Brexit: quatre ans d'incertitude à la frontière nord-irlandaise

On voit la ville frontalière de Warrenpoint, située à côté de Carlingford lough, avec l'Irlande du Nord d'un côté et la République d'Irlande de l'autre, le 15 décembre 2020. Plaque tournante portuaire bourdonnant de ferries et de fret, Warrenpoint se trouve à la frontière irlandaise et a été le site de l'attaque la plus meurtrière contre les troupes britanniques pendant "The Troubles". Depuis le vote de 2016 pour quitter l'UE, tous ces éléments sont devenus des pièces du puzzle insoluble de la tentative de la Grande-Bretagne de se séparer du bloc. (Paul Faith / AFP)
On voit la ville frontalière de Warrenpoint, située à côté de Carlingford lough, avec l'Irlande du Nord d'un côté et la République d'Irlande de l'autre, le 15 décembre 2020. Plaque tournante portuaire bourdonnant de ferries et de fret, Warrenpoint se trouve à la frontière irlandaise et a été le site de l'attaque la plus meurtrière contre les troupes britanniques pendant "The Troubles". Depuis le vote de 2016 pour quitter l'UE, tous ces éléments sont devenus des pièces du puzzle insoluble de la tentative de la Grande-Bretagne de se séparer du bloc. (Paul Faith / AFP)
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Publié le Dimanche 20 décembre 2020

Brexit: quatre ans d'incertitude à la frontière nord-irlandaise

  • Ville portuaire vivant dans le bourdonnement des ferries, Warrenpoint se trouve à la frontière avec la République d'Irlande
  • Après le référendum de juin 2016 où les Britanniques ont décidé à 52% de quitter l'Union européenne, les discussions entre Londres et Bruxelles ont immédiatement buté sur l'épineuse question de la frontière irlandaise

WARRENPOINT: Dans quelques jours, le Royaume-Uni aura quitté marché unique européen et union douanière. Sans trop savoir ce qui l'attend, la ville nord-irlandaise de Warrenpoint a passé les quatre dernières années ballotée au rythme des cahots du divorce avec l'Union européenne.

Ville portuaire vivant dans le bourdonnement des ferries, Warrenpoint se trouve à la frontière avec la République d'Irlande. Elle a été le théâtre de l'attaque la plus meurtrière - 18 morts - contre les troupes britanniques pendant les trois décennies de "Troubles» dans la province.

«A Warrenpoint, nous sommes malheureusement pile au milieu d'une pléthore de problèmes, anciens et nouveaux, autour du Brexit», explique le patron de la Chambre de commerce de la ville, Mark Kelly.

Co-propriétaire d'une entreprise de commerce de gros dont 70% de la marchandise provient de l'Union européenne, il appréhende la fin de la période de transition, qui court jusqu'au 31 décembre. «Il faut juste qu'on fasse au mieux», explique-t-il à l'AFP.

Après le référendum de juin 2016 où les Britanniques ont décidé à 52% de quitter l'Union européenne, les discussions entre Londres et Bruxelles ont immédiatement buté sur l'épineuse question de la frontière irlandaise, qui coupe en deux l'estuaire de Warrenpoint.

La frontière de 500 kilomètres qui sépare la province britannique d'Irlande du Nord et la République d'Irlande, membre de l'Union européenne, s'est largement estompée depuis que les violences entre républicains essentiellement catholiques et loyalistes, surtout protestants ont cessé avec l'accord de paix conclu en 1998.

Les trois décennies des «Troubles" ont fait plus de 3.500 morts. La frontière représentait un point de friction, et le retour d'éventuelles infrastructures à cause du Brexit fait craindre que ne vacille une paix précaire.

A Warrenpoint le 27 août 1979, 18 soldats britanniques ont été tués par deux bombes de l'IRA, groupe paramilitaire opposé à la présence britannique en Irlande. Aux confins de la ville, l'endroit porte des couronnes de coquelicots soignées.

«L'Irlande du Nord a été au coeur de la tempête du Brexit depuis le tout début», explique Jane Morrice, ancienne représentante de la Commission européenne en Irlande du Nord.

