège de l’Unrwa à Jérusalem-Est

Un groupe de manifestants israéliens a attaqué le siège de l’agence à Jérusalem-Est, région occupée par Israël, après qu’un fonctionnaire municipal israélien a appelé à manifester contre l’Unrwa. (Photo AFP)
Un groupe de manifestants israéliens a attaqué le siège de l’agence à Jérusalem-Est, région occupée par Israël, après qu’un fonctionnaire municipal israélien a appelé à manifester contre l’Unrwa. (Photo AFP)
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  • Le Royaume a déclaré qu’il tenait «l’occupation israélienne» pour responsable des crimes récurrents commis contre des civils innocents et des travailleurs humanitaires
  • L’Arabie saoudite a exhorté la communauté internationale à agir sérieusement pour faire cesser les violations des droits de l’homme commises par Israël

RIYAD: L’Arabie saoudite a condamné jeudi l’attaque menée par les colons israéliens au siège de l’Office de secours et de travaux des nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (Unrwa), dans la partie occupée de Jérusalem.

Le Royaume a déclaré qu’il tenait «l’occupation israélienne» pour responsable des crimes récurrents commis contre des civils innocents et des travailleurs humanitaires, selon un communiqué publié par le ministère saoudien des Affaires étrangères.

L’homme politique a exhorté la communauté internationale à agir sérieusement pour faire cesser les violations des droits de l’homme commises par Israël. «L’occupation doit être tenue pour responsable des crimes qu’elle commet. Ces derniers violent le droit international», indique le communiqué.

Le commissaire général de l’Unrwa, Philippe Lazzarini, avait mentionné plus tôt qu’un groupe de manifestants israéliens avait attaqué le siège de l’agence à Jérusalem-Est, région occupée par Israël, après qu’un fonctionnaire municipal israélien a appelé à manifester contre l’Unrwa.

La Jordanie a également condamné cette attaque, affirmant qu’il s’agissait d’une «violation flagrante du droit international, en vertu duquel les installations de l’ONU doivent être protégées».

Elle a appelé la communauté internationale à faire respecter le droit humanitaire international «immédiatement et efficacement» ainsi qu’à obliger Israël à empêcher les attaques contre les travailleurs humanitaires qui «jouent un rôle humanitaire majeur en fournissant de l’aide et des services aux Palestiniens dans les territoires palestiniens occupés».

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Départ de Chypre d'un navire américain chargé d'aides pour Gaza

Un cargo battant pavillon américain transportant de l'aide vers un quai construit par les États-Unis au large de Gaza quitte Larnaca, à Chypre. (Reuters)
Un cargo battant pavillon américain transportant de l'aide vers un quai construit par les États-Unis au large de Gaza quitte Larnaca, à Chypre. (Reuters)
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  • Le MV Sagamore, battant pavillon américain, a quitté le port de Larnaca après avoir été chargé d'aides de Grande-Bretagne, de Chypre et des Etats-Unis, a déclaré le porte-parole du gouvernement chypriote
  • Les aides humanitaires devront être transférées sur une jetée temporaire construite par les Etats-Unis au large de Gaza avant leur acheminement dans le territoire palestinien

NICOSIE : Un porte-conteneurs américain chargé d'aides a quitté Chypre jeudi en direction de Gaza, un nouveau test pour le corridor maritime mis en place pour acheminer des aides vers le territoire palestinien assiégé et dévasté par la guerre entre Israël et le Hamas.

Le MV Sagamore, battant pavillon américain, a quitté le port de Larnaca après avoir été chargé d'aides de Grande-Bretagne, de Chypre et des Etats-Unis, a déclaré le porte-parole du gouvernement chypriote, Yiannis Antoniou, à l'agence de presse officielle CNA.

Les aides humanitaires devront être transférées sur une jetée temporaire construite par les Etats-Unis au large de Gaza avant leur acheminement dans le territoire palestinien.

Mardi, le Pentagone a affirmé que l'armée américaine avait achevé de construire un port artificiel temporaire à Gaza pour faciliter la livraison d'aide humanitaire mais qu'il ne pouvait être installé pour l'instant à cause des conditions météorologiques.

"La plateforme devrait être prête au moment où le navire arrivera afin que l'aide puisse être déchargée puis distribuée aux Palestiniens", a déclaré M. Antoniou, dont le pays est situé à quelque 370 km de Gaza.

Gouvernements et organisations internationales s'efforcent de trouver des moyens alternatifs pour acheminer l'aide vers Gaza après que l'ONU a mis en garde contre une famine imminente face à la forte baisse des livraisons d'aides internationales par voie terrestre, strictement contrôlées par Israël qui assiège la bande de Gaza depuis le 9 octobre.

L'ONG espagnole Open Arms, en collaboration avec l'ONG américaine World Central Kitchen, a affrété le premier navire d'aides qui s'est rendu de Chypre à Gaza en mars.

La communauté internationale et les ONG soulignent toutefois que ce couloir maritime, ainsi que les parachutages d'aides par des avions de plusieurs pays sur Gaza, ne peuvent se substituer aux aides par voie terrestre.

La guerre à Gaza a été déclenchée par une attaque sans précédent du Hamas contre le sud d'Israël le 7 octobre, qui a fait plus de 1.170 morts, la plupart des civils, selon un décompte de l'AFP établi à partir de chiffres officiels israéliens.

L'offensive de représailles d'Israël a coûté la vie à au moins 34.904 personnes, en grande majorité des civils, selon le ministère de la Santé du Hamas, mouvement qui a pris le pouvoir à Gaza en 2007.