Evasion spectaculaire en hélicoptère: le procès de Rédoine Faïd s'est ouvert à Paris

Un croquis réalisé le 5 septembre 2023 illustre le braqueur français Redoine Faid lors de son procès pour une évasion de prison en 2018, au Palais de Justice de Paris. (AFP)
Un croquis réalisé le 5 septembre 2023 illustre le braqueur français Redoine Faid lors de son procès pour une évasion de prison en 2018, au Palais de Justice de Paris. (AFP)
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Publié le Mardi 05 septembre 2023

Evasion spectaculaire en hélicoptère: le procès de Rédoine Faïd s'est ouvert à Paris

  • Son procès se tient sous haute sécurité: avant l'évasion pour laquelle il est jugé, le braqueur multirécidiviste s'était déjà évadé de prison en 2013
  • Depuis le box, ils sont plusieurs a profiter du rythme lent de cette première journée d'audience (tirage au sort des jurés, liste des témoins) pour échanger signes de la main ou sourires avec leurs proches installés sur les bancs de la salle d'audience

PARIS: Le procès du "roi de la belle" Rédoine Faïd, jugé au côté de onze personnes pour son évasion spectaculaire en hélicoptère de la prison de Réau en juillet 2018, s'est ouvert mardi devant la cour d'assises de Paris.

Arrivé le premier dans le long box vitré, Rédoine Faïd, 51 ans, crâne rasé et pull vert sur le dos, a salué poliment la président Frédérique Aline, avant de décliner son identité.

Son procès se tient sous haute sécurité: avant l'évasion pour laquelle il est jugé, le braqueur multirécidiviste s'était déjà évadé cinq ans plus tôt, en 2013, en prenant des surveillants en otage et en faisant sauter à l'explosif plusieurs portes de sa prison.

Un peu plus loin dans le box, Rachid, son frère de 65 ans, crâne rasé et un air de famille, ainsi que son neveu Ishaac Herizi (32 ans), chemise bleue et cheveux en petit chignon.

Les enquêteurs les ont identifié comme deux des membres du commando qui a exfiltré le braqueur multirécidiviste du centre pénitentiaire de Réau (Seine-et-Marne) dans la matinée du 1er juillet 2018.

Un autre frère, Brahim, 63 ans, crâne rasé et grosses lunettes, est lui assis en face du box. Celui qui se trouvait au parloir avec Rédoine Faïd au moment de l'évasion mais jure n'avoir rien su de ses intentions comparaît libre sous contrôle judiciaire, comme cinq autres accusés.

Depuis le box, ils sont plusieurs a profiter du rythme lent de cette première journée d'audience (tirage au sort des jurés, liste des témoins) pour échanger signes de la main ou sourires avec leurs proches installés sur les bancs clairsemés de la grande salle d'audience.

Rédoine Faïd est "quelqu'un qui vit seul en permanence, fouillé à corps à plusieurs reprises par jour", a déclaré à la presse l'un des avocats du braqueur, Me Yves Leberquier. "C'est une inhumanité. Il sort en promenade une heure par jour, c'est la solitude depuis dix ans dont cinq ans à l'isolement total", a-t-il ajouté. "Il va se défendre, il attend d'être jugé sereinement".

Paravent

Une partie de l'après-midi a été consacrée, à huis clos, à un paravent de bois installé pour cacher au public l'un des accusés comparaissant sous contrôle judiciaire, un ex-repenti jugé pour avoir fait le lien entre Rédoine Faïd et une figure du grand banditisme corse, Jacques Mariani.

Les avocats de ce dernier ont demandé à ce que ce paravent soit retiré, y voyant une rupture d'égalité entre les accusés. En fin d'après-midi, la cour a ordonné qu'il reste en place, avant d'entamer la lecture du résumé du dossier.

Rédoine Faïd et ses coaccusés soupçonnés de l'avoir aider à organiser son évasion ou sa cavale comparaissent jusqu'au 20 octobre, notamment pour "évasion en bande organisée" et "détournement d'aéronef".

L'évasion avait duré dix minutes. Profitant de l'absence de filins de sécurité - ils ont depuis été installés -, un commando de trois hommes encagoulés avait été déposé en hélicoptère, détourné au prétexte d'un baptême de l'air, dans la cour d'honneur de la prison.

Pendant qu'un homme était resté à bord son arme braquée sur la tête du pilote, les deux autres étaient sortis en jetant des fumigènes.

L'un montait la garde, kalachnikov au poing, alors que le second, muni d'un brassard "police", faisait sauter à la disqueuse les verrous du couloir des parloirs, où se trouvaient Rédoine Faïd et son frère Brahim.

Libéré, le braqueur, "très serein", avait marché "calmement" vers la sortie, selon les témoins. L'hélicoptère était reparti sans qu'aucun coup de feu n'ait été tiré.

Après trois mois de cavale et un renseignement sur une silhouette masculine sous un niqab (voile intégral) à Creil (Oise), la ville où il a grandi, Rédoine Faïd y sera arrêté le 3 octobre 2018 à 04h00 du matin.

