Au procès de Rédoine Faïd, le mauvais pressentiment de la direction de la prison

Croquis de l'audience du braqueur armé français Redoine Faid qui est jugé avec 11 autres prévenus pour son évasion spectaculaire et rapide en hélicoptère de la prison de Reau (Photo, AFP).
Croquis de l'audience du braqueur armé français Redoine Faid qui est jugé avec 11 autres prévenus pour son évasion spectaculaire et rapide en hélicoptère de la prison de Reau (Photo, AFP).
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Publié le Vendredi 15 septembre 2023

Au procès de Rédoine Faïd, le mauvais pressentiment de la direction de la prison

  • Cinq proches comparaissent au côté du braqueur multirécidiviste. Notamment ses frères Rachid, soupçonné d'être le chef du commando, et Brahim, 62 ans
  • Au terme de leurs investigations, les enquêteurs sont persuadés que l'évasion a été organisée de manière «artisanale», en famille

PARIS: Il y avait eu ces drones dans le ciel, ce détenu "trop calme" qui commençait à "trop bien" connaître les lieux et un mauvais pressentiment. Alors le transfert de Rédoine Faïd avait été demandé en urgence. Trop tard.

Le courrier que lit jeudi la présidente de la cour d'assises de Paris, qui juge depuis la semaine dernière le récidiviste de la belle et ses complices présumés, date de début mai 2018, deux mois avant son évasion.

Rédoine Faïd "est trop calme, trop gentil, trop respectueux. Mais en parallèle il a déjà repéré les failles de la structure, et la connaît trop bien maintenant", écrit la direction de la prison de Réau à la direction de l'administration pénitentiaire.

"Nous savons que c'est juste une question de temps", est-il aussi noté dans ce courrier, qui demande d'"organiser un transfert sans délai" puis "des transferts réguliers" entre différents établissements.

La réponse arrive quelque semaines plus tard, propose un transfert en septembre.

"Sérieusement ? Ça ne me paraît pas raisonnable. J'insiste rarement sur un transfert", répond l'interlocuteur à Réau. Mais "nous prenons des risques graves et sérieux de troubles à l'ordre public et pour le personnel pénitentiaire".

La direction aura gain de cause, le transfert est avancé à début juillet.

"Malheureusement M. Faïd nous a quitté le 1er", témoigne en visioconférence l'ex-directrice adjointe de la prison de Réau.

Pour la cour, elle retrace la succession des micro-événements qui a mis les responsables de la prison "sur les dents".

Les vols répétés de drones "observateurs" au dessus de la prison en février. Cette cour d'honneur (où se posera l'hélicoptère) démunie de filins de sécurité. Les rendez-vous avec la direction que Rédoine Faïd ne réclame plus, lui qui, à l'isolement, ne ratait pas une occasion d'échanger. "Ça ne m'a pas rassurée", explique-t-elle.

La tête posée entre les mains dans le box, le braqueur sourit.

La responsable poursuit, cite des réflexions de Rédoine Faïd aux surveillants: "dans ce couloir il n'y a pas de vidéosurveillance", "cette porte, elle mène où ?"

"M. Faïd regardait tout, on le savait", résume-t-elle.

«Gros cadeau»
Au terme de leurs investigations, les enquêteurs sont persuadés que l'évasion a été organisée de manière "artisanale", en famille.

Cinq proches comparaissent au côté du braqueur multirécidiviste. Notamment ses frères Rachid, 65 ans, soupçonné d'être le chef du commando, et Brahim, 62 ans, qui était au parloir avec son frère quand il a été exfiltré. Retrouvé "recroquevillé" dans la cabine, il nie toute implication.

Début mai, rappelle la cour, Rédoine Faïd avait bénéficié d'une unité de vie familiale (UVF, sorte d'appartement au sein de la prison). Plutôt que sa compagne dont il venait de se séparer, il avait fait venir ses deux frères, Rachid et Brahim.

"Bah voilà", lâche la directrice adjointe. "Des contacts directs, et quarante-huit heures pour parfaire un plan peut-être préparé depuis des mois", imagine-t-elle, confirmant qu'il n'y a ni vidéosurveillance ni micro dans les UVF.

La cour s'étonne. Si la direction "s'alerte" de risques d'évasion, pourquoi maintenir des dispositions si "favorables" ?

"Il aurait fallu motiver en droit le refus", avance la témoin, et ça aurait révélé au braqueur les "craintes" de la direction.

L'avocat général l'interroge sur la "duplicité" de ce pseudo "détenu modèle".

