Bruxelles et Berlin veulent que Varsovie s'explique sur des soupçons de trafic de visas

La ministre allemande de l'Intérieur, Nancy Faeser, a eu un entretien téléphonique avec son homologue polonais et l'ambassadeur de Pologne en Allemagne a été convoqué mardi au ministère. (Photo, John MACDOUGALL / AFP)
La ministre allemande de l'Intérieur, Nancy Faeser, a eu un entretien téléphonique avec son homologue polonais et l'ambassadeur de Pologne en Allemagne a été convoqué mardi au ministère. (Photo, John MACDOUGALL / AFP)
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Publié le Jeudi 21 septembre 2023

Bruxelles et Berlin veulent que Varsovie s'explique sur des soupçons de trafic de visas

  • Le gouvernement polonais se trouve dans la tourmente après des révélations sur l'octroi de visas à des ressortissants étrangers facilité par des dessous-de-table
  • Selon les populistes nationalistes, seuls «quelques centaines de visas» seraient concernés. L'opposition a avancé le chiffre de 250 000

BERLIN: La Commission européenne et l'Allemagne ont exigé mercredi de Varsovie des éclaircissements sur l'ampleur d'une présumée fraude aux visas qui trouble la campagne électorale en Pologne et touche aux règles d'entrée sur le territoire européen.

A moins d'un mois des élections législatives du 15 octobre, le gouvernement polonais se trouve dans la tourmente après des révélations sur l'octroi de visas à des ressortissants étrangers facilité par des dessous-de-table. Plusieurs personnes ont été inculpées.

L'opposition accuse le gouvernement du parti Droit et Justice (PiS) d'avoir fait entrer des "centaines de milliers de migrants" d'Afrique et du Moyen Orient dans l'espace Schengen européen de libre-circulation.

Au moment où la question migratoire revient tirailler les relations entre les Vingt-Sept, Bruxelles et Berlin veulent que Varsovie s'explique sur ces allégations.

La Pologne dément pour sa part tout système de fraude massif.

Les soupçons sont "sérieux", a indiqué à l'AFP une source gouvernementale allemande.

La ministre allemande de l'Intérieur, Nancy Faeser, a eu un entretien téléphonique avec son homologue polonais et l'ambassadeur de Pologne en Allemagne a été convoqué mardi au ministère.

"Il a été clairement indiqué que le gouvernement fédéral attendait du gouvernement polonais qu'il clarifie rapidement et complètement les allégations", a ajouté cette source.

Les demandes de Berlin portent notamment "sur la date et le nombre de visas délivrés ainsi que sur les nationalités des bénéficiaires".

«Absurde»

La Commission européenne a également annoncé mercredi avoir demandé des "clarifications" à la Pologne sur des allégations "préoccupantes".

La commissaire européenne aux Affaires intérieures Ylva Johansson a demandé à Varsovie une réponse avant le 3 octobre.

Le gouvernement polonais a qualifié de "foutaises" les accusations décrivant un système de fraude généralisée.

"La presse allemande s'est accrochée au récit complètement absurde de l'opposition concernant l'ampleur de ce à quoi nous étions confrontés", a déploré mercredi le ministre polonais de l'Intérieur Mariusz Kaminski, à Radio Zet.

Il a reproché à l'opposition d'exploiter cette affaire dans le cadre de la campagne pour les législatives.

Depuis les révélations de la presse, les populistes nationalistes au pouvoir s'efforcent d'en minimiser la portée. Selon eux, seuls "quelques centaines de visas" seraient concernés. L'opposition a avancé le chiffre de 250 000.

L'ancien Premier ministre et chef de file de l'opposition Donald Tusk a lui évoqué le "plus grand scandale en Pologne au XXIe siècle".

Un vice-ministre des Affaires étrangères, Piotr Wawrzyk, qui serait selon les médias au cœur de cette affaire, a été démis de son poste fin août. Officiellement en raison d'une "absence de coopération suffisante".

Mais selon le portail d'information Onet.pl, il a été congédié pour avoir "aidé à créer une filière d'immigration clandestine depuis l'Asie et l'Afrique" via des consulats polonais ainsi que des sociétés extérieures rémunérées.

Les journalistes affirment notamment que le vice-ministre et ses collaborateurs envoyaient des listes de centaines de noms de personnes auxquelles les consulats devaient rapidement délivrer les visas, souvent sans vérification.

Référendum

Le ministère polonais des Affaires étrangères avait reconnu la semaine dernière des "irrégularités". Le parquet polonais a ouvert une enquête pour "trafic d'influence".

