«La division est un poison», met en garde Borne face aux députés Renaissance

La Première ministre française Elisabeth Borne prononce un discours lors des journées parlementaires du parti libéral français Renaissance, à Louan-Villegruis-Fontaine, dans le centre-nord de la France, le 14 septembre 2023. (Photo, Bertrand GUAY/AFP)
La Première ministre française Elisabeth Borne prononce un discours lors des journées parlementaires du parti libéral français Renaissance, à Louan-Villegruis-Fontaine, dans le centre-nord de la France, le 14 septembre 2023. (Photo, Bertrand GUAY/AFP)
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Publié le Jeudi 14 septembre 2023

«La division est un poison», met en garde Borne face aux députés Renaissance

  • « La division est un poison, elle mène au blocage des institutions, à la paralysie politique, puis à la défaite lors des élections», a prévenu Mme Borne dans un discours prononcé jeudi à l'occasion des journées parlementaires du parti présidentiel
  • Son avertissement a pris une résonance particulière en Seine-et-Marne, après la publication lundi dans Libération d'une tribune sur l'immigration qui a enflammé les esprits

LOUAN-VILLEGRUIS-FONTAINE: "La division est un poison", a mis en garde la Première ministre Élisabeth Borne devant les députés Renaissance, alors que se profile une nouvelle saison parlementaire jalonnée de 49.3, et que le projet de loi sur l'immigration met à l'épreuve le "en même temps" macronien.

"La division est un poison, elle mène au blocage des institutions, à la paralysie politique, puis à la défaite lors des élections", a prévenu Mme Borne, dans un discours prononcé jeudi à l'occasion des journées parlementaires du parti présidentiel, à Louan-Villegruis-Fontaine (Seine-et-Marne).

La cheffe du gouvernement avait déjà appelé mardi à "l'unité" la majorité devant les parlementaires MoDem, et devrait certainement renouveler son message devant ceux d’Horizons vendredi. Mais son avertissement a pris une résonance particulière en Seine-et-Marne, après la publication lundi dans Libération d'une tribune sur l'immigration qui a enflammé les esprits.

Signée par le président de la commission des Lois Sacha Houlié (Renaissance) avec 34 autres élus, issus de la majorité, du centre et de la gauche hors LFI, la tribune appelle notamment à la régularisation des étrangers en situation irrégulière travaillant dans les métiers "en tension" qui ont du mal à recruter.

Certains députés, notamment sur le flanc droit de la majorité, ont jugé sévèrement cette initiative, au risque de réactiver un clivage droite/gauche que le macronisme entend dépasser.

Echanges acides

Si la tribune ne pose pas de problème "sur le fond" aux députés Renaissance, plusieurs d'entre eux ont pointé mercredi un problème de "méthode", lors de la réunion du groupe des députés: "la photo (des députés) en Une de Libération, le fait de le faire dans son coin, d'aller chercher des partenaires qui ne voteront pas le texte", a détaillé un des participants sous couvert d'anonymat à l'AFP.

Auprès de la presse M. Houlié a lui continué d'assumer sa démarche, qui fait "vivre le +en même temps+ macronien", et est selon lui vu d'un "bon oeil" à Matignon.

Au-delà de ces échanges parfois acides, la majorité s'interroge toujours sur les voies et moyens de faire adopter ce texte, faute de majorité. Le député Guillaume Kasbarian a remis sur la table la possibilité de scinder le texte en deux, avec l'espoir que la droite vote le volet expulsion, et la gauche le volet régularisation.

D'autres députés se montrent ouverts à ce qu'une partie du texte passe par voie réglementaire. "Est-ce que c'est efficace d’aller plus vite avec une circulaire, c’est au gouvernement de l’estimer", a dit le président du groupe Renaissance Sylvain Maillard à l'AFP, imaginant que le ministre de l'Intérieur puisse s'engager "au banc" sur le contenu de cette circulaire.

Des 49.3 contre l'immobilisme

Le 49.3 - disposition de la Constitution permettant d'adopter un texte sans vote - apparaît à certains comme un chemin possible, avec l'idée que la gauche ne voterait pas une motion de censure de la droite sur le sujet migratoire.

La tâche s'annonce ardue pour Elisabeth Borne, qui reçoit aussi à Matignon les chefs de partis et groupes parlementaires, très divisés sur le sujet. Sans modification de la Constitution, "il ne se passera rien", a mis en garde Olivier Marleix (LR), quand Olivier Faure (PS) refuse tout "accord avec les LR".

Des 49.3, il devrait de nouveau en pleuvoir sur les textes budgétaires qui seront examinés à l'Assemblée cet automne, et dès le 27 septembre sur la loi de programmation des finances publiques.

