La filière «thé» trace son sillon en France

Des visiteurs cueillent des feuilles de thé au jardin de la Filleule des fées à Languidic, dans l'ouest de la France, le 9 août 2023. (Photo Fred Tanneau AFP)
Des visiteurs cueillent des feuilles de thé au jardin de la Filleule des fées à Languidic, dans l'ouest de la France, le 9 août 2023. (Photo Fred Tanneau AFP)
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Publié le Dimanche 24 septembre 2023

La filière «thé» trace son sillon en France

  • Comme pour le camélia des jardins, très présent dans cette région de France, «la Bretagne a tout pour la culture du thé », souligne Céline Le Cras, cheffe de culture à Languidic
  • En fait, la théiculture aurait pu débuter deux siècles plus tôt en Bretagne: tombées dans l'oubli, les premières plantations à Nantes et Trévarez datent du milieu du XVIIIe siècle

LANGUIDIC, France : Les allées de Camellias sinensis descendent en pente douce vers la vallée encaissée du fleuve Blavet, à Languidic, dans le sud de la Bretagne: à bas bruit, à l'image de ce «jardin de thé» précurseur, la filière «thé» commence à tracer son sillon en France.

Le Camellia sinensis, de la même famille que le camélia à fleurs, est le nom latin du théier, rappelle Denis Mazerolle, fondateur, avec son épouse d'origine chinoise Weizi, d'une des toutes premières plantations de thé en France hexagonale, «Filleule des fées».

Comme pour le camélia des jardins, très présent dans cette région de l'ouest du pays, «la Bretagne a tout pour cette culture», souligne Céline Le Cras, cheffe de culture à Languidic: «une terre acide, de l'humidité et un sol bien drainé, en semi-ombre». En revanche, le théier n'aime pas le vent. D'où l'installation dans cette vallée abritée.

Passionné de thé depuis 40 ans, le couple de fondateurs a arpenté l'Asie pour découvrir les régions «où on cultive et fabrique le thé de manière artisanale» avec l'objectif de s'en inspirer pour produire un «thé bio de haute qualité».

Tous deux ont eu une longue vie professionnelle loin du Blavet avant de concrétiser leur projet. «Nos premiers théiers, venus de Géorgie, ont été plantés ici en 2005 pour voir ce que ça donnait. Le projet est venu plus tard, en 2016. Et on commercialise notre thé depuis trois ans», explique le théiculteur qui transforme sur place.

Parallèlement, d'autres initiatives apparaissent. Ainsi, non loin, un lycée horticole a été le premier en France à proposer en 2020 une initiation à la production de thé à ses élèves.

«L'idée, c'est de montrer aux jeunes une production autre, de leur créer une ouverture», explique Marine Chotard, enseignante au lycée Saint-Jean-Brévelay-Hennebont.

Le lycée a importé dix mille pieds de Chine en 2021 et noué un partenariat avec un établissement horticole chinois.

«Il y a un intérêt, y compris du grand public, pour du thé produit en France (...) Les entreprises de cosmétique manifestent aussi leur intérêt, notamment en raison des propriétés antioxydantes» du théier, relève Marine Chotard. «On est vraiment à l'émergence d'une filière».

Sauf que le théier est une plante qui demande de la patience: «il faut six ou sept ans pour que le théier arrive à maturité», indique Denis Mazerolle, intarissable sur cette plante «très résiliente».

- Du temps et de l'argent -

«C'est passionnant, mais c'est long et les investissements sont lourds», alerte Christèle Burel, chargée de mission en agriculture biologique à la Chambre d'agriculture de Bretagne. Quand on choisit une variété, «on saura dans sept ans si c'était la bonne!»

Pour un hectare de théiers, «il faut compter entre 45.000 et 70.000 euros, (...) plus cher qu'un hectare (de plants) de vignes», évalue Alain Schlesser, jeune retraité et agronome de formation, qui se lance prudemment dans cette culture à Cast, en Bretagne, après avoir ramené ses premiers théiers de Chine en 2003.

Mme Burel accompagne une dizaine de «néo-théiculteurs», souvent des personnes qui «produisent déjà autre chose, comme des plantes aromatiques, et cherchent à se diversifier». «Dès qu'il y a de la nouveauté, ça attire, et ceux qui s'en sortent le mieux sont les premiers», dit-elle.

