«On a le coeur brisé»: A Erevan, la stupeur après la perte du Nagorny Karabakh

Des Arméniens participent à un rassemblement devant la Maison du gouvernement à Erevan le 21 septembre 2023, à la suite des opérations militaires azerbaïdjanaises (Photo, AFP).
Des Arméniens participent à un rassemblement devant la Maison du gouvernement à Erevan le 21 septembre 2023, à la suite des opérations militaires azerbaïdjanaises (Photo, AFP).
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Publié le Vendredi 22 septembre 2023

«On a le coeur brisé»: A Erevan, la stupeur après la perte du Nagorny Karabakh

  • Plusieurs milliers d'Arméniens se sont réunis jeudi soir dans le centre d'Erevan pour demander la démission du gouvernement
  • Les rumeurs les plus macabres, évoquant des enfants décapités ou des civils fusillés, circulent sur les réseaux sociaux

EREVAN: La sidération, la colère et la peur. Plusieurs milliers d'Arméniens se sont réunis jeudi soir dans le centre d'Erevan pour demander la démission du gouvernement, mais aussi pour tenter de comprendre comment aider le Nagorny Karabakh après la victoire éclair de l'Azerbaïdjan.

Les manifestants marchent en petits groupes, les yeux dans le vague, quelques uns enveloppés dans un drapeau de l'Arménie. Par moments, les cris "Artsakh! Artsakh!" (le nom arménien du Nagorny Karabakh) sont repris par la foule, mais le slogan retombe vite.

Peu écoutent les exhortations des dirigeants de l'opposition, sur une petite scène, qui appellent à bloquer les rues et déposer le Premier ministre, Nikol Pachinian. Sur la place de la République, cadre traditionnel des protestations dans la capitale arménienne, l'heure est au désarroi.

"On a le coeur brisé. C'est possible d'ouvrir un couloir (humanitaire), d'aider les gens, au moins d'évacuer les enfants. C'est possible !", veut croire Victoria, une dentiste de 26 ans qui préfère ne pas donner son nom de famille de peur, dit-elle, d'être la cible d'Azerbaïdjanais à l'étranger, où elle se rend souvent.

La jeune femme, un petit drapeau du Nagorny Karabakh à la main, en appelle sans trop d'espoir aux organisations internationales, "mais avant tout, on demande à notre gouvernement d'aider son peuple".

Nikol Pachinian, qui a refusé d'envoyer son armée aider les séparatistes du Nagorny Karabakh face à un ennemi mieux armé et beaucoup plus riche, est un "traître", assure-t-elle.

Une opinion partagée par la quasi-totalité des manifestants, parmi lesquels beaucoup de jeunes qui avaient pourtant porté au pouvoir en 2018 cet ancien journaliste réformateur, à la suite d'une révolution pacifique.

L'armée azerbaïdjanaise a lancé mardi une attaque contre la région séparatiste du Nagorny Karabakh, majoritairement peuplée d'Arméniens et déjà théâtre en 2020 d'une violente guerre qui avait permis à Bakou d'y reconquérir de larges portions de territoire.

Après seulement 24 heures de combat, les autorités du Karabakh, surpassées par la puissance de feu de Bakou et sans aide d'Erevan, ont déposé les armes mercredi et des négociations ont commencé jeudi, sous la médiation de Moscou, pour la réintégration dans l'Azerbaïdjan du territoire sécessionniste, où plus de 100.000 personnes sont bloquées.

«On est seuls»
Le sort de ces habitants, soumis à un blocus de l'Azerbaïdjan depuis décembre 2022 et où l'aide humanitaire arrive au compte-goutte, reste l'interrogation majeure des manifestants de la place de la République.

Les rumeurs les plus macabres, évoquant des enfants décapités ou des civils fusillés, circulent sur les réseaux sociaux. Le mot "génocide" est sur toutes les lèvres.

