Nagorny Karabakh: les séparatistes négocient le retrait de leurs troupes et rendent les armes

Cette photographie prise du côté arménien de la frontière, près de la ville de Kornidzor, le 23 septembre 2023, montre une vue générale du couloir de Lachin et du pont Hakari. (ALAIN JOCARD / AFP)
Cette photographie prise du côté arménien de la frontière, près de la ville de Kornidzor, le 23 septembre 2023, montre une vue générale du couloir de Lachin et du pont Hakari. (ALAIN JOCARD / AFP)
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Publié le Samedi 23 septembre 2023

Nagorny Karabakh: les séparatistes négocient le retrait de leurs troupes et rendent les armes

  • Des milliers de civils restent confrontés à une situation d'urgence humanitaire au Nagorny Karabakh disent les autorités locales, encerclée par les soldats azerbaïdjanais
  • L'opération militaire azerbaïdjanaise, qui s'est achevée en 24 heures mercredi à la mi-journée, a fait au moins 200 morts et 400 blessés, d'après les séparatistes arméniens

KORNIDZOR: Les séparatistes du Nagorny Karabakh négocient samedi avec l'Azerbaïdjan qui vient de leur infliger une lourde défaite militaire le retour à la paix dans cette région dont la population en majorité arménienne s'angoisse pour son avenir.

Après leur capitulation et le cessez-le-feu conclu mercredi à l'issue d'une offensive éclair déclenchée un jour auparavant par Bakou, ils doivent notamment évoquer le retrait de leurs troupes, tout en continuant de déposer leurs armes.

Cette enclave montagneuse, qui avait été rattachée en 1921 par le pouvoir soviétique au territoire azerbaïdjanais, avait été par le passé le théâtre de deux guerres entre les anciennes républiques soviétiques que sont l'Azerbaïdjan et l'Arménie : l'une de 1988 à 1994 (30 000 morts) et l'autre à l'automne 2020 (6 500 morts).

"Conformément aux accords de cessation des hostilités, les formations armées du Karabakh ont commencé à remettre" leurs armes "sous le contrôle des forces russes de maintien de la paix", a fait savoir vendredi le ministère russe de la Défense.

Six blindés, plus de 800 armes légères et environ 5.000 munitions ont pour l'instant été rendus, a précisé le contingent de la paix russe.

Les pourparlers des autorités du Nagorny Karabakh avec la partie azerbaïdjanaise entamés jeudi "sous les auspices des soldats de maintien de la paix russes" doivent permettre d'"organiser le processus de retrait des troupes et assurer le retour dans leurs foyers des citoyens déplacés par l'agression militaire", selon les séparatistes.

Les parties discutent également de "la procédure d'entrée et de sortie des citoyens" de cette région, ont-ils ajouté.

Le tout à un moment où des milliers de civils restent confrontés à une situation d'urgence humanitaire au Nagorny Karabakh, dont la "capitale" Stepanakert est, disent les autorités locales, encerclée par les soldats azerbaïdjanais.

Les grandes dates du Nagorny Karabakh depuis la fin de l'URSS

Peuplé principalement d'Arméniens, mais reconnu comme partie de l'Azerbaïdjan, le petit territoire montagneux du Nagorny Karabakh a été le théâtre de décennies de violences entre Erevan et Bakou.

Voici les principales dates de son histoire récente:

 

- 1988, violences interethniques -

En février 1988, en pleine perestroïka, de premières manifestations ont lieu en faveur du rattachement à l'Arménie du Nagorny Karabakh, enclave du Caucase rattachée en 1921 à l'Azerbaïdjan par Staline avec, à partir de 1923, un statut d'autonomie.

Des violences interethniques éclatent, une trentaine de personnes, essentiellement arméniennes, sont tuées dans la ville azerbaïdjanaise de Soumgaït.

Alors que l'Arménie et l'Azerbaïdjan sont encore dans l'URSS, Mikhaïl Gorbatchev refuse tout changement de frontière. Les violences entre communautés azérie et arménienne se multiplient.

