L'Azerbaïdjan lance une offensive au Karabakh et appelle les Arméniens à capituler

Des policiers arméniens gardent l'entrée du bâtiment gouvernemental lors d'affrontements avec des manifestants appelant à la démission du Premier ministre arménien Nikol Pashinyan dans le centre d'Erevan le 19 septembre 2023 (Photo de Karen MINASYAN / AFP).
Des policiers arméniens gardent l'entrée du bâtiment gouvernemental lors d'affrontements avec des manifestants appelant à la démission du Premier ministre arménien Nikol Pashinyan dans le centre d'Erevan le 19 septembre 2023 (Photo de Karen MINASYAN / AFP).
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Publié le Mardi 19 septembre 2023

L'Azerbaïdjan lance une offensive au Karabakh et appelle les Arméniens à capituler

  • Les tensions s'aggravent depuis des mois autour de ce territoire sécessionniste d'Azerbaïdjan en majorité peuplé d'Arméniens, qui a déjà été au coeur de deux guerres entre Erevan et Bakou
  • L'Arménie a dit ne pas avoir de troupes au Karabakh, laissant entendre que les forces séparatistes étaient seules face aux soldats azerbaïdjanais

BAKOU: L'Azerbaïdjan a lancé mardi une offensive militaire au Nagorny-Karabakh, trois ans après la précédente guerre, demandant la reddition de son adversaire arménien dans cette région disputée depuis des décennies avec l'Arménie.

La présidence azerbaïdjanaise a appelé en début de soirée les troupes de ce territoire sécessionniste d'Azerbaïdjan en majorité peuplé d'Arméniens à déposer les armes, condition sine qua non pour le début de négociations.

"Les forces armées arméniennes illégales doivent hisser le drapeau blanc, rendre toutes les armes et le régime illégal doit se dissoudre. Autrement, les opérations antiterroristes continueront jusqu'au bout", a-t-elle déclaré, faisant écho à la diplomatie azerbaïdjanaise qui réclamait une reddition "totale et inconditionnelle".

La présidence a proposé, en cas de capitulation, des pourparlers "avec les représentants de la population arménienne du Karabakh à Yevlakh", une ville azerbaïdjanaise à 295 km à l'ouest de Bakou.

Avant cela, les autorités de cette région disputée avaient réclamé un cessez-le-feu immédiat et des négociations.

Au moins 27 morts, 7 000 personnes évacuées 

Les combats ont fait au moins 25 morts, dont deux civils, dans cette région et plus de 7.000 habitants de 16 localités y ont été évacués, selon les séparatistes.

De son côté, l'Azerbaïdjan a signalé que deux civils avaient péri dans les zones sous son contrôle.

Les séparatistes affirment que plusieurs villes du Nagorny-Karabakh, dont sa capitale Stepanakert, sont ciblées par des "tirs intensifs", qui visent aussi des infrastructures civiles.

Les affrontements ont lieu "sur toute la ligne de contact" de ce territoire et les Azerbaïdjanais ont recours à l'"artillerie", à des roquettes, à des drones d'attaque, à des avions, ont-ils raconté.

Soixante positions arméniennes y ont été conquises, a annoncé dans la soirée Bakou.

Quant à l'Arménie, qui a dénoncé une "agression de grande ampleur" à des fins de "nettoyage ethnique", elle a assuré ne pas avoir de troupes au Nagorny-Karabakh, laissant entendre que les séparatistes étaient seuls face aux soldats azerbaïdjanais.

Et elle considère que c'est à la Russie, garante d'un cessez-le-feu datant de 2020 avec des forces de la paix sur le terrain, d'agir pour "stopper l'agression azerbaïdjanaise".

Le conflit de 2020 avait débouché sur une déroute militaire de l'Arménie qui avait dû céder à l'Azerbaïdjan du terrain dans et autour du Nagorny-Karabakh.

Un cessez-le-feu, négocié par la Russie, avait été conclu par ces deux anciennes républiques soviétiques du Caucase, sans jamais qu'on aboutisse à un accord de paix.

 "Entraîner l'Arménie" dans la guerre ? 

A Bakou, le ministère de la Défense avait annoncé mardi matin le déclenchement d'"opérations antiterroristes" après la mort de six Azerbaïdjanais dans l'explosion de mines sur le site d'un tunnel en construction entre Choucha et Fizouli, deux villes du Nagorny-Karabakh sous contrôle de l'Azerbaïdjan.

C'est un groupe de "saboteurs" séparatistes qui a posé ces engins explosifs, d'après les services de sécurité azerbaïdjanais.

"L'échec de la communauté internationale à agir est à l'origine de l'offensive azerbaïdjanaise", ont quant à eux commenté les Arméniens du Nagorny-Karabakh.

