Inondations en Libye: une solidarité transcendant les clivages politiques

Des membres de l'équipe de secours émiratie participent aux opérations de secours dans la ville de Derna, dans l'est de la Libye, le 16 septembre 2023. (Photo AFP)
Des membres de l'équipe de secours émiratie participent aux opérations de secours dans la ville de Derna, dans l'est de la Libye, le 16 septembre 2023. (Photo AFP)
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Publié le Dimanche 17 septembre 2023

Inondations en Libye: une solidarité transcendant les clivages politiques

  • Le pays est miné par les divisions régionales depuis la chute du régime de Kadhafi, ce qui complique la coordination de l'aide
  • Mettant de côté les clivages face à la tragédie, les Libyens de tous bords se mobilisent: dans chaque ville, dans les mosquées ou sur les réseaux sociaux, des collectes de fonds et d'aides de toutes sortes sont organisées

TRIPOLI, Libye : Les inondations meurtrières en Libye ont suscité parmi la population un élan de solidarité transcendant les divisions politiques et tribales entre l'Est et l'Ouest, qui minent le pays depuis la chute du régime de Kadhafi en 2011.

«Dès que nous avons appris cette douloureuse tragédie, une campagne (d'aides) s'est spontanément organisée à Tajoura, sans le soutien d'aucune institution», a confié à l'AFP Mohannad Bennour, qui réside dans cette banlieue de la capitale Tripoli (ouest).

Depuis lundi, les dons affluent, et «près de 70.000 dinars (1 dinar = 0.19 euro) ont déjà été récoltés, dont 20.000» pour la seule journée de vendredi, s'est-il félicité.

«Les gens donnent de la nourriture, des produits de nettoyage et d'hygiène, des serviettes, des médicaments, tout ce qui est nécessaire pour les bébés et les femmes, mais aussi des vêtements», a ajouté le trentenaire.

Suite au passage de la tempête Daniel dimanche, les deux barrages sur l'oued qui traverse Derna (est) ont rompu, provoquant un déluge qui a détruit les ponts et emporté des quartiers entiers avec leurs habitants dans la Méditerranée.

Le bilan provisoire est de 3.252 morts, selon Othman Abdeljalil, ministre de la Santé de l'administration de l'Est de la Libye.

Les survivants, pour la plupart sans abri aujourd'hui, ont quitté les zones sinistrées mais ont besoin d'aide.

L'Organisation internationale pour les migrations (OIM) a fait état de plus de 38.000 déplacés dans l'Est frappé par les inondations, dont 30.000 à Derna.

«Il est essentiel de fournir aux populations des produits vitaux et de prévenir une crise sanitaire secondaire», a insisté cette semaine Martin Griffiths, sous-secrétaire général de l'ONU aux affaires humanitaires sur X (ex-Twitter).

Mais le pays est miné par les divisions régionales depuis la chute du régime de Kadhafi, ce qui complique la coordination de l'aide.

Deux administrations rivales se disputent le pouvoir: l'une à Tripoli (ouest), reconnue par l'ONU et dirigée par le Premier ministre Abdelhamid Dbeibah, l'autre dans l'Est, affiliée au camp du puissant maréchal Khalifa Haftar.

Mettant de côté les clivages face à la tragédie, les Libyens de tous bords se mobilisent: dans chaque ville, dans les mosquées ou sur les réseaux sociaux, des collectes de fonds et d'aides

de toutes sortes sont organisées et des centaines de bénévoles, de secouristes, de médecins et d'infirmiers sont déjà arrivés dans la zone sinistrée.

De nombreux bénévoles rappellent toutefois que l'élan de solidarité doit perdurer une fois passé le choc lié à la catastrophe.

- Fin de l'impunité? -

A Hay al-Andalous, un quartier cossu de la capitale, Bader Marii est venu déposer des packs d'eau sur l'esplanade d'une mosquée, où deux gros camions étaient déjà presque entièrement chargés.

Selon lui, l'aide apportée aux familles touchées ne doit pas faiblir car «la reconstruction des zones sinistrées», dans un pays fragmenté et avec des autorités rivales, pourrait prendre «deux fois plus de temps que dans des conditions normales».

«Les gouvernements ont l'habitude de laisser passer le temps sans que personne ne leur demande des comptes», s'exclame le quinquagénaire en levant les mains vers le ciel.

Nouri el-Makhlouf, 43 ans, fonctionnaire du ministère de la Culture, coordonne dans le centre-ville de Tripoli les dons avant le départ du convoi dimanche. Les aides sont apportées «par des familles de toute la Libye qui nous contactent pour participer».