L'affaire est particulièrement embarrassante pour le parti Droit et Justice (PiS) qui use depuis des années d'une rhétorique hostile à l'immigration.

La Pologne a achevé l'an dernier la construction d'un mur en acier le long de sa frontière avec le Bélarus, destiné à dissuader les migrants, et y a déployé des milliers de soldats.

La question migratoire est au coeur de la campagne électorale et l'exécutif organise aussi, le jour des élections législatives, un référendum portant, entre autres, sur ce sujet.

Avant que le scandale n'éclate, l'Allemagne avait déjà renforcé les contrôles à sa frontière avec la Pologne en raison d'une hausse des demandes d'asile depuis le début de l'année.

Les pays méditerranéens, comme l'Italie et la Grèce, sont aussi confrontés à une hausse des flux migratoires, illustrée ces derniers jours par l'arrivée de milliers de personnes sur la petite île italienne de Lampedusa, relançant le débat sur le partage des responsabilités au sein de l'Union européenne concernant les demandeurs d'asile.


Le pape François hospitalisé à Rome pour une bronchite

Problèmes de hanche, douleurs au genou, opérations, infections respiratoires: le pape François, qui a eu 88 ans mi-décembre, a affiché ces dernières années une santé déclinante et subi plusieurs alertes, qui ne l'ont pas empêché de maintenir un agenda chargé au Vatican. (AFP)
Problèmes de hanche, douleurs au genou, opérations, infections respiratoires: le pape François, qui a eu 88 ans mi-décembre, a affiché ces dernières années une santé déclinante et subi plusieurs alertes, qui ne l'ont pas empêché de maintenir un agenda chargé au Vatican. (AFP)
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  • Le pape, qui souffre de cette bronchite depuis la semaine dernière, avait dû renoncer mercredi à lire sa catéchèse lors de son audience générale hebdomadaire en raison de ses difficultés respiratoires
  • "Je me permets maintenant de demander au prêtre de lire. Moi avec ma bronchite je ne peux pas", avait-il déclaré le pape après avoir lu quelques lignes

CITE DU VATICAN: Le pape François, qui a accumulé les problèmes de santé ces dernières années, a été hospitalisé vendredi dans un hôpital de Rome pour soigner une bronchite provoquant de fortes difficultés respiratoires.

A l'issue de ses audiences matinales, au cours desquelles il a notamment reçu le Premier ministre slovaque Robert Fico, le pontife argentin de 88 ans s'est rendu à l'hôpital Gemelli, annoncé le Vatican dans un bref communiqué.

L'établissement dispose d'un étage spécialement aménagé, avec notamment une chapelle, pour recevoir le pape.

Le pape, qui souffre de cette bronchite depuis la semaine dernière, avait dû renoncer mercredi à lire sa catéchèse lors de son audience générale hebdomadaire en raison de ses difficultés respiratoires.

"Je me permets maintenant de demander au prêtre de lire. Moi avec ma bronchite je ne peux pas", avait-il déclaré le pape après avoir lu quelques lignes.

Il y a une semaine, le pape avait déjà demandé au cours de l'audience générale à un assistant de lire la catéchèse, disant qu'il avait un "méchant rhume" qui lui donnait "des difficultés" à parler.

Le lendemain, le Vatican avait annoncé que François, élu en 2013, tiendrait à son domicile les audiences prévues lors des deux journées suivantes en raison de sa bronchite.

Problèmes de hanche, douleurs au genou, opérations, infections respiratoires: le pape François, qui a eu 88 ans mi-décembre, a affiché ces dernières années une santé déclinante et subi plusieurs alertes, qui ne l'ont pas empêché de maintenir un agenda chargé au Vatican.

Le chef de l'Eglise catholique se déplace depuis 2022 en fauteuil roulant en raison de douleurs persistantes au genou, et doit s'appuyer sur une canne lors des rares moments où il est debout.

Ces derniers mois, il a été contraint à plusieurs reprises de déléguer la lecture de ses discours voire d'annuler sa participation à des évènements pour raisons de santé.

En décembre 2023, François, qui a subi une ablation partielle d'un poumon dans sa jeunesse, avait ainsi dû annuler à cause d'une bronchite une visite à Dubaï pour participer à la COP28 de l'ONU sur le climat.

Fin mars, le jésuite argentin avait dû annuler à la dernière minute sa participation au Chemin de Croix au Colisée de Rome, avant de présider les célébrations de Pâques deux jours plus tard.

