Evasion de prison en hélicoptère: Le procès de Redoine Faïd s'ouvre mardi à Paris

La cour d'assises de Paris juge à partir de mardi le braqueur multirécidiviste Rédoine Faïd, et onze autres personnes dont cinq de sa famille, pour son évasion spectaculaire et ultrarapide du centre pénitentiaire de Réau (Photo, AFP).
La cour d'assises de Paris juge à partir de mardi le braqueur multirécidiviste Rédoine Faïd, et onze autres personnes dont cinq de sa famille, pour son évasion spectaculaire et ultrarapide du centre pénitentiaire de Réau (Photo, AFP).
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Publié le Dimanche 03 septembre 2023

Evasion de prison en hélicoptère: Le procès de Redoine Faïd s'ouvre mardi à Paris

  • Les images de l'hélicoptère s'envolant loin au-dessus de la prison de banlieue parisienne, filmées par des détenus enthousiastes, avaient fait le tour des médias
  • La cour d'assises de Paris juge à partir de mardi le braqueur multirécidiviste Rédoine Faïd

PARIS: En dix minutes, c'était fini. La cour d'assises de Paris juge à partir de mardi le braqueur multirécidiviste Rédoine Faïd, et onze autres personnes dont cinq de sa famille, pour son évasion spectaculaire et ultrarapide du centre pénitentiaire de Réau, il y a cinq ans.

Les images de l'hélicoptère s'envolant loin au-dessus de la prison de banlieue parisienne, filmées par des détenus enthousiastes, avaient fait le tour des médias et embarrassé la pénitentiaire.

Profitant de l'absence de filins de sécurité - ils ont depuis été installés - un commando de trois hommes encagoulés, conduit par un pilote pris en otage au prétexte d'un baptême de l'air, se pose dans la cour d'honneur de la prison, le 1er juillet 2018, vers 11H00.

Pendant qu'un homme reste dans l'hélicoptère, son arme braquée sur la tête du pilote, les deux autres sortent en jetant des fumigènes. L'un monte la garde Kalachnikov au poing, le second, un brassard "police" au bras, fait sauter à la disqueuse les verrous du couloir des parloirs, où se trouvent Rédoine Faïd avec son frère Brahim.

Libéré, le braqueur - "très serein", marche "calmement" vers la sortie, selon les témoignages. L'hélicoptère repart sans qu'aucun coup de feu n'ait été tiré.

Mouroir
Après trois mois de cavale, et un renseignement sur une silhouette masculine sous un niqab (voile intégral) à Creil (Oise), la ville où il a grandi, Rédoine Faïd y sera arrêté à 04H00 du matin chez l'amie d'un neveu.

Son évasion a été construite méticuleusement autour d'une "cellule familiale très resserrée", selon les enquêteurs, ayant pour "chef" le grand frère Rachid, l'un des membres du commando. Le deuxième a été identifié comme un neveu du braqueur, et deux autres neveux sont également accusés d'être impliqués.

"C'est l'histoire d'un frère qui va chercher son frère, c'est ça le dossier", balaie l'une des avocates de Rédoine Faïd, Me Marie Violleau.

A l'approche du procès, prévu sur sept semaines, son client, 51 ans, est "serein, combatif", "toujours debout" malgré des mesures de sécurité drastiques en détention, dit-elle. Au cours de l'enquête, il a gardé le silence, sauf pour regretter d'avoir mêlé ses proches.

Son frère Brahim, qui soutient n'avoir rien su, "attend avec impatience d'être entendu par ses juges et que son innocence soit reconnue", ont déclaré ses avocates Margot Pugliese et Sophie Rey-Gascon.

Quant à Rachid Faïd, 65 ans, il a juste expliqué pourquoi il avait participé : "Les raisons c'est l'accumulation de peines. C'est un mouroir".

Au moment de son évasion, Rédoine Faïd purgeait de lourdes condamnations, notamment pour l'attaque à l'explosif d'un fourgon blindé en 2011 et pour sa précédente évasion d'une prison du Nord en 2013. Sa sortie était fixée à 2046.

De saucissonneur à «roi de la belle»

S'il commence les braquages vers 18 ans, Rédoine Faïd reste sous les radars jusqu'en 1995/1997, époque où il se met au hold-up avec prises d'otages à domicile.

Avec quelques autres "saucissonneurs", munis d'armes de poing, de masques de Raymond Barre, de François Mitterrand, de Charles Pasqua ... ou déguisés en père Noël, ils séquestrent et ligotent. Puis, gardant les familles en otage, ils forcent directeurs et responsables à aller vider les coffres de leur entreprise.

Sur ce scénario, ils s'attaquent dans l'Oise au responsable d'une agence bancaire de Creil en décembre 1995, au gérant d'un supermarché de Liancourt en mars 1997, puis en juin à un bijoutier de Chantilly.

«Le Corse»
Les accusés comparaîtront notamment pour "évasion en bande organisée", "détournement d'aéronef", "association de malfaiteurs". La logeuse de Creil, qui avait d'abord bénéficié d'un non-lieu, sera finalement jugée.

