L'envol des prix du riz préfigure les risques alimentaires liés au climat

Un agriculteur étend un filet pour éloigner les oiseaux dans sa rizière au village de Cot Girek, à Lhokseumawe, le 20 mai 2022. (Photo Azwar Ipank AFP)
Un agriculteur étend un filet pour éloigner les oiseaux dans sa rizière au village de Cot Girek, à Lhokseumawe, le 20 mai 2022. (Photo Azwar Ipank AFP)
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Publié le Vendredi 15 septembre 2023

L'envol des prix du riz préfigure les risques alimentaires liés au climat

  • Les prix du riz ont bondi de 9,8% en août, annulant les baisses d'autres produits de base, a annoncé la semaine dernière l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO)
  • La sécheresse qui accompagne El Nino pourrait menacer les récoltes, s'inquiète Elyssa Kaur Ludher, du programme sur le changement climatique en Asie du Sud-Est de l'Institut ISEAS-Yusof Ishak

BANGKOK, Thaïlande : Le prix du riz qui s'est envolé à son plus haut niveau depuis 15 ans, après les restrictions imposées par l'Inde sur les exportations de cette céréale, préfigure la façon dont le changement climatique va perturber l'approvisionnement alimentaire mondial, selon des experts.

Les prix du riz ont bondi de 9,8% en août, annulant les baisses d'autres produits de base, a annoncé la semaine dernière l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO).

C'est l'annonce en juillet par l'Inde, qui représente 40% des exportations mondiales de riz, d'une interdiction des ventes de riz non basmati à l'étranger, qui a mis le feu aux poudres.

New Delhi a justifié cette mesure par une flambée des prix du riz sur son marché intérieur provoquée par la géopolitique, le phénomène climatique El Nino et des «conditions climatiques extrêmes».

Cette année devrait être la plus chaude jamais connue par l’humanité et l'impact d'El Nino pourrait encore aggraver la situation.

Malgré de graves inondations dans certaines zones du nord, ce mois d'août a été le plus chaud et le plus sec jamais enregistré en Inde. La mousson, qui apporte jusqu'à 80% des précipitations annuelles du pays, a été bien inférieure à la normale.

Les restrictions décidées par New Delhi font suite à un embargo, en septembre dernier, sur les exportations d'une autre variété de riz, aliment essentiel dans certaines régions d'Afrique.

Jusqu'à 8% des exportations mondiales de riz pour 2023/24 pourraient désormais être retirées du marché, selon une analyse de BMI, qui fait partie de l'agence de notation Fitch.

- Craintes de sécheresse -

Pour l'instant, la crise a offert une opportunité à la Thaïlande et au Vietnam, les deuxième et troisième exportateurs mondiaux, d'augmenter leurs exportations.

La sécheresse qui accompagne El Nino pourrait menacer les récoltes, s'inquiète Elyssa Kaur Ludher, du programme sur le changement climatique en Asie du Sud-Est de l'Institut ISEAS-Yusof Ishak.

«Je pense que la fin de cette année et surtout le début de l'année prochaine seront très, très difficiles», prévient-elle.

El Nino, un phénomène météorologique naturel, dure généralement de neuf à douze mois et devrait se renforcer à la fin de cette année.

Avant même les restrictions imposées par l'Inde, son effet faisait grimper les prix à l'exportation du riz, selon BMI.

En Thaïlande, les précipitations sont actuellement 18% inférieures aux prévisions pour la période, a indiqué en septembre l'Office des ressources nationales en eau. Des pluies tardives pourraient encore compenser le déficit, mais l'agence se dit «préoccupée» par une sécheresse provoquée par El Nino.

- «Nouvelle norme» -

L'impact porte plutôt sur les prix que sur l'offre, relève Charles Hart, analyste des matières premières agricoles chez Fitch Solutions. «On n'assiste pas à une période de pénurie de riz».

Cette situation est susceptible de ponctionner les stocks reconstitués après la pandémie de Covid et d’inciter les importateurs à obtenir de nouveaux accords et à imposer des limites localement.

Les Philippines, grand importateur, viennent de signer un accord avec le Vietnam pour stabiliser l'offre, quelques jours après avoir annoncé un plafonnement des prix.

L'Indonésie a de son côté nettement augmenté les importations depuis les pays voisins depuis le début de l'année. L'objectif est de stabiliser le prix du riz pour les Indonésiens après les perturbations liées aux changements climatiques et à la décision de l'Inde.

