Nagorny Karabakh: près de la moitié de la population réfugiée en Arménie

Des réfugiés se reposent sur la route entre Kornidzor et Goris après avoir traversé la frontière, le 26 septembre 2023. (AFP)
Des réfugiés se reposent sur la route entre Kornidzor et Goris après avoir traversé la frontière, le 26 septembre 2023. (AFP)
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Publié le Mercredi 27 septembre 2023

Nagorny Karabakh: près de la moitié de la population réfugiée en Arménie

  • Plus de 100 personnes sont toujours portées disparues après l'explosion d'un dépôt de carburant pris d'assaut par les habitants, lundi soir en plein exode
  • Le Premier ministre arménien Nikol Pachinian s'était dit prêt à accueillir 40 000 réfugiés dans le pays de 2,9 millions d'habitants. Mais le gouvernement n'a pu loger pour l'heure que 2.850 personnes

GORIS: Un flot incessant: près de la moitié de la population du Nagorny Karabakh a fui la région du Caucase depuis l'offensive éclair de l'Azerbaïdjan la semaine dernière, qui a brutalement mis fin aux rêves d'indépendance des séparatistes arméniens.

Ils sont désormais 50.243 à s'être réfugiés en Arménie, selon de nouveaux chiffres communiqués mercredi par Erevan, à la suite de l'opération militaire qui a fait plus de 400 morts dans les deux camps.

Pour ajouter aux tourments de l'enclave, plus de 100 personnes sont toujours portées disparues après l'explosion d'un dépôt de carburant pris d'assaut par les habitants, lundi soir en plein exode. Le drame a fait 68 morts et 290 blessés.

L'Azerbaïdjan avait ouvert la veille la seule route reliant le Nagorny Karabakh à l'Arménie, quatre jours après la capitulation des séparatistes et un accord de cessez-le-feu qui place sous le contrôle de Bakou la région d'environ 120 000 habitants, essentiellement peuplée d'Arméniens.

Les autorités se sont engagées à permettre aux rebelles qui rendraient leurs armes de partir. Elles ont cependant arrêté mercredi l'homme d'affaires Ruben Vardanyan, qui a dirigé le gouvernement séparatiste de l'enclave de novembre 2022 à février 2023, alors qu'il tentait de rejoindre l'Arménie.

Crise humanitaire 

De l'autre côté de la frontière, c'est le chaos qui règne. Première étape pour la plupart, la ville de Goris est méconnaissable.

Des centaines de voitures encombrent ses rues dans le plus grand chaos, sous les yeux de policiers impuissants à les orienter. Des hélicoptères survolent la zone.

Nombre de réfugiés, affamés, ont passé la nuit dans leurs véhicules dont ils émergent les yeux rougis de fatigue, beaucoup disant n'avoir aucun endroit où dormir ni lieu où aller en Arménie.

Alekhan Hambardzyumyan, 72 ans, a dormi dans son fourgon utilitaire. Il montre les traces d'impact d'obus sur la carrosserie.

Le retraité, dents en or et veste délavée aux couleurs d'une équipe de base-ball américaine, a échappé de peu à un bombardement en allant chercher son frère, blessé sur le front le 20 septembre.

Son fils a péri dans les derniers combats qui ont fait 213 morts du côté des séparatistes arméniens. Bakou a indiqué pour sa part avoir perdu 192 de ses soldats et un civil dans l'opération militaire.

"Je veux aller à Erevan mais je ne sais pas ce que l'Etat est en mesure de me proposer", explique-t-il à l'AFP.

Le Premier ministre arménien Nikol Pachinian s'était dit prêt à accueillir 40 000 réfugiés dans le pays de 2,9 millions d'habitants.

Mais le gouvernement n'a pu loger pour l'heure que 2.850 personnes, ce qui laisse présager d'une crise humanitaire.

"L'Arménie manque de ressources pour gérer la crise des réfugiés et ne pourra pas y arriver sans une aide de l'étranger", estime l'analyste politique Boris Navasardyan, interrogé par l'AFP. Selon lui, cette situation "va avoir de sérieuses répercussions sur la scène politique" sur fond de "mécontentement généralisé".

La capitale Erevan a été secouée ces derniers jours par une série de manifestations contre un Premier ministre accusé de passivité face à l'Azerbaïdjan.