«Je les encourage à produire en bio (...), plutôt sur du premium». En tant que Chambre d'agriculture, «on veut consolider» le modèle avant de pousser à son développement.

Une «vingtaine de projets» sont en développement en France, notamment au Pays Basque (sud-ouest), près de la frontière avec l'Espagne, estime Denis Mazerolle.

Une association française et une européenne ont été créées afin de faciliter la structuration de la filière mais aussi sa reconnaissance par les institutions. Outre le partage de connaissances, l'un des objectifs est d'obtenir une labellisation type Appellation d'origine protégée (AOP).

En fait, la théiculture aurait pu débuter deux siècles plus tôt en Bretagne: tombées dans l'oubli, les premières plantations à Nantes et Trévarez datent du milieu du XVIIIe siècle.


Beautyworld Middle East : le savoir-faire français entre innovation, luxe et clean beauty

Beautyworld Middle East a accueilli 86 marques françaises réunies sous la bannière Choose France. (Photo: ANFR)
Beautyworld Middle East a accueilli 86 marques françaises réunies sous la bannière Choose France. (Photo: ANFR)
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  • Le pavillon français à Beautyworld Middle East 2025 a mis en avant 86 marques, illustrant l’excellence et l’innovation françaises dans le secteur de la beauté et des cosmétiques
  • Face à un marché du Golfe en forte croissance, les entreprises françaises — entre tradition, technologie et durabilité — confirment leur capacité à répondre aux nouvelles attentes d’un secteur en expansion

DUBAÏ : Du 27 au 29 octobre, Beautyworld Middle East a accueilli 86 marques françaises réunies sous la bannière Choose France. Organisé par Business France, le pavillon met en lumière le savoir-faire français dans les domaines de la beauté, des cosmétiques et du bien-être, allant des soins de la peau et de la parfumerie aux produits en marque blanche et innovations technologiques.

Dans ce cadre, cinq marques françaises se distinguent par leur approche innovante et leur capacité à séduire le marché du Golfe, en pleine expansion.

Atelier du Savon : l’excellence des ingrédients naturels

Frédéric Brunel-Acquaviva, PDG de l’Atelier du Savon, dirige une manufacture spécialisée dans les savons et cosmétiques naturels, située dans le sud de la France. L’entreprise commercialise ses propres marques, mais réalise également des productions en marque blanche pour des hôtels et distributeurs au Moyen-Orient.

« La cosmétique française est reconnue pour sa qualité ; nos partenaires souhaitent intégrer des ingrédients locaux comme la luffa, l’huile de figue de barbarie ou l’huile de date », précise-t-il.

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L’Atelier du Savon (Photo: ANFR)

Trois ans après sa première participation à Dubaï, l’entreprise continue d’innover grâce à un laboratoire de R&D interne.

Le Laboratoire des Granions : le collagène au cœur de l’innovation

Créé en 1948, le Laboratoire des Granions est un acteur majeur des compléments alimentaires en France. Ilias Kadi, responsable export, met en avant le succès du Collagène Eternity, un collagène à bas poids moléculaire pour une meilleure assimilation.

Présent dans plus de 16 000 pharmacies en France et exporté dans 50 pays, le laboratoire combine expertise pharmaceutique et innovation afin de répondre aux besoins d’un marché international exigeant.

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Le Laboratoire des Granions (Photo: ANFR)

Onérique : le skincare émotionnel

Fondée par Glorimar Primera-Riedweg, Onérique se distingue par une approche sensorielle et émotionnelle du soin. « Chaque produit doit éveiller des sensations positives dès le premier contact », explique la fondatrice. La marque présente trois produits phares au salon : des perles de soin à base d’algues marines, un exfoliant et une crème mousse hydratante.

Présente à Beautyworld Middle East, Onérique cherche à développer des partenariats aux Émirats arabes unis et en Arabie saoudite.

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Onérique ​​​​​​(Photo: ANFR)

L’Officine du Monde : la nigelle au service du bien-être

La marque française, fondée par Olivier Decazes et par la Dr Rita Massoud, pharmacienne franco-égyptienne, exploite les vertus millénaires de la nigelle pour concevoir des compléments alimentaires et cosmétiques. Grâce à la thymoquinone, principe actif anti-inflammatoire de la plante, l’entreprise propose des solutions pour la peau, le confort articulaire ou la régulation de la glycémie entre autres.