 

- 1991, indépendance non reconnue -

A la dislocation de l'URSS en 1991, le Nagorny Karabakh organise un référendum boycotté par la communauté azerbaïdjanaise et proclame le 2 septembre son indépendance de Bakou avec le soutien d'Erevan. Cette indépendance n'a été reconnue par aucun Etat membre de l'ONU.

 

-1994, victoire de l'Arménie -

Le départ de l'armée soviétique de la région laisse place à une escalade des violences et à une guerre ouverte jusqu'à un cessez-le-feu négocié par Moscou, le 17 mai 1994. Ces années de conflit ont fait 30.000 morts et poussé des centaines de milliers de réfugiés à fuir l'un ou l'autre pays. La défaite de Bakou permet à Erevan de contrôler la région et des zones azerbaïdjanaises proches.

 

- 2016, quatre jours d'hostilités -

Début avril 2016, d'intenses combats opposent forces azerbaïdjanaises et arméniennes pendant quatre jours. Ces affrontements, les pires depuis 1994, se soldent par la mort d'au moins 110 personnes, civils et militaires des deux côtés.

 

- 2020, deuxième guerre -

Le 27 septembre 2020, l'Azerbaïdjan lance une opération militaire contre les séparatistes arméniens et bombarde la capitale du Nagorny Karabakh, Stepanakert.

Ce nouveau conflit se solde cette fois par une écrasante défaite de l'Arménie, contrainte de céder à l'Azerbaïdjan d'importants territoires dans et autour du Nagorny Karabakh. Parrain du cessez-le-feu signé le 10 novembre, Moscou déploie un contingent de maintien de la paix, mais les quelques milliers de soldats russes déployés n'empêchent pas la multiplication des accrochages dans l'enclave séparatiste.

 

- 2022, blocus -

Fin 2022, l'Azerbaïdjan installe des points de contrôle avant de bloquer la circulation sur le corridor de Latchine, la seule route reliant le Nagorny Karabakh à l'Arménie, entraînant de graves pénuries de nourriture et de médicaments dans l'enclave.

 

- 2023, offensive éclair de Bakou -

Le 19 septembre, l'Azerbaïdjan annonce lancer des "opérations antiterroristes" au Nagorny Karabakh, après la mort de quatre policiers et deux civils azerbaïdjanais dans l’explosion de mines posées, selon Bakou, par des "saboteurs" arméniens.

Dès le lendemain, les autorités du territoire sécessionniste, lâchées par Erevan, capitulent, et un cessez-le-feu est conclu. Au moins 200 personnes sont mortes et 400 blessées, selon les séparatistes arméniens, et le Nagorny Karabakh est confronté à une situation d'urgence humanitaire. Des négociations sur la "réintégration" de l’enclave à l’Azerbaïdjan s’ouvrent.

«On espère des évacuations pour bientôt»

Originaire de cette ville, Yana Avanessian, une enseignante en droit âgée de 29 ans assure, comme bien d'autres Arméniens réussissant tant bien que mal à contacter leurs proches, que la situation sur place est "horrible".

"On espère des évacuations pour bientôt, notamment des gens dont les habitations ont été détruites", confie à l'AFP la jeune femme, au milieu d'un petit groupe de personnes comme elle rongées par l'inquiétude présentes au poste de contrôle arménien de Kornidzor tout proche du Nagorny Karabakh.

"Ça fait trois jours et trois nuits que j'attends. Je dors dans la voiture", raconte à cet égard Garik Zakarian, qui habitait jusqu'en décembre dernier dans le village d'Eghtsahog, presque à portée de main, de l'autre côté de la vallée, et où des amis, sa belle-mère et son beau-frère vivent toujours.

"Je n'ai pas d'espoir (de les voir rapidement évacués) mais je ne pouvais pas ne rien faire. Juste être là, voir la base russe à un kilomètre, je me sens mieux physiquement", déclare encore cet homme de 28 ans.

