Un an après, le sabotage des gazoducs Nord Stream reste une énigme

Cette photo diffusée le 30 septembre 2022 par le commandement de la défense danoise et prise le 29 septembre 2022 montre l'une des quatre fuites de gaz sur l'un des gazoducs Nord Stream endommagés dans la mer Baltique. (Photo fournie / Danish Defence AFP)
Cette photo diffusée le 30 septembre 2022 par le commandement de la défense danoise et prise le 29 septembre 2022 montre l'une des quatre fuites de gaz sur l'un des gazoducs Nord Stream endommagés dans la mer Baltique. (Photo fournie / Danish Defence AFP)
Short Url
Publié le Samedi 23 septembre 2023

Un an après, le sabotage des gazoducs Nord Stream reste une énigme

  • Les fuites étaient toutes dans les eaux internationales, au large de l'île danoise de Bornholm et des côtes du sud de la Suède
  • La «principale hypothèse est qu'un État est derrière» le sabotage, a affirmé en avril le procureur suédois Mats Ljungqvist, ajoutant que ses auteurs savaient «très bien qu'ils laisseraient des traces»

BERLIN, Allemagne : Événement géopolitique majeur, le sabotage des gazoducs Nord Stream, il y a an, reste une énigme. Plusieurs enquêtes tentent de reconstituer le puzzle de ce polar en mer Baltique, dans un contexte hautement sensible en raison de la guerre en Ukraine.

- Des milliards sous la mer

Lorsque le 26 septembre 2022 quatre énormes fuites de gaz précédées d'explosions sous-marines se produisent à quelques heures d'intervalle sur Nord Stream 1 et 2, conduites reliant la Russie à l'Allemagne et acheminant l'essentiel du gaz russe vers l'Europe, c'est la stupéfaction.

A cette époque, Moscou a cessé de livrer du gaz via Nord Stream 1, sur fond de bras de fer énergétique avec les pays européens qui soutiennent l'Ukraine.

Quand au gazoduc jumeau Nord Stream 2, pomme de discorde entre Berlin et Washington depuis de nombreuses années, sa construction s'est achevée fin 2021. Il n'est jamais entré en service.

Une infrastructure valant des milliards d'euros gît au fond de la mer. Les fuites étaient toutes dans les eaux internationales, au large de l'île danoise de Bornholm et des côtes du sud de la Suède.

- Des enquêteurs très discrets

Aucune des trois enquêtes judiciaires lancées séparément par l'Allemagne, la Suède et le Danemark n'a encore abouti.

La «principale hypothèse est qu'un État est derrière» le sabotage, a affirmé en avril le procureur suédois Mats Ljungqvist, ajoutant que ses auteurs savaient «très bien qu'ils laisseraient des traces».

A l'AFP, le parquet général allemand assure qu'il «n'est actuellement pas possible de faire des déclarations fiables» sur l'identité et les motivations des auteurs, ni «sur la question d'un soutien étatique».

«Soit il n'y a vraiment pas de piste assez bonne, soit c'est politiquement sensible», commente Christian Mölling, un expert du Conseil allemand des relations extérieures (DGPA).

Mercredi, le procureur suédois Mats Ljungqvist, interrogé par l'AFP, s'est toutefois situé «dans la phase finale de l'enquête», espérant pouvoir rendre une «décision» d'ici 2024.

- Un feuilleton médiatique

Des expéditions de reconstitution, certaines avec des drones sous-marins, des experts, d'anciens agents secrets et des pistes qui mènent de Varsovie à la Crimée en passant par la Moldavie : des médias d'investigation tentent d'élucider les ressorts d'une opération techniquement ultra complexe.

Début mars, le New York Times a affirmé, sur la base d'informations consultées par le renseignement américain, qu'un «groupe pro-ukrainien» serait à l'origine du sabotage, mais sans implication du président ukrainien Volodymyr Zelensky.

Au même moment, le parquet allemand avait annoncé enquêter sur un bateau soupçonné d'avoir acheminé les explosifs.

Suivant cette piste, les médias allemands Spiegel et ZDF sont allés jusqu'à louer ce voilier de 15 mètres de long, l'«Andromède», pour reconstituer le périple qu'un équipage ukrainien constitué de cinq hommes et une femme, selon eux, aurait effectué du port allemand de Rostock jusqu'au large de l'île danoise de Bornholm.

Cité par le Spiegel, un ancien officier de renseignement de la marine britannique soupçonne lui un navire scientifique russe, le Sibiriakov, tandis que le quotidien danois Information a montré du doigt le SS-750, autre navire russe spécialisé dans les opérations sous-marines et présent dans la zone peu avant les explosions.

- Les spéculations continuent

Tant l'Ukraine que la Russie ou les Etats-Unis ont vigoureusement démenti toute implication.

En juin, plusieurs médias ont affirmé que les services de renseignements militaires néerlandais avaient averti la CIA d'un projet ukrainien de faire sauter le gazoduc.

