Marseille, une ville symbole pour le pape, façonnée par les migrations

La visite du pape François intervient alors que l’augmentation du nombre d’arrivées de migrants en Italie relance un débat amer sur la manière dont les pays européens gèrent les demandeurs d’asile. (Reuters)
La visite du pape François intervient alors que l’augmentation du nombre d’arrivées de migrants en Italie relance un débat amer sur la manière dont les pays européens gèrent les demandeurs d’asile. (Reuters)
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Publié le Mardi 19 septembre 2023

Marseille, une ville symbole pour le pape, façonnée par les migrations

  • "J'irai à Marseille, pas en France", a insisté le chef de l'Eglise catholique à plusieurs reprises, expliquant: "Le problème qui me préoccupe c'est le problème méditerranéen"
  • En premier lieu le sort des migrants, lui qui fit son premier voyage pontifical sur l'île italienne de Lampedusa, où ils arrivent par milliers depuis des années et qui connait actuellement un nouvel afflux

MARSEILLE: Marseille, où le pape François est attendu vendredi, est un des grands ports de la Méditerranée, façonné depuis sa fondation par des vagues de migrations et où cohabitent communautés et religions. Deux thématiques fortes de cette visite.

"J'irai à Marseille, pas en France", a insisté le chef de l'Eglise catholique à plusieurs reprises, expliquant: "Le problème qui me préoccupe c'est le problème méditerranéen".

En premier lieu le sort des migrants, lui qui fit son premier voyage pontifical sur l'île italienne de Lampedusa, où ils arrivent par milliers depuis des années et qui connait actuellement un nouvel afflux.

Le pape dénonce régulièrement "l'indifférence" face aux naufrages dramatiques, qui ont fait plus de 28.000 disparus en Méditerranée depuis 2014 selon l'Organisation internationale des migrations.

"Le principe fondateur de cette ville, c'est un alliage entre gens d'ailleurs et gens d'ici", résume Thierry Fabre, fondateur des "Rencontres d'Averroès" qui depuis 30 ans rassemblent à Marseille intellectuels et artistes pour "penser la Méditerranée des deux rives".

Et de rappeler l'origine mythique de la "cité phocéenne", l'union entre Protis, marin grec arrivé il y a 2.600 ans de Phocée (dans l'actuelle Turquie), et Gyptis, fille du chef d'une tribu locale. "Quand on regarde sur le temps long, cette histoire se maintient, elle se métamorphose mais elle se maintient", poursuit-il.

«Ville-sismographe»

Une histoire façonnée par le commerce, notamment colonial, qui a fait la richesse de la ville, mais aussi par les guerres, la pauvreté, les catastrophes... "A chaque fois qu'il y a une grande secousse historique, il y a une réplique à Marseille, c'est la ville-sismographe", relève M. Fabre.

Elle a ainsi accueilli successivement - et sans exhaustivité - Grecs, Italiens, Arméniens, Juifs d'Europe centrale ou d'Afrique du Nord, Maghrébins, Comoriens, plus récemment Ukrainiens ou Africains "sub-sahariens", rescapés de la périlleuse traversée de la "grande bleue".

Le pape François est "un des seuls avoir une parole aussi forte (...), il n'a de cesse de dénoncer cette tragédie" dans cette Méditerranée devenue cimetière, "et de rappeler que ça doit s'arrêter", souligne François Thomas, président de SOS Méditerranée, ONG basée à Marseille qui affrète l'Ocean Viking, navire portant secours aux migrants en détresse, notamment au large de la Libye.

Mais à Marseille comme ailleurs l'installation des migrants ne se fait pas sans heurts, même si "depuis le Moyen Age il y a une présence étrangère importante, de commerçants mais aussi de populations plus modestes, qui ont nourri l'économie et l'expansion de la ville", souligne Stéphane Mourlane, maître de conférence en histoire contemporaine à l'université d'Aix- Marseille.

"Ce cosmopolitisme a aussi été ressenti comme menaçant", rappelle le chercheur, qui a co- dirigé un "Atlas des migrations en Méditerranée". La ville a ainsi connu des poussées de violences xénophobes, contre les Italiens en 1881 par exemple. Sans freiner les arrivées, puisque "à la veille de la Première Guerre mondiale, un cinquième de la population de Marseille était italienne".

D'autres épisodes violents ont visé en 1973 les Maghrébins. "Après les indépendances, Marseille a refusé très fortement la pluralité de sa population", analyse Thierry Fabre.

«Ville humaine»

Pour autant Marseille est "une ville assez bonhomme, humaine, où les gens cohabitent", relève Blandine Chelini-Pont, professeure d'histoire contemporaine à l'université d'Aix- Marseille, spécialisée dans les questions de religion.

"Est-ce que pour autant ça fabrique de l'accueil et de la tolérance religieuse" ou simplement "un agrégat de communautés qui ne se fréquentent pas"?

La ville, qui compte entre autres les communautés juive et musulmanes parmi les plus importantes de France, est en tout cas dotée depuis 1990 d'une instance regroupant autour du maire des représentants des principales religions, "Marseille espérance", pour favoriser le dialogue et désamorcer d'éventuelles tensions.