Et chacun s'écarte docilement quand passent des voitures remplies de soldats arméniens ou des convois de la force russe d’interposition, les seuls autorisés à poursuivre leur route.

Petite lueur d'espoir 

Un correspondant de l'AFP a pour sa part constaté que Stepanakert était privée d'électricité et de carburant. Ses habitants, qui ne peuvent pas retrouver leurs proches disparus faute de listes des morts et des blessés, manquent par ailleurs de nourriture et de médicaments.

Les troupes azerbaïdjanaises "sont partout autour de Stepanakert, elles sont à la périphérie", a quant à elle affirmé à l'AFP une porte-parole des autorités locales, Armine Hayrapetian, disant que des gens se terraient "dans les caves".

Petite lueur d'espoir, d'après un conseiller du président azerbaïdjanais Ilham Aliev, l'Azerbaïdjan a promis au Comité international de la Croix-Rouge (CICR) d'envoyer de l'aide et de prendre en charge les soldats séparatistes blessés, avec des ambulances autorisées à se rendre à partir de l'Arménie au Nagorny Karabakh.

L'opération militaire azerbaïdjanaise, qui s'est achevée en 24 heures mercredi à la mi-journée, a fait au moins 200 morts et 400 blessés, d'après les séparatistes arméniens.

Et la victoire remportée par Bakou nourrit les craintes d'un départ de nombre des 120.000 habitants du Nagorny Karabakh, même si l'Arménie a promis qu'aucune évacuation de masse n'était prévue. Elle s'est néanmoins dit prête à accueillir "40.000 familles" de réfugiés.

Kornidzor, dernier arrêt avant le Nagorny Karabakh coupé du monde

La route qui serpente et les villages accrochés à flanc de montagne, de l'autre côté de la vallée, c'est déjà le Nagorny Karabakh. Tout proche mais inaccessible. Tenu par une poignée de soldats, le poste de contrôle arménien de Kornidzor empêche les civils rongés par l'inquiétude d'aller plus loin.

Fumant cigarette sur cigarette, enchaînant les cafés dont les gobelets en carton s'empilent sur le bas-côté, quelques dizaines d'hommes attendent là, certains depuis des jours, une hypothétique ouverture. Ce qui permettrait le retour de leurs proches bloqués dans ce territoire sécessionniste en majorité peuplé d'Arméniens repris par les troupes azerbaïdjanaises à l'issue de l'offensive éclair qu'elles ont déclenchée mardi .

Aucune tension palpable. Quelques bergers prennent des chemins de traverse par les prairies à l'herbe jaunie. Indolents, les militaires arméniens partagent leurs impressions. Tout le monde s'écarte docilement quand passent des voitures remplies de soldats arméniens ou des convois de la force russe d’interposition, les seuls autorisés à poursuivre leur route.

Plus loin, caché dans la vallée, c'est un ultime poste arménien et le corridor de Latchine : sa fermeture par les autorités azerbaïdjanaises, en décembre 2022, a coupé le Nagorny Karabakh de l'Arménie et posé les jalons des 24 heures de bombardements et de combats au début de la semaine.

Ici, chacun a une histoire à raconter sur la fermeture du corridor et sur des proches qu'il n'a pas vus depuis plus de neuf mois.

«Pas d'espoir»

A l'aide d'une longue vue empruntée aux soldats, un homme tente de d'identifier les dégâts dans le village d'Eghtsahog, presque à portée de main, de l'autre côté de la vallée. "Il y avait une église avant à cet endroit. Je ne vois plus le clocher : elle a été détruite", grommelle-t-il avant de s'éloigner.

Garik Zakarian, plus loquace, habitait jusqu'en décembre dernier dans cette localité. Pressentant le danger, il a déménagé avec sa famille trois jours avant le blocus mais des amis, sa belle-mère et son beau-frère y vivent toujours.