Les fuites provenant des services secrets «ne sont qu'une pièce du puzzle», tempère Christian Mölling. «Il y a aussi des personnes vivant en Ukraine qui pourraient travailler pour les services secrets russes».

Une implication de l'Ukraine serait très délicate à gérer pour les alliés occidentaux de Kiev.

Pour Andreas Umland, analyste au centre d'études sur l'Europe de l'Est de Stockholm, un scénario impliquant la Russie est «le plus probable».

Comme Moscou avait coupé les flux vers l'Europe en représailles présumées des sanctions occidentales, un sabotage a pu permettre de «faire d'une pierre deux coups», estime M. Umland.

D'une part débarrasser Gazprom, actionnaire majoritaire des gazoducs, des demandes de dédommagement de ses clients en invoquant un cas de «force majeure». D'autre part, poursuit l'expert, faire porter le soupçon sur Kiev et «détruire la réputation de l'Ukraine».

Fortement dépendant du gaz russe avant le conflit, Berlin a dû le remplacer au pas de course par d'autres fournisseurs, au prix d'une envolée des coûts de l'énergie dans la première économie européenne.


L'UE promet 88 millions d'euros en faveur de l'Autorité palestinienne

Short Url
  • "Nous avons signé plus de 82 millions d'euros", qui viennent s'ajouter aux six millions d'euros déjà annoncés, s'est félicitée devant la presse la commissaire européenne chargée de la Méditerranée, Dubravka Suica
  • Quelque soixante délégations rassemblant les 27 de l'UE, les pays arabes et plusieurs organisations internationales se sont retrouvées jeudi à Bruxelles, sans la présence d'Israël

BRUXELLES: Les pays de l'Union européenne vont verser quelque 88 millions d'euros pour aider l'Autorité palestinienne, pressée de se réformer par les Européens, soucieux de son rôle futur dans le cadre du plan Trump pour la région.

"Nous avons signé plus de 82 millions d'euros", qui viennent s'ajouter aux six millions d'euros déjà annoncés, s'est félicitée devant la presse la commissaire européenne chargée de la Méditerranée, Dubravka Suica, à l'issue d'une conférence des donateurs à Bruxelles.

Quelque soixante délégations rassemblant les 27 de l'UE, les pays arabes et plusieurs organisations internationales se sont retrouvées jeudi à Bruxelles, sans la présence d'Israël.

"Aujourd'hui, nous avons présenté les progrès réalisés dans le cadre de notre programme de réforme nationale, qui est mis en œuvre, pas seulement promis, mais mis en œuvre et en avance sur le calendrier, ce qui a été reconnu par nos partenaires", a indiqué de son côté le Premier ministre palestinien Mohammed Mustafa.

Et cela "en dépit d'un environnement défavorable", a-t-il ajouté, accusant Israël de chercher "à affaiblir l'Autorité palestinienne ainsi que sa capacité à fonctionner".

Mme Suica a réitéré sur ce point les appels lancés par l'Union européenne pour qu'Israël accepte de libérer les recettes fiscales dues à l'Autorité palestinienne, indispensables à son fonctionnement.

"Cela a été dit par tous les participants", a-t-elle assuré.

Concernant Gaza, M. Mustafa a assuré que l'Autorité palestinienne avait un plan, soutenu par les pays arabes pour sa reconstruction. "Nous gouvernerons, nous réformerons et nous dirigerons la reconstruction de Gaza", a-t-il assuré.

L'Union européenne est le principal soutien financier de l'Autorité palestinienne. Elle conditionne toutefois le versement futur de cette aide à des réformes, qu'elle juge indispensables pour que cette Autorité soit en mesure de jouer pleinement son rôle dans le cadre de la solution à deux États, israélien et palestinien, que les Européens défendent depuis des années.

"Tout notre soutien à l'Autorité palestinienne est lié aux efforts pour poursuivre l'agenda des réformes", a rappelé Mme Suica.


Zelensky va rencontrer des responsables du Pentagone sur fond d'initiative américaine pour régler le conflit

 Volodymyr Zelensky va rencontrer jeudi à Kiev des haut responsables du Pentagone, a annoncé son administration, au lendemain du dévoilement des éléments d'un plan américain pour mettre fin à la guerre menée par la Russie en Ukraine, à des conditions favorables au Kremlin. (AFP)
Volodymyr Zelensky va rencontrer jeudi à Kiev des haut responsables du Pentagone, a annoncé son administration, au lendemain du dévoilement des éléments d'un plan américain pour mettre fin à la guerre menée par la Russie en Ukraine, à des conditions favorables au Kremlin. (AFP)
Short Url
  • Depuis le retour au pouvoir de Donald Trump en janvier, peu de responsables américains se sont rendus en Ukraine
  • Selon un média américain Axios, Washington et Moscou préparent discrètement un plan pour mettre fin à la guerre en Ukraine, lancée en février 2022 avec l'invasion russe du pays voisin

KIEV: Volodymyr Zelensky va rencontrer jeudi à Kiev des haut responsables du Pentagone, a annoncé son administration, au lendemain du dévoilement des éléments d'un plan américain pour mettre fin à la guerre menée par la Russie en Ukraine, à des conditions favorables au Kremlin.