"Si je n’utilise pas le 49.3 de gaîté de cœur, je refuse plus encore l'immobilisme", a dit la Première ministre dans son discours. "Nous ne laisserons pas la France sans budget", a-t-elle lancé sous les applaudissements.

Mme Borne a néanmoins encouragé les députés à "renforcer le travail transpartisan", afin de parvenir à des majorités sur les textes de loi.

S'exprimant avant Mme Borne, la présidente de l'Assemblée Yaël Braun-Pivet avait souligné les résultats de la "nouvelle méthode" mise en œuvre depuis 2022, consistant à aller chercher sur chaque texte des majorités. "Cette nouvelle méthode elle vit grâce à toi", a-t-elle déclaré à Mme Borne.


Dix passeurs présumés jugés pour un naufrage meurtrier dans la Manche

Une femme passe devant les restes d'un bateau de contrebande endommagé sur la plage de Bleriot à Sangatte, près de Calais, dans le nord de la France, le 11 juin 2025. (AFP)
Une femme passe devant les restes d'un bateau de contrebande endommagé sur la plage de Bleriot à Sangatte, près de Calais, dans le nord de la France, le 11 juin 2025. (AFP)
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  • Trente-neuf migrants, dont huit mineurs, avaient pu être sauvés, mais quatre avaient été retrouvé morts et quatre autres n'ont jamais été retrouvés
  • La même nuit, sept autres départs d'embarcations clandestines avaient été dénombrés dans la Manche

LILLE: Dix hommes, dont huit Afghans, sont jugés à partir de lundi à Lille pour leur rôle présumé de passeurs dans le naufrage d'une embarcation clandestine qui avait fait quatre morts et quatre disparus dans la Manche en décembre 2022.

Parti entre 1H00 et 1H30 du matin dans la nuit du 13 au 14 décembre 2022, le canot, qui transportait en majorité des migrants afghans, avait fait naufrage à quelques kilomètres des côtes anglaises.

Trente-neuf migrants, dont huit mineurs, avaient pu être sauvés, mais quatre avaient été retrouvé morts et quatre autres n'ont jamais été retrouvés.

La même nuit, sept autres départs d'embarcations clandestines avaient été dénombrés dans la Manche.

Selon les éléments de l'enquête, alors que les migrants gonflaient le bateau avant le départ, plusieurs ont entendu une détonation, synonyme selon eux de crevaison. Les passeurs leur ont dit de ne pas s'en faire et qu'il s'agissait du seul bateau disponible pour eux.

D'après les témoignages des rescapés, il n'y avait pas assez de gilets de sauvetage pour tout le monde et aucune des personnes décédées n'en portait un. La température était glaciale et la mer très agitée.

Après une ou deux heures de traversée, un boudin a commencé à se dégonfler et l'eau à entrer dans l'embarcation, jusqu'à atteindre les genoux des passagers. Paniqués, ils se sont mis debout pour tenter de faire signe à un bateau. Mais le fond du canot, peu solide, a ployé sous leur poids et celui de l'eau, et tous se sont retrouvés à l'eau.

Neuf des prévenus sont jugés, jusqu'à vendredi, pour homicide involontaire par violation d'une obligation de sécurité, deux d'entre eux le sont pour blanchiment, tous pour aide au séjour irrégulier. Huit sont afghans, un syrien, un irakien.

Certains des prévenus sont soupçonnés d'avoir recruté des passeurs et assuré la logistique auprès des passagers, d'autres d'avoir géré l'organisation sur le camp de migrants de Loon-Plage (Nord), où vivaient les migrants avant leur tentative de traversée, toujours selon les éléments de l'enquête. D'autres encore sont jugés pour s'être occupés du transport des migrants vers la plage et de la mise à l'eau du canot, et deux pour avoir collecté une partie des paiements.

Le mineur sénégalais qui pilotait le canot est, lui, inculpé dans le cadre d'une procédure au Royaume-Uni.

Apparu en 2018, le phénomène des traversées de la Manche en petites embarcations est à l'origine de nombreux naufrages, le plus meurtrier ayant coûté la vie à 27 personnes en novembre 2021.

Depuis le début de l'année, au moins 15 migrants sont morts dans la Manche, bras de mer parmi les plus fréquentés du monde et où les conditions météorologiques sont souvent difficiles, selon un décompte de l'AFP à partir de chiffres officiels. En 2024, 78 étaient morts ainsi, un record.