Mardi, Eghtsahog a été bombardé. Par chance, personne n'a été tué et les 150 habitants ont trouvé refuge autour d'un camp de l'armée russe. Mais ils sont désormais coincés. Jeudi, deux jeunes ont tenté de retourner dans ce village récupérer des victuailles : ils en sont repartis ventre à terre après que des soldats azerbaïdjanais ont tiré sur eux.

C'est Garik qui raconte. Il le tient des amis qu'il a réussi à joindre. "Ça fait trois jours et trois nuits que j'attends. Je dors dans la voiture", confie cet homme de 28 ans.

"Je n'ai pas d'espoir (de les voir rapidement évacués) mais je ne pouvais pas ne rien faire. Juste être là, voir la base russe à un kilomètre, je me sens mieux physiquement".

A l'automne 2020, la "guerre de 44 jours", comme beaucoup l'appellent en Arménie, s'était soldée par la victoire sans appel de l'Azerbaïdjan, qui avait récupéré d'importantes portions de territoires.

Si un cessez-le-feu sous médiation russe avait été signé, la plupart des Arméniens se doutaient que Bakou voudrait récupérer l'intégralité du Nagorny Karabakh.

C'est chose faite depuis mercredi, quand les autorités du territoire séparatiste ont capitulé sous un déluge de feu ennemi. Mais ses 120.000 habitants, qui subissaient déjà le blocus et manquaient d'électricité, d'eau et de nourriture, sont piégés et terrorisés.

L'attente

S'ils devaient être évacués, le plus logique serait qu'ils passent par le corridor de Latchine et que la première localité arménienne qu'ils traversent soit Kornidzor.

En bordure de ce village déshérité, sans chemin asphalté, un centre d'accueil a été monté par le ministère arménien des Affaires étrangères et la fondation Tufenkian, une ONG locale.

Yana Avanessian, 29 ans, en a la charge. Enseignante en droit à l'université de Stepanakert, la "capitale" du Nagorny Karabakh, elle avait reçu une bourse d'un an pour aller aux Etats-Unis en août 2022. Comme tant d'autres, le blocus l'a piégée. Elle ne reverra pas sa ville natale.

Selon elle et les nombreux Arméniens réussissant, quand les appels téléphoniques passent, à contacter leurs proches dans cette région, la situation sur place est "horrible".

"On espère des évacuations pour bientôt, notamment des gens dont les habitations ont été détruites", confie la jeune femme.

"Ce ne sera pas facile de les héberger, l'Arménie est un petit pays. Mais les habitants du Nagorny Karabakh ont beaucoup de proches ici et ils attendent d'eux qu'ils les aident".

Dans le centre, les ordinateurs qui permettront d'enregistrer les futurs réfugiés sont déjà allumés, prêts à l'emploi. Mais rien n'indique leur arrivée prochaine.

Pachinian sous pression 

Accusé de passivité face à l'Azerbaïdjan, le Premier ministre arménien Nikol Pachinian a reconnu vendredi que "la situation" restait "tendue" au Nagorny Karabakh où "la crise humanitaire se poursuit".

Mais "il y a un espoir de dynamique positive", a ajouté le chef du gouvernement, pour qui le cessez-le-feu est "globalement" respecté.

Des personnes hostiles à M. Pachinian manifestent tous les jours à Erevan, la capitale de l'Arménie, pour protester contre la gestion de la crise par l'exécutif.

Plusieurs dirigeants de l'opposition ont de leur côté fait connaître leur intention d'ouvrir au Parlement une procédure de destitution à l'encontre du chef du gouvernement.

Selon la police arménienne, 98 manifestants ont été arrêtés vendredi, tandis que M. Pachinian appelle au calme et à emprunter "le chemin" de la paix, bien que ce soit "pas facile".