En juin 2023, Jorge Bergoglio avait été hospitalisé pendant 10 jours à l'hôpital Gemelli de Rome après une opération d'une hernie abdominale sous anesthésie générale.

Il y avait également été hospitalisé en mars 2023 pendant trois jours pour une bronchite et une dizaine de jours en juillet 2021 après une opération du côlon.

Malgré ces alertes médicales à répétition, François conserve un emploi du temps chargé, avec parfois une dizaine de rendez-vous dans la même matinée.

Il continue aussi de voyager et a même effectué en septembre le plus long voyage de son pontificat, un périple de 12 jours aux confins de l'Asie du sud-est et de l'Océanie.


L'UE réagira «immédiatement» à des droits de douane «injustifiés»

L'Union européenne réagira "fermement et immédiatement" à des droits de douane "injustifiés", a affirmé vendredi la Commission européenne en réponse aux annonces du président américain Donald Trump. (AFP)
L'Union européenne réagira "fermement et immédiatement" à des droits de douane "injustifiés", a affirmé vendredi la Commission européenne en réponse aux annonces du président américain Donald Trump. (AFP)
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  • Le locataire de la Maison Blanche a promis jeudi d'imposer des "droits de douane réciproques" pour rétablir l'"équité" dans les relations commerciales entre les Etats-Unis et le reste du monde
  • "S'ils nous imposent un droit de douane ou une taxe, on leur impose exactement le même niveau de droit de douane ou de taxe, c'est aussi simple que ça", a déclaré Donald Trump depuis la Maison Blanche

BRUXELLES: L'Union européenne réagira "fermement et immédiatement" à des droits de douane "injustifiés", a affirmé vendredi la Commission européenne en réponse aux annonces du président américain Donald Trump.

"La Commission européenne voit la politique de droits de douane +réciproques+ proposée par le président Trump comme un pas dans la mauvaise direction", a-t-elle estimé dans un communiqué.

Le locataire de la Maison Blanche a promis jeudi d'imposer des "droits de douane réciproques" pour rétablir l'"équité" dans les relations commerciales entre les Etats-Unis et le reste du monde.

"S'ils nous imposent un droit de douane ou une taxe, on leur impose exactement le même niveau de droit de douane ou de taxe, c'est aussi simple que ça", a déclaré Donald Trump depuis la Maison Blanche.

Mais, pour la Commission européenne, ces "taxes" n'ont "pas de justification" alors que l'UE a les droits de douane "parmi les plus bas du monde".

En imposant ces droits, les Etats-Unis "taxent leurs propres citoyens, augmentent les coûts pour leurs entreprises, freinent la croissance et alimentent l'inflation", juge-t-elle.

La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen avait déjà promis mardi une réponse "ferme" à des droits de douane, annoncés sur l'acier et l'aluminium, par le président américain.

"Les droits de douane injustifiés imposés à l'UE ne resteront pas sans réponse: ils donneront lieu à des contre-mesures fermes et proportionnées", a-t-elle assuré.


Trump et Modi affichent leur proximité et annoncent des négociations commerciales

Le président américain a déjà annoncé que les Etats-Unis allaient augmenter leurs ventes militaires à l'Inde "à partir de cette année", et que Washington allait "ouvrir la voie" à la vente d'avions de combat F35, bijoux onéreux de la technologie américaine de défense. (AFP)
Le président américain a déjà annoncé que les Etats-Unis allaient augmenter leurs ventes militaires à l'Inde "à partir de cette année", et que Washington allait "ouvrir la voie" à la vente d'avions de combat F35, bijoux onéreux de la technologie américaine de défense. (AFP)
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  • Au moment d'entamer sa réunion avec Narendra Modi dans le Bureau ovale, en présence entre autres du désormais incontournable Elon Musk, Donald Trump avait aussi évoqué des achats de pétrole et de gaz américain
  • Narendra Modi avait lui affirmé ressentir "le même attachement, la même confiance et le même enthousiasme" que lors du premier mandat de Donald Trump, marqué par une relation particulièrement amicale entre les deux dirigeants

WASHINGTON: Comme s'ils ne s'étaient jamais quittés: Donald Trump et  Narendra Modi ont affiché leur proximité jeudi à la Maison Blanche, dans la continuité du premier mandat du président américain, au moment où le Premier ministre indien tente d'échapper aux foudres commerciales de Washington.

Les deux dirigeants sont convenus de démarrer des négociations sur le déséquilibre commercial entre leurs deux pays, a assuré Donald Trump lors d'une conférence de presse conjointe. Evoquant un déficit commercial des Etats-Unis avec l'Inde de "presque 100 milliards de dollars", il a dit vouloir "remédier à cette disparité de longue date".

