Les rivaux de Trump critiquent son absence au débat républicain

L'ancien président américain et candidat à la présidentielle de 2024, Donald Trump, s'exprime chez Drake Enterprises, un fabricant et fournisseur de pièces automobiles, à Clinton, dans le Michigan, le 27 septembre 2023. (Photo, AFP)
L'ancien président américain et candidat à la présidentielle de 2024, Donald Trump, s'exprime chez Drake Enterprises, un fabricant et fournisseur de pièces automobiles, à Clinton, dans le Michigan, le 27 septembre 2023. (Photo, AFP)
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Publié le Jeudi 28 septembre 2023

Les rivaux de Trump critiquent son absence au débat républicain

  • "Donald, je sais que tu nous regardes", a lancé l'ex-gouverneur du New Jersey Chris Christie en pointant son doigt vers la caméra. "Tu n'es pas là ce soir, pas à cause des sondages, pas à cause de tes inculpations, mais parce que tu as peur"
  • Suivant la même stratégie qu'au premier débat en août, l'ancien président a choisi de snober cette émission, étape importante de la longue route vers la Maison Blanche, en raison selon lui de sa très large avance dans les enquêtes d'opinion

SIMI VALLEY: Immigration, économie, Ukraine...: sept candidats républicains à la présidentielle américaine de 2024 se sont affrontés mercredi lors d'un nouveau débat télévisé tendu, réservant leurs piques les plus tranchantes à Donald Trump, grand favori des primaires et grand absent de la soirée.

"Donald, je sais que tu nous regardes", a lancé l'ex-gouverneur du New Jersey Chris Christie en pointant son doigt vers la caméra. "Tu n'es pas là ce soir, pas à cause des sondages, pas à cause de tes inculpations, mais parce que tu as peur", a-t-il assuré.

Suivant la même stratégie qu'au premier débat en août, l'ancien président a choisi de snober cette émission, étape importante de la longue route vers la Maison Blanche, en raison selon lui de sa très large avance dans les enquêtes d'opinion républicaines.

Le septuagénaire était à la place dans le Michigan, volontairement en même temps que le débat, pour courtiser l'électorat ouvrier du secteur automobile auquel son rival démocrate, le président Joe Biden, avait tendu la main mardi.

Divisés sur des questions comme l'aide à l'Ukraine, les sept candidats -- six hommes et une femme -- ont cette fois débattu durant deux heures, dans des échanges virant souvent à la cacophonie.

Les candidats se sont aussi attardés sur les questions économiques, critiquant longuement le bilan du président démocrate qu'ils essaient de déloger de la Maison Blanche.

"La politique climatique de Joe Biden est bonne pour Pékin, terrible pour Detroit", a cinglé l'ancien vice-président Mike Pence, en référence au berceau de l'automobile des Etats-Unis.

DeSantis retire les gants

Mais c'est bien autour de Donald Trump qu'ont tourné les séquences les plus fortes de l'émission. Car, cette fois-ci, ses rivaux ont beaucoup moins retenu leurs coups.

"Donald Trump manque à l'appel, il devrait être sur cette scène ce soir pour défendre son bilan", a taclé Ron DeSantis, qui était vu par certains conservateurs comme la relève du Parti républicain, mais dont la cote a dégringolé dans les enquêtes d'opinion.

Le gouverneur de Floride, qui s'est fait remarquer avec ses prises de positions choc sur l'avortement, les questions LGBT+ ou l'immigration, accuse désormais un retard de plus de 40 points face à Donald Trump, selon l'agrégateur de sondages RealClearPolitics.

C'est tout le paradoxe: à quatre mois des premières primaires, Donald Trump, inculpé quatre fois au pénal, continue d'écraser toute la concurrence, bénéficiant encore d'un soutien massif auprès de sa marée de supporteurs à casquettes rouges.

Duel Trump-Biden dans le Michigan

Le milliardaire républicain assure déjà lui se projeter dans un possible remake de l'élection de 2020 -- consacrant l'immense majorité de ses attaques à Joe Biden, président octogénaire candidat à sa réélection en novembre 2024.

Les deux rivaux ont effectué cette semaine un duel rapproché dans le Michigan, actuellement théâtre d'un grand conflit social.

Joe Biden s'est ainsi affiché, bras dessus bras dessous, avec des leaders syndicaux mardi, apportant son soutien à un piquet de grève d'ouvriers de l'automobile.

