Le conflit entre Bakou et Erevan fait irruption à l'ONU

Des manifestants appellent le Premier ministre arménien Nikol Pashinyan à démissionner dans le centre d'Erevan le 19 septembre 2023 (Photo, AFP).
Des manifestants appellent le Premier ministre arménien Nikol Pashinyan à démissionner dans le centre d'Erevan le 19 septembre 2023 (Photo, AFP).
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Publié le Mercredi 20 septembre 2023

Le conflit entre Bakou et Erevan fait irruption à l'ONU

  • L'Arménie et l'Azerbaïdjan se sont livré deux guerres pour la souveraineté de ce territoire montagneux
  • Alliée historique de la France, l'Arménie, sous influence de la Russie, suscitait aussi quelques méfiances

NATIONS UNIES: Les tensions entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan se sont invitées mardi en marge de l'Assemblée générale des Nations Unies, la France réclamant une réunion "d'urgence" du Conseil de sécurité pour prendre acte d'une offensive "illégale" et "injustifiable" menée par Bakou au Nagorny-Karabakh.

L'Arménie et l'Azerbaïdjan se sont livré deux guerres pour la souveraineté de ce territoire montagneux, peuplé majoritairement d'Arméniens mais reconnu internationalement comme faisant partie de l'Azerbaïdjan.

Trois ans après la précédente guerre, l'Azerbaïdjan a lancé mardi une opération militaire dans cette enclave et demandé la reddition de son adversaire arménien.

"Nous demandons une réunion d'urgence compte tenu de la gravité de la responsabilité que vient de prendre l'Azerbaïdjan", a déclaré la ministre française des Affaires étrangères Catherine Colonna, à New York où elle participe à l'Assemblée générale des Nations Unies.

Les combats initiés ont fait au moins 29 morts, selon un bilan provisoire.

«Inacceptable» pour Washington

La réunion d'urgence du Conseil de sécurité pour le Haut Karabakh pourrait avoir lieu "dans les prochains jours", ont indiqué à l'AFP deux sources diplomatiques, évoquant jeudi.

Paris espère obtenir une condamnation aussi unanime que possible.

Cette offensive était redoutée depuis des semaines dans les capitales occidentales qui dénonçaient la persistance du blocus du corridor de Latchine, seule route reliant l'Arménie au Haut Karabakh, malgré la condamnation, en février dernier, de la Cour de justice internationale.

Plus récemment, elles avaient alerté sur "l'accumulation de moyens militaires" à proximité immédiate du Haut Karabakh.

Alors que l'Arménie accuse depuis des mois l'Azerbaïdjan de "provocations" pouvant conduire à une nouvelle guerre, les Européens s'étaient néanmoins montrés réticents à imposer des sanctions, d'autant que Bakou bénéficie du soutien de la Turquie et a passé un accord avec l'Union européenne pour la fourniture de gaz.

Alliée historique de la France, l'Arménie, sous influence de la Russie, suscitait aussi quelques méfiances.

Nagorny Karabakh: Moscou appelle à cesser «l'effusion de sang, les hostilités»

La Russie a appelé mercredi à "cesser immédiatement l'effusion de sang, à mettre un terme aux hostilités et à arrêter les pertes civiles" dans la région contestée du Nagorny Karabakh, où l'Azerbaïdjan a lancé mardi une offensive militaire et demandé la reddition de l'Arménie.

"En relation avec la forte escalade de la confrontation armée au Nagorny Karabakh, nous exhortons les parties prenantes du conflit à cesser immédiatement l'effusion de sang, à mettre un terme aux hostilités et à arrêter les pertes civiles", a écrit dans un communiqué le ministère des Affaires étrangères russe.

 

Erevan avait remporté la première guerre en 1994, Bakou la seconde en 2020 avec un cessez-le-feu sous l'égide de la Russie qui n'a toutefois jamais abouti à un traité de paix.

Jusqu'à lundi, à Washington comme à Paris ou Bruxelles, on gardait l'espoir d'une solution pacifique.

Lundi, les Etats-Unis avaient d'ailleurs salué "un pas en avant important", Bakou ayant autorisé des convois humanitaires via Latchine mais aussi via la route d'Aghdam, une proposition de la diplomatie américaine.

Washington y avait vu un geste de la part de l'Azerbaïdjan.

Les Etats-Unis ont radicalement changé de ton mardi, jugeant "inacceptable" l'offensive de Bakou qui éloigne les perspectives de paix entre les deux pays.

En privé, des responsables américains ne cachaient pas leur frustration, alors que le secrétaire d'Etat Antony Blinken s'est personnellement fortement impliqué sur ce dossier depuis des mois.

Offensive «dangereuse»

Le chef de la diplomatie américaine, qui a été l'hôte de deux réunions de paix ces derniers mois avec ses homologues arménien et azerbaïdjanais, s'est entretenu mardi avec les dirigeants arménien et azerbaïdjanais et devait également avoir des contacts avec Ankara.

"L'incident dans la nuit est particulièrement choquant et particulièrement dangereux" dans une région qui compte la Russie, l'Iran et la Turquie, a indiqué un haut responsable américain sous couvert de l'anonymat.