La directrice adjointe n'est pas tout à fait d'accord. "C'est plus fort que lui", dit-elle, donnant pour exemple le "dernier mot" qu'a échangé Rédoine Faïd avec le détenu de la cellule d'à côté, par la fenêtre, la veille de l'évasion.

La présidente tique, ce témoignage n'est pas au dossier. Quel "dernier mot" ?

Rédoine Faïd lui dit: "je te dis +à plus tard+, car demain je suis libérable", avait raconté le détenu.

- "C'est pas possible, tu viens de te prendre vingt-cinq ans", lui rétorque son voisin de cellule.

- "Mais Mme (Nicole) Belloubet (ex-ministre de la Justice) m'a fait un gros cadeau en me mettant à Réau", avait poursuivi Rédoine Faïd. "Et demain je suis libérable..."


La défiance à l'égard de Macron et de Bayrou au plus haut, selon un sondage Paris, France

Le Premier ministre français François Bayrou et le président français Emmanuel Macron assistent à une réunion avec les élus de Nouvelle-Calédonie et les représentants de l'État au palais de l'Élysée, à Paris, le 12 juillet 2025. (AFP)
Le Premier ministre français François Bayrou et le président français Emmanuel Macron assistent à une réunion avec les élus de Nouvelle-Calédonie et les représentants de l'État au palais de l'Élysée, à Paris, le 12 juillet 2025. (AFP)
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  • La défiance à l'égard du président Emmanuel Macron s'est accrue en juillet pour atteindre le niveau le plus élevé de son second quinquennat
  • Le Premier ministre François Bayrou a établi un nouveau record d'impopularité, selon un sondage Elabe pour Les Echos publié jeudi

PARIS: La défiance à l'égard du président Emmanuel Macron s'est accrue en juillet pour atteindre le niveau le plus élevé de son second quinquennat, tandis que le Premier ministre François Bayrou a établi un nouveau record d'impopularité, selon un sondage Elabe pour Les Echos publié jeudi.

Près des trois quarts des Français interrogés (73%) affirment ne pas faire confiance au chef de l'Etat et la moitié (49%) va jusqu'à "ne pas lui faire du tout confiance", le niveau le plus élevé atteint de son second mandat, qu'il n'a dépassé qu'une seule fois depuis son arrivée à l'Elysée en 2017 au plus fort de la crise des gilets jaunes en décembre 2018.

Selon le sondage, seuls 21% des Français font confiance à Emmanuel Macron, soit un point de moins qu'en juin et 6 de perdus par rapport à mars.

Pour François Bayrou, qui a présenté à la mi-juillet les mesures d'économie prévues par le gouvernement dans son projet de budget pour l'année prochaine, la chute se poursuit avec seulement 12% des Français qui disent lui faire confiance, soit un nouveau record d'impopularité (-2 points).

La défiance à l'égard du chef du gouvernement a progressé, avec 80% des Français (+5 points en un mois) qui disent ne pas lui faire confiance et 56% qui affirment ne pas lui faire "du tout" confiance, soit un bond de 9 points depuis juin.

Au classement des personnalités, le RN Jordan Bardella conserve la première place avec 39% des Français (+3 points) qui ont une image positive de lui, devant l'ancien Premier ministre Edouard Philippe (37%) et Marine Le Pen (35%).

A gauche, le mieux classé est l'ancien président François Hollande qui s'installe en huitième position grâce à un bond de 6 points en un mois.

Sondage réalisé par internet les 29 et 30 juillet auprès d'un échantillon de 1.000 personnes représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus, selon la méthode des quotas. Marge d'erreur entre 1,4 et 3,1 points.


Accord EU-USA: Bayrou juge que la France a été "un peu seule"

Le Premier ministre français, François Bayrou, s'adresse à la presse après une visite au siège de Tracfin, le service de lutte contre le blanchiment d'argent du ministère des Finances, à Montreuil, près de Paris, le 31 juillet 2025. (AFP)
Le Premier ministre français, François Bayrou, s'adresse à la presse après une visite au siège de Tracfin, le service de lutte contre le blanchiment d'argent du ministère des Finances, à Montreuil, près de Paris, le 31 juillet 2025. (AFP)
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  • Le Premier ministre, François Bayrou, a jugé jeudi que la France avait été "un peu seule" dans la bataille commerciale face aux Etats-unis
  • Le chef du gouvernement, qui avait vivement critiqué lundi l'accord commercial conclu entre l'Union européenne et les Etats-Unis, déplorant une "soumission" de l'Europe, a estimé que ce n'était "pas la fin de l'histoire"

PARIS: Le Premier ministre, François Bayrou, a jugé jeudi que la France avait été "un peu seule" dans la bataille commerciale face aux Etats-unis, en marge d'un déplacement dans les locaux de Tracfin, organisme de lutte contre la criminalité financière, à Montreuil (93).

