La protestation silencieuse de bénévoles russes aidant les déplacés ukrainiens

La bénévole Galina Artyomenko, 58 ans, aide une famille qui a fui la ville de Bakhmut, prise par Moscou au printemps, à l'entrepôt d'aide humanitaire "Gumsklad" à Saint-Pétersbourg, le 28 juillet 2023. (Photo Olga Maltseva AFP)
La bénévole Galina Artyomenko, 58 ans, aide une famille qui a fui la ville de Bakhmut, prise par Moscou au printemps, à l'entrepôt d'aide humanitaire "Gumsklad" à Saint-Pétersbourg, le 28 juillet 2023. (Photo Olga Maltseva AFP)
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Publié le Dimanche 17 septembre 2023

La protestation silencieuse de bénévoles russes aidant les déplacés ukrainiens

  • Selon un décompte de l'ONU, datant de fin décembre 2022, près d'1,3 million d'Ukrainiens ont été déplacés sur le territoire russe
  • Sur place, en Russie, des réseaux de solidarité aidant les réfugiés fonctionnent activement depuis le début de l'offensive

SAINT-PÉTERSBOURG : Depuis un an et demi, Galina Artiomenko récoltait des fonds pour aider les Ukrainiens déplacés en Russie à cause de l'offensive de février 2022. Puis, soudainement, mi-juillet, ses cartes bancaires et celles de deux autres bénévoles ont été bloquées.

«Selon la banque, nos collectes poursuivaient +des objectifs douteux+», raconte Mme Artiomenko, dépitée, qui dit pouvoir justifier «chaque rouble dépensé» et prend soin de ne pas exprimer de position politique.

Ce blocage montre que son engagement humanitaire fait l'objet de suspicions, dans un pays où la répression bat son plein et vise ceux critiquant l'assaut contre l'Ukraine.

Avec d'autres volontaires à Saint-Petersbourg (nord-ouest), Galina diffuse des appels aux dons sur Internet, puis avec l'argent récolté achète des vêtements, des médicaments et des produits alimentaires pour ceux que les hostilités ont forcé à rejoindre le territoire russe.

Régulièrement, elle accueille des Ukrainiens arrivant à la gare de Saint-Pétersbourg, les aide à trouver un logement, un travail, ou à entreprendre les démarches administratives pour rejoindre l'Union européenne depuis la Russie.

«Il y a beaucoup de gens bien, des milliers de personnes qui aident (les Ukrainiens) mais ils préfèrent ne pas en parler, pour raison de sécurité. Même si aucune loi n'interdit d'aider les gens tombés dans le malheur», pointe Mme Artiomenko.

Car dans un contexte de répression exacerbée, nombre de bénévoles refusent de s'exprimer sur le conflit et leur aide aux réfugiés, de peur d'attirer l'attention des autorités qui arrêtent régulièrement des anonymes accusés de collaborer avec Kiev ou de dénigrer l'armée russe.

Selon Lioudmila, une bénévole de 43 ans qui préfère taire son nom, beaucoup de ces Russes sont des «pacifistes» qui ne peuvent pas exprimer ouvertement leurs positions et soulagent leur conscience en aidant les victimes.

«On ne peut pas rester les bras croisés, il faut aider ceux qui sont dans une situation pire que la nôtre et qui souffrent, cela, on peut le faire sans risque», souligne Lioudmila.

«C’est le seul moyen d'exister qu'il nous reste», abonde la bénévole Galina Artiomenko. «C’est tout ce qu'on peut encore faire.»

- Aide très organisée -

Selon un décompte de l'ONU, datant de fin décembre 2022, près d'1,3 million d'Ukrainiens ont été déplacés sur le territoire russe. La Russie les estime à plus de 5 millions, un chiffre contesté par des ONG.

Certains de ces déplacés sont en transit, notamment dans la région de Saint-Pétersbourg, frontalière de l'UE. D'autres affirment vouloir rester dans le pays.

Kiev pour sa part accuse le Kremlin d'avoir déporté des Ukrainiens en Russie et de les pousser à obtenir des passeports russes. La Cour pénale internationale a elle émis en mars un mandat d'arrêt historique contre le président russe Vladimir Poutine et sa chargée de l'enfance Maria Lvova-Belova, pour «crime de guerre de déportation illégale» d'enfants.

Moscou dément et assure que les déplacés viennent volontairement ou ont été évacués pour être mis en sécurité.

Sur place, en Russie, des réseaux de solidarité aidant les réfugiés, comme celui auquel participe Galina Artiomenko, fonctionnent activement depuis le début de l'offensive.