 

L'Azerbaïdjan annonce l'arrestation d'un ex-dirigeant du Nagorny Karabakh

Les autorités azerbaïdjanaises ont annoncé mercredi avoir arrêté un ancien dirigeant du Nagorny Karabakh qui tentait de se rendre en Arménie, une semaine après l'offensive éclair de l'Azerbaïdjan dans cette région séparatiste du Caucase.

Ruben Vardanyan, un homme d'affaires qui a mené le gouvernement séparatiste de l'enclave de novembre 2022 à février 2023, "a été interpellé", a indiqué le service national des frontières, sans donner de détails sur ce qui lui est reproché.

Né en 1968, "il a été remis aux autorités compétentes" dans la capitale Bakou, ajoute le communiqué accompagné d'une photo de l'intéressé encadré par deux gardes de sécurité.

Depuis la capitulation des séparatistes et l'accord de cessez-le-feu qui place sous le contrôle de Bakou l'enclave, quelque 42.500 réfugiés ont fui en Arménie.

L'Azerbaïdjan s'est engagé à permettre aux rebelles qui rendraient leurs armes de partir. Mais "ceux qui ont commis des crimes de guerre pendant les guerres au Karabakh doivent nous être remis", a fait savoir mardi à l'AFP une source gouvernementale.

Des négociations sont en cours sous la médiation de Moscou, pour la réintégration dans l'Azerbaïdjan du territoire sécessionniste, où de très nombreux habitants restent bloqués.

Avant l'opération de la semaine dernière, l'Arménie, à majorité chrétienne, et l'Azerbaïdjan, à majorité musulmane, ont mené deux guerres meurtrières pour la région du Nagorny Karabakh depuis l'effondrement de l'Union soviétique en 1991.

Le territoire compte jusqu'à 120.000 Arméniens de souche, mais est internationalement reconnue comme faisant partie de l'Azerbaïdjan.

L'arrestation a été confirmée par l'épouse de Ruben Vardanyan, Veronika Zonabend, sur le réseau social X (anciennement Twitter).

"Mon mari a été arrêté ce matin à la frontière alors qu'il tentait de fuir avec des milliers d'Arméniens", a-t-elle écrit, sollicitant "prières et soutien" en vue de sa libération.

«J'ai décidé d'agir»

Nikol Pachinian doit aussi composer avec la Russie, qui dispose d'une importante base militaire en Arménie et voit le Caucase comme son pré carré même si son influence s'est réduite depuis le lancement de l'offensive en Ukraine.

Le dirigeant arménien a d'ailleurs implicitement reproché à Moscou son manque de soutien, en qualifiant d'"inefficaces" les alliances actuelles de son pays, notamment avec la Russie, ce que le Kremlin a contesté.

Sur le terrain, la société civile s'organise sans attendre l'Etat.

La petite ville de Goris n'en est pas à son premier exode: elle a déjà accueilli des réfugiés pendant les précédentes guerres du Nagorny Karabakh opposant les deux anciennes républiques soviétiques, l'Arménie à majorité chrétienne, et l'Azerbaïdjan à majorité musulmane.

Devant sa maison, Liana Sakhakyan a installé une table et des gâteaux.

"L'important n'est pas seulement la nourriture: c'est l'accueil, une atmosphère chaleureuse", confie-t-elle. "Quand j'ai vu tant de gens arriver hier, j'ai décidé d'agir".

A ceux qui ont décidé de rester sur place, le président azerbaïdjanais Ilham Aliev a promis que les droits des Arméniens de l'enclave, rattachée en 1921 à l'Azerbaïdjan, seraient "garantis".

Après l'appel à protéger les civils lancé mardi par le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken, son homologue allemande Annalena Baerbock a exhorté Bakou à autoriser les observateurs internationaux à entrer dans l'enclave.

"Les enfants, les femmes et les hommes du Nagorny Karabakh doivent pouvoir rester dans leurs foyers et dans leur patrie en paix et dans la dignité", a-t-elle insisté.