Les tensions s'aggravent depuis des mois autour de ce territoire qui a déjà été au cœur de deux guerres entre Erevan et Bakou. La première avait duré de 1988 à 1994, celle de l'automne 2020 s'était arrêtée au bout de six semaines.

Le Premier ministre arménien Nikol Pachinian a à ce propos accusé les Azerbaïdjanais de vouloir "entraîner l'Arménie dans les hostilités".

La situation à la frontière arméno-azerbaïdjanaise est pour l'heure "stable", a-t-il néanmoins insisté.

Crainte de "troubles" en Arménie 

Nikol Pachinian, auquel l'opposition reproche d'avoir été responsable de la défaite d'il y a trois ans, a dans le même temps dénoncé des appels à un "coup d'Etat" dans son pays, où des heurts ont opposé des manifestants le qualifiant de "traître" et exigeant sa démission aux policiers devant le siège du gouvernement.

Plusieurs personnes victimes de ces violences ont dû être hospitalisées, selon le ministère de la Santé.

"Il existe actuellement un vrai risque de troubles généralisés en Arménie", ont prévenu mardi soir les services de sécurité arméniens, promettant des "mesures pour maintenir l'ordre constitutionnel" et mettant en garde les citoyens contre les "diverses provocations".

Des dizaines de personnes se sont en outre rassemblées devant l'ambassade de Russie à Erevan pour dénoncer l'inaction de ce pays face à l'offensive azerbaïdjanaise.

 Appel à une "cessation immédiate" des hostilités 

Bakou a précisé avoir informé de ses opérations à la fois la Russie - qui a ensuite révélé n'avoir été mise au courant que "quelques minutes" avant leur commencement - et la Turquie.

Le Kremlin, "préoccupé", a dit par la voix de son porte-parole essayer de convaincre l'Arménie et l'Azerbaïdjan de retourner "à la table des négociations", tandis que la mission de maintien de la paix russe au Nagorny-Karabakh s'est prononcée pour un cessez-le-feu "immédiat".

Quant à la Turquie, qui a qualifié de "légitimes" les préoccupations ayant amené les Azerbaïdjanais à se lancer dans une action militaire, elle a également exhorté, en parallèle, à la "poursuite du processus de négociations entre l'Azerbaïdjan et l'Arménie".

"Nous soutenons les mesures prises par l'Azerbaïdjan (...) pour défendre son intégrité territoriale", a martelé le président turc Recep Tayyip Erdogan.

A l'opposé, pour le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken, qui prône "une cessation immédiate" des hostilités, le recours à la force est "inacceptable" et "ces actions (de Bakou) aggravent une situation humanitaire déjà difficile au Nagorny-Karabakh et sapent les perspectives de paix".

Réaction similaire du président français Emmanuel Macron qui a peu après condamné "avec la plus grande fermeté" l'offensive azerbaïdjanaise et souhaité sa "cessation immédiate".

Le président du Conseil européen, Charles Michel, qui a effectué une médiation par le passé entre les deux pays, a aussi estimé que l'Azerbaïdjan devait "immédiatement" interrompre ses opérations.

Nikol Pachinian, qui n'a pas fait état de discussions avec Vladimir Poutine, a eu deux entretiens téléphoniques avec MM. Macron et Blinken.


Trump s'envole pour l'Arabie saoudite pour une tournée majeure au Moyen-Orient

 Donald Trump s'est envolé lundi pour l'Arabie saoudite dans le cadre de sa première tournée au Moyen-Orient depuis son retour au pouvoir. (AFP)
Donald Trump s'est envolé lundi pour l'Arabie saoudite dans le cadre de sa première tournée au Moyen-Orient depuis son retour au pouvoir. (AFP)
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  • Dans une concomittance quasi orchestrée, le président américain a décollé à destination de Ryad depuis la base militaire Andrews, dans la banlieue de Washington, à peu près au moment où était annoncée par le Hamas la libération de l'otage Edan Alexander
  • Lors de cette tournée majeure, Donald Trump doit aussi se rendre au Qatar et aux Emirats arabes unis

JOINT BASE ANDREWS: Donald Trump s'est envolé lundi pour l'Arabie saoudite dans le cadre de sa première tournée au Moyen-Orient depuis son retour au pouvoir, qu'il espère riche en contrats économiques mais qui sera également dominée par les conflits et tensions dans une région en pleine effervescence.

Dans une concomitance quasi orchestrée, le président américain a décollé à destination de Ryad depuis la base militaire Andrews, dans la banlieue de Washington, à peu près au moment où était annoncée par le Hamas la libération de l'otage israélo-américain Edan Alexander, retenu dans la bande de Gaza depuis les attaques sanglantes du 7 octobre 2023 en Israël.