L'AFP a rencontré Mme Artiomenko lors de l'une ses nombreuses journées chargées. Elle vient d'acheter des produits ménagers qu'elle dépose à un point de collecte de biens de première nécessité pour ces Ukrainiens.

Ici, sur des casiers en bois, il y a des chaussures, des vêtements, des produits alimentaires, des appareils électroménagers. Le lieu, nommé «Goumsklad» et ouvert tous les jours, accueille quotidiennement jusqu'à une dizaine de familles de bénéficiaires.

Puis Galina file acheter des lunettes dans un boutique du centre-ville pour un couple d'Ukrainiens, Elena et Igor, venus de Bakhmout, une ville de l'est de l'Ukraine dont Moscou revendique la conquête depuis le printemps, même si des combats sont encore en cours, une bataille qui dure depuis plus d'un an.

L'ONG Mayak.fund, basée à Moscou, une structure plus grande, a plus de moyens. Elle reçoit actuellement jusqu'à 50 personnes par jour, après des records d'affluence en 2022, selon une bénévole Ioulia Makeïeva, 49 ans.

Pour elle, le facteur émotionnel est le plus dur à gérer face à la souffrance des réfugiés. «Pour conserver de l'énergie et de l'espoir, je tente de garder une distance, sinon je ne peux pas travailler, je ne peux que pleurer», dit-elle.

Ce jour-là, dans son ONG, Ioulia et son mari Alexandre, venus de la ville ukrainienne de Koupiansk il y a près d'un an avec leurs enfants de 7 et 3 ans, commencent à sangloter dès qu'ils évoquent leur survie sous les bombardements. Cette zone de l'est de l'Ukraine a été libérée par les forces ukrainiennes en septembre 2022, après six mois d'occupation, mais la Russie mène une nouvelle offensive dans la région.

«Je veux juste la paix», glisse Ioulia.


Réunion sur Gaza vendredi à Miami entre Etats-Unis, Qatar, Egypte et Turquie

L'émissaire américain Steve Witkoff se réunira vendredi à Miami (Floride, sud-est) avec des représentants du Qatar, de l'Egypte et de la Turquie pour discuter des prochaines étapes concernant la bande de Gaza, a appris l'AFP jeudi auprès d'un responsable américain. (AFP)
L'émissaire américain Steve Witkoff se réunira vendredi à Miami (Floride, sud-est) avec des représentants du Qatar, de l'Egypte et de la Turquie pour discuter des prochaines étapes concernant la bande de Gaza, a appris l'AFP jeudi auprès d'un responsable américain. (AFP)
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  • Le Qatar et l'Egypte, qui font office de médiateurs autant que de garants du cessez-le-feu dans le territoire palestinien ravagé par deux ans de guerre, ont récemment appelé à passer à la prochaine phase du plan de Donald Trump
  • Celle-ci prévoit le désarmement du Hamas, le retrait progressif de l'armée israélienne de tout le territoire, la mise en place d'une autorité de transition et le déploiement d'une force internationale

WSAHINGTON: L'émissaire américain Steve Witkoff se réunira vendredi à Miami (Floride, sud-est) avec des représentants du Qatar, de l'Egypte et de la Turquie pour discuter des prochaines étapes concernant la bande de Gaza, a appris l'AFP jeudi auprès d'un responsable américain.

Le Qatar et l'Egypte, qui font office de médiateurs autant que de garants du cessez-le-feu dans le territoire palestinien ravagé par deux ans de guerre, ont récemment appelé à passer à la prochaine phase du plan de Donald Trump.

Celle-ci prévoit le désarmement du Hamas, le retrait progressif de l'armée israélienne de tout le territoire, la mise en place d'une autorité de transition et le déploiement d'une force internationale.

Le cessez-le-feu à Gaza, entré en vigueur en octobre entre Israël et le Hamas, demeure précaire, les deux camps s'accusant mutuellement d'en violer les termes, tandis que la situation humanitaire dans le territoire reste critique.

Le président américain n'en a pas moins affirmé mercredi, dans une allocution de fin d'année, qu'il avait établi la paix au Moyen-Orient "pour la première fois depuis 3.000 ans."

La Turquie sera représentée à la réunion par le ministre des Affaires étrangères Hakan Fidan.

Dans un discours, le président turc Recep Tayyip Erdogan a quant à lui affirmé que son pays se tenait "fermement aux côtés des Palestiniens".