La Corée du Nord affirme que tout nouveau comité de surveillance des sanctions est voué à l'échec

L'ambassadeur de la Corée du Nord auprès des Nations Unies, Kim Song, s'exprime lors d'une réunion de l'Assemblée générale des Nations Unies après que la Chine et la Russie ont opposé leur veto à de nouvelles sanctions contre la Corée du Nord au Conseil de sécurité de l'ONU, au siège de l'ONU à New York, New York, États-Unis, le 8 juin. , 2022 (Photo, Reuters).
L'ambassadeur de la Corée du Nord auprès des Nations Unies, Kim Song, s'exprime lors d'une réunion de l'Assemblée générale des Nations Unies après que la Chine et la Russie ont opposé leur veto à de nouvelles sanctions contre la Corée du Nord au Conseil de sécurité de l'ONU, au siège de l'ONU à New York, New York, États-Unis, le 8 juin. , 2022 (Photo, Reuters).
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  • La Corée du Nord est soumise depuis 2006 à des sanctions du Conseil de sécurité de l'ONU liées à son programme nucléaire
  • Séoul et Washington affirment que Pyongyang envoie des armes à la Russie, possiblement en échange d'une aide technique

SEOUL: Les efforts visant à mettre en place un nouveau comité d'experts pour surveiller l'application des sanctions internationales visant la Corée du Nord sont voués à l'échec, a déclaré son ambassadeur à l'ONU dans des propos rapportés par un média d'Etat dimanche.

"Les forces hostiles pourraient installer (un) deuxième et (un) troisième comités d'experts à l'avenir mais ils sont tous destinés à connaître l'autodestruction", a lancé l'ambassadeur Kim Song dans un communiqué en langue anglaise diffusé par l'agence de presse officielle KCNA.

En mars, la Russie a mis son veto au Conseil de sécurité de l'ONU à un projet de résolution prolongeant d'un an le mandat du comité d'experts chargé de surveiller l'application des sanctions des Nations Unies visant Pyongyang.

Cette dissolution est un "jugement historique à l'encontre d'une organisation illégale et fomenteuse de complots (...) en vue d'éliminer le droit à l'existence d'un Etat souverain", selon Kim Song.

La Corée du Nord est soumise depuis 2006 à des sanctions du Conseil de sécurité de l'ONU liées à son programme nucléaire, renforcées plusieurs fois en 2016 et 2017. Depuis 2019, la Russie et la Chine, mettant notamment en avant la situation humanitaire en Corée du Nord, réclament l'allègement de ces sanctions, qui n'ont pas de date de fin.

Armes 

N'ayant pas obtenu gain de cause, Moscou a pris pour cible le comité d'experts chargé de surveiller l'application de ces mesures, comité dont les rapports font référence.

Séoul et Washington affirment que Pyongyang envoie des armes à la Russie, possiblement en échange d'une aide technique pour son programme de satellites espions.

Lors d'une visite en Corée du Sud en avril, l'ambassadrice des Etats-Unis à l'ONU, Linda Thomas-Greenfield, a souligné l'importance de garantir l'application des sanctions en Corée du Nord.

D'après l'ambassadrice, Washington travaille avec Séoul, Tokyo et d'autres capitales à trouver "des moyens créatifs" pour reprendre la surveillance des sanctions.

En 2023, la Corée du Nord a conduit un nombre record d'essais de missiles en dépit des sanctions. L'année précédente, Pyongyang a déclaré son statut de puissance nucléaire "irréversible".


Attaque au couteau en Australie, un adolescent de 16 ans «radicalisé» abattu par la police

La police pense que l'adolescent a envoyé des messages à des membres de la communauté musulmane qui ont immédiatement prévenu la police (Photo, AFP).
La police pense que l'adolescent a envoyé des messages à des membres de la communauté musulmane qui ont immédiatement prévenu la police (Photo, AFP).
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  • L'homme «d'âge mûr» blessé par un unique coup de couteau lors de l'attaque se trouve dans un état «grave» mais stable
  • Deux jours après cette attaque dans un centre commercial, un évêque d'une église assyrienne avait également été poignardé

SYDNEY: Un adolescent de 16 ans "radicalisé" et atteint de troubles mentaux a été abattu samedi soir par la police dans la banlieue de Perth, dans l'ouest de l'Australie, après avoir blessé une personne lors d'une attaque au couteau, ont rapporté les autorités dimanche.