Lors de cette tournée majeure, Donald Trump doit aussi se rendre au Qatar et aux Emirats arabes unis.

Mais il pourrait ajouter une étape car il a évoqué lundi la possibilité d'aller en Turquie jeudi pour des discussions entre l'Ukraine et la Russie à Istanbul, qui restent cependant à confirmer.

"Je pense que la réunion de jeudi en Turquie entre la Russie et l'Ukraine pourrait déboucher sur un bon résultat, et je pense que les deux dirigeants devraient être présents", a-t-il dit en référence aux présidents russe Vladimir Poutine et ukrainien Volodymyr Zelensky.

Ce dernier a dit qu'il y sera mais le maître du Kremlin n'a pas pour l'instant répondu.

"Beau geste" du Qatar 

Le voyage de M. Trump dans le Golfe s'annonce intense.

L'ancien promoteur immobilier "espère décrocher des promesses d'investissement", analyse Anna Jacobs, chercheuse à l'Arab Gulf States Institute à Washington, à un moment où sa politique protectionniste déstabilise l'économie américaine et inquiète l'opinion publique.

Ryad, Doha et Abou Dhabi déploieront tout leur faste pour un dirigeant très sensible à la pompe monarchique, en plus d'annoncer d'énormes contrats et commandes, qui pourraient aller de la défense à l'aviation en passant par l'énergie ou l'intelligence artificielle.

Le déplacement est cependant déjà entaché d'une polémique, alors que la famille royale qatarie escompte faire cadeau aux Etats-Unis d'un luxueux Boeing 747-8 Jumbo, estimé à 400 millions de dollars par des experts et que le président américain compte utiliser comme son prochain Air Force One.

"Je pense que c'est un beau geste venant du Qatar. Je suis très reconnaissant", a déclaré Donald Trump. L'opposition démocrate crie, elle, à la "corruption".

L'Arabie saoudite et les Emirats arabes unis ont par ailleurs décidé, avec les autres pays de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole et ses alliés (Opep+), d'augmenter fortement leur offre de pétrole. De quoi mettre Donald Trump, que toute baisse du cours du brut enchante, dans les meilleures dispositions.

Le président américain rencontrera à Ryad les dirigeants des six pays du Conseil de coopération du Golfe (Arabie saoudite, Emirats arabes unis, Bahreïn, Qatar, Koweït et Oman), dont l'influence diplomatique ne cesse de croître, comme en témoigne le rôle de médiation joué par certains d'entre eux dans la guerre en Ukraine ou le conflit à Gaza.

Il sera question des grands sujets régionaux allant des discussions entre les Etats-Unis et l'Iran sur le nucléaire, dont une nouvelle session s'est achevée dimanche à Oman, aux attaques des Houthis du Yémen, avec lesquels Washington vient de conclure un cessez-le-feu. La Syrie et bien sûr Gaza, où les Américains ont annoncé une initiative humanitaire, seront également à l'agenda.

Les spécialistes de la région jugent par contre qu'une normalisation des relations entre l'Arabie saoudite et Israël, projet un temps cher à Donald Trump, n'est plus d'actualité à l'heure où la bande de Gaza, assiégée et pilonnée par les forces israéliennes, vit une catastrophe humanitaire.

Certains experts imaginent plutôt des tractations américano-saoudiennes dans lesquelles Israël serait laissé de côté, par exemple sur le nucléaire civil.

L'une des inconnues du voyage concerne une éventuelle décision du président américain sur la manière dont les Etats-Unis désignent le Golfe.

Des articles de presse lui prêtent l'intention de le nommer "Golfe d'Arabie" ou "Golfe arabique", et non plus "Golfe persique", au risque de braquer les Iraniens.

 


Ukraine: Paris appelle Poutine à rencontrer Zelensky jeudi à Istanbul

 Le ministre français des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot a appelé lundi Vladimir Poutine à rencontrer Volodymyr Zelensky jeudi à Istanbul, où le président russe a appelé à ouvrir des négociations directes entre Kiev et Moscou. (AFP)
Le ministre français des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot a appelé lundi Vladimir Poutine à rencontrer Volodymyr Zelensky jeudi à Istanbul, où le président russe a appelé à ouvrir des négociations directes entre Kiev et Moscou. (AFP)
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  • Le ministre français des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot a appelé lundi Vladimir Poutine à rencontrer Volodymyr Zelensky jeudi à Istanbul, où le président russe a appelé à ouvrir des négociations directes entre Kiev et Moscou
  • "On a assisté ce week-end à Kiev à une démonstration de force et d'unité européenne avec l'appel unanime à un cessez-le-feu de 30 jours sans condition avec le soutien des Etats-Unis", a rappelé le chef de la diplomatie française

PONT-L'EVEQUE: Le ministre français des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot a appelé lundi Vladimir Poutine à rencontrer Volodymyr Zelensky jeudi à Istanbul, où le président russe a appelé à ouvrir des négociations directes entre Kiev et Moscou.

