Entre Russie et Ukraine occupée, l'effacement d'une frontière

Une femme marche sur une route déserte dans la ville de Chasiv Yar, dans la région du Donbass, le 16 mars 2023, au milieu de l'invasion russe de l'Ukraine. (Photo d'Aris Messinis / AFP)
Une femme marche sur une route déserte dans la ville de Chasiv Yar, dans la région du Donbass, le 16 mars 2023, au milieu de l'invasion russe de l'Ukraine. (Photo d'Aris Messinis / AFP)
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Publié le Mercredi 20 septembre 2023

Entre Russie et Ukraine occupée, l'effacement d'une frontière

  • Le passage facilité vers la Russie est l'un des signes les plus visibles de l'annexion revendiquée par Moscou de quatre territoires ukrainiens en septembre 2022
  • Il illustre la volonté du Kremlin de rapidement intégrer ces territoires, sans retour possible

AVILO-OUSPENKA: Pour quitter l'Ukraine en guerre et se rendre en Russie, Tatiana, une habitante du Donbass, n'a plus qu'à montrer son passeport russe, dire merci et passer tranquillement la frontière.

"C'est devenu plus confortable parce qu'on est devenus Russes", résume cette femme souriante de 37 ans vivant à Gorlivka, une cité ukrainienne contrôlée par Moscou, près du front, et soumise à des bombardements sanglants depuis 2014.

Auparavant, Tatiana devait d'abord franchir les douanes de la république séparatiste autoproclamée de Donetsk, puis les douanes russes avant de pouvoir entrer en Russie.

"On avait deux frontières à passer, cela donnait lieu à de grands et longs embouteillages", se souvient-elle, interviewée par l'AFP près d'un motel russe à la frontière.

Ce jour-là, Tatiana explique qu'elle va dans la ville russe de Taganrog, la patrie de l'écrivain Anton Tchekhov, pour souscrire une assurance maladie.

Le passage facilité vers la Russie est l'un des signes les plus visibles de l'annexion revendiquée par Moscou de quatre territoires ukrainiens en septembre 2022.

Il illustre la volonté du Kremlin de rapidement intégrer ces territoires, sans retour possible, bien que l'écrasante majorité de la communauté internationale, alliés de la Russie compris, ne reconnaisse pas ces annexions, comme celle de la Crimée en 2014.

Dans la même logique, le week-end passé, Moscou a organisé des scrutins locaux dans les zones sous son contrôle, malgré les intenses combats qui s'y poursuivent.

Et le Kremlin a fait distribuer aux civils locaux des centaines de milliers de passeports russes, nécessaires pour se déplacer plus facilement et obtenir des aides sociales.

Chaque jour, des milliers d'entre eux, en provenance de Marioupol, Donetsk, Lougansk et d'autres villes occupées, se rendent en car ou en voiture en Russie.

«Pas encore en Russie»

Mais la frontière entre la guerre et la paix ne disparaît pas aussi facilement.

Sur la route entre Taganrog et le point de passage d'Avilo-Ouspenka, en cette matinée de septembre, circulent des camions militaires marqués des signes tactiques Z ou V.

Dans le ciel, deux hélicoptères d'attaque russes passent à moyenne altitude.

"Plus tu te rapproches (de la Russie), plus tu te sens en sécurité", estime Tatiana, soulignant que la vie est dangereuse dans sa "ville-ligne de front", selon son expression, de Gorlivka.

A la frontière physique, des difficultés persistent pour les chauffeurs de poids lourds, toujours soumis à des contrôles minutieux de la douane russe.

"Les règles pour le passage des voitures diffèrent beaucoup de celles pour les marchandises", explique à l'AFP Vlad, un routier de 26 ans qui passe de longues heures dans son camion à chaque transit.

Pour les civils qui préfèrent le train, il n'y en a qu'un par jour entre la gare d'Avilo-Ouspenka, en Russie, et la ville de Makiïvka, en Ukraine sous contrôle russe.

Natalia, 69 ans, une employée du service postal à la retraite, attend ce train pour retourner à Amvrossiïvka, dans le Donbass.

"On aimerait évidemment plus de moyens de transport", dit lentement cette babouchka au regard malheureux, qui rentre d'une visite chez des proches à Taganrog.

"On n'est pas encore tout à fait en Russie mais on va espérer", soupire-t-elle, émue dès qu'elle évoque les combats qui ravagent sa région depuis neuf ans.

La zone de "l'opération militaire spéciale", un euphémisme auquel recourt Moscou pour désigner son attaque en Ukraine, reste strictement cloisonnée pour d'autres.

Un chauffeur de taxi du coin raconte, sous couvert d'anonymat, que deux de ses passagers ont récemment été arrêtés par la douane russe au moment où ils quittaient la région ukrainienne de Lougansk.

L'homme interpellé a été accusé d'avoir déserté son unité militaire et la femme qui l'accompagnait, sa mère, d'avoir voulu aider son fils à rentrer chez lui.