Cette réunion intervient au retour d'une visite infructueuse mercredi en Turquie du président ukrainien, qui espérait que Washington s'investisse à nouveau dans les négociations de paix. Mais l'émissaire de Donald Trump, Steve Witkoff, ne s'est pas déplacé.

Elle intervient également au lendemain d'une frappe russe ayant tué au moins 26 personnes dans une ville de l'ouest de l'Ukraine, l'une des attaques les plus meurtrières de Moscou sur son voisin ukrainien cette année.

La délégation du Pentagone, conduite par le secrétaire à l'Armée américaine, Daniel Driscoll, a rencontré mercredi le commandant en chef des armées ukrainiennes Oleksandre Syrsky et le ministre ukrainien de la Défense Denys Chmygal, selon leurs communiqués respectifs.

Le président Zelensky doit recevoir la délégation jeudi soir, a indiqué la présidence.

Depuis le retour au pouvoir de Donald Trump en janvier, peu de responsables américains se sont rendus en Ukraine.

Selon un média américain Axios, Washington et Moscou préparent discrètement un plan pour mettre fin à la guerre en Ukraine, lancée en février 2022 avec l'invasion russe du pays voisin.

Un haut responsable ukrainien a indiqué à l'AFP que ce plan requiert notamment que l'Ukraine cède à la Russie des territoires qu'elle occupe et réduise son armée de moitié.

Le Kremlin s'est refusé à tout commentaire et Washington et Kiev n'ont pas commenté publiquement les propositions de ce plan.

 


Grèce: découverte d'une toile géante avec 111.000 araignées dans une grotte

Appelée la "Sulfur cave", exceptionnellement riche en soufre, la grotte est située dans les gorges de Vromoner, une zone géologique à la frontière entre l'Albanie et la Grèce (nord-ouest), à 450km d'Athènes. (AFP)
Appelée la "Sulfur cave", exceptionnellement riche en soufre, la grotte est située dans les gorges de Vromoner, une zone géologique à la frontière entre l'Albanie et la Grèce (nord-ouest), à 450km d'Athènes. (AFP)
Short Url
  • La toile d'araignée découverte couvre quelque 106 m2 et comprend "69.000 individus de tégénaires domestiques (Tegenaria domestica) et plus de 42.000 de Prinerigone vagans (Linyphiidae)"
  • Des images, reçues mercredi par l'AFP, montrent des pans de cette immense toile, pendant sur la paroi comme un lourd rideau de velours noir, dans les profondeurs de cette grotte sous le regard fasciné d'un scientifique équipé comme un spéléologue

ATHENES: Des scientifiques ont récemment découvert une toile d'araignée géante de plus de 100 m2 avec quelque 111.000 araignées dans une grotte à la frontière entre la Grèce et l'Albanie, selon une étude publiée dans la revue Subterranean Biology.

Appelée la "Sulfur cave", exceptionnellement riche en soufre, la grotte est située dans les gorges de Vromoner, une zone géologique à la frontière entre l'Albanie et la Grèce (nord-ouest), à 450km d'Athènes.

La toile d'araignée découverte couvre quelque 106 m2 et comprend "69.000 individus de tégénaires domestiques (Tegenaria domestica) et plus de 42.000 de Prinerigone vagans (Linyphiidae)".

Des images, reçues mercredi par l'AFP, montrent des pans de cette immense toile, pendant sur la paroi comme un lourd rideau de velours noir, dans les profondeurs de cette grotte sous le regard fasciné d'un scientifique équipé comme un spéléologue.

"Mon dieu, incroyable! Quelle texture!", s'exclame en anglais ce scientifique touchant la toile avec ses doigts.

Selon lui, dans chacun de ces trous il y a une arachnide à l'origine de ces "mégapoles" d'araignées. On voit ensuite un membre de l'équipe réussir à attraper une araignée et la poser dans une tube à essai.

Dans la revue, les chercheurs évoquent "la découverte (...) d’un assemblage extraordinaire d’araignées coloniales" alors que ces deux espèces sont normalement solitaires.

Il s'agit du "premier cas documenté de formation de toile coloniale chez ces espèces", notent d'ailleurs les experts qui précisent que cette immense toile est formée "de nombreuses toiles individuelles, (...) chacune étant stratégiquement placée à un endroit où les ressources trophiques (la nourriture disponible, ndlr) sont abondantes".

"Certaines sections de la toile peuvent se détacher de la paroi sous leur propre poids", expliquent-ils.

Des sources d'eau situées dans les recoins profonds de la grotte alimentent un ruisseau sulfuré qui traverse toute la longueur du passage principal de la grotte, selon l'étude.

Les araignées partagent la grotte avec de nombreux autres insectes, notamment des mille-pattes, des scorpions et des coléoptères.

La découverte de cette immense toile a été rapportée pour la première fois par des membres de la Société spéléologique tchèque, selon l'étude.