L'adolescent, armé d'un couteau, "s'est précipité" sur les forces de l'ordre et a été mortellement touché par le tir d'un agent, a indiqué le Premier ministre de l'Etat d'Australie-Occidentale Roger Cook lors d'une conférence de presse.

"Il y a des indications selon lesquelles il s'était radicalisé en ligne. Mais je tiens à rassurer la population, à ce stade il semble qu'il ait agi seul", a déclaré M. Cook.

La police a reçu un appel samedi soir de la part d'un homme avertissant qu'il allait commettre "des actes de violence" mais sans donner son nom ni sa localisation, a fait part aux journalistes le responsable de la police de l'Etat, Col Blanch.

Quelques minutes plus tard, a-t-il ajouté, la police a reçu un appel d'urgence pour les avertir qu'un "homme avec un couteau courait" au niveau d'un parking de Willetton, dans la banlieue sud de Perth.

L'individu était armé d'un couteau de cuisine de 30 centimètres de long et d'après des images d'une caméra-piéton de la police, l'adolescent a refusé de le poser à terre comme le demandaient les forces de l'ordre, a indiqué M. Blanch.

Les agents ont tiré au moyen de deux pistolets à impulsion électrique mais "aucun des deux n'a eu totalement l'effet escompté", a-t-il relaté.

"L'homme a continué à avancer vers (un agent) muni d'une arme à feu qui a tiré un seul coup et mortellement blessé" l'individu, a raconté le responsable de la police. L'adolescent est décédé à l'hôpital plus tard dans la nuit.

«Radicalisation en ligne»

L'homme "d'âge mûr" blessé par un unique coup de couteau lors de l'attaque se trouve dans un état "grave" mais stable, a dit le responsable policier.

La police pense que l'adolescent a envoyé des messages à des membres de la communauté musulmane qui ont immédiatement prévenu la police, a-t-il expliqué sans divulguer d'informations sur leur contenu.

L'adolescent avait "des problèmes de santé mentale mais aussi des problèmes de radicalisation en ligne", d'après la même source.

Ces dernières années, l'assaillant était suivi dans le cadre d'un programme de lutte contre la violence et l'extrémisme.

"Il ne s'agit pas d'une approche fondée sur la dimension criminelle, c'est un programme visant à aider des individus qui expriment des idéologies préoccupantes pour notre communauté", a expliqué M. Blanch.

Le Premier ministre australien Anthony Albanese a expliqué avoir été tenu au courant des faits par la police et les services de renseignement selon qui il n'y a pas de "menace en cours".

"Nous sommes une nation attachée à la paix et il n'y a pas de place pour l'extrémisme violent en Australie", a écrit M. Albanese sur les réseaux sociaux.

Les crimes violents sont rares en Australie, mais cet incident survient moins d'un mois après une autre attaque au couteau qui a fait six morts dans un centre commercial de Sydney (sud-est).

L'auteur de cette attaque, Joel Cauchi, un homme de 40 ans souffrant de troubles mentaux, avait été abattu par la police. Ses parents ont indiqué que leur fils a été diagnostiqué schizophrène à l'âge de 17 ans, puis qu'il a quitté leur domicile du Queensland (nord-est) et abandonné son traitement.

Deux jours après cette attaque dans un centre commercial, un évêque d'une église assyrienne avait également été poignardé lors d'un sermon diffusé en direct dans une église de Sydney. La victime a survécu à ses blessures. Un adolescent de 16 ans a depuis été inculpé d'"acte terroriste".


Comme un «air de révolution» en Hongrie face au système Orban

Ervin Nagy lors d'un entretien avec l'AFP à Budapest, en Hongrie (Photo, AFP).
Ervin Nagy lors d'un entretien avec l'AFP à Budapest, en Hongrie (Photo, AFP).
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  • Jamais depuis le retour au pouvoir de Viktor Orban en 2010, la Hongrie n'avait connu pareil mouvement de contestation
  • Sans se laisser abattre, Peter Magyar a entamé depuis plusieurs semaines une tournée en province afin d'y récolter des voix

DEBRECEN: Acteur en vue en Hongrie, Ervin Nagy a délaissé les planches et studios de tournage pour battre le pavé. Comme des milliers d'autres, il est saisi par la fièvre Magyar, du nom de ce dissident qui défie Viktor Orban.