Pourparlers sur l'Ukraine: Kiev et l'Europe voient des avancées mais encore beaucoup de travail

Le président américain avait initialement donné jusqu'au 27 novembre au président ukrainien Volodymyr Zelensky pour répondre à son plan, comprenant notamment la cession de territoires ukrainiens et s'apparentant à une capitulation de Kiev. Il a ensuite précisé que ce n'était pas sa "dernière offre". (AFP)
Le président américain avait initialement donné jusqu'au 27 novembre au président ukrainien Volodymyr Zelensky pour répondre à son plan, comprenant notamment la cession de territoires ukrainiens et s'apparentant à une capitulation de Kiev. Il a ensuite précisé que ce n'était pas sa "dernière offre". (AFP)
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  • Les discussions entre Ukrainiens, Américains et Européens, convoquées dimanche dans l'urgence, se sont tenues sur la base du projet de plan en 28 points de Donald Trump, considéré comme largement favorable à Moscou
  • Américains et Ukrainiens ont affirmé qu'un "futur accord" de paix devrait respecter la souveraineté de l'Ukraine

KIEV: Le chancelier allemand a insisté lundi pour que la Russie rejoigne la table des négociations sur un plan de paix pour l'Ukraine, au lendemain de pourparlers à Genève ayant donné lieu à un "nouvel élan", mais qui nécessitent encore "du travail" selon Kiev et l'UE.

Les discussions entre Ukrainiens, Américains et Européens, convoquées dimanche dans l'urgence, se sont tenues sur la base du projet de plan en 28 points de Donald Trump, considéré comme largement favorable à Moscou. Américains et Ukrainiens ont affirmé qu'un "futur accord" de paix devrait respecter la souveraineté de l'Ukraine.

L'Ukraine, qui lutte depuis près de quatre ans contre l'invasion de la Russie, est de nouveau au coeur d'échanges lundi à Luanda en marge d'un sommet entre l'UE et l'Union africaine. Et la "Coalition des volontaires", qui réunit les alliés de l'Ukraine, se réunira mardi en visioconférence.

"La Russie doit être présente à la table (des négociations)", a affirmé le chancelier allemand Friedrich Merz, jugeant néanmoins improbable "une percée" diplomatique cette semaine.

Le président américain avait initialement donné jusqu'au 27 novembre au président ukrainien Volodymyr Zelensky pour répondre à son plan, comprenant notamment la cession de territoires ukrainiens et s'apparentant à une capitulation de Kiev. Il a ensuite précisé que ce n'était pas sa "dernière offre".

Salué par le président russe Vladimir Poutine, le texte initial du plan Trump reprenait plusieurs exigences cruciales pour Moscou. Le Kremlin a dit lundi n'avoir aucune information à l'issue des pourparlers de Génève, mais savoir que des "modifications" avaient été apportées.

Si M. Zelensky a salué lundi des avancées, il a estimé qu'il fallait "beaucoup plus" pour parvenir à une "paix réelle" avec la Russie et mettre fin au conflit le plus meurtrier en Europe depuis la Seconde Guerre mondiale.

Atmosphère "constructive"

Le dirigeant ukrainien s'est néanmoins félicité de l'inclusion d'éléments "extrêmement sensibles": la libération totale des prisonniers ukrainiens selon la formule de "tous-contre-tous" et des civils, et le retour des "enfants ukrainiens enlevés par la Russie".

Un haut responsable ukrainien a indiqué à l'AFP que l'hypothèse d'une visite de Volodymyr Zelensky à Washington était "au stade de la discussion", sans date fixée.

L'atmosphère à Genève était "parfois tendue, parfois plus légère mais dans l'ensemble constructive", a-t-il décrit, évoquant une ambiance "typique des négociations extrêmement importantes".

Depuis Luanda, les alliés européens de Kiev se sont dit prudemment optimistes.

"Il reste encore du travail à faire mais il y a une base solide pour avancer", a dit la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen. Le président du Conseil européen, Antonio Costa, a lui salué un "nouvel élan".