"Ils ont faim, ils n'ont pas d'eau courante, pas de lumière, ils n'ont plus de toit. Ce sont des Arméniens, on est un seul peuple et on doit être ensemble. Point", résume David Vartanian, un cuisinier de 32 ans avant de lâcher une insulte contre Nikol Pachinian.

Lui assure qu'une fois le Premier ministre parti, "on pourra combattre". Mais beaucoup reconnaissent qu'une victoire militaire face à Bakou, soutenu militairement par la Turquie, semble irréaliste.

Alors les manifestants de la place de la République s'interrogent sur l'avenir, accusent la Russie, l'allié dont l'aide n'est jamais venue, ou l'Union européenne, trop attachée au gaz azerbaïdjanais.

"On ne sait pas ce qu'on doit faire. On s'est tous réunis ici pour se dire +Allez, pensons à ce qu'on va faire+. Mais qu'est-ce qu'on peut faire ?", soupire, les larmes aux yeux, Angela Adamian, une avocate arméno-géorgienne.

"Nous n'avons pas d'amis. Personne ne veut nous sauver, nous n'avons pas une armée assez forte, nous n'avons aucun soutien. On est seuls, tout le monde nous a laissé tomber", poursuit-elle.

"On a peur que ça signifie la fin de notre nation, parce qu'on sait que l'Azerbaïdjan ne voudra pas s'arrêter là".


Trump a écrit au président israélien pour lui demander de gracier Netanyahu

Le président américain, Donald Trump, a écrit à son homologue israélien, Isaac Herzog, pour lui demander d'accorder une grâce au Premier ministre Benjamin Netanyahu, poursuivi dans son pays pour corruption, a indiqué mercredi le bureau de la présidence. (REUTERS)
Le président américain, Donald Trump, a écrit à son homologue israélien, Isaac Herzog, pour lui demander d'accorder une grâce au Premier ministre Benjamin Netanyahu, poursuivi dans son pays pour corruption, a indiqué mercredi le bureau de la présidence. (REUTERS)
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  • "Le président Herzog tient le président Trump en très haute estime et continue d'exprimer sa profonde gratitude" pour son "soutien indéfectible" à Israël
  • "Monsieur le Président Herzog, écoutez le Président Trump", a écrit sur X le ministre d'extrême-droite Itamar Ben Gvir, tout en accusant la justice israélienne d'être biaisée à l'égard de M. Netanyahu

JERUSALEM: Le président américain, Donald Trump, a écrit à son homologue israélien, Isaac Herzog, pour lui demander d'accorder une grâce au Premier ministre Benjamin Netanyahu, poursuivi dans son pays pour corruption, a indiqué mercredi le bureau de la présidence.

M. Herzog a reçu "ce matin" une lettre de Donald Trump, "l'invitant à envisager d'accorder une grâce" à M. Netanyahu, détaille un communiqué du bureau présidentiel, qui précise que "toute personne souhaitant obtenir une grâce présidentielle doit présenter une demande officielle".

M. Netanyahu est poursuivi dans son pays pour corruption et est régulièrement entendu dans le cadre d'au moins trois procédures judiciaires, dans lesquels aucun jugement n'a encore été rendu.

"Le président Herzog tient le président Trump en très haute estime et continue d'exprimer sa profonde gratitude" pour son "soutien indéfectible" à Israël, "sa contribution considérable au retour des otages, à la refonte de la situation au Moyen-Orient et à Gaza en particulier, et à la garantie de la sécurité de l'Etat d'Israël", précise le communiqué.

Aussitôt plusieurs personnalités politiques israéliennes ont réagi.

"Monsieur le Président Herzog, écoutez le Président Trump", a écrit sur X le ministre d'extrême-droite Itamar Ben Gvir, tout en accusant la justice israélienne d'être biaisée à l'égard de M. Netanyahu.

Une députée également d'extrême-droite mais dans l'opposition, Yulia Malinovsky, du parti Israel Beitenou ("Israël est notre maison" en hébreu), a de son côté suggéré que le président américain faisait cette demande dans le cadre d'un accord avec M. Netanyahu sur des sujets relatifs au cessez-le-feu dans la bande de Gaza.