Dimanche, il participera à un grand rassemblement dans la ville de Debrecen (est), bastion du parti Fidesz du Premier ministre nationaliste, à un mois des élections européennes.

Depuis l'irruption en février sur la scène politique de Peter Magyar, ex-haut fonctionnaire entré en rébellion, le comédien de 47 ans s'est lancé à ses côtés dans ce combat "pour un renouveau" du pays d'Europe centrale.

Il a même mis à disposition son camion à plateau d'où le tribun s'est adressé à la foule un soir, de manière spontanée.

"Nous n'avions pas le temps de trouver un podium", raconte Ervin Nagy à l'AFP. "Il flottait comme un air de la révolution de 1956", s'enflamme-t-il, en allusion au soulèvement de la Hongrie contre la mainmise soviétique.

«Galvanisés»

Jamais depuis le retour au pouvoir de Viktor Orban en 2010, la Hongrie n'avait connu pareil mouvement de contestation, de l'avis des experts, qui évoquent un défi sans précédent pour le dirigeant.

Après le scandale provoqué par la grâce accordée à un homme condamné dans une affaire de pédocriminalité, Peter Magyar a su capitaliser sur la colère pour drainer des dizaines de milliers de personnes dans les rues de Budapest.

"Apathiques et frustrés" par un pouvoir indéboulonnable, "ils ont été soudainement galvanisés par l'arrivée de cet homme sensé et téméraire", lance l'acteur.

S'il a adhéré par le passé à la cause des enseignants, il n'avait pas d'ambitions politiques jusqu'à ce que Peter Magyar le contacte. "Il m'a convaincu en une heure", se souvient-il.

En trois mois à peine, cette nouvelle figure de l'opposition a évincé les partis existants, avec son discours conservateur pourfendant la corruption qui ruine à ses yeux le pays.

Son mouvement Tisza (Respect et liberté), qui se veut "ni à gauche ni à droite", est désormais crédité de 25% d'intentions de vote auprès des électeurs sûrs de leur choix, selon un récent sondage réalisé par l'institut Median auprès de 1.000 personnes en vue du scrutin européen du 9 juin.

Sa force, pour ses partisans: connaître le système de l'intérieur. Longtemps diplomate à Bruxelles, le charismatique avocat de 43 ans a aussi partagé pendant des années la vie de Judit Varga, ancienne ministre de la Justice, avec laquelle il a eu trois enfants.

«Mini-dictature»

Si Viktor Orban balaie l'arrivée de ce concurrent d'un revers de la main, son parti "se démène pour tuer dans l'oeuf" cette vague de contestation, décrypte pour l'AFP l'analyste Zoltan Lakner.

Des affiches le taxant de "serviteur de Bruxelles" ont fleuri dans le pays, tandis que les journaux pro-gouvernementaux ont publié des dizaines d'articles pour salir sa réputation, d'accusations de violences conjugales - qu'il nie fermement - à des remarques sur ses "lunettes de soleil de femme".

Une nouvelle autorité de surveillance, créée pour prévenir "les interférences étrangères" dans le processus électoral, a également lancé une enquête à son encontre.

"Si Magyar parvient à unir les électeurs de l'opposition", aujourd'hui fragmentée en plusieurs partis sans envergure, il pourrait alors présenter un réel danger pour le pouvoir, estime le politologue.

Même si d'autres jugent le mouvement éphémère et incapable de déstabiliser la solide assise construite par le Premier ministre, qui a progressivement mis au pas les contre-pouvoirs en 14 ans et installé une redoutable propagande selon l'Union européenne, l'ONU et l'OSCE.

Sans se laisser abattre, Peter Magyar a entamé depuis plusieurs semaines une tournée en province afin d'y récolter des voix, son passage à Debrecen lui permettant tester sa popularité.

Sur scène, il sera entouré de plusieurs célébrités hongroises "suffisamment courageuses" pour s'afficher à ses côtés, souligne Ervin Nagy, qui affirme avoir été "placé sur une liste noire" pour avoir osé un jour critiquer un membre du Fidesz.

La Hongrie est devenue "une sorte de mini-dictature", assène-t-il. "Ils ne vous battent pas à mort, mais si vous vous élevez contre les autorités, il y aura des conséquences".