"Joe Biden prétend être le président le plus favorable aux syndicats de l'histoire. C'est absurde", a tancé Donald Trump mercredi soir depuis une usine fabriquant des pièces détachées en grande banlieue de Detroit.

Le républicain a vivement critiqué la politique environnementale de son successeur centrée sur le développement de voitures électriques.

Le Michigan, frontalier du Canada, avait créé la surprise en élisant Donald Trump en 2016 face à Hillary Clinton. Il sera un des Etats les plus disputés de la présidentielle de 2024.

Conscient d'avoir été écrasé le débat de son absence, Donald Trump a publié sur son réseau social une image de son ombre recouvrant toute l'estrade où débattaient ses sept rivaux.


Il y a 75 ans, le monde signait la Déclaration universelle des droits de l'Homme

Une statue de l'ancienne Première dame Eleanor Roosevelt (Photo, AFP).
Une statue de l'ancienne Première dame Eleanor Roosevelt (Photo, AFP).
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  • L'universalisme dont elle se prévaut a été qualifié par certains pays de diktat occidental
  • Le Canadien John Peters Humphrey et le Français René Cassin en furent les principaux animateurs

PARIS: Le 10 décembre 1948, l'ONU adopte à Paris la Déclaration universelle des droits de l'Homme (DUDH), ambition humaniste mondiale affichée peu après la victoire des Alliés sur les Nazis.

C'est l'une des premières grandes réalisations de la toute nouvelle Organisation des Nations unies et la première fois qu'un caractère universel est accordé aux besoins de liberté, d'égalité et de justice.

Réunie au Palais de Chaillot, la salle applaudit longuement, debout, ce texte né de l'aspiration à un monde meilleur, après les atrocités de la Seconde Guerre mondiale, d'Auschwitz à Hiroshima.

La Déclaration, sans valeur contraignante, affirme la primauté des droits et libertés des individus sur les droits des Etats, en gravant les droits économiques, sociaux et culturels au même rang que les libertés civiles et politiques.

Les droits de l'Homme ne doivent plus être une question d'ordre intérieur, comme Hitler l'avait revendiqué pour empêcher toute ingérence étrangère, mais une question "universelle".

L'influente Eleanor Roosevelt 

Présidé par l'influente Eleanor Roosevelt, veuve du président américain Franklin Roosevelt mort en 1945, un comité de rédaction comprenant des personnalités de divers pays, a été mis sur pied en 1947, après des mois de préparation.

Le Canadien John Peters Humphrey et le Français René Cassin en furent les principaux animateurs. Les Etats membres de l'ONU ont ensuite apporté amendements et propositions à la charte proposée.

"Premier manifeste que l'humanité organisée ait jamais adopté", selon le juriste René Cassin, elle s'inspire dans ses principes de la Déclaration d'indépendance américaine de 1776 et de la Déclaration française des droits de l'homme et du citoyen de 1789.

Plusieurs femmes ont pesé dans sa rédaction. On doit notamment à Hansa Mehta, une fervente militante des droits des femmes en Inde et à l'étranger, la reformulation de l'article premier de la Déclaration "tous les hommes naissent libres et égaux" en "tous les êtres humains naissent libres et égaux".

La Déclaration est adoptée par consensus, par 48 des 58 membres, 2 étant absents (le Yémen et le Honduras) et 8 s'étant abstenus (la Biélorussie, l'Ukraine, l'URSS, la Tchécoslovaquie, la Pologne, la Yougoslavie ainsi que l'Arabie saoudite, qui conteste l'égalité homme-femme, et l'Afrique du Sud de l'apartheid).

A une époque où le monde était divisé entre le bloc de l'Est et celui de l'Occident, trouver un terrain d'entente fut une tâche colossale, les communistes dénonçant un excès de droits individuels et politiques au détriment des droits sociaux.

Les démocraties occidentales, de leur côté, résistaient à l'idée de traduire la déclaration en instrument juridique contraignant, redoutant qu'il ne fût utilisé contre elles par les pays colonisés. La Déclaration fut d'ailleurs citée par un certain nombre de peuples colonisés pour exiger leur autonomie.

Un fondement du droit international 

Malgré les arrière-pensées qui ont présidé à sa création, la DUDH a inspiré tous les traités internationaux de l'après-guerre et est généralement reconnue comme le fondement du droit international relatif aux droits de l'Homme.