Légion d'honneur, Sarkozy « prend acte », rappelant que la CEDH doit encore examiner son recours

La Cour d'appel a confirmé l'année dernière la condamnation de l'ancien président français Nicolas Sarkozy pour avoir tenté illégalement d'obtenir des faveurs d'un juge et lui a ordonné de porter un bracelet électronique à la cheville au lieu de purger une peine d'un an de prison. (Photo d'archive AFP)
La Cour d'appel a confirmé l'année dernière la condamnation de l'ancien président français Nicolas Sarkozy pour avoir tenté illégalement d'obtenir des faveurs d'un juge et lui a ordonné de porter un bracelet électronique à la cheville au lieu de purger une peine d'un an de prison. (Photo d'archive AFP)
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  • L'ex-président (2007-2012) a rappelé que son recours devant la CEDH « est toujours pendant ». Il l'avait déposé après sa condamnation devenue définitive en décembre, à un an de prison ferme pour corruption dans l'affaire des écoutes. 
  • Nicolas Sarkozy, déjà exclu de l'ordre national du Mérite, est ainsi devenu le deuxième chef de l'État français privé de cette distinction, après le maréchal Pétain.

PARIS : L'ancien président Nicolas Sarkozy a « pris acte » dimanche de son exclusion de la Légion d'honneur et rappelle que la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) doit encore se prononcer sur son recours dans l'affaire des écoutes, a indiqué son avocat Patrice Spinosi dans une déclaration transmise à l'AFP.

« Nicolas Sarkozy prend acte de la décision prise par le grand chancelier. Il n’a jamais fait de cette question une affaire personnelle », a affirmé Patrice Spinosi, soulignant que si l'ancien chef de l'État « a fait valoir des arguments juridiques, c’était au nom de la fonction même de président de la République ».

L'ex-président (2007-2012) a rappelé que son recours devant la CEDH « est toujours pendant ». Il l'avait déposé après sa condamnation devenue définitive en décembre, à un an de prison ferme pour corruption dans l'affaire des écoutes. 

« La condamnation de la France (par la CEDH) impliquera la révision de la condamnation pénale prononcée à l'encontre de Nicolas Sarkozy, en même temps que l’exclusion de l’ordre de la Légion d’Honneur ; l’une n’étant que la conséquence de l’autre », a assuré Patrice Spinosi.

Nicolas Sarkozy, déjà exclu de l'ordre national du Mérite, est ainsi devenu le deuxième chef de l'État français privé de cette distinction, après le maréchal Pétain, à qui la Légion d'honneur avait été retirée en 1945 pour haute trahison et intelligence avec l'ennemi.

« Ce lien avec le maréchal Pétain est indigne », a déclaré la porte-parole du gouvernement Sophie Primas (LR), prenant « acte » elle aussi de cette décision « automatique qui fait partie du code de la Légion d’Honneur ».

« Le président Sarkozy a été là pour la France à des moments extrêmement compliqués », a-t-elle déclaré, se disant « un peu réservée non pas sur la règle, mais sur ce qu’elle entraîne comme comparaison ».

« C'est une règle, mais c'est aussi une honte », a déploré sur franceinfo Othman Nasrou, le nouveau secrétaire général de LR et proche de Bruno Retailleau, apportant son « soutien et son respect » à l'ex-président.

À gauche, le député écologiste Benjamin Lucas s'est félicité de la décision, appelant sur X à ce que « la République prive de ses privilèges et de son influence institutionnelle celui qui a déshonoré sa fonction et trahi le serment sacré qui lie le peuple à ses élus, celui de la probité ».


Echanges de frappes entre Israël et l'Iran : la France renforce la vigilance sur son territoire

 Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau  (Photo AFP)
Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (Photo AFP)
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  • « Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme
  • Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

PARIS : Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau a appelé les préfets à renforcer la vigilance sur le territoire national. Il a notamment demandé de cibler les lieux de culte, les rassemblements festifs et les intérêts israéliens et américains. Cette demande a été transmise par télégramme. Elle a été envoyée vendredi. Cela fait suite à l'attaque israélienne en Iran.

« Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme consulté par l'AFP, alors qu'Israël et l'Iran poursuivaient leurs échanges de frappes meurtrières.

Les hostilités ont été déclenchées par une attaque israélienne massive contre des sites militaires et nucléaires iraniens, à laquelle Téhéran riposte avec des missiles balistiques. 

Dans ce contexte, M. Retailleau demande aux préfets de porter « une attention particulière » à la sécurité des lieux de culte, des établissements scolaires, des établissements publics et institutionnels, ainsi que des sites à forte affluence, notamment au moment des entrées et des sorties, et ce, incluant les « rassemblements festifs, culturels ou cultuels ».

Ces mesures de protection renforcée s'appliquent également aux « intérêts israéliens et américains ainsi qu'aux établissements de la communauté juive ».

Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

Vendredi soir, le président Emmanuel Macron a annoncé un « renforcement » du dispositif Sentinelle, qui déploie des militaires en France, « pour faire face à toutes les potentielles menaces sur le territoire national ».