Avant même l'ouverture de ce procès, où Rédoine Faïd encourt la perpétuité car en état de récidive, sa sortie de prison était prévue en 2046.

Il doit être entendu pour la première fois à l'audience jeudi après-midi, sur son parcours de vie.


Un homme tué par balle à Marseille, le 3e en plein jour depuis début octobre

Un homme a été tué mardi par balle dans les quartiers Nord de Marseille, a-t-on appris de sources concordantes, troisième homicide en plein jour dans la deuxième ville de France depuis début octobre. (AFP)
Un homme a été tué mardi par balle dans les quartiers Nord de Marseille, a-t-on appris de sources concordantes, troisième homicide en plein jour dans la deuxième ville de France depuis début octobre. (AFP)
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  • La deuxième ville de France a enterré mardi Mehdi Kessaci, le frère d'un militant engagé contre le narcotrafic, abattu jeudi en début d'après-midi devant une pharmacie
  • Les marins pompiers de Marseille sont intervenus vers 14H15 au quartier des Olives pour un homme "blessé par arme à feu"

MARSEILLE: Un homme a été tué mardi par balle dans les quartiers Nord de Marseille, a-t-on appris de sources concordantes, troisième homicide en plein jour dans la deuxième ville de France depuis début octobre.

Interrogé par l'AFP, le parquet a fait état d'un mort, âgé entre 45 et 50 ans, et d'un blessé dans le quartier des Olives (13e arrondissement), sans pouvoir établir à ce stade de l'enquête un lien éventuel avec le trafic de drogue.

Marseille est régulièrement secouée par des "narchomicides" sur fond de trafic de stupéfiants et de guerre des gangs pour le contrôle des points de vente de drogue.

Les marins pompiers de Marseille sont intervenus vers 14H15 au quartier des Olives pour un homme "blessé par arme à feu". Une source policière indiquant ensuite à l'AFP qu'elle avait été "tuée par balle dans le 13e arrondissement".

La deuxième ville de France a enterré mardi Mehdi Kessaci, le frère d'un militant engagé contre le narcotrafic, abattu jeudi en début d'après-midi devant une pharmacie. Le 9 octobre, un homme avait été tué par balle en fin de matinée dans un quartier populaire du centre.

Selon un décompte de l'AFP, une quinzaine de personnes ont perdu la vie dans des narchomicides depuis le début de l'année dans les Bouches-du-Rhône.

Une criminalité qui ne cesse de franchir des paliers: si avant 2020/2021 les victimes étaient bien ancrées dans le narcobanditisme, depuis, les cibles sont devenues les petites mains du trafic, parfois mineures et touchées à l'aveugle sur des points de deal, faisant parfois des victimes collatérales.

Avec Mehdi Kessaci, un nouveau cap a été franchi selon les observateurs, ce jeune de 20 ans totalement étranger du trafic de drogue ayant été visé volontairement, peut-être pour intimider son frère Amine engagé dans la lutte contre le narcobanditisme, selon les premiers éléments de l'enquête.


Fleurs blanches et hommages de Marseillais à Mehdi Kessaci pour ses obsèques

Cette capture d'écran réalisée le 14 novembre 2025 à partir d'une vidéo de l'AFP datée du 7 juillet 2024 montre Mehdi Kessaci, frère d'Amine Kessaci, fondateur de l'association Conscience et ancien candidat dans la 3e circonscription des Bouches-du-Rhône pour la coalition de gauche Nouveau Front Populaire (NFP).
Cette capture d'écran réalisée le 14 novembre 2025 à partir d'une vidéo de l'AFP datée du 7 juillet 2024 montre Mehdi Kessaci, frère d'Amine Kessaci, fondateur de l'association Conscience et ancien candidat dans la 3e circonscription des Bouches-du-Rhône pour la coalition de gauche Nouveau Front Populaire (NFP).
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  • Au milieu des gerbes trônent celle des Ecologistes, le parti d'Amine Kessaci, frère de Mehdi, qui selon les premières investigations, pourrait avoir été tué pour toucher et avertir Amine
  • Il y a également celle de Guy Benarroche, sénateur écologiste des Bouches-du-Rhône mais aussi de simples citoyens comme cette retraitée, présente avec un bouquet de roses blanches

MARSEILLE: Les fleurs blanches commençaient à s'accumuler mardi au rond-point où a été abattu jeudi Mehdi Kessaci, en marge de ses obsèques attendues dans l'après-midi à Marseille, dans une ville traumatisée par ce nouveau cap franchi dans les violences liées au narcobanditisme.

Au milieu des gerbes trônent celle des Ecologistes, le parti d'Amine Kessaci, frère de Mehdi, qui selon les premières investigations, pourrait avoir été tué pour toucher et avertir Amine, militant engagé dans la lutte contre le narcobanditisme depuis l'assassinat d'un premier frère, Brahim.

Il y a également celle de Guy Benarroche, sénateur écologiste des Bouches-du-Rhône mais aussi de simples citoyens comme cette retraitée, présente avec un bouquet de roses blanches.