Selon cette architecte de l'accord de paix, «la plupart des gens en Grande-Bretagne n'a pas compris l'impact qu'aurait la frontière dans ces discussions».

Se préparer, mais à quoi ? 

Royaume-Uni et Union européenne ont fini par trouver un accord pour éviter le retour à une frontière physique en alignant l'Irlande du Nord sur les règles du marché unique européen et de l'union douanière.

Néanmoins à Warrenpoint, les changements s'annoncent spectaculaires.

Le port, le deuxième en termes d'activité dans la région, deviendra de fait une frontière entre le Royaume-Uni et l'Union européenne puisque les contrôles s'y dérouleront.

Depuis le bureau du centre-ville de l'entreprise de transport de fret Trans Europe Express, résonne le grondement de camions chargés de conteneurs. Un grondement qui pourrait s'estomper à partir du 1er janvier, craint le commercial Ryan McGovern.

«Mon père a fondé l'entreprise en 1990 et l'une de ses principales motivations était la disparition des contrôles douaniers», explique-t-il. «Malheureusement maintenant avec le Brexit, on assiste à un retour de ces contrôles».

Bien que le «protocole nord-irlandais» encadrant le régime prévu pour la province ait été conclu en octobre 2019, l'année 2020 n'a apporté que peu de clarifications quant à son fonctionnement.

Mais début décembre, Bruxelles et Londres ont conclu un accord pour gérer ces dispositions, espérant adoucir la fin de la période de transition.

Celui-ci accorde aux importateurs de produits alimentaires une période de grâce de trois mois avant que les contrôles sur l'agroalimentaire ne soient exigés et élimine presque entièrement la perspective de droits de douane sur les produits destinés au marché nord-irlandais.

L'accord apporte un peu de certitudes pour l'avenir en Irlande du Nord. Mais à Warrenpoint, las après quatre ans de bricolage, les chefs d'entreprises se sentent toujours mal préparés pour le 1er janvier.

«Pour l'instant, le conseil que j'ai reçu de la part du ministre des Entreprises c'est préparez-vous», souffle le comptable Adrian Markey. «Mais il n'y a vraiment de contenu. A quoi est-ce qu'on de prépare ?»


La flottille pour Gaza quitte la Tunisie, direction le territoire palestinien

Après plusieurs reports, la flottille internationale pour Gaza a quitté lundi la Tunisie pour mettre le cap sur le territoire palestinien assiégé par Israël, dans le but de "briser le blocus israélien" et d'ouvrir un "corridor" humanitaire. (AFP)
Après plusieurs reports, la flottille internationale pour Gaza a quitté lundi la Tunisie pour mettre le cap sur le territoire palestinien assiégé par Israël, dans le but de "briser le blocus israélien" et d'ouvrir un "corridor" humanitaire. (AFP)
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  • Une vingtaine de bateaux venus de Barcelone (Espagne) ont quitté Bizerte, les derniers étant partis à l'aube lundi, selon un photographe de l'AFP sur place
  • Yasemin Acar, du comité de coordination de la partie maghrébine de la flottille, a posté sur Instagram des images de bateaux tunisiens prenant aussi la mer ces dernières heures, avec le message "le blocus de Gaza doit cesser"

BIZERTE: Après plusieurs reports, la flottille internationale pour Gaza a quitté lundi la Tunisie pour mettre le cap sur le territoire palestinien assiégé par Israël, dans le but de "briser le blocus israélien" et d'ouvrir un "corridor" humanitaire.

"Nous essayons d'envoyer un message à la population de Gaza, (de lui dire) que le monde ne l'a pas oubliée", a dit à l'AFP la militante écologiste suédoise Greta Thunberg avant d'embarquer dans le port de Bizerte, dans le nord de la Tunisie.

"Lorsque nos gouvernements ne prennent pas leurs responsabilités, nous n'avons pas d'autre choix que de prendre les choses en main", a-t-elle ajouté.

Une vingtaine de bateaux venus de Barcelone (Espagne) ont quitté Bizerte, les derniers étant partis à l'aube lundi, selon un photographe de l'AFP sur place.