 

 


Zelensky dit que l'Ukraine a besoin d'une décision sur l'utilisation des avoirs russes avant la fin de l'année

ze;"Nos partenaires ont été informés que la décision doit être prise d'ici la fin de cette année", a déclaré Zelensky. (AFP)
ze;"Nos partenaires ont été informés que la décision doit être prise d'ici la fin de cette année", a déclaré Zelensky. (AFP)
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  • Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a estimé jeudi que l'Ukraine avait besoin d'une décision européenne sur l'utilisation des avoirs russes gelés avant la fin de l'année
  • "Nos partenaires ont été informés que la décision doit être prise d'ici la fin de cette année", a-t-il déclaré. Il avait indiqué auparavant que Kiev aurait un "gros problème" si les dirigeants européens ne parvenaient pas à un accord

BRUXELLES: Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a estimé jeudi que l'Ukraine avait besoin d'une décision européenne sur l'utilisation des avoirs russes gelés avant la fin de l'année, lors d'une conférence de presse à Bruxelles en marge d'un sommet des dirigeants de l'UE sur le sujet.

"Nos partenaires ont été informés que la décision doit être prise d'ici la fin de cette année", a-t-il déclaré. Il avait indiqué auparavant que Kiev aurait un "gros problème" si les dirigeants européens ne parvenaient pas à un accord sur l'utilisation de ces avoirs pour financer l'Ukraine. En l'absence d'accord, Kiev sera à court d'argent dès le premier trimestre 2026.

 

 


Trump impose des restrictions d'entrée à sept autres pays et aux Palestiniens

Des personnes arrivent à l'aéroport international John F. Kennedy de New York, le 9 juin 2025. (AFP)
Des personnes arrivent à l'aéroport international John F. Kennedy de New York, le 9 juin 2025. (AFP)
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  • Donald Trump élargit les interdictions d’entrée aux États-Unis à sept pays supplémentaires, dont la Syrie, et inclut les Palestiniens munis de documents de l’Autorité palestinienne
  • La Maison Blanche invoque la sécurité nationale, tout en prévoyant des exceptions limitées, dans le cadre d’un durcissement général de la politique migratoire

WASHINGTON: Donald Trump a étendu mardi les interdictions d'entrée aux Etats-Unis aux ressortissants de sept pays, dont la Syrie, ainsi qu'aux Palestiniens.

Le président américain a signé une proclamation "restreignant et limitant davantage l'entrée des ressortissants étrangers afin de protéger la sécurité des Etats-Unis", a indiqué la Maison Blanche.

Les nouveaux pays concernés par cette mesure sont le Burkina Faso, le Niger, le Mali, le Soudan du Sud et la Syrie, tandis que le Laos et la Sierra Leone passent de restrictions partielles à totales.

Les Palestiniens disposant de documents de voyage émis par l'Autorité palestinienne sont également visés.

L'administration Trump avait déjà imposé des restrictions totales visant les ressortissants de douze pays et des dizaines d'autres pays se sont vus imposer des restrictions partielles.

S'agissant de la Syrie, la mesure intervient quelques jours après une attaque meurtrière contre des soldats américains dans le centre de ce pays.

L'administration Trump dit avoir identifié des pays où les vérifications sont "tellement insuffisantes qu'elles justifiaient une suspension totale ou partielle de l'admission des ressortissants de ces pays".

La proclamation prévoit cependant des exceptions pour les résidents permanents légaux, les titulaires de visas existants, certaines catégories de visas comme les athlètes et les diplomates, et les personnes dont "l'entrée sert les intérêts nationaux des Etats-Unis".

Depuis son retour au pouvoir en janvier, Donald Trump mène une vaste campagne contre l'immigration illégale et a considérablement durci les conditions d'entrée aux Etats-Unis et l'octroi de visas, arguant de la protection de la sécurité nationale.

Ces mesures visent ainsi à interdire l'entrée sur le territoire américain aux étrangers qui "ont l'intention de menacer" les Américains, selon la Maison Blanche.

De même, pour les étrangers qui "pourraient nuire à la culture, au gouvernement, aux institutions ou aux principes fondateurs" des Etats-Unis.

Le président américain s'en est récemment pris avec virulence aux Somaliens, disant qu'il "ne voulait pas d'eux chez nous".

En juin, il avait annoncé des interdictions d'entrée sur le territoire américain aux ressortissants de douze pays, principalement en Afrique et au Moyen-Orient (Afghanistan, Birmanie, Tchad, Congo-Brazzaville, Guinée équatoriale, Erythrée, Haïti, Iran, Libye, Somalie, Soudan, Yémen).

En revanche, le Turkménistan, pays qui figure parmi les plus reclus au monde, se voit accorder un satisfécit, la Maison Blanche évoquant mardi des "progrès significatifs" dans cet Etat d'Asie centrale.

Du coup, les ressortissants de ce pays pourront à nouveau obtenir des visas américains, mais uniquement en tant que non-immigrants.

Lors de son premier mandat (2017-2021), Donald Trump s'en était pris de façon similaire à certains pays, ciblant principalement des pays musulmans.