«Nous voulons renforcer nos réserves stratégiques de riz mais même les importations sont compliquées ce qui n'était pas le cas auparavant', a souligné le président indonésien Joko Widodo.

Mais pour les plus pauvres, des prix élevés signifient moins de nourriture. «C'est aussi une question de stabilité sociale, c'est une question politique» à laquelle les dirigeants doivent être attentifs, note Elyssa Kaur Ludher.

Le changement climatique peut faire baisser la productivité, avec une baisse des rendements agricoles à mesure que les températures montent, mais il augmente également la probabilité d’événements extrêmes comme les inondations de 2022 au Pakistan.

«Les marchés mondiaux d'exportation de céréales sont relativement concentrés, de sorte que ce type de risque climatique extrême se concentre sur quelques marchés», ajoute Charles Hart.

En Inde, les autorités doivent développer de meilleurs systèmes d'alerte et de nouveaux modèles de semis, souligne Avantika Goswami, chercheuse sur le changement climatique au Centre pour la Science et l'Environnement.

«Les conditions météorologiques irrégulières sont la nouvelle norme», avertit-elle.

Bond des importations de riz en Indonésie pour remplir les réserves

L'Indonésie a vu ses importations de riz bondir sur les huit premiers mois de l'année, par rapport à l'an dernier, a indiqué vendredi l'agence aux statistiques nationale à un moment où Jakarta cherche à sécuriser ses réserves face à l'envol des prix.

De janvier à août 2023, l'Indonésie a importé 1,59 million de tonnes de riz, selon la responsable de l'agence aux statistiques Amalia Adininggar Widyasanti, contre quelque 429.000 tonnes pour l'ensemble de 2022.

«Les importations de riz de janvier à août 2023 ont enregistré une forte hausse par rapport à la même période de l'année dernière», a-t-elle indiqué à des journalistes, sans cependant fournir la comparaison sur la même période de 2022.

Les prix mondiaux de cette céréale ont atteint la semaine dernière leur plus haut niveau depuis 15 ans après que l'Inde, l'un des principaux pays producteurs, a décidé d'interdire les ventes de riz non basmati à l'étranger, invoquant une flambée des prix sur son marché intérieur et des conditions climatiques «extrêmes».

L'essentiel des importations viennent de pays voisins d'Asie du Sud-Est, dont 802.000 tonnes de Thaïlande et 674.000 tonnes du Vietnam sur la période.

Avec une population de plus de 270 millions grande consommatrice de riz, la production de riz de l'Indonésie ne parvient pas à couvrir ses besoins ces dernières années.

Les autorités du pays avaient fixé cette année un quota d'importation de 2,3 millions de tonnes pour maintenir une stabilité des prix, au vu des disruptions attendues en liaison avec le phénomène climatique El Nino.

Mais ces importations ont été compliquées par les restrictions imposées par plusieurs pays, dont l'Inde, a souligné le président indonésien Joko Widodo vendredi.

«Nous voulons renforcer nos réserves stratégiques de riz, même si les importations sont difficiles, contrairement à ce qu'on observait dans le passé», a-t-il déclaré dans un discours.

Le prix moyen du prix dans l'archipel a atteint 14.490 roupies (0,94 USD) vendredi, soit 16% de plus qu'à la même période de l'an dernier, selon les données publiées par l'agence nationale à l'alimentation.

 


CMA CGM annonce la reprise de la compagnie aérienne cargo en faillite Air Belgium

CMA CGM a décidé de conserver la marque Air Belgium, "compagnie emblématique du paysage aérien belge", et les appareils resteront basés en Belgique. (AFP)
CMA CGM a décidé de conserver la marque Air Belgium, "compagnie emblématique du paysage aérien belge", et les appareils resteront basés en Belgique. (AFP)
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  • Le groupe marseillais, qui a lancé CMA CGM Air Cargo en mars 2021 pour proposer une offre de fret aérien, va mettre la main sur les quatre avions cargo d'Air Belgium
  • L'offre de reprise du transporteur maritime avait été validée par le tribunal de l'entreprise du Brabant wallon fin mars. Air Belgium accumulait les difficultés depuis 2023, après avoir tenté de lancer une activité passager qui n'a jamais été rentable

PARIS: Le transporteur maritime français CMA CGM a annoncé mercredi qu'il reprenait la compagnie aérienne belge Air Belgium qui était placée en liquidation en raison d'un passif important accumulé pendant la pandémie de Covid, en promettant de sauvegarder 124 emplois sur 401.