Cet élan de solidarité prend forme en parallèle de la mobilisation chaotique des autorités rivales de l'Est et de l'Ouest, qui se rejettent déjà la responsabilité de ce drame national.

Le Procureur général, qui s'est rendu vendredi à Derna, a promis des «mesures sévères» à l'encontre de ceux jugés responsables.

Pendant ce temps, les organisations de la société civile, qui font habituellement l'objet de harcèlement de la part des autorités, sont sur le terrain.

Au cours de la dernière décennie, «l'élite politique de tous bords a systématiquement et délibérément fermé les organisations de la société civile et persécuté leurs membres», a fustigé Elham Saudi, directrice de l'association Lawyers For Justice in Libya.

La société civile «constitue une menace» pour l'élite politique, «car elle tente de combler ses lacunes», a déclaré à l'AFP cette avocate libyenne qui a fait de la lutte contre l'impunité son cheval de bataille.

Selon elle, la société civile veillera à ce que les responsables du drame soient traduits en justice.

«Il est important que ce moment marque la fin de la culture de l'impunité en Libye», a-t-elle insisté.

Inondations en Libye: la Russie a envoyé 35 médecins urgentistes et de l'aide humanitaire

La Russie a annoncé avoir envoyé 35 médecins urgentistes et de l'aide humanitaire dans l'est de la Libye, touché il y a près d'une semaine par des inondations sans précédent.

«Le troisième avion du ministère avec des spécialistes (...) a atterri en Libye. Environ 35 employés du ministère russe des Situations d'urgence fourniront une assistance médicale à la population touchée par les inondations», a affirmé le ministère dans un communiqué.

Un hôpital mobile a ainsi été envoyé par la Russie, avec des blocs opératoires, ainsi qu'une unité de soins intensifs.

Sur place, ces 35 urgentistes spécialistes fourniront «une assistance médicale qualifiée», a précisé le ministère russe, selon qui «jusqu'à 100 personnes» peuvent être traitées «par jour» sur site.

Le ministère a par ailleurs diffusé sur Telegram une vidéo montrant des caisses d'aide humanitaire être rapidement déchargées.

La tempête Daniel qui a frappé dans la nuit de dimanche à lundi dernier Derna, une ville de 100.000 habitants située dans l'Est de la Libye, a entraîné la rupture de deux barrages en amont provoquant une crue de l'ampleur d'un tsunami le long de l'oued qui traverse la cité. Elle a tout emporté sur son passage.

Au moins 11.300 personnes sont décédées et 10.100 restent portées disparues à Derna, selon l'ONU, les organisations humanitaires présentes sur place craignant un bilan beaucoup plus lourd.


Le Liban déterminé à retirer les armes du Hezbollah, assure le président Joseph Aoun

Des hommes réagissent en écoutant le chef du Hezbollah, Naim Kassem, prononcer un discours télévisé à Dahiyeh, dans la banlieue sud de Beyrouth, au Liban. (AP)
Des hommes réagissent en écoutant le chef du Hezbollah, Naim Kassem, prononcer un discours télévisé à Dahiyeh, dans la banlieue sud de Beyrouth, au Liban. (AP)
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  • Les autorités libanaises sont déterminées à désarmer le Hezbollah, a assuré jeudi le président Joseph Aoun
  • Les autorités libanaises veulent "retirer les armes de tous les groupes armés, y compris le Hezbollah, et les remettre à l'armée libanaise", a déclaré le chef de l'Etat

BEYROUTH: Les autorités libanaises sont déterminées à désarmer le Hezbollah, a assuré jeudi le président Joseph Aoun, au lendemain d'un discours du chef de la formation soutenue par l'Iran, affirmant que demander son désarmement rendait service à Israël.

Les autorités libanaises veulent "retirer les armes de tous les groupes armés, y compris le Hezbollah, et les remettre à l'armée libanaise", a déclaré le chef de l'Etat dans un discours devant les militaires, à l'occasion de la Fête de l'Armée.

Le Liban est soumis à une intense pression, notamment des Etats-Unis, pour désarmer le Hezbollah, sorti affaibli d'une guerre avec Israël qui a pris fin en novembre 2024, mais qui conserve une partie de son arsenal.

Le président Aoun a appelé "toutes les parties politiques" à "saisir une occasion historique" pour que l'armée et les forces de sécurité aient "le monopole des armes (...) sur l'ensemble du territoire libanaise, afin de regagner la confiance de la communauté internationale".

Le chef du Hezbollah Naïm Qassem avait estimé mercredi que toute demande de désarmer son mouvement revenait à "servir le projet israélien", accusant l'émissaire américain Tom Barrack de recourir à la "menace et l'intimidation" dans le but "d'aider Israël".