"On a assisté ce week-end à Kiev à une démonstration de force et d'unité européenne avec l'appel unanime à un cessez-le-feu de 30 jours sans condition avec le soutien des Etats-Unis", a rappelé le chef de la diplomatie française lors d'un point presse en marge d'une visite à Pont-L'Evêque (Calvados).

"Volodymyr Zelensky, le président ukrainien, a saisi la balle au bond et il a proposé de se rendre lui-même à Istanbul. C'est désormais ce à quoi nous appelons Vladimir Poutine à consentir également", a-t-il ajouté, alors que se tient à Londres une réunion entre plusieurs ministres des Affaires étrangères de pays européens sur la guerre en Ukraine.

Le ministre français a réaffirmé qu'un cessez-le-feu était un préalable à toute discussion de paix en Ukraine.

"Evidemment il n'y aura de négociation sur une paix juste et durable qu'avec un cessez-le-feu parce qu'on ne peut pas négocier sereinement sous les bombes et sous les attaques de drones", a-t-il insisté.

La Russie a ignoré l'ultimatum des alliés de Kiev en lançant plus d'une centaine de drones dans la nuit de dimanche à lundi sur l'Ukraine, qui attend une réponse du Kremlin à la proposition de Volodymyr Zelensky de rencontrer "en personne" Vladimir Poutine jeudi à Istanbul.

Kiev et ses alliés européens ont réclamé pendant le week-end un cessez-le-feu "complet et inconditionnel" de 30 jours à partir de lundi, condition préalable selon eux pour l'ouverture de discussions de paix directes entre Russes et Ukrainiens en Turquie, comme l'a proposé le président russe Vladimir Poutine.

A ce stade, la Russie n'a répondu ni à l'offre faite dimanche par le président ukrainien Volodymyr Zelensky d'échanger directement "en personne" avec Vladimir Poutine, ni à cet ultimatum d'arrêt des combats pendant un mois, alors que le président américain Donald Trump a exhorté les deux camps à se rencontrer sans délai.


Le pape Léon XIV invite les dirigeants mondiaux à mettre fin à la guerre

Le pape Léon XIV pendant sa première prière du Reginal Caeli depuis la loggia centrale de la basilique Saint-Pierre au Vatican. (Photo par Handout / VATICAN MEDIA / AFP)
Le pape Léon XIV pendant sa première prière du Reginal Caeli depuis la loggia centrale de la basilique Saint-Pierre au Vatican. (Photo par Handout / VATICAN MEDIA / AFP)
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  • Le pape Léon XIV a appelé dimanche  les « grands de ce monde » à mettre fin aux guerres, notamment en Ukraine et à Gaza.
  • « Face au scénario dramatique actuel d'une Troisième Guerre mondiale en morceaux, comme l'a affirmé à plusieurs reprises le pape François, je m'adresse moi aussi aux grands de ce monde en répétant cet appel toujours d'actualité : plus jamais la guerre ! »

CITE DU VATICAN, SAINT-SIEGE : Lors de sa première prière dominicale en tant que souverain pontife devant des dizaines de milliers de personnes, le pape Léon XIV a appelé dimanche  les « grands de ce monde » à mettre fin aux guerres, notamment en Ukraine et à Gaza, dans une allocution.

« Face au scénario dramatique actuel d'une Troisième Guerre mondiale en morceaux, comme l'a affirmé à plusieurs reprises le pape François, je m'adresse moi aussi aux grands de ce monde en répétant cet appel toujours d'actualité : plus jamais la guerre ! », a lancé le souverain pontife.

« Je porte dans mon cœur les souffrances du peuple ukrainien bien-aimé. Tout doit être fait pour parvenir au plus tôt à une paix authentique, juste et durable », a-t-il ajouté, plaidant pour que « tous les prisonniers soient libérés et que les enfants puissent retourner auprès de leurs familles ».

Profondément attristé par ce qui se passe dans la bande de Gaza, le pape a appelé à un cessez-le-feu immédiat, à l'acheminement de l'aide humanitaire à la population civile épuisée et à la libération de tous les otages.

« J'ai accueilli, en revanche, avec satisfaction l'annonce du cessez-le-feu entre l'Inde et le Pakistan, et j'espère qu'à travers les prochains pourparlers, un accord durable pourra être rapidement trouvé », a-t-il ajouté.