Le chef du gouvernement, qui avait vivement critiqué lundi l'accord commercial conclu entre l'Union européenne et les Etats-Unis, déplorant une "soumission" de l'Europe, a estimé que ce n'était "pas la fin de l'histoire", et qu'il fallait "un processus encore pas totalement élucidé de ratification" de cet accord.

"Il y a à vérifier quelle est la portée exacte de ces accords, et les Etats auront d'une manière ou d'une autre leur mot à dire", a-t-il ajouté.

"Je sais que toutes les autorités françaises, et en particulier le président de la République (Emmanuel Macron), ont été ceux qui se sont battus le plus contre des concessions qu'on considérait comme excessives", a-t-il affirmé avant de s'interroger: "Est-ce que nous avons été un peu seuls? Oui".

"Est-ce qu'on a le sentiment qu'à l'intérieur de l'Union européenne, des forces politiques et économiques étaient plutôt sur une ligne de trouver des accommodements? Oui", a-t-il ajouté, en estimant que de son point de vue, "la voie pour l'Europe est une voie d'affirmation et de résistance quand il faut et de fierté le plus souvent possible".

La classe politique française a été unanime à dénoncer l'accord conclu entre le président américain, Donald Trump, et la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, qui prévoit notamment une hausse de 15% des droits de douane sur les exportations européennes.

Le président Emmanuel Macron a déploré mercredi en Conseil des ministres que l'Union européenne n'ait pas été assez "crainte" dans ses négociations commerciales avec les Etats-Unis, affirmant que la France continuerait de faire montre "d'exigence et de fermeté" dans la suite des discussions.


Lille: enquête ouverte après les propos sur internet d'une étudiante gazaouie

L'Institut d'études politiques (IEP) de Sciences Po à Lille. (AFP)
L'Institut d'études politiques (IEP) de Sciences Po à Lille. (AFP)
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  • Le parquet de Lille a annoncé jeudi avoir ouvert une enquête pour apologie du terrorisme et apologie de crime contre l'humanité concernant les publications sur les réseaux sociaux d'une étudiante gazaouie

LILLE: Le parquet de Lille a annoncé jeudi avoir ouvert une enquête pour apologie du terrorisme et apologie de crime contre l'humanité concernant les publications sur les réseaux sociaux d'une étudiante gazaouie, dont Sciences Po Lille a annulé l'inscription mercredi.

"Une enquête a été ouverte pour apologie du terrorisme, apologie de crime contre l'humanité avec utilisation d'un service de communication au public en ligne", a écrit la procureure de la République de Lille, Carole Etienne, à l'AFP.

Des captures d'écran circulant sur les réseaux sociaux montrent qu'un compte, attribué à cette étudiante par des internautes et fermé depuis, a repartagé des messages appelant à tuer des juifs.

Elle a été désinscrite de l'Institut d'études politiques de Lille, où elle devait étudier à partir de septembre, en raison du contenu de certaines de ses publications qui "entre en contradiction frontale avec les valeurs portées par Sciences Po Lille", a indiqué l'établissement mercredi.

"Pourquoi on est passé à travers? Il y a quand même une question, il faut y répondre", a reconnu jeudi sur RMC François-Noël Buffet, ministre auprès du ministre de l'Intérieur.

"Il y aura des poursuites qui seront engagées et sur la base de ces éléments-là, elle est susceptible d'être renvoyée dans son pays, bien évidemment", a-t-il ajouté.

"Administrativement, semble-t-il, je suis très prudent, il n'y avait pas de difficulté particulière, sauf que sur les réseaux sociaux, voilà, on s'en est rendu compte", a-t-il ajouté, précisant que "les services des titres de séjour relèvent du ministère des Affaires étrangères".

Sollicité par l'AFP, Sciences Po Lille a expliqué avoir "accueilli cette étudiante sur proposition du consulat général de France à Jérusalem".

L'incident a fait largement réagir dans la classe politique, jusqu'au gouvernement.

"Une étudiante gazaouie tenant des propos antisémites n'a rien à faire en France", a réagi sur X le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot. Il a indiqué avoir "demandé à ce qu'une enquête interne soit diligentée pour que cela ne puisse en aucun cas se reproduire".

Le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, a souligné sur le même réseau social avoir "demandé de faire fermer ce compte haineux", et a martelé que "les propagandistes du Hamas n'ont rien à faire dans notre pays".