Si les investigations ont permis de retracer une partie des préparatifs, de nombreuses questions restent en suspens, notamment sur l'origine de l'arsenal retrouvé ou le financement.

Les enquêteurs sont aussi persuadés qu'un "pro de l'aviation" se trouvait à bord de l'Alouette II. Peut-être le troisième membre du commando, qui n'a jamais été identifié. Des mis en cause ont parlé d'un homme surnommé "le Corse", ou "le C."

Une figure du grand banditisme corse, Jacques Mariani, sera en tout cas sur le banc des accusés, mais pour un précédent projet d'évasion, de la prison de Fresnes, en 2017. Selon l'un des coaccusés, qui avait obtenu le rare statut de "repenti" pour ses aveux avant de se faire exclure du programme, Rédoine Faïd aurait pris contact avec Jacques Mariani pour lui demander de financer son évasion, en échange d'une aide à se venger d'un clan corse rival que Mariani tenait pour responsable de la mort de son père.

Jacques Mariani, qui "conteste tout", selon l'un de ses avocats, Me Hedi Dakhlaoui, a demandé à la cour un supplément d'information sur le "contexte" d'octroi de ce statut de repenti et l'audition du magistrat Bruno Sturlèse, l'ex-président de la commission chargée de l'attribuer.

Le procès est prévu jusqu'au 20 octobre.


Légion d'honneur, Sarkozy « prend acte », rappelant que la CEDH doit encore examiner son recours

La Cour d'appel a confirmé l'année dernière la condamnation de l'ancien président français Nicolas Sarkozy pour avoir tenté illégalement d'obtenir des faveurs d'un juge et lui a ordonné de porter un bracelet électronique à la cheville au lieu de purger une peine d'un an de prison. (Photo d'archive AFP)
La Cour d'appel a confirmé l'année dernière la condamnation de l'ancien président français Nicolas Sarkozy pour avoir tenté illégalement d'obtenir des faveurs d'un juge et lui a ordonné de porter un bracelet électronique à la cheville au lieu de purger une peine d'un an de prison. (Photo d'archive AFP)
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  • L'ex-président (2007-2012) a rappelé que son recours devant la CEDH « est toujours pendant ». Il l'avait déposé après sa condamnation devenue définitive en décembre, à un an de prison ferme pour corruption dans l'affaire des écoutes. 
  • Nicolas Sarkozy, déjà exclu de l'ordre national du Mérite, est ainsi devenu le deuxième chef de l'État français privé de cette distinction, après le maréchal Pétain.

PARIS : L'ancien président Nicolas Sarkozy a « pris acte » dimanche de son exclusion de la Légion d'honneur et rappelle que la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) doit encore se prononcer sur son recours dans l'affaire des écoutes, a indiqué son avocat Patrice Spinosi dans une déclaration transmise à l'AFP.

« Nicolas Sarkozy prend acte de la décision prise par le grand chancelier. Il n’a jamais fait de cette question une affaire personnelle », a affirmé Patrice Spinosi, soulignant que si l'ancien chef de l'État « a fait valoir des arguments juridiques, c’était au nom de la fonction même de président de la République ».

L'ex-président (2007-2012) a rappelé que son recours devant la CEDH « est toujours pendant ». Il l'avait déposé après sa condamnation devenue définitive en décembre, à un an de prison ferme pour corruption dans l'affaire des écoutes. 

« La condamnation de la France (par la CEDH) impliquera la révision de la condamnation pénale prononcée à l'encontre de Nicolas Sarkozy, en même temps que l’exclusion de l’ordre de la Légion d’Honneur ; l’une n’étant que la conséquence de l’autre », a assuré Patrice Spinosi.

Nicolas Sarkozy, déjà exclu de l'ordre national du Mérite, est ainsi devenu le deuxième chef de l'État français privé de cette distinction, après le maréchal Pétain, à qui la Légion d'honneur avait été retirée en 1945 pour haute trahison et intelligence avec l'ennemi.

« Ce lien avec le maréchal Pétain est indigne », a déclaré la porte-parole du gouvernement Sophie Primas (LR), prenant « acte » elle aussi de cette décision « automatique qui fait partie du code de la Légion d’Honneur ».

« Le président Sarkozy a été là pour la France à des moments extrêmement compliqués », a-t-elle déclaré, se disant « un peu réservée non pas sur la règle, mais sur ce qu’elle entraîne comme comparaison ».

« C'est une règle, mais c'est aussi une honte », a déploré sur franceinfo Othman Nasrou, le nouveau secrétaire général de LR et proche de Bruno Retailleau, apportant son « soutien et son respect » à l'ex-président.

À gauche, le député écologiste Benjamin Lucas s'est félicité de la décision, appelant sur X à ce que « la République prive de ses privilèges et de son influence institutionnelle celui qui a déshonoré sa fonction et trahi le serment sacré qui lie le peuple à ses élus, celui de la probité ».