Le groupe marseillais, qui a lancé CMA CGM Air Cargo en mars 2021 pour proposer une offre de fret aérien, va mettre la main sur les quatre avions cargo d'Air Belgium. Il totalisera dès lors neuf appareils effectuant plusieurs liaisons depuis la France, la Belgique et les Etats-Unis. Sa flotte doit doubler d'ici 2027.

L'ajout des quatre appareils d'Air Belgium - deux Airbus A330F et deux Boeing B747F - "permet de renforcer immédiatement nos capacités aériennes tout en répondant aux défis logistiques actuels", s'est réjoui le vice-président exécutif de la division aérienne de CMA CGM, Damien Mazaudier.

L'offre de reprise du transporteur maritime avait été validée par le tribunal de l'entreprise du Brabant wallon fin mars. Air Belgium accumulait les difficultés depuis 2023, après avoir tenté de lancer une activité passager qui n'a jamais été rentable.

Les liens entre Air Belgium et CMA CGM sont anciens puisque la compagnie belge était chargée de l'exploitation de quatre Airbus A330F appartenant à CMA CGM Air Cargo basés à Liège, avant que la compagnie n'obtienne son certificat de transporteur aérien français et ne rapatrie ses appareils à l'aéroport de Paris-Charles de Gaulle.

CMA CGM a décidé de conserver la marque Air Belgium, "compagnie emblématique du paysage aérien belge", et les appareils resteront basés en Belgique. Deux d'entre eux effectuent une liaison régulière entre Bruxelles et la Chine, tandis que les deux autres sont exploités pour le compte de tiers, a indiqué Damien Mazaudier.

Parallèlement, le groupe marseillais a annoncé son intention de renforcer sa flotte basée à Chicago, où stationnent déjà deux Boeing B777F, "auxquels viendront s'ajouter trois autres appareils" du même modèle.

Ce hub permet d'effectuer des liaisons entre les Etats-Unis, la Chine et l'Asie du Sud-Est. CMA CGM n'a pas souhaité commenter l'impact de la guerre commerciale en cours entre Pékin et Washington sur cette activité.

"Ces avions renforceront la présence du groupe sur les routes transpacifiques et soutiendront l'expansion de ses activités cargo sur le marché américain", a expliqué CMA CGM.

En Europe, CMA CGM Air Cargo dispose déjà de liaisons régulières depuis Paris vers Hong Kong, Shanghai et Zhengzhou.


L’autorité portuaire saoudienne renforce l’attractivité de Dammam avec une zone logistique ambitieuse

La zone logistique de Dammam fait partie d'un plan d'investissement plus large de 10 milliards de SR visant à établir 20 centres logistiques intégrés à travers le Royaume.
La zone logistique de Dammam fait partie d'un plan d'investissement plus large de 10 milliards de SR visant à établir 20 centres logistiques intégrés à travers le Royaume.
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  • L'Autorité portuaire générale d'Arabie saoudite, connue sous le nom de Mawani, a signé un nouvel accord pour développer une zone logistique d'une valeur de 300 millions de riyals saoudiens (79 millions de dollars) dans le port Roi Abdulaziz de Dammam
  • Le projet renfore l'ambition du Royaume de devenir une plaque tournante mondiale de la logistique

RIYAD : L'Autorité portuaire générale d'Arabie saoudite, connue sous le nom de Mawani, a signé un nouvel accord pour développer une zone logistique d'une valeur de 300 millions de riyals saoudiens (79 millions de dollars) dans le port Roi Abdulaziz de Dammam, renforçant ainsi l'ambition du Royaume de devenir une plaque tournante mondiale de la logistique.

Le projet, lancé en partenariat avec Alissa International Motors - une filiale du groupe Abdullatif Alissa Holding - couvrira 382 000 mètres carrés. La nouvelle installation servira de plaque tournante pour l'importation et la réexportation de véhicules et de pièces détachées, a indiqué l'autorité dans un communiqué.

Cette initiative s'aligne sur les objectifs de la stratégie nationale de l'Arabie saoudite en matière de transport et de logistique, qui vise à améliorer l'efficacité de la chaîne d'approvisionnement et à attirer les investissements étrangers et nationaux. La zone logistique de Dammam fait partie d'un plan d'investissement plus large de 10 milliards de RS visant à établir 20 centres logistiques intégrés à travers le Royaume sous la supervision de l'autorité.

La nouvelle installation comprendra un entrepôt de 7 000 mètres carrés consacré au stockage des pièces détachées et conçu pour accueillir plus de 13 000 véhicules.