Car la deuxième ville du pays ville souffre aussi "de beaucoup de problèmes et de discriminations", rappelle Mme Chelini-Pont.

La cité phocéenne compte des quartiers parmi les plus pauvres d'Europe, souvent à forte population d'origine étrangère. Elle a cet été, pour la première fois, été touchée par les violences urbaines qui ont secoué la France.

Marseille est célébrée pour ses valeurs "d'ouverture et de brassage" mais traîne aussi une "mauvaise réputation" de violence, relève Stéphane Mourlane.

Et pour Thierry Fabre, "toute la question c'est celle du trait d'union. C'est cette invention là que peut être Marseille".

Car ici "tout le monde sait que dans l'identité il y a toujours un facteur d'altérité", estime Jean-Marc Aveline, l'archevêque de Marseille, qui a lancé l'invitation au pape. On vient d'ailleurs, mais "vous arrivez, vous aimez cette ville, très vite vous êtes Marseillais, vous pouvez être fier de l'être, et tant pis si vous n’avez pas vos papiers, vous les aurez plus tard. Vous avez une identité, et ça, ça compte. On est quelque part, on fait partie".


Légion d'honneur, Sarkozy « prend acte », rappelant que la CEDH doit encore examiner son recours

La Cour d'appel a confirmé l'année dernière la condamnation de l'ancien président français Nicolas Sarkozy pour avoir tenté illégalement d'obtenir des faveurs d'un juge et lui a ordonné de porter un bracelet électronique à la cheville au lieu de purger une peine d'un an de prison. (Photo d'archive AFP)
La Cour d'appel a confirmé l'année dernière la condamnation de l'ancien président français Nicolas Sarkozy pour avoir tenté illégalement d'obtenir des faveurs d'un juge et lui a ordonné de porter un bracelet électronique à la cheville au lieu de purger une peine d'un an de prison. (Photo d'archive AFP)
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  • L'ex-président (2007-2012) a rappelé que son recours devant la CEDH « est toujours pendant ». Il l'avait déposé après sa condamnation devenue définitive en décembre, à un an de prison ferme pour corruption dans l'affaire des écoutes. 
  • Nicolas Sarkozy, déjà exclu de l'ordre national du Mérite, est ainsi devenu le deuxième chef de l'État français privé de cette distinction, après le maréchal Pétain.

PARIS : L'ancien président Nicolas Sarkozy a « pris acte » dimanche de son exclusion de la Légion d'honneur et rappelle que la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) doit encore se prononcer sur son recours dans l'affaire des écoutes, a indiqué son avocat Patrice Spinosi dans une déclaration transmise à l'AFP.

« Nicolas Sarkozy prend acte de la décision prise par le grand chancelier. Il n’a jamais fait de cette question une affaire personnelle », a affirmé Patrice Spinosi, soulignant que si l'ancien chef de l'État « a fait valoir des arguments juridiques, c’était au nom de la fonction même de président de la République ».

L'ex-président (2007-2012) a rappelé que son recours devant la CEDH « est toujours pendant ». Il l'avait déposé après sa condamnation devenue définitive en décembre, à un an de prison ferme pour corruption dans l'affaire des écoutes. 

« La condamnation de la France (par la CEDH) impliquera la révision de la condamnation pénale prononcée à l'encontre de Nicolas Sarkozy, en même temps que l’exclusion de l’ordre de la Légion d’Honneur ; l’une n’étant que la conséquence de l’autre », a assuré Patrice Spinosi.

Nicolas Sarkozy, déjà exclu de l'ordre national du Mérite, est ainsi devenu le deuxième chef de l'État français privé de cette distinction, après le maréchal Pétain, à qui la Légion d'honneur avait été retirée en 1945 pour haute trahison et intelligence avec l'ennemi.

« Ce lien avec le maréchal Pétain est indigne », a déclaré la porte-parole du gouvernement Sophie Primas (LR), prenant « acte » elle aussi de cette décision « automatique qui fait partie du code de la Légion d’Honneur ».

« Le président Sarkozy a été là pour la France à des moments extrêmement compliqués », a-t-elle déclaré, se disant « un peu réservée non pas sur la règle, mais sur ce qu’elle entraîne comme comparaison ».

« C'est une règle, mais c'est aussi une honte », a déploré sur franceinfo Othman Nasrou, le nouveau secrétaire général de LR et proche de Bruno Retailleau, apportant son « soutien et son respect » à l'ex-président.

À gauche, le député écologiste Benjamin Lucas s'est félicité de la décision, appelant sur X à ce que « la République prive de ses privilèges et de son influence institutionnelle celui qui a déshonoré sa fonction et trahi le serment sacré qui lie le peuple à ses élus, celui de la probité ».