Echanges de frappes entre Israël et l'Iran : la France renforce la vigilance sur son territoire

 Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau  (Photo AFP)
Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (Photo AFP)
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  • « Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme
  • Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

PARIS : Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau a appelé les préfets à renforcer la vigilance sur le territoire national. Il a notamment demandé de cibler les lieux de culte, les rassemblements festifs et les intérêts israéliens et américains. Cette demande a été transmise par télégramme. Elle a été envoyée vendredi. Cela fait suite à l'attaque israélienne en Iran.

« Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme consulté par l'AFP, alors qu'Israël et l'Iran poursuivaient leurs échanges de frappes meurtrières.

Les hostilités ont été déclenchées par une attaque israélienne massive contre des sites militaires et nucléaires iraniens, à laquelle Téhéran riposte avec des missiles balistiques. 

Dans ce contexte, M. Retailleau demande aux préfets de porter « une attention particulière » à la sécurité des lieux de culte, des établissements scolaires, des établissements publics et institutionnels, ainsi que des sites à forte affluence, notamment au moment des entrées et des sorties, et ce, incluant les « rassemblements festifs, culturels ou cultuels ».

Ces mesures de protection renforcée s'appliquent également aux « intérêts israéliens et américains ainsi qu'aux établissements de la communauté juive ».

Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

Vendredi soir, le président Emmanuel Macron a annoncé un « renforcement » du dispositif Sentinelle, qui déploie des militaires en France, « pour faire face à toutes les potentielles menaces sur le territoire national ».


Selon ManPowerGroup, l'IA pourrait réduire l'importance des « compétences » dans le recrutement

Des visiteurs font le tour des stands du salon VivaTech dédié aux start-ups technologiques et à l'innovation, à Paris Expo Porte de Versailles, à Paris, le 12 juin 2025. (Photo de Thomas SAMSON / AFP)
Des visiteurs font le tour des stands du salon VivaTech dédié aux start-ups technologiques et à l'innovation, à Paris Expo Porte de Versailles, à Paris, le 12 juin 2025. (Photo de Thomas SAMSON / AFP)
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  • L'irruption de l'intelligence artificielle (IA) bouleverse le marché du travail ainsi que les modes de recrutement et pourrait amener les employeurs à privilégier le « potentiel » des candidats plutôt que leurs « compétences ».
  • « un travailleur sur quatre dans le monde exerce une profession plus ou moins exposée à l'IA générative, mais la plupart des emplois seront transformés au lieu d'être supprimés, car une intervention humaine reste indispensable ».

PARIS : L'irruption de l'intelligence artificielle (IA) bouleverse le marché du travail ainsi que les modes de recrutement et pourrait amener les employeurs à privilégier le « potentiel » des candidats plutôt que leurs « compétences », selon un dirigeant de ManPowerGroup.

En effet, « les compétences pourraient s'avérer obsolètes dans six mois », explique Tomas Chamorro-Premuzic, directeur de l'innovation du géant américain du travail temporaire, rencontré par l'AFP au salon Vivatech, à Paris, qui ferme ses portes samedi.  Selon lui, « il vaut mieux savoir que vous travaillez dur, que vous êtes curieux, que vous avez de bonnes aptitudes relationnelles et ça, l'IA peut vous aider à l'évaluer ».

Selon l'Organisation internationale du travail (OIT), « un travailleur sur quatre dans le monde exerce une profession plus ou moins exposée à l'IA générative, mais la plupart des emplois seront transformés au lieu d'être supprimés, car une intervention humaine reste indispensable ».

Cependant, les tâches informatiques (utilisation d'Internet, messagerie, etc.) pouvant être accomplies de manière autonome par des agents d'IA connaissent une « rapide expansion ». 

Dans ce contexte, les employeurs pourraient rechercher de plus en plus de salariés dotés de compétences hors de portée de l'IA, telles que le jugement éthique, le service client, le management ou la stratégie, comme l'indique une enquête de ManpowerGroup menée auprès de plus de 40 000 employeurs dans 42 pays et publiée cette semaine.

M. Chamorro-Premuzic déplore toutefois que ces compétences ne soient pas encore davantage mises en avant dans la formation. « Pour chaque dollar que vous investissez dans la technologie, vous devez investir huit ou neuf dollars dans les ressources humaines, la transformation culturelle, la gestion du changement », dit-il.

Les craintes d'un chômage de masse provoqué par l'IA restent par ailleurs exagérées à ce stade, estime le dirigeant, malgré certaines prédictions alarmistes.

D'après Dario Amodei, patron de la société d'intelligence artificielle Anthropic, cette technologie pourrait faire disparaître la moitié des emplois de bureau les moins qualifiés d'ici cinq ans. 

« Si l'histoire nous enseigne une chose, c'est que la plupart des prévisions sont fausses », répond M. Chamorro-Premuzic.

Concernant le recrutement, activité principale de ManPowerGroup, le dirigeant ajoute que « les agents d'intelligence artificielle ne deviendront certainement pas le cœur de notre métier dans un futur proche ». Il constate également que l'IA est utilisée par les demandeurs d'emploi.

« Des candidats sont capables d'envoyer 500 candidatures parfaites en une journée, de passer des entretiens avec leurs bots et de déjouer certains éléments des évaluations », énumère-t-il.