Quant au dirigeant de l'opposition, Yaïr Lapid, du parti centriste Yesh Atid ("il y a un futur", en hébreu), il a taclé M. Netanyahu en écrivan sur X: "rappel: la loi israélienne stipule que la première condition pour obtenir une grâce est l'aveu de culpabilité et l'expression de remords pour les actes commis".

Lors d'un discours au Parlement israélien le 13 octobre, M. Trump avait déjà suggéré qu'une grâce lui soit accordée.

"J'ai une idée. Monsieur le président (Isaac Herzog), pourquoi ne pas lui accorder une grâce? Ce passage n'était pas prévu dans le discours (...) Mais j'aime bien ce monsieur", avait dit le président américain dans son allocution, mettant en avant qu'il a été "l'un des plus grands" dirigeants "en temps de guerre".

 


Famine: l'ONU alerte sur «16 zones critiques» où la situation s'aggrave

Haïti, le Mali, la Palestine, le Soudan du Sud, le Soudan et le Yémen figurent parmi les pays les plus touchés, "où les populations sont confrontées à un risque imminent de famine catastrophique", souligne le rapport des deux organisations.  L’Afghanistan, la République démocratique du Congo, la Birmanie, le Nigeria, la Somalie et la Syrie sont considérés quant à eux comme étant dans une situation "très préoccupante".  Les quatre autres zones critiques sont le Burkina Faso, le Tchad, le Kenya et la situation des réfugiés rohingyas au Bangladesh. (AFP)
Haïti, le Mali, la Palestine, le Soudan du Sud, le Soudan et le Yémen figurent parmi les pays les plus touchés, "où les populations sont confrontées à un risque imminent de famine catastrophique", souligne le rapport des deux organisations. L’Afghanistan, la République démocratique du Congo, la Birmanie, le Nigeria, la Somalie et la Syrie sont considérés quant à eux comme étant dans une situation "très préoccupante". Les quatre autres zones critiques sont le Burkina Faso, le Tchad, le Kenya et la situation des réfugiés rohingyas au Bangladesh. (AFP)
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  • Selon un rapport conjoint de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) et du Programme alimentaire mondial (PAM), l'insécurité alimentaire aiguë à laquelle sont confrontées 16 zones critiques dans le monde s'accentue
  • "Les conflits, les chocs économiques, les phénomènes météorologiques extrêmes et l'insuffisance critique des financements exacerbent des conditions déjà désastreuses", notent la FAO et le PAM

ROME: Des millions de personnes supplémentaires dans le monde pourraient être confrontées à la famine ou au risque de famine, ont averti mercredi les deux organes de l'ONU dédiés à l'alimentation et à l'agriculture, dans un contexte tendu par la limitation des financements.

Selon un rapport conjoint de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) et du Programme alimentaire mondial (PAM), l'insécurité alimentaire aiguë à laquelle sont confrontées 16 zones critiques dans le monde s'accentue.

"Les conflits, les chocs économiques, les phénomènes météorologiques extrêmes et l'insuffisance critique des financements exacerbent des conditions déjà désastreuses", notent la FAO et le PAM, tous deux basés à Rome, dans un communiqué commun.

Haïti, le Mali, la Palestine, le Soudan du Sud, le Soudan et le Yémen figurent parmi les pays les plus touchés, "où les populations sont confrontées à un risque imminent de famine catastrophique", souligne le rapport des deux organisations.

L’Afghanistan, la République démocratique du Congo, la Birmanie, le Nigeria, la Somalie et la Syrie sont considérés quant à eux comme étant dans une situation "très préoccupante".

Les quatre autres zones critiques sont le Burkina Faso, le Tchad, le Kenya et la situation des réfugiés rohingyas au Bangladesh.