« Tout est formulé par un pharmacien, avec des ingrédients importés d’Inde, d’Égypte, d’Éthiopie et de Tunisie. Et Tous les produits sont fabriqués en France », souligne Mr. Decazes.

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L’Officine du Monde (Photo: ANFR)

Creation Parfums Paris 26 : la passion du parfum sur mesure

Virginie Smadja, fondatrice de Creation Parfums Paris 26, conçoit des parfums en private label pour des clients dans le monde entier, notamment dans les pays du Golfe.

« Chaque client peut avoir des demandes différentes, ce qui rend le métier fascinant », explique-t-elle.

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"Just Together" (Photo: Instagram)

Dernièrement, elle a lancé son propre parfum, Just Together, alliant la tradition de l’Oud à des fragrances plus fraîches et sucrées, inspirées de la French touch. Pour Virginie, « ce n’est plus un métier, mais une véritable passion.»

Un marché régional en pleine expansion

Le salon met en évidence le rôle stratégique du Moyen-Orient, et plus particulièrement des Émirats arabes unis, dans l’univers de la beauté et du luxe. Évalué à 8,5 milliards USD en 2024, le marché des cosmétiques dans la région affiche une croissance soutenue de près de 6 % par an, portée par une demande accrue en innovation, qualité et durabilité.

Véritable plateforme de rayonnement pour l’ensemble du Golfe, les Émirats s’imposent comme un carrefour incontournable pour les marques internationales.

La présence française à Beautyworld Middle East illustre parfaitement cette dynamique : entre parfumerie, soins high-tech et cosmétiques écoresponsables, les entreprises tricolores confirment leur savoir-faire unique et leur capacité à allier héritage, excellence et innovation au service des nouvelles attentes du marché.


Delta Airlines renforce son partenariat avec l’Arabie saoudite avant le lancement de sa ligne vers Riyad

Ed Bastian, PDG de Delta Airlines, s'adresse à Asharq Bloomberg en marge du forum Future Investment Initiative à Riyad. (Capture d'écran)
Ed Bastian, PDG de Delta Airlines, s'adresse à Asharq Bloomberg en marge du forum Future Investment Initiative à Riyad. (Capture d'écran)
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  • Cette collaboration intervient alors que Delta s’apprête à inaugurer en octobre prochain son tout premier vol direct entre son hub d’Atlanta et Riyad
  • Le PDG Ed Bastian a expliqué que la priorité initiale serait de capitaliser sur les opportunités d’investissement croissantes du Royaume pour attirer les voyageurs d’affaires

RIYAD : Delta Airlines a conclu un nouveau partenariat avec le ministère saoudien du Tourisme visant à stimuler la demande touristique et à renforcer la notoriété du Royaume sur le marché américain, a confirmé le directeur général de la compagnie.

Cette collaboration précède le lancement du premier vol direct de Delta entre Atlanta et Riyad en octobre prochain, marquant une étape clé dans l’expansion de son réseau au Moyen-Orient.

S’exprimant en marge du Future Investment Initiative Forum à Riyad, Ed Bastian a souligné que l’objectif initial est de tirer parti des opportunités d’investissement croissantes du Royaume afin d’attirer une clientèle d’affaires.

À plus long terme, Delta souhaite également séduire une nouvelle génération de touristes américains, intéressés par les destinations émergentes d’Arabie saoudite, telles que le projet de la mer Rouge et le quartier historique de Diriyah.

« Le Royaume est devenu une destination attractive pour une nouvelle génération de voyageurs », a affirmé Bastian, évoquant un changement de perception chez les visiteurs occidentaux à l’égard de l’Arabie saoudite comme destination touristique.

Pour renforcer son engagement régional, le dirigeant a révélé la signature d’un protocole d’accord avec Riyadh Air, posant les bases d’une coopération dans les domaines du partage de codes et de la coordination des destinations.