Yasemin Acar, du comité de coordination de la partie maghrébine de la flottille, a posté sur Instagram des images de bateaux tunisiens prenant aussi la mer ces dernières heures, avec le message "le blocus de Gaza doit cesser", "nous partons par solidarité, dignité et pour la justice".

Les embarcations arrivées d'Espagne s'étaient transférées à Bizerte après un séjour mouvementé à Sidi Bou Saïd, près de Tunis.

La "Global Sumud Flotilla", accueillie par des rassemblements de soutien, a indiqué que deux de ses bateaux avaient été visés par des attaques de drones deux nuits de suite la semaine passée, publiant des vidéos à l'appui. Après la deuxième annonce, les autorités tunisiennes ont dénoncé "une agression préméditée" et dit mener une enquête.

L'eurodéputée franco-palestinienne Rima Hassan qui, comme Greta Thunberg, avait été détenue à bord du "Madleen" lors d'une précédente traversée vers Gaza, a dit à l'AFP redouter "bien entendu" de nouvelles attaques, ajoutant: "on se prépare aux différents scénarios".

Selon elle, les personnalités les plus en vue - dont l'actrice française Adèle Haenel - ont été réparties entre les deux plus gros bateaux de coordination "de manière à équilibrer et (ne) pas concentrer toutes les personnalités visibles dans un seul et même bateau".

Le départ de Tunisie a été repoussé à plusieurs reprises en raison de motifs de sécurité, de retard dans les préparatifs pour certains bateaux et de la météo.

La Global Sumud Flotilla ("sumud" signifie "résilience" en arabe), qui comprend aussi des embarcations parties ces derniers jours de Corse (France), Sicile (Italie) et Grèce, avait initialement prévu d'atteindre le territoire palestinien à la mi-septembre, après deux tentatives bloquées par Israël en juin et juillet.

 


Les ministres du Groupe E3 condamnent les frappes israéliennes à Doha

Cette photo satellite obtenue le 10 septembre auprès de Planet Labs PBC et datée du 24 janvier 2025 montre le complexe qui abritait les membres du bureau politique du groupe militant palestinien Hamas et qui a été pris pour cible par une frappe israélienne le 9 septembre, dans la capitale du Qatar, Doha. (AFP)
Cette photo satellite obtenue le 10 septembre auprès de Planet Labs PBC et datée du 24 janvier 2025 montre le complexe qui abritait les membres du bureau politique du groupe militant palestinien Hamas et qui a été pris pour cible par une frappe israélienne le 9 septembre, dans la capitale du Qatar, Doha. (AFP)
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  • Selon eux, cette action militaire compromet également les négociations en cours visant à la libération des otages encore détenus et à la conclusion d’un accord de cessez-le-feu à Gaza
  • Les trois pays européens ont exprimé leur solidarité avec le Qatar, soulignant son rôle clé dans la médiation menée avec l’Égypte et les États-Unis entre Israël et le Hamas

PARIS: Les ministres des Affaires étrangères de l’Allemagne, de la France et du Royaume-Uni ont condamné, dans une déclaration conjointe, les frappes israéliennes ayant visé Doha le 9 septembre. Ils estiment que ces attaques constituent une violation de la souveraineté du Qatar et représentent un risque d’escalade supplémentaire dans la région.

Selon eux, cette action militaire compromet également les négociations en cours visant à la libération des otages encore détenus et à la conclusion d’un accord de cessez-le-feu à Gaza. « Nous appelons toutes les parties à intensifier leurs efforts pour parvenir à un cessez-le-feu immédiat », ont-ils insisté.

Les trois pays européens ont exprimé leur solidarité avec le Qatar, soulignant son rôle clé dans la médiation menée avec l’Égypte et les États-Unis entre Israël et le Hamas. Ils appellent les parties à « faire preuve de retenue » et à saisir l’opportunité de rétablir la paix.

Les ministres ont réaffirmé que la priorité devait rester la mise en place d’un cessez-le-feu permanent, la libération des otages et l’acheminement massif d’aide humanitaire à Gaza pour enrayer la famine. Ils demandent l’arrêt immédiat des opérations militaires israéliennes dans la ville de Gaza, dénonçant les déplacements massifs de civils, les pertes humaines et la destruction d’infrastructures vitales.