Echanges de frappes entre Israël et l'Iran : la France renforce la vigilance sur son territoire

 Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau  (Photo AFP)
Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (Photo AFP)
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  • « Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme
  • Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

PARIS : Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau a appelé les préfets à renforcer la vigilance sur le territoire national. Il a notamment demandé de cibler les lieux de culte, les rassemblements festifs et les intérêts israéliens et américains. Cette demande a été transmise par télégramme. Elle a été envoyée vendredi. Cela fait suite à l'attaque israélienne en Iran.

« Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme consulté par l'AFP, alors qu'Israël et l'Iran poursuivaient leurs échanges de frappes meurtrières.

Les hostilités ont été déclenchées par une attaque israélienne massive contre des sites militaires et nucléaires iraniens, à laquelle Téhéran riposte avec des missiles balistiques. 

Dans ce contexte, M. Retailleau demande aux préfets de porter « une attention particulière » à la sécurité des lieux de culte, des établissements scolaires, des établissements publics et institutionnels, ainsi que des sites à forte affluence, notamment au moment des entrées et des sorties, et ce, incluant les « rassemblements festifs, culturels ou cultuels ».

Ces mesures de protection renforcée s'appliquent également aux « intérêts israéliens et américains ainsi qu'aux établissements de la communauté juive ».

Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

Vendredi soir, le président Emmanuel Macron a annoncé un « renforcement » du dispositif Sentinelle, qui déploie des militaires en France, « pour faire face à toutes les potentielles menaces sur le territoire national ».


Selon ManPowerGroup, l'IA pourrait réduire l'importance des « compétences » dans le recrutement

Des visiteurs font le tour des stands du salon VivaTech dédié aux start-ups technologiques et à l'innovation, à Paris Expo Porte de Versailles, à Paris, le 12 juin 2025. (Photo de Thomas SAMSON / AFP)
Des visiteurs font le tour des stands du salon VivaTech dédié aux start-ups technologiques et à l'innovation, à Paris Expo Porte de Versailles, à Paris, le 12 juin 2025. (Photo de Thomas SAMSON / AFP)
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  • L'irruption de l'intelligence artificielle (IA) bouleverse le marché du travail ainsi que les modes de recrutement et pourrait amener les employeurs à privilégier le « potentiel » des candidats plutôt que leurs « compétences ».
  • « un travailleur sur quatre dans le monde exerce une profession plus ou moins exposée à l'IA générative, mais la plupart des emplois seront transformés au lieu d'être supprimés, car une intervention humaine reste indispensable ».

PARIS : L'irruption de l'intelligence artificielle (IA) bouleverse le marché du travail ainsi que les modes de recrutement et pourrait amener les employeurs à privilégier le « potentiel » des candidats plutôt que leurs « compétences », selon un dirigeant de ManPowerGroup.

En effet, « les compétences pourraient s'avérer obsolètes dans six mois », explique Tomas Chamorro-Premuzic, directeur de l'innovation du géant américain du travail temporaire, rencontré par l'AFP au salon Vivatech, à Paris, qui ferme ses portes samedi.  Selon lui, « il vaut mieux savoir que vous travaillez dur, que vous êtes curieux, que vous avez de bonnes aptitudes relationnelles et ça, l'IA peut vous aider à l'évaluer ».

Selon l'Organisation internationale du travail (OIT), « un travailleur sur quatre dans le monde exerce une profession plus ou moins exposée à l'IA générative, mais la plupart des emplois seront transformés au lieu d'être supprimés, car une intervention humaine reste indispensable ».

Cependant, les tâches informatiques (utilisation d'Internet, messagerie, etc.) pouvant être accomplies de manière autonome par des agents d'IA connaissent une « rapide expansion ». 

Dans ce contexte, les employeurs pourraient rechercher de plus en plus de salariés dotés de compétences hors de portée de l'IA, telles que le jugement éthique, le service client, le management ou la stratégie, comme l'indique une enquête de ManpowerGroup menée auprès de plus de 40 000 employeurs dans 42 pays et publiée cette semaine.

M. Chamorro-Premuzic déplore toutefois que ces compétences ne soient pas encore davantage mises en avant dans la formation. « Pour chaque dollar que vous investissez dans la technologie, vous devez investir huit ou neuf dollars dans les ressources humaines, la transformation culturelle, la gestion du changement », dit-il.

Les craintes d'un chômage de masse provoqué par l'IA restent par ailleurs exagérées à ce stade, estime le dirigeant, malgré certaines prédictions alarmistes.

D'après Dario Amodei, patron de la société d'intelligence artificielle Anthropic, cette technologie pourrait faire disparaître la moitié des emplois de bureau les moins qualifiés d'ici cinq ans. 

« Si l'histoire nous enseigne une chose, c'est que la plupart des prévisions sont fausses », répond M. Chamorro-Premuzic.

Concernant le recrutement, activité principale de ManPowerGroup, le dirigeant ajoute que « les agents d'intelligence artificielle ne deviendront certainement pas le cœur de notre métier dans un futur proche ». Il constate également que l'IA est utilisée par les demandeurs d'emploi.

« Des candidats sont capables d'envoyer 500 candidatures parfaites en une journée, de passer des entretiens avec leurs bots et de déjouer certains éléments des évaluations », énumère-t-il.