L'offensive de Bakou semble avoir été préparée mais la France comme les Etats-Unis s'activaient mardi pour tenter de revenir à une voie diplomatique.

Antony Blinken ainsi que le président français Emmanuel Macron se sont entretenus avec le Premier ministre arménien Nikol Pachinian.

Le chef de la diplomatie italienne Antonio Tajani, qui a aussi appelé l'Azerbaïdjan à "cesser immédiatement son action militaire", s'est, lui, entretenu séparément à New York, avec ses homologues azéri Jeyhun Bayramov et arménien Ararat Mirzoyan à qui il a proposé la médiation de Rome.

"J'ai eu plusieurs échanges avec le ministre des Affaires étrangères arménien et nous les poursuivrons à d'autres niveaux et également vis-à-vis de l'Azerbaïdjan", a également fait savoir Catherine Colonna.

Les condamnations de la France sont mal passées auprès de Bakou qui a sans cesse dénoncé l'absence de neutralité de Paris dans ce dossier.

"La politique islamophobe et anti-azerbaïdjanaise de la France, et son ingérence inacceptable dans nos affaires intérieures, montrent que plus la France est loin de la région, mieux (celle-ci) s'en portera", a fustigé le ministère azerbaïdjanais des Affaires étrangères.

La Turquie a, elle, jugé "légitimes" les préoccupations ayant mené à l'opération militaire de l'Azerbaïdjan.


Macron, Starmer et Merz se sont entretenus avec Trump sur l'Ukraine

Le chancelier allemand Friedrich Merz, le Premier ministre britannique Keir Starmer, le président ukrainien Volodymyr Zelensky et le président français Emmanuel Macron s'assoient avant une réunion au 10 Downing Street, dans le centre de Londres, le 8 décembre 2025. (AFP)
Le chancelier allemand Friedrich Merz, le Premier ministre britannique Keir Starmer, le président ukrainien Volodymyr Zelensky et le président français Emmanuel Macron s'assoient avant une réunion au 10 Downing Street, dans le centre de Londres, le 8 décembre 2025. (AFP)
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  • Emmanuel Macron a tenu un appel de 40 minutes avec Donald Trump, Keir Starmer et Friedrich Merz pour discuter des efforts de médiation américains et d’une solution durable au conflit en Ukraine
  • Les dirigeants ont souligné un moment critique pour l’Ukraine et la sécurité euro-atlantique

PARIS: Emmanuel Macron a annoncé mercredi s'être entretenu au téléphone avec le président américain Donald Trump et d'autres dirigeants européens au sujet de l'Ukraine, "pour essayer d'avancer".

L'appel a duré 40 minutes, selon le président français. Le Premier ministre britannique Keir Starmer et le chancelier allemand Friedrich Merz ont pris part aussi à cet entretien, a précisé l'Élysée à l'AFP.

De même source, les dirigeants ont "discuté des derniers développements de la médiation engagée par les Etats-Unis et salué leurs efforts pour parvenir à une paix robuste et durable en Ukraine et mettre fin aux tueries".

"Ce travail intensif se poursuit et va se poursuivre dans les prochains jours", a ajouté l'Élysée. "Ils ont convenu qu'il s'agissait d'un moment critique pour l'Ukraine, pour son peuple et pour la sécurité commune de la région euro-atlantique", a-t-on complété.

Les trois dirigeants européens se sont réunis lundi à Londres avec le président ukrainien Volodymyr Zelensky, pour lui apporter leur soutien appuyé au moment où il est de nouveau sous la pression des États-Unis pour faire des concessions afin de mettre fin à la guerre avec la Russie.

Emmanuel Macron et Keir Starmer doivent aussi présider jeudi une nouvelle réunion, par visioconférence, de la "coalition des volontaires", qui rassemble les soutiens de Kiev disposés à lui apporter des "garanties de sécurité" dans le cadre d'un éventuel futur cessez-le-feu ou accord de paix.


Guerre au Soudan: Washington sanctionne un réseau colombien

Les membres des Forces de soutien rapide célèbrent la prise d'El-Fasher en octobre. Les États-Unis ont sanctionné des individus et des entreprises pour leur implication présumée dans un réseau recrutant d'anciens militaires colombiens afin d'aider le groupe paramilitaire soudanais. (AFP/Fichier)
Les membres des Forces de soutien rapide célèbrent la prise d'El-Fasher en octobre. Les États-Unis ont sanctionné des individus et des entreprises pour leur implication présumée dans un réseau recrutant d'anciens militaires colombiens afin d'aider le groupe paramilitaire soudanais. (AFP/Fichier)
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  • Les États-Unis sanctionnent un réseau majoritairement colombien accusé de recruter d’anciens militaires — y compris des enfants soldats — pour soutenir les Forces de soutien rapide (FSR) au Soudan
  • Washington intensifie ses efforts diplomatiques avec l’Égypte, l’Arabie saoudite et d’autres partenaires pour obtenir une trêve

WASHINGTON: Les Etats-Unis ont annoncé mardi des sanctions à l'encontre d'un réseau principalement colombien, qui recrute des combattants en soutien aux forces paramilitaires au Soudan, tout en poursuivant leurs efforts diplomatiques en vue d'une trêve dans ce pays ravagé par la guerre.