Cinquante-quatre journalistes tués en 2024, dont un tiers par Israël, selon RSF

Des journalistes mexicains et des étudiants en journalisme participent à une manifestation de solidarité et de protestation pour les collègues détenus, disparus et tués à Gaza lors de la 38e édition de la Foire internationale du livre à Guadalajara, au Mexique, le 5 décembre 2024. (AFP)
Des journalistes mexicains et des étudiants en journalisme participent à une manifestation de solidarité et de protestation pour les collègues détenus, disparus et tués à Gaza lors de la 38e édition de la Foire internationale du livre à Guadalajara, au Mexique, le 5 décembre 2024. (AFP)
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  • Cinquante-quatre journalistes ont été tués dans l'exercice ou en raison de leur métier à travers le monde en 2024, dont un tiers par l'armée israélienne, essentiellement à Gaza
  • Selon l'ONG de défense de la presse, "les forces armées israéliennes sont responsables de la mort" de dix-huit journalistes cette année, seize à Gaza et deux au Liban

PARIS: Cinquante-quatre journalistes ont été tués dans l'exercice ou en raison de leur métier à travers le monde en 2024, dont un tiers par l'armée israélienne, essentiellement à Gaza, selon le bilan annuel de Reporters sans frontières (RSF) publié jeudi.

Selon l'ONG de défense de la presse, "les forces armées israéliennes sont responsables de la mort" de dix-huit journalistes cette année, seize à Gaza et deux au Liban.

"La Palestine est le pays le plus dangereux pour les journalistes, enregistrant un bilan de morts plus élevé que tout autre pays depuis 5 ans", assure RSF dans son rapport annuel, dont le décompte est arrêté au 1er décembre.

L'organisation a déposé quatre plaintes auprès de la Cour pénale internationale (CPI) pour "crimes de guerre commis contre les journalistes par l'armée israélienne".

Au total, "plus de 145 journalistes" ont été tués par l'armée israélienne depuis octobre 2023 à Gaza, dont "au moins 35 dans l'exercice de leurs fonctions", selon l'ONG, qui déplore "une hécatombe sans précédent".

Dans un autre décompte publié mardi, la Fédération internationale des journalistes (FIJ) faisait état de 104 journalistes tués dans le monde en 2024 dont plus de la moitié à Gaza.

Les chiffres diffèrent entre la FIJ et RSF en raison d'un désaccord sur le mode de calcul.

RSF ne recense que les journalistes dont elle a établi "de façon avérée qu'ils ont été tués en raison de leur activité".

Derrière les seize morts à Gaza, les endroits où le plus de journalistes ont été tués en 2024 sont le Pakistan (7), le Bangladesh et le Mexique (5 chacun).

En 2023, le nombre de journalistes tués dans le monde s'élevait à quarante-cinq au 1er décembre (et cinquante-cinq selon le bilan définitif sur l'ensemble de l'année).

Outre les journalistes tués, RSF recense aussi ceux qui sont emprisonnés. Ils étaient 550 dans le monde au 1er décembre (contre 513 l'an dernier). Les trois premiers pays qui en emprisonnent le plus sont la Chine (124 dont 11 à Hong Kong), la Birmanie (61) et Israël (41).

En outre, cinquante-cinq journalistes sont actuellement retenus en otage, dont deux ont été enlevés en 2024. Près de la moitié (25) sont aux mains du groupe État islamique.

Enfin, quatre-vingt-quinze journalistes sont portés disparus, dont quatre nouveaux en 2024.


Peu avant son départ pour le Moyen-Orient, les républicains du Congrès fustigent Blinken

 Le secrétaire d'État américain Antony Blinken comparaît devant la commission des affaires étrangères de la Chambre des représentants, dans le Rayburn House Office Building, le 11 décembre 2024 à Washington, DC. (Getty Images via AFP)
Le secrétaire d'État américain Antony Blinken comparaît devant la commission des affaires étrangères de la Chambre des représentants, dans le Rayburn House Office Building, le 11 décembre 2024 à Washington, DC. (Getty Images via AFP)
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  • Antony Blinken, au sujet du retrait chaotique des États-Unis d'Afghanistan, que le président élu Donald Trump a dénoncé avec force.
  • Une élue démocrate, Kathy Manning, a suggéré que « ce serait une bien meilleure utilisation de notre temps de parler de la Syrie aujourd'hui » plutôt que des événements survenus il y a trois ans.

WASHINGTON : En pleine effervescence en Syrie, les républicains du Congrès ont interrogé mercredi le chef de la diplomatie américaine, Antony Blinken, au sujet du retrait chaotique des États-Unis d'Afghanistan, que le président élu Donald Trump a dénoncé avec force.

Le secrétaire d'État a été auditionné par la commission des affaires étrangères de la Chambre des représentants, contrôlée par les républicains, mettant fin à une longue querelle entre les républicains et le département d'État concernant le témoignage du plus haut diplomate américain, accusé d'ignorer les nombreuses convocations de la commission.

Les républicains, Donald Trump en tête, dénoncent régulièrement le retrait chaotique des Américains d'Afghanistan en août 2021, ensanglanté notamment par un attentat-suicide à l'aéroport de Kaboul ayant tué 13 soldats américains.