"Nous sommes au bord d'une catastrophe alimentaire totalement évitable qui menace de provoquer une famine généralisée dans de nombreux pays", a mis en garde Cindy McCain, directrice générale du PAM, citée dans le communiqué, ajoutant que "ne pas agir maintenant ne fera qu'aggraver l'instabilité".

Le financement de l'aide humanitaire est "dangereusement insuffisant", alerte également le rapport, précisant que sur les 29 milliards de dollars nécessaires pour venir en aide aux populations vulnérables, seuls 10,5 milliards ont été reçus, précipitant notamment l'aide alimentaire aux réfugiés "au bord de la rupture".

Le PAM indique avoir réduit son assistance aux réfugiés et aux personnes déplacées en raison des coupes budgétaires et suspendu les programmes d'alimentation scolaire dans certains pays.

La FAO prévient de son côté que les efforts pour protéger les moyens de subsistance agricoles sont menacés et alerte sur la nécessité d'un financement urgent pour les semences et les services de santé animale.

"La prévention de la famine n’est pas seulement un devoir moral – c’est un investissement judicieux pour la paix et la stabilité à long terme", a rappelé le directeur général de la FAO, Qu Dongyu.

 


UE: quatre pays bénéficiaires de l'aide à la répartition des migrants

Des migrants, interceptés dans les eaux italiennes, débarquent après l'arrivée d'un navire transportant 49 migrants au port albanais de Shengjin, le 28 janvier 2025.(AFP)
Des migrants, interceptés dans les eaux italiennes, débarquent après l'arrivée d'un navire transportant 49 migrants au port albanais de Shengjin, le 28 janvier 2025.(AFP)
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  • La Commission européenne propose de relocaliser au moins 30.000 demandeurs d’asile depuis l’Italie, l’Espagne, la Grèce et Chypre vers d’autres États membres pour alléger la pression migratoire sur ces pays
  • Les 27 pays de l’UE doivent désormais négocier : chaque État devra soit accueillir des migrants, soit verser 20.000 € par personne — un débat déjà tendu entre pays réticents

BRUXELLES: La Commission européenne a annoncé mardi que l'Italie, l'Espagne, la Grèce et Chypre devraient recevoir de l'aide pour répartir ailleurs au moins 30.000 demandeurs d'asile et ainsi alléger la "pression migratoire" pesant sur ces pays.

Cette annonce va ouvrir des négociations délicates entre les 27 États membres de l'Union européenne (UE), dont nombre d'entre eux se montrent réticents à l'idée d'en accueillir.

L'UE a adopté en 2024 une réforme de sa politique sur la migration et l'asile, qui va bientôt entrer en vigueur.

L'élément clé est un nouveau système de "solidarité" visant à aider les pays méditerranéens considérés par Bruxelles comme étant sous "pression migratoire".

Les autres pays devront soit accueillir une partie des demandeurs d'asile en provenance de ces pays, soit leur verser une aide financière de 20.000 euros par migrant.

Les États membres ont cherché à influencer la décision de la Commission, ce qui a retardé son annonce d'un mois.

"La Grèce et Chypre subissent une forte pression migratoire du fait du niveau disproportionné des arrivées au cours de l'année écoulée", a déclaré mardi la Commission dans un communiqué.

"L'Espagne et l'Italie subissent également une forte pression migratoire du fait d'un nombre disproportionné d'arrivées à la suite d'opérations de sauvetage et de recherche en mer durant la même période", a-t-elle ajouté.

Cette annonce servira de base aux négociations entre États membres sur le nombre supplémentaire de demandeurs d'asile que chacun est disposé à accueillir, ou le montant de l'aide financière qu'il est prêt à apporter.

Certains pays ont déjà assuré qu'ils n'accueilleraient personne dans le cadre de ce dispositif et qu'ils se limiteraient à verser de l'argent.

Au moins 30.000 migrants devront être "relocalisés" chaque année dans le cadre du nouveau système. Le nombre définitif reste à déterminer, et la décision de qui ira où doit être prise d'ici fin décembre.