Ce partenariat devrait évoluer avec le temps, s’étendant à des projets communs en matière d’exploitation, de maintenance et de technologie, illustrant un resserrement des liens entre les secteurs aéronautiques américain et saoudien.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


FII9 : le PIF dépasse les 250 milliards de dollars d’accords conclus depuis son lancement

Yasir Al-Rumayyan addressing FII9.
Yasir Al-Rumayyan addressing FII9.
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  • Plus de 250 milliards de dollars d’accords signés via la FII en moins de dix ans, le PIF dépassant 1 150 milliards $ d’actifs ; la FII9 vise à renforcer l’impact global de la plateforme
  • Al-Rumayyan appelle à une refonte du modèle économique mondial, soulignant que la véritable richesse réside dans la prospérité humaine, pas seulement dans les chiffres

RIYAD : Plus de 250 milliards de dollars d’accords ont été signés via la plateforme du Future Investment Initiative (FII) depuis sa création il y a moins de dix ans, selon Yasir Al-Rumayyan, gouverneur du Public Investment Fund (PIF) et président de l’Institut FII.

En ouvrant la neuvième édition de la conférence à Riyad, il a affirmé que cette rencontre vise à renforcer l’impact mondial de l’initiative.

Al-Rumayyan a décrit la FII comme le plus grand forum mondial réunissant dirigeants, décideurs et investisseurs pour influencer la trajectoire de l’économie mondiale, rapporte Al Arabiya.

Il a souligné que les participants, issus des secteurs public et privé, représentent collectivement un capital et une responsabilité considérables, ainsi que de vastes opportunités pour façonner les résultats économiques.

Le gouverneur a appelé les participants à agir avec responsabilité et à saisir les opportunités qui se présentent.

Au cours de l’année écoulée, a-t-il noté, les ambitions des investisseurs et des entreprises ont évolué face aux changements économiques et technologiques rapides.

Il a estimé que les modèles économiques traditionnels ne suffisent plus et a appelé gouvernements et entreprises à devenir de véritables partenaires pour promouvoir un nouveau modèle de coopération internationale et de prospérité mondiale.

Le PIF constitue une pierre angulaire de la Vision 2030 de l’Arabie saoudite, moteur de la diversification et de la croissance durable au-delà du secteur pétrolier.

En tant que l’un des plus grands fonds souverains au monde, le PIF gère des actifs dépassant 1 150 milliards de dollars, contre environ 925 milliards un an plus tôt, selon les données officielles.

Ses investissements couvrent de multiples secteurs et régions, avec un intérêt croissant pour la technologie, les infrastructures et l’énergie verte.

Le mandat du PIF s’aligne sur l’ambition du Royaume de positionner l’Arabie saoudite comme une destination mondiale de premier plan pour les investissements, soutenue par des mégaprojets et des partenariats internationaux destinés à accélérer la croissance du PIB non pétrolier.

Al-Rumayyan a déclaré que la FII est devenue le lieu de référence où dirigeants et investisseurs débattent des défis et opportunités partagés.

Il a mis en évidence un écart croissant entre l’optimisme des individus quant à leur avenir personnel et leur pessimisme face à la situation mondiale, ajoutant que la technologie pourrait combler ce fossé si elle est déployée de manière inclusive.

Il a toutefois averti que l’intelligence artificielle risque d’accentuer les inégalités éducatives si elle n’est pas régulée de façon équitable et responsable.

Il a identifié l’inégalité comme un frein majeur au progrès humain, citant des prévisions selon lesquelles environ 10 % de la population mondiale pourrait vivre dans une pauvreté extrême d’ici 2025.

Néanmoins, il s’est dit confiant que les dirigeants réunis à la FII peuvent transformer les défis actuels en opportunités bénéfiques pour la société.

Abordant la Vision 2030, Al-Rumayyan a affirmé que le programme a fixé une nouvelle référence mondiale en matière de transformation économique.

Il a noté que les investissements directs étrangers dans le Royaume ont augmenté de 24 % pour atteindre 31,7 milliards de dollars, soulignant que l’Arabie saoudite s’impose désormais comme une destination mondiale majeure, soutenue par ses mégaprojets et ses préparatifs pour accueillir l’Expo 2030 et la Coupe du Monde de la FIFA 2034.

Enfin, il a rappelé que la véritable richesse se mesure au bien-être des populations plutôt qu’aux chiffres, et a invité les participants à utiliser les trois jours du forum pour forger des partenariats transfrontaliers capables de débloquer des opportunités transformatrices au service de l’humanité.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com