L'audition, qui a été brièvement interrompue par des manifestants contre la guerre dans la bande de Gaza, intervient alors que M. Blinken se rend dans la journée en Jordanie pour évoquer les développements en Syrie après la chute de Bachar el-Assad.

Une élue démocrate, Kathy Manning, a suggéré que « ce serait une bien meilleure utilisation de notre temps de parler de la Syrie aujourd'hui » plutôt que des événements survenus il y a trois ans.

De son côté, le président républicain de la commission, Michael McCaul, a fustigé M. Blinken, le sommant de prendre « la responsabilité de ce retrait désastreux » d'Afghanistan.

« Cet événement catastrophique a marqué le début du fiasco d'une politique étrangère qui a mis le feu au monde », a-t-il dénoncé.

S'adressant à des proches de victimes de l'attentat présents dans la salle, M. Blinken a déclaré « regretter profondément que nous n'ayons pas fait plus pour les protéger », tout en rappelant que la décision de retrait remontait à l'ancien président Donald Trump.

En février 2020, au Qatar, les États-Unis ont signé l'accord de Doha qui a ouvert la voie au retrait des troupes américaines d'Afghanistan et au retour, dans la foulée, des talibans au pouvoir, cette fois sous le mandat du démocrate Joe Biden.

« Dans la mesure où le président Biden a été confronté à un choix, il s'agissait de mettre fin à la guerre ou de l'intensifier », a répliqué M. Blinken, alors qu'un élu républicain accusait l'administration Biden d'avoir du « sang sur les mains ».

Le président de la commission a annoncé lors de l'audition que le conseiller à la sécurité nationale de la Maison Blanche, Jake Sullivan, serait également auditionné le 17 décembre à ce sujet, qui a été largement politisé dans le contexte de l'élection présidentielle remportée par Donald Trump face à la vice-présidente Kamala Harris.


Trump nomme un spécialiste de la Big Tech à l'autorité de la concurrence

Le président élu des États-Unis, Donald Trump, assiste à une réunion avec le président français au palais de l'Élysée à Paris, le 7 décembre 2024. (AFP)
Le président élu des États-Unis, Donald Trump, assiste à une réunion avec le président français au palais de l'Élysée à Paris, le 7 décembre 2024. (AFP)
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  • Donald Trump a annoncé mardi qu'il nommait un spécialiste des grandes entreprises de la tech, Andrew Ferguson, à la Federal Trade Commission (FTC)
  • Le ministère de la Justice et l'Autorité américaine de la concurrence (FTC) pilotent ensemble cinq dossiers judiciaires contre des grandes firmes technologiques, dont Amazon, Apple et Meta

WASHINGTON: Donald Trump a annoncé mardi qu'il nommait un spécialiste des grandes entreprises de la tech, Andrew Ferguson, à la Federal Trade Commission (FTC), l'autorité américaine de la concurrence.

"J'ai le plaisir de nommer Andrew Ferguson à la tête de la FTC. Andrew a fait ses preuves en s'opposant à la censure des Big Tech (les grandes sociétés du secteur des technologies, ndlr) et en protégeant la liberté d'expression dans notre grand pays", écrit le président élu américain sur sa plateforme Truth Social.

Membre du parti républicain, Ferguson fait déjà partie de la FTC, depuis 2023.

Il "sera le président de la FTC le plus favorable à l'Amérique et à l'innovation de toute l'histoire de notre pays", assure aussi M. Trump, ajoutant qu'"avant de travailler pour le gouvernement, il était avocat spécialisé dans les litiges antitrust au sein de plusieurs cabinets d'avocats de Washington".

Début décembre, Donald Trump avait annoncé qu'il nommait Gail Slater comme responsable du département antitrust du ministère de la Justice, un choix laissant entendre que sa future administration allait surveiller de près les Big Tech.

"Les Big Tech ont fait ce qu'ils ont voulu pendant des années, étouffant la concurrence dans notre secteur le plus innovant", avait alors dit le président élu.

Le ministère de la Justice et l'Autorité américaine de la concurrence (FTC) pilotent ensemble cinq dossiers judiciaires contre des grandes firmes technologiques, dont Amazon, Apple et Meta.

Ils ont d'ailleurs récemment remporté une victoire judiciaire contre Google et veulent maintenant forcer le géant de l'internet à se séparer de son navigateur Chrome.

Donald Trump a aussi nommé mardi Jacob Helberg comme son prochain sous-secrétaire d'État à la croissance économique, à l'énergie et à l'environnement.

Il "sera le champion de notre politique étrangère +America First+" et "guidera la politique du département d'État en matière de diplomatie économique (...) et de domination technologique américaine à l'étranger", a dit M. Trump, qui prendra ses fonctions le 20 janvier

Jacob Helberg "possède les connaissances, l'expertise et le pragmatisme nécessaires pour défendre les intérêts économiques des États-Unis à l'étranger", a-t-il ajouté.