Le Premier ministre britannique, Keir Starmer, a aussi noté les "progrès significatifs" réalisés à Genève.

Aucune nouvelle version du texte n'a pour l'heure été publiée.

"Nous continuons tous à travailler avec nos partenaires, en particulier les États-Unis, et à rechercher des compromis qui nous renforcent et ne nous affaiblissent pas", a dit M. Zelensky lors d'une conférence virtuelle en Suède, ajoutant que son pays se trouve à un "moment critique".

Le président américain a semblé se réjouir de l'issue de la rencontre à Genève. "Est-ce vraiment possible que de grands progrès soient réalisés dans les pourparlers de paix entre la Russie et l'Ukraine??? Ne croyez que ce que vous voyez, mais quelque chose de bon pourrait bien se produire", a-t-il écrit sur son réseau Truth Social.

A Genève, son secrétaire d'Etat Marco Rubio s'était dit dimanche "très optimiste" sur la possibilité de conclure "très vite" un accord, estimant que "les points qui restent en suspens ne sont pas insurmontables".

Les Russes auront "leur mot à dire", avait-il aussi assuré.

Lors d'un entretien téléphonique lundi entre Vladimir Poutine et son homologue turc Recep Tayyip Erdogan, le dirigeant russe a réitéré son opinion selon laquelle le plan initial des États-Unis pourrait "servir de base à un règlement de paix final".

La poussée lente, mais progressive, des troupes russes accentue la pression sur Kiev.

Moscou a revendiqué lundi la prise d'un village dans la région de Zaporijjia (sud), tandis que des frappes aériennes russes ont fait au moins quatre morts à Kharkiv.

La Russie cible quasi quotidiennement le pays au moyen de drones ou de missiles. Les infrastructures énergétiques sont particulièrement visées, faisant craindre un hiver difficile en Ukraine. Kiev vise de son côté régulièrement des dépôts et raffineries de pétrole et d'autres installations côté russe.

 


L'IA générative, un potentiel «Frankenstein des temps modernes», prévient le chef des droits humains de l'ONU

Les droits humains risquent d'être les premières victimes du déploiement de l'intelligence artificielle (IA) générative par les géants de la tech, a déclaré le Haut Commissaire de l'ONU aux droits de l'homme lundi, mettant en garde contre le potentiel "monstrueux" de tels systèmes. (AFP)
Les droits humains risquent d'être les premières victimes du déploiement de l'intelligence artificielle (IA) générative par les géants de la tech, a déclaré le Haut Commissaire de l'ONU aux droits de l'homme lundi, mettant en garde contre le potentiel "monstrueux" de tels systèmes. (AFP)
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  • "Le modèle économique actuel des plateformes de médias sociaux alimente déjà la polarisation, l'extrémisme et l'exclusion. De nombreux pays peinent à endiguer ce phénomène", a souligné M. Türk
  • Et si l'IA générative est porteuse d'"immenses promesses", les droits humains peuvent en "être les premières victimes", a-t-il estimé

GENEVE: Les droits humains risquent d'être les premières victimes du déploiement de l'intelligence artificielle (IA) générative par les géants de la tech, a déclaré le Haut Commissaire de l'ONU aux droits de l'homme lundi, mettant en garde contre le potentiel "monstrueux" de tels systèmes.

"L'IA générative recèle un immense potentiel, mais son exploitation à des fins purement politiques ou économiques peut manipuler, déformer et détourner l'attention", a déclaré le Haut Commissaire Volker Türk lors d'une réunion à Genève (Suisse), soulignant que "sans garanties et réglementations adéquates, les systèmes d'IA pourraient se transformer en un monstre de Frankenstein des temps modernes".

"Le modèle économique actuel des plateformes de médias sociaux alimente déjà la polarisation, l'extrémisme et l'exclusion. De nombreux pays peinent à endiguer ce phénomène", a souligné M. Türk lors d'un forum sur les entreprises et les droits humains.