Le chef de la diplomatie américaine Marco Rubio s'est entretenu ce même jour avec ses homologues égyptien Badr Abdelatty et saoudien Fayçal ben Farhane, sur "la nécessité urgente de faire progresser les efforts de paix au Soudan", a indiqué le département d'Etat dans des communiqués.

La guerre au Soudan, qui a éclaté en avril 2023 et oppose les forces paramilitaires à l'armée soudanaise du général Abdel Fattah al-Burhane, a fait des milliers de morts et déplacé des millions de personnes, plongeant le pays dans la "pire crise humanitaire" au monde selon l'ONU.

Washington a récemment durci le ton vis-à-vis des Forces de soutien rapide (FSR), et appelé à l'arrêt des livraisons d'armes et le soutien dont bénéficient les FSR, accusés de génocide au Soudan.

Les efforts diplomatiques en faveur d'une trêve se sont récemment intensifiés, notamment de la part du président Donald Trump qui s'est dit "horrifié" par les violences dans le pays, sans résultat pour le moment.

Concernant le réseau sanctionné, il "recrute d'anciens militaires colombiens et forme des soldats, y compris des enfants, pour combattre au sein du groupe paramilitaire soudanais", selon un communiqué du département du Trésor.

"Les FSR ont montré à maintes reprises qu'elles étaient prêtes à s'en prendre à des civils, y compris des nourrissons et des jeunes enfants", a déclaré John Hurley, sous-secrétaire au Trésor chargé du terrorisme et du renseignement financier, cité dans le communiqué.

Les sanctions américaines visent quatre personnes et quatre entités, dont Alvaro Andres Quijano Becerra, un ressortissant italo-colombien et ancien militaire colombien basé dans les Emirats, qui est accusé de "jouer un rôle central dans le recrutement et le déploiement d'anciens militaires colombiens au Soudan".

Ces sanctions consistent essentiellement en une interdiction d'entrée aux Etats-Unis, le gel des éventuels avoirs et interdit de leur apporter un soutien financier ou matériel.

Selon Washington, depuis septembre 2024, des centaines d'anciens militaires colombiens ont combattu au Soudan aux côtés des FSR.

Ils ont participé à de nombreuses batailles, dont la récente prise d'El-Facher, la dernière grande ville du Darfour (ouest) tombée dans les mains des FSR fin octobre.


Nationalisation du rail: Londres dévoile ses trains aux couleurs de l'Union Jack

Une photographie aérienne montre la gare ferroviaire Temple Mills International, dans l'est de Londres, le 27 octobre 2025. (AFP)
Une photographie aérienne montre la gare ferroviaire Temple Mills International, dans l'est de Londres, le 27 octobre 2025. (AFP)
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  • Le gouvernement travailliste britannique dévoile le nouveau design des trains, aux couleurs de l’Union Jack
  • Après des décennies de privatisation marquées par retards, annulations et scandales, sept opérateurs sont déjà sous contrôle public et Great British Railways deviendra l’entité centrale du système ferroviaire

LONDRES: Le gouvernement travailliste du Royaume-Uni a présenté mardi le nouveau design des trains britanniques, aux couleurs de l'Union Jack, amorçant leur uniformisation dans le cadre de la nationalisation du secteur.

Le logo de la nouvelle entité qui chapeautera les trains britanniques, Great British Railways (GBR), ainsi que les nouvelles couleurs, commenceront à être "déployés au printemps prochain sur les trains" et les sites internet, souligne le ministère des Transports dans un communiqué.

Le projet de loi pour nationaliser le rail, actuellement en débat à la Chambre des Communes, avait été annoncé dès le retour des travaillistes au pouvoir en juillet 2024, après 14 ans de gouvernement conservateur.

"Sept grands opérateurs ferroviaires sont déjà sous contrôle public, couvrant un tiers de l'ensemble des voyages de passagers en Grande-Bretagne", est-il souligné dans le communiqué.

La compagnie ferroviaire South Western Railway, qui opère dans le sud-ouest de l'Angleterre, est devenue en mai dernier la première à repasser dans le giron public. Tous les opérateurs doivent être placés sous contrôle étatique d'ici la fin 2027.

La privatisation du secteur a eu lieu au milieu des années 1990 sous le Premier ministre conservateur John Major, dans la continuité de la politique libérale de Margaret Thatcher dans les années 1980.

Malgré la promesse d’un meilleur service, d’investissements accrus et de moindres dépenses pour l'Etat, le projet était alors très impopulaire, dénoncé par les syndicats, l'opposition, certains conservateurs et une large partie de la population.

Le nombre de passagers s'est accru dans un premier temps, tout comme les investissements.

Mais un déraillement causé par des micro-fissures dans les rails, qui a fait quatre morts en 2000, a profondément choqué l'opinion publique.

Les annulations et les retards sont aussi devenus monnaie courante et les passagers se sont plaints des prix.

Le réseau ferré est déjà redevenu public, géré par la société Network Rail.