Ils exhortent par ailleurs à garantir aux Nations unies et aux ONG humanitaires un accès sûr et sans entrave à l’ensemble de la bande de Gaza, y compris dans le Nord.

Enfin, le Groupe E3 a rappelé sa condamnation « sans équivoque » des crimes commis par le Hamas, qualifié de mouvement terroriste, qui doit, selon eux, « libérer immédiatement et sans condition les otages, être désarmé et écarté définitivement de la gouvernance de la bande de Gaza ».


L’ONU adopte une résolution franco-saoudienne pour la paix israélo-palestinienne sans le Hamas

L'ancienne ministre allemande des Affaires étrangères et présidente de la 80e session de l'Assemblée générale des Nations Unies, Annalena Baerbock, s'exprime lors d'une réunion de l'Assemblée générale pour voter sur la solution de deux États à la question palestinienne au siège des Nations Unies (ONU), le 12 septembre 2025 à New York. (AFP)
L'ancienne ministre allemande des Affaires étrangères et présidente de la 80e session de l'Assemblée générale des Nations Unies, Annalena Baerbock, s'exprime lors d'une réunion de l'Assemblée générale pour voter sur la solution de deux États à la question palestinienne au siège des Nations Unies (ONU), le 12 septembre 2025 à New York. (AFP)
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  • Résolution adoptée par 142 voix pour, 10 contre — dont Israël et les États-Unis
  • Le vote précède un sommet de haut niveau co-présidé par Riyad et Paris le 22 septembre

​​​​​​NEW YORK : L’Assemblée générale des Nations unies a voté massivement vendredi en faveur de l’adoption de la « Déclaration de New York », une résolution visant à relancer la solution à deux États entre Israël et la Palestine, sans impliquer le Hamas.

Le texte a été approuvé par 142 pays, contre 10 votes négatifs — dont Israël et les États-Unis — et 12 abstentions. Il condamne fermement les attaques du Hamas du 7 octobre 2023, exige le désarmement du groupe, la libération de tous les otages, et appelle à une action internationale collective pour mettre fin à la guerre à Gaza.

Intitulée officiellement « Déclaration de New York sur le règlement pacifique de la question de Palestine et la mise en œuvre de la solution à deux États », la résolution a été présentée conjointement par l’Arabie saoudite et la France, avec le soutien préalable de la Ligue arabe et de 17 États membres de l’ONU.

Le texte souligne la nécessité de mettre fin à l’autorité du Hamas à Gaza, avec un transfert des armes à l’Autorité palestinienne, sous supervision internationale, dans le cadre d’une feuille de route vers une paix durable. Celle-ci inclut un cessez-le-feu, la création d’un État palestinien, le désarmement du Hamas, et une normalisation des relations entre Israël et les pays arabes.

L’ambassadeur de France, Jérôme Bonnafont, qui a présenté la résolution, l’a qualifiée de « feuille de route unique pour concrétiser la solution à deux États », soulignant l’engagement de l’Autorité palestinienne et des pays arabes en faveur de la paix et de la sécurité. Il a aussi insisté sur l’urgence d’un cessez-le-feu immédiat et de la libération des otages.

Ce vote intervient à quelques jours d’un sommet de haut niveau de l’ONU, co-présidé par Riyad et Paris le 22 septembre, où le président Emmanuel Macron s’est engagé à reconnaître officiellement un État palestinien.

La représentante américaine, Morgan Ortagus, s’est vivement opposée à la résolution, la qualifiant de « coup de communication malvenu et malavisé » qui récompenserait le Hamas et nuirait aux efforts diplomatiques authentiques.

Elle a dénoncé la mention du « droit au retour » dans le texte, estimant qu’il menace le caractère juif de l’État d’Israël.

« Cette résolution est un cadeau au Hamas,» a déclaré Mme Ortagus, ajoutant que le désarmement du Hamas et la libération des otages étaient la clé de la fin de la guerre. Elle a exhorté les autres nations à se joindre aux États-Unis pour s'opposer à la déclaration.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com