"Ce développement renforcera l'avantage concurrentiel du port et sa position en tant que centre logistique régional en fournissant des services logistiques de haute qualité", selon Mawani.

L'autorité a également souligné que le projet contribuerait à la diversification de l'économie et renforcerait la participation du secteur privé à la croissance du Royaume.

Le port Roi Abdulaziz, qui constitue déjà un lien vital entre l'Arabie saoudite et les marchés internationaux, offre des infrastructures et des capacités logistiques de pointe, ce qui en fait une destination attrayante pour les entreprises de commerce international.

Par ailleurs, Mawani a signé un autre contrat avec Sultan Logistics pour l'établissement d'une zone logistique supplémentaire dans le port du roi Abdulaziz, d'une valeur de 200 millions de RS. D'une superficie de 197 000 mètres carrés, l'installation comprendra 35 000 mètres carrés d'espace d'entreposage, des bureaux administratifs, des parcs de stockage pour les conteneurs secs et réfrigérés, ainsi qu'une zone de réexportation dédiée.

"Ces installations amélioreront la qualité des services logistiques offerts dans le port et soutiendront le commerce grâce à une efficacité opérationnelle accrue", a ajouté Mawani.

La création de ces nouvelles zones devrait considérablement renforcer la capacité opérationnelle et la compétitivité du port Roi Abdulaziz.

En 2024, l'Arabie saoudite a lancé, développé et inauguré huit zones et centres logistiques, soutenus par environ 2,9 milliards de RS d'investissements du secteur privé. Ces efforts s'inscrivent dans le cadre d'une stratégie plus large visant à consolider la position du Royaume en tant que puissance logistique mondiale de premier plan.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Moody’s et Fitch attribuent des notes de qualité à AviLease, société du PIF

Détenue par le Fonds d'investissement public d'Arabie saoudite, la société AviLease a annoncé que Moody's lui avait attribué la note Baa2 avec une perspective stable et que Fitch lui avait attribué la note BBB avec une perspective stable. (Photo fournie)
Détenue par le Fonds d'investissement public d'Arabie saoudite, la société AviLease a annoncé que Moody's lui avait attribué la note Baa2 avec une perspective stable et que Fitch lui avait attribué la note BBB avec une perspective stable. (Photo fournie)
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  • Les deux agences ont mis en avant le portefeuille de haute qualité d'AviLease, composé d'avions de nouvelle technologie, ainsi que la solidité de son bilan et sa trajectoire de croissance
  •  Elles ont noté que la société devrait devenir l'un des principaux acteurs du secteur mondial du leasing d'ici à 2030

RIYAD: La société saoudienne AviLease a reçu des notations de crédit de premier ordre de la part des agences Moody’s et Fitch Ratings, alors qu’elle poursuit l’expansion de son portefeuille et renforce son rôle stratégique dans le secteur aéronautique du Royaume.

Détenue par le Fonds d'investissement public d'Arabie saoudite, AviLease a annoncé que Moody's lui avait attribué la note Baa2 avec une perspective stable et que Fitch lui avait attribué la note BBB avec une perspective stable.

Les deux agences ont mis en avant le portefeuille de haute qualité d'AviLease, composé d'avions de nouvelle technologie avec une forte combinaison de crédit, ainsi que la solidité de son bilan et sa trajectoire de croissance.

Elles ont noté que la société devrait devenir l'un des principaux acteurs du secteur mondial du leasing d'ici à 2030.

«Les notations ouvrent la voie à une flexibilité financière encore plus grande, car nous pourrons accéder aux marchés des capitaux de la dette non garantie», a déclaré Edward O'Byrne, PDG d'AviLease, dans un communiqué de presse.

Il poursuit: «L'obtention d'une notation de qualité en moins de trois ans depuis notre création est un exploit remarquable, et nous pensons qu'elle positionne AviLease dans un groupe restreint de bailleurs de l'industrie en un temps record.»

Les notations reconnaissent également le rôle stratégique d'AviLease dans le soutien des initiatives du secteur de l'aviation du PIF dans le cadre de la Vision 2030 de l'Arabie saoudite.

«Ces notations permettront à AviLease d'accéder aux marchés de capitaux mondiaux pour financer ses stratégies commerciales, en se positionnant à l'avant-garde de l'industrie du leasing d'avions, en parfaite adéquation avec la stratégie nationale de l'aviation et la Vision 2030 de l'Arabie saoudite», a déclaré Fahad al-Saif, président d'AviLease.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com