Les conventions internationales de 1979 contre la discrimination envers les femmes, de 1984 contre la torture, de 1990 sur les droits de l'enfant, la création de la Cour Pénale internationale (CPI) en 1998 découlent directement de la DUDH. Elle a également inspiré "le droit d'ingérence" et d'assistance humanitaire.

Mais, si elle a permis certaines avancées vers "l'idéal commun à atteindre", elle n'a empêché nulle part des violations des droits reconnus fondamentaux.

Et elle n'échappe pas à la critique : l'universalisme dont elle se prévaut a été qualifié par certains pays de diktat occidental. Des résistances idéologiques, culturelles, religieuses se sont souvent manifestées dans les pays souverainistes. 


La famille de l'Iranienne Mahsa Amini empêchée de se rendre en France pour le prix Sakharov

Des Kurdes syriens se produisent près d'un portrait de Mahsa Amini, exposé à l'occasion du premier anniversaire de sa mort, lors du festival folklorique de Dabke à Rumaylan (Rmeilan) dans la province de Hasakeh, au nord-est de la Syrie, le 17 septembre 2023. (Photo par Delil Souleiman AFP)
Des Kurdes syriens se produisent près d'un portrait de Mahsa Amini, exposé à l'occasion du premier anniversaire de sa mort, lors du festival folklorique de Dabke à Rumaylan (Rmeilan) dans la province de Hasakeh, au nord-est de la Syrie, le 17 septembre 2023. (Photo par Delil Souleiman AFP)
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  • Le prix Sakharov, plus haute distinction de l'UE pour les droits humains, avait été décerné en octobre dernier par le Parlement européen à Mahsa Amini et au mouvement «Femme Vie Liberté» réprimé dans le sang par le pouvoir en Iran
  • La mort de Mahsa Amini le 16 septembre 2022, à l'âge de 22 ans, trois jours après son interpellation par la police pour un voile mal ajusté, avait entraîné des mois de manifestations de grande ampleur

PARIS : Les parents et le frère de Mahsa Amini, jeune Kurde iranienne décédée l'an dernier, qui devaient recevoir le prix Sakharov décerné à la jeune victime à titre posthume, ont été interdits de quitter le territoire iranien, a annoncé samedi à l'AFP leur avocate en France.

Ils «ont été interdits de monter à bord du vol qui devait les conduire en France pour la remise du prix Sakharov et de quitter le territoire hier à minuit alors qu'ils étaient munis d'un visa», a indiqué Me Chirinne Ardakani. «Leurs passeports ont été confisqués», a-t-elle ajouté.

Le prix Sakharov, plus haute distinction de l'UE pour les droits humains, avait été décerné en octobre dernier par le Parlement européen à Mahsa Amini et au mouvement «Femme Vie Liberté» réprimé dans le sang par le pouvoir en Iran.

La mort de Mahsa Amini le 16 septembre 2022, à l'âge de 22 ans, trois jours après son interpellation par la police pour un voile mal ajusté, avait entraîné des mois de manifestations de grande ampleur contre les dirigeants politiques et religieux iraniens, dont la répression a provoqué des centaines de morts et des milliers d'arrestations.

«Alors que le Nobel se tient au même moment, les autorités iraniennes n'ont jamais été aussi mobilisées pour éviter que les familles des victimes prennent la parole auprès de la communauté internationale», a estimé Me Ardakani.

«Le meurtre brutal de Dina Mahsa Amini a marqué un tournant», avait souligné la présidente du Parlement, Robert Metso, lors de l'annonce du prix.

«Le slogan +Femme Vie Liberté+ est devenu un cri de ralliement pour tous ceux qui défendent l'égalité, la dignité et la liberté en Iran», avait-elle ajouté.


L'envers du paradis: quand Copacabana vire au noir

Vue aérienne de la plage de Copacabana à Rio de Janeiro, Brésil, le 10 novembre 2023. (Photo Mauro Pimentel AFP)
Vue aérienne de la plage de Copacabana à Rio de Janeiro, Brésil, le 10 novembre 2023. (Photo Mauro Pimentel AFP)
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  • Un étudiant venu à Rio pour un concert de Taylor Swift tué à coups de couteau sur la plage, un homme laissé inconscient après une agression, une jeune femme violée par un sans-abri : «Copacabana est triste», lâche Thiago Nogueira, un commerçant de 42 ans
  • Cette poussée de violence, répercutée à l'envi par médias et réseaux sociaux, a engendré un phénomène nouveau: l'apparition de groupes d'auto-défense, justiciers auto-proclamés munis de battes et de poings américains

RIO DE JANEIRO : La carte postale est lacérée: Copacabana, quartier de Rio de Janeiro légendaire pour sa plage interminable et son charme nostalgique, voit son image ternie par une vague de criminalité et l'apparition de justiciers auto-proclamés.