Et si l'IA générative est porteuse d'"immenses promesses", les droits humains peuvent en "être les premières victimes", a-t-il estimé.

L'exploitation de cette technologie "à des fins purement politiques ou économiques" fait peser une menace "sur plusieurs droits humains, notamment le droit à la vie privée, la participation politique, la liberté d'expression et le droit au travail".

Le Haut Commissaire a averti que ces menaces "pourraient se concrétiser en préjudices qui compromettent les promesses des technologies émergentes et pourraient engendrer des conséquences imprévisibles".

"Il est de la responsabilité des gouvernements de s'unir pour éviter un tel scénario", a insisté M. Türk.

Par ailleurs, le chef des droits humains de l'ONU a mis en évidence une autre menace représentée par la concentration croissante du pouvoir des entreprises et l'"accumulation massive de richesses personnelles et d'entreprises entre les mains d'une poignée d'acteurs".

"Dans certains cas, cela dépasse le poids économique de pays entiers", a-t-il déclaré, insistant sur le fait que lorsque "le pouvoir n'est pas encadré par la loi, il peut mener à des abus et à l'asservissement".

 


L'UE promet 88 millions d'euros en faveur de l'Autorité palestinienne

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  • "Nous avons signé plus de 82 millions d'euros", qui viennent s'ajouter aux six millions d'euros déjà annoncés, s'est félicitée devant la presse la commissaire européenne chargée de la Méditerranée, Dubravka Suica
  • Quelque soixante délégations rassemblant les 27 de l'UE, les pays arabes et plusieurs organisations internationales se sont retrouvées jeudi à Bruxelles, sans la présence d'Israël

BRUXELLES: Les pays de l'Union européenne vont verser quelque 88 millions d'euros pour aider l'Autorité palestinienne, pressée de se réformer par les Européens, soucieux de son rôle futur dans le cadre du plan Trump pour la région.

"Nous avons signé plus de 82 millions d'euros", qui viennent s'ajouter aux six millions d'euros déjà annoncés, s'est félicitée devant la presse la commissaire européenne chargée de la Méditerranée, Dubravka Suica, à l'issue d'une conférence des donateurs à Bruxelles.

Quelque soixante délégations rassemblant les 27 de l'UE, les pays arabes et plusieurs organisations internationales se sont retrouvées jeudi à Bruxelles, sans la présence d'Israël.

"Aujourd'hui, nous avons présenté les progrès réalisés dans le cadre de notre programme de réforme nationale, qui est mis en œuvre, pas seulement promis, mais mis en œuvre et en avance sur le calendrier, ce qui a été reconnu par nos partenaires", a indiqué de son côté le Premier ministre palestinien Mohammed Mustafa.

Et cela "en dépit d'un environnement défavorable", a-t-il ajouté, accusant Israël de chercher "à affaiblir l'Autorité palestinienne ainsi que sa capacité à fonctionner".

Mme Suica a réitéré sur ce point les appels lancés par l'Union européenne pour qu'Israël accepte de libérer les recettes fiscales dues à l'Autorité palestinienne, indispensables à son fonctionnement.

"Cela a été dit par tous les participants", a-t-elle assuré.

Concernant Gaza, M. Mustafa a assuré que l'Autorité palestinienne avait un plan, soutenu par les pays arabes pour sa reconstruction. "Nous gouvernerons, nous réformerons et nous dirigerons la reconstruction de Gaza", a-t-il assuré.

L'Union européenne est le principal soutien financier de l'Autorité palestinienne. Elle conditionne toutefois le versement futur de cette aide à des réformes, qu'elle juge indispensables pour que cette Autorité soit en mesure de jouer pleinement son rôle dans le cadre de la solution à deux États, israélien et palestinien, que les Européens défendent depuis des années.

"Tout notre soutien à l'Autorité palestinienne est lié aux efforts pour poursuivre l'agenda des réformes", a rappelé Mme Suica.