Le chef de l'Etat a affirmé que le Liban traversait une "phase cruciale qui ne tolère aucune provocation de quelque côté que ce soit, ni aucune surenchère nuisible et inutile".

"Pour la millième fois, j'assure que mon souci de garder le monopole des armes découle de mon souci de défendre la souveraineté du Liban et ses frontières, de libérer les terres libanaises occupées et d'édifier un Etat qui accueille tous ses citoyens (..) dont vous en êtes un pilier essentiel", a-t-il ajouté, s'adressant au public du Hezbollah.

Joseph Aoun, élu en janvier, s'est engagé avec son gouvernement à ce que l'Etat recouvre sa souveraineté sur l'ensemble du territoire libanais.

Le Hezbollah est la seule formation armée libanaise à avoir conservé ses armes après la fin de la guerre civile en 1990, au nom de la "résistance" contre Israël.


Le ministre saoudien des Médias et la PDG du SRMG discutent de l’avenir de la couverture sportive nationale

Cette rencontre s’inscrit dans une série plus large de discussions entre le ministère, le SRMG et d’autres institutions médiatiques. (SPA/Archives)
Cette rencontre s’inscrit dans une série plus large de discussions entre le ministère, le SRMG et d’autres institutions médiatiques. (SPA/Archives)
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  • La filiale du SRMG, Thmanyah, a obtenu les droits exclusifs de diffusion régionale de la Saudi Pro League à partir de la saison 2025–2026
  • Le ministre saoudien des Médias, Salman Al-Dossary, a déclaré que le ministère est pleinement mobilisé pour soutenir la couverture de toutes les compétitions sportives nationales

LONDRES : Le ministre saoudien des Médias, Salman Al-Dossary, a rencontré dimanche Joumana Rashed Al-Rashed, directrice générale du Saudi Research and Media Group (SRMG), afin de discuter des développements à venir dans la couverture médiatique du sport en Arabie saoudite, a rapporté l’agence de presse saoudienne (SPA).

Cette rencontre intervient après que la filiale du SRMG, Thmanyah Company for Publishing and Distribution, a obtenu les droits de diffusion des compétitions sportives nationales. Arab News fait également partie du groupe SRMG.

Le PDG de Thmanyah, Abdulrahman Abumalih, était également présent à la réunion, au cours de laquelle les responsables ont examiné l’état de préparation des plateformes numériques et télévisuelles pour la diffusion des événements sportifs saoudiens. Les discussions ont porté sur l'avancement des infrastructures de studios, l’adoption de technologies innovantes, la stratégie éditoriale, les plateformes de diffusion et le calendrier de lancement des chaînes.

Thmanyah, acquise par le SRMG en 2021, est passée de la production de podcasts internes, comme Fnjan, à l’un des acteurs les plus influents de la région, avec des contenus variés en podcasts, radio et formats éditoriaux.

Dans un développement majeur survenu le mois dernier, Thmanyah a obtenu les droits exclusifs de diffusion régionale de la Saudi Pro League à partir de la saison 2025–2026. L’accord inclut également la King Cup, la Saudi Super Cup, ainsi que la First Division League, et ce, jusqu’à la saison 2030–2031.

Salman Al-Dossary a affirmé que le ministère des Médias est entièrement mobilisé pour soutenir la couverture de toutes les compétitions sportives saoudiennes, dans le but de renforcer la présence du Royaume sur la scène sportive mondiale et de répondre aux attentes des fans.

Cette réunion s’inscrit dans une série plus large de concertations entre le ministère, le SRMG et d’autres institutions médiatiques. Ces échanges visent à aligner les efforts du secteur, améliorer la qualité des contenus, et soutenir les objectifs de Vision 2030, notamment en développant un secteur médiatique national fort et influent.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


La solution à deux États, "clé de la stabilité régionale", déclare le ministre saoudien des Affaires étrangères à l’ONU

Le ministre saoudien des affaires étrangères, le prince Faisal bin Farhan, a déclaré lundi que la mise en œuvre d'une solution à la crise israélo-palestinienne fondée sur la coexistence de deux États était "la clé de la stabilité régionale". (Capture d'écran/UNTV)
Le ministre saoudien des affaires étrangères, le prince Faisal bin Farhan, a déclaré lundi que la mise en œuvre d'une solution à la crise israélo-palestinienne fondée sur la coexistence de deux États était "la clé de la stabilité régionale". (Capture d'écran/UNTV)
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  • Le prince Faisal a déclaré que la paix régionale doit commencer par la garantie des droits légitimes du peuple palestinien
  • Le prince Faisal affirme qu'aucune relation ne sera établie avec Israël avant la création de l'État palestinien

NEW YORK: Le ministre saoudien des Affaires étrangères, Faisal ben Farhane, a déclaré lundi que la mise en œuvre d'une solution à deux États dans le cadre du conflit israélo-palestinien constituait « la clé de la stabilité régionale ».