Avec ses kiosques de plage et ses longues rues arborées aux gratte-ciel Art déco décatis, le quartier bourgeois a fait les gros titres ces dernières semaines pour de bien mauvaises raisons: un étudiant venu à Rio pour un concert de Taylor Swift tué à coups de couteau sur la plage, un homme laissé inconscient après une agression, une jeune femme violée par un sans-abri.

«Copacabana est triste», lâche Thiago Nogueira, un commerçant de 42 ans, vêtu d'un maillot noir flanqué des mots «Rio de Janeiro». «La violence est vraiment forte, et ça empire», dit-il à l'AFP.

Les derniers faits divers ont donné à beaucoup le sentiment qu'un cap avait été franchi à «Copa» et alimenté l'inquiétude alors qu'approche la haute saison, qui amène des flots de touristes du monde entier pour les fêtes de fin d'année et le carnaval en février.

Le président de HoteisRio, association du secteur hôtelier, a réclamé des sanctions plus fortes contre les agresseurs.

Cette poussée de violence, répercutée à l'envi par médias et réseaux sociaux, a engendré un phénomène nouveau: l'apparition de groupes d'auto-défense, justiciers auto-proclamés munis de battes et de poings américains.

Sur des vidéos devenues virales, on voit des bandes de jeunes hommes vêtus de noir, visage masqué, patrouillant dans la rue et bastonnant de présumés «suspects».

Dans un Brésil profondément marqué par les discriminations, les cibles de ces prétendus redresseurs de torts leur ont valu des accusations de «racisme».

«Il est facile de savoir qui est un +criminel+ pour ces groupes d'auto-défense: des hommes noirs pauvres», s'indigne le musicien et militant de la cause noire Tas MC sur X, anciennement Twitter.

- «Cordon de sécurité» -

Rio a une longue histoire de violence -- et de réponse violente à la violence.

Il y a cinq ans, le président d'alors, Michel Temer, avait déployé l'armée pour prendre en charge la sécurité dans la mégapole pendant dix mois, jugeant que le crime organisé avait pris les dimensions d'un «cancer» à Rio.

La «Cité merveilleuse», ville hôte des Jeux olympiques de 2016, est régulièrement le théâtre de batailles rangées entre trafiquants de drogue lourdement armés et police, en particulier dans les favelas.

Elle est enfin gangrenée depuis plus de vingt ans par les «milices», créées par des habitants pour combattre la délinquance dans leur quartier, et vite devenues elles-mêmes d'authentiques organisations criminelles.

Les braquages à Copacabana ont augmenté de 25% cette année par rapport à la même période de l'année dernière, et les vols de passants en pleine rue ont bondi de 56%, selon les chiffres de l'Institut public de sécurité, cités par le site d'information G1.

Face à cette flambée, les autorités ont annoncé le déploiement de 1.000 policiers et d'un «cordon de sécurité» pour protéger nuits et week-ends.

A l'occasion d'une réunion de crise jeudi, les chefs de la sécurité de Rio ont promis de rendre la police plus présente et plus visible.

Ils ont également mis en garde les résidents contre toute velléité de jouer les policiers en lieu et place de la police.

«Les membres des groupes d'auto-défense commettent des crimes en prétendant empêcher des crimes. En réalité, ce sont des criminels eux aussi», a asséné Victor Santos, le secrétaire à la sécurité de l'Etat de Rio -- un poste rétabli le mois dernier par le gouverneur de droite Claudio Castro pour lutter contre l'explosion des violences.

Mais l'exaspération des habitants est aussi nourrie par le profil des auteurs d'agressions, souvent des récidivistes, et en vient parfois à viser le fonctionnement même de la justice.

L'agresseur qui avait laissé un homme inconscient sur le trottoir après l'avoir roué de coups le 2 décembre était «bien connu des autorités, avec neuf entrées à son casier judiciaire», a reconnu une enquêtrice.