Le président américain a déjà annoncé que les Etats-Unis allaient augmenter leurs ventes militaires à l'Inde "à partir de cette année", et que Washington allait "ouvrir la voie" à la vente d'avions de combat F35, bijoux onéreux de la technologie américaine de défense.

Le Premier ministre indien a assuré de son côté que les deux pays allaient "travailler pour conclure très bientôt un accord commercial mutuellement bénéfique".

Le Pakistan, ennemi historique de l'Inde, alors que les voisins se sont livrés depuis leur partition en 1947 trois guerres et se disputent encore le Cachemire s'est dit "très préoccupé par le projet de transfert de technologies militaires à l'Inde".

"Ces mesures accentuent les déséquilibres militaires dans la région (...) et compromettent les efforts pour obtenir une paix durable", a réagi vendredi le ministère pakistanais des Affaires étrangères.

Au moment d'entamer sa réunion avec Narendra Modi dans le Bureau ovale, en présence entre autres du désormais incontournable Elon Musk, Donald Trump avait aussi évoqué des achats de pétrole et de gaz américain.

Narendra Modi avait lui affirmé ressentir "le même attachement, la même confiance et le même enthousiasme" que lors du premier mandat de Donald Trump, marqué par une relation particulièrement amicale entre les deux dirigeants.

"Traditionnellement, l'Inde est le pays qui a les plus hauts droits de douane", avait toutefois déploré le milliardaire républicain.

Musk, Modi et les enfants 

Donald Trump a dévoilé jeudi un plan visant à mettre en place des droits de douane "réciproques" et imposer aux produits qui arrivent aux Etats-Unis le même niveau de taxes que ce que le pays d'origine fait peser sur les produits américains.

Avec Narendra Modi à ses côtés, il a ensuite expliqué que New Delhi n'en serait pas exempt: "Ce que l'Inde nous fait payer, on lui fait payer aussi!".

Le Premier ministre indien s'est aussi entretenu avec le milliardaire des technologies Elon Musk, dont les efforts agressifs en tant que bras droit de Donald Trump pour remanier la bureaucratie fédérale ont suscité de vives critiques.

Le président américain, interrogé sur le sujet, n'a pas dit si l'homme le plus riche du monde avait rencontré Narendra Modi en tant que représentant du gouvernement américain ou à titre privé en tant qu'entrepreneur, à l'heure où les activités d'Elon Musk éveillent des soupçons de conflit d'intérêt.

"Ma rencontre avec Elon Musk à Washington a été excellente", a écrit jeudi le Premier ministre indien dans un post sur X, assorti de photos de la réunion.

Sur l'un des clichés, les deux hommes se serrent la main devant des drapeaux américain et indien, dans un geste qui évoque une rencontre diplomatique officielle.

Sur une autre photographie, l'on voit Narendra Modi et Elon Musk, avec d'un côté la délégation indienne, et face à elle trois jeunes enfants assis sur des chaises, dont le petit "X", le fils du multimilliardaire.

Gages de bonne volonté 

Les Etats-Unis ont accusé en 2024 un déficit de 45,6 milliards de dollars dans les échanges de biens avec l'Inde, en hausse par rapport à 2023, selon le gouvernement américain.

Autre source potentielle de tensions bilatérales: l'immigration. Mais l'Inde a déjà donné des gages de bonne volonté.

New Delhi a par exemple accepté le rapatriement de migrants expulsés par les Etats-Unis.

Lors de la conférence de presse, Narendra Modi s'est engagé à continuer. "Nous sommes totalement prêts à les reprendre en Inde", a-t-il affirmé en parlant des ressortissants de son pays se trouvant "illégalement" aux Etats-Unis.

Le même jour, Donald Trump a annoncé que les Etats-Unis extraderaient vers l'Inde l'une des personnes condamnées pour les attaques sanglantes de Bombay de novembre 2008.

L'extradition de Tahawwur Rana, un homme d'affaires canadien d'origine pakistanaise, était attendue après qu'il a perdu un recours devant la Cour suprême américaine.

A grand renfort d'accolades, d'effusions et de compliments publics, Narendra Modi et Donald Trump ont mis en scène leur complicité pendant le premier mandat du milliardaire américain, de 2017 à 2021.

Le dirigeant indien avait en particulier accueilli un Donald Trump pour une visite d'Etat en 2020, durant laquelle il avait participé à un grand rassemblement dans le Gujarat, l'Etat natal de Narendra Modi.