"Je suis venue pour Amine que j'ai bien connu car j'étais maîtresse dans la cité où il habitait avec sa famille. Je l'ai côtoyé ensuite lors de campagnes électorales et je trouve son engagement citoyen formidable", confie à l'AFP Christine Didon.

"Aujourd'hui, on ne peut plus s'en sortir grâce à l'école comme avant. Il y a une dégradation très rapide des conditions de vie, une pauvreté telle qu'il ne reste à certains que le trafic de drogue", ajoute-t-elle.

Mohamed Habib Errabia, 77 ans, est tout de suite descendu de chez lui jeudi quand il a entendu les coups de feu et ce matin il tenait à rendre hommage à ce jeune de 20 ans, victime innocente et totalement étrangère au trafic de drogue, selon les autorités. "On a des enfants, forcément on pense à eux. Qu'est-ce qui peut leur arriver ? On est pas à l'abri d'une balle perdue".

Les obsèques de Mehdi Kessaci se dérouleront mardi après-midi à Marseille sous forte surveillance policière. La famille, qui ne souhaite pas la présence de la presse, a annoncé qu'une marche blanche serait organisée ce week-end.

La police avait identifié des menaces sur Amine Kessaci et ce dernier était placé sous surveillance policière depuis plusieurs semaines. A la rentrée, il a publié un livre "Marseille, essuie tes larmes" (Le bruit du monde), sorte de longue lettre adressée à Brahim, tué avec deux autres jeunes hommes en 2020, dont les assassins présumés seront jugés prochainement.

Mardi matin, une réunion d'urgence à l'Elysée est par ailleurs organisée sur la lutte contre le narcobandistime qui a fait l'objet d'une loi en juin.

"Le narcotrafic est une peste, une lèpre, une venin qui court dans les veines du monde et l'empoisonne", écrit Amine Kessaci dans son livre. "On dit cartel, on dit baron, on dit empire. Moi je dis fosse commune, je dis cimetière, je dis clameur étouffée des mères qui pleurent leurs fils fauchés, des pères brisés par la poudre qui court, des enfants assassinés avant d'avoir su vivre".

 


France: une galerie du Louvre fermée au public en raison d'une «fragilité» de l'édifice

La galerie Campana est située sur la même aile sud du Louvre où un commando de malfaiteurs a réussi à s'introduire le 19 octobre, dérobant huit joyaux de la Couronne d'une valeur estimée à 88 millions d'euros. Les bijoux restent aujourd'hui introuvables. (AFP)
La galerie Campana est située sur la même aile sud du Louvre où un commando de malfaiteurs a réussi à s'introduire le 19 octobre, dérobant huit joyaux de la Couronne d'une valeur estimée à 88 millions d'euros. Les bijoux restent aujourd'hui introuvables. (AFP)
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  • Il s'agit "d'évolutions récentes et imprévisibles", assure le musée le plus visité au monde
  • A l'appui de sa décision, le musée invoque les conclusions d'un rapport d'un bureau d'études techniques qui lui a été remis vendredi

PARIS: Une des galeries du musée du Louvre à Paris sera fermée au public "par mesure de précaution" après qu'un audit a révélé la "particulière fragilité" de certaines poutres d'une des ailes du bâtiment, a annoncé lundi le musée dans un communiqué.

Abritant neuf salles dédiées à la céramique grecque antique, la galerie Campana sera fermée le temps que des "investigations" soient menées "sur la particulière fragilité de certaines poutres portant les planchers du deuxième étage de l'aile sud" du quadrilatère Sully, qui enserre la cour carrée du Louvre.

Il s'agit "d'évolutions récentes et imprévisibles", assure le musée le plus visité au monde. Contacté par l'AFP, un porte-parole de l'établissement n'a pas pu préciser quand cette décision prendrait effet ni pour combien de temps.

A l'appui de sa décision, le musée invoque les conclusions d'un rapport d'un bureau d'études techniques qui lui a été remis vendredi. Et assure avoir "immédiatement lancé une campagne complémentaire d'investigations" afin de déterminer les causes de la fragilité identifiée.

La galerie Campana est située sur la même aile sud du Louvre où un commando de malfaiteurs a réussi à s'introduire le 19 octobre, dérobant huit joyaux de la Couronne d'une valeur estimée à 88 millions d'euros. Les bijoux restent aujourd'hui introuvables.

En janvier 2025, la présidente du Louvre Laurence des Cars, sous pression depuis ce casse spectaculaire, avait alerté le ministère de la Culture de l'état de grande vétusté du musée parisien, évoquant notamment "la multiplication d'avaries dans des espaces parfois très dégradés".

Peu après cette alerte, le président Emmanuel Macron avait annoncé le lancement d'un vaste chantier de rénovation et de modernisation du Louvre, centré notamment sur le quadrilatère Sully. Des travaux initialement estimés à quelque 800 millions d'euros, et revus à la hausse dans un récent rapport de la Cour des comptes qui a évoqué au moins 1,15 milliard d'euros.