S’exprimant à l’ouverture d’une conférence internationale de haut niveau sur le règlement pacifique de la question palestinienne et la mise en œuvre de la solution à deux États, qui s’est tenue lundi au siège des Nations Unies, Faisal ben Farhane a souligné :

« Le Royaume considère que la solution à deux États est essentielle à la stabilité régionale. La conférence de New York constitue une étape charnière vers la concrétisation de cette solution. »

Faisal ben Farhane a réaffirmé que la paix dans la région devait commencer par la garantie des droits légitimes du peuple palestinien. Il a salué l’intention du président français Emmanuel Macron de reconnaître officiellement un État palestinien en septembre.

« Assurer la sécurité, la stabilité et la prospérité pour tous les peuples de la région passe d’abord par la justice envers le peuple palestinien, en lui permettant d’exercer ses droits légitimes, au premier rang desquels la création d’un État indépendant dans les frontières du 4 juin 1967, avec Jérusalem-Est pour capitale », a-t-il déclaré.

Il a présenté l’Initiative de paix arabe comme le cadre fondamental pour toute solution juste et globale.

Le ministre a également appelé à une cessation immédiate de la catastrophe humanitaire à Gaza, et a confirmé que l’Arabie saoudite et la France avaient facilité le transfert de 300 millions de dollars de la Banque mondiale vers la Palestine.

Faisal ben Farhane a affirmé que le Royaume poursuivait ses efforts auprès de plusieurs pays afin d’obtenir une reconnaissance internationale de l’État de Palestine.

Il a catégoriquement rejeté toute idée de conditionner cette reconnaissance à un veto israélien, et a réaffirmé qu’aucune relation ne serait établie avec Israël avant la création d’un État palestinien.

Le ministre a exprimé son soutien aux efforts de réforme de l’Autorité palestinienne, et a noté que le président américain Donald Trump pourrait jouer un rôle majeur dans la résolution des conflits régionaux.

Faisal ben Farhane a également annoncé la signature, prévue mardi, de plusieurs protocoles d’accord avec différents secteurs palestiniens, dans le but de les renforcer.

Il a conclu en soulignant l’importance de maintenir l’élan diplomatique et la coordination internationale pour parvenir à une solution à deux États viable et pacifique.

Le coprésident de la conférence, le ministre français des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot, a abondé dans le même sens, déclarant à la presse que d'autres pays pourraient reconnaître la Palestine dans les mois à venir.

« La France affirme le droit du peuple palestinien à la souveraineté sur ses terres », a-t-il affirmé.

Il a ajouté : « D’autres États pourraient reconnaître la Palestine dès septembre. La conférence sur la solution à deux États constitue une étape décisive dans sa mise en œuvre. Des engagements historiques seront pris. Le ciblage des civils à Gaza est inacceptable ; la guerre dans la bande dure depuis trop longtemps et doit cesser. »

Il a insisté sur le rôle de la communauté internationale pour transformer ce cadre en réalité concrète.

« Nous devons œuvrer pour faire de la solution à deux États une réalité tangible », a-t-il déclaré. « Qui répond aux aspirations légitimes du peuple palestinien. Nous avons enclenché une dynamique irréversible vers une solution politique au Moyen-Orient. »

Lors de la première session, le Premier ministre palestinien Mohammad Mustafa a salué la tenue de la conférence, qu’il a qualifiée d’opportunité cruciale pour la paix.

« La solution à deux États est une opportunité historique pour toutes les parties », a-t-il déclaré. « Nous sommes reconnaissants à l’Arabie saoudite et à la France pour avoir organisé cette conférence historique. »

Il a ajouté que la conférence envoyait un message clair de soutien international au peuple palestinien :

« La conférence sur la solution à deux États confirme au peuple palestinien que le monde est à ses côtés. »

Mohammad Mustafa a également appelé à l’unité politique entre la Cisjordanie et la bande de Gaza, exhortant le Hamas à déposer les armes en faveur d’un contrôle par l’Autorité palestinienne :

« Nous devons œuvrer à l’unification de la Cisjordanie et de Gaza. Nous appelons le Hamas à remettre ses armes à l’Autorité